[OdE Chap 8-13]16e ceitean / 5 juin - Rozen au château 12h50

[Iris]

Maela Mac Elowan acquiesça à cette proposition et demanda si Rozenn avait tout ce qu'il lui fallait pour officier. Comme c'était apparemment le cas, elle prit congé le temps d'en parler en privé à son époux et voir s'il était en état de recevoir son nouveau médecin.

Sitôt que leur hôtesse fut partie, Oanell glissa à Rozenn : "Je crois que tu ferais bien de ne pas trop parler de magience. Il suffira de dire que c'est à la pointe du progrès, que ça implique une injection, et hop ! A la fin quand il sera guéri, tu lui expliques qu'il y a du flux dilué, presque rien, et il sera bien obligé de se rendre compte que c'était la meilleure chose à faire. C'est pour son bien après tout."

[Casaïr]

Rozenn eut un rire gêné.

"Oui, tu as sans doute raison. Il faut cependant que son époux ne soit pas trop faible pour supporter le traitement. Ce n'est pas... anodin, si tu vois ce que je veux dire."

Elle soupira, la tension commençait à se manifester de façon désagréable, dans son dos et ses mains.

"Elle n'apprécie vraiment pas cette pauvre Nevena, murmura-t-elle. C'est le problème dans des communautés aussi éloignées de tout : lorsque les traitements classiques ne fonctionnent pas, on finit par s'en remettre aux C'maogh ou à l'Unique et le plus souvent, nos prières demeurent sans réponse. Aucun moyen de faire appel à un praticien formé dans une grande ville et disposant des connaissances manquantes pour soigner un cas compliqué. Encore que, dans certains cas, on peut passer de médecin en médecin toute sa vie et ne trouver aucune réponse malgré tout..."

Elle ferma les yeux, laissa redescendre la tension.

"J'espère être sa solution."

[Iris]

Spoiler () :

Je te laisse deviner le contenu des jets ^^

Inquiète, Rozenn suivit Oanell dans la demeure. Elle monta à l'étage, sans bien faire attention à la disposition des lieux ou à la décoration. C'était une maison bourgeoise de province, bien tenue, qui affirmait haut le rang de ses habitants, tout en étant indiscutablement démodée ou déphasée par rapport aux créations de la trépidante Osta-Baille.

Le capitaine malade Adéodat se reposait dans une chambre qu'il occupait seul. Les fenêtres de parchemin de chèvre tendu sur châssis de bois étaient ouverte. Pour la nuit, des rideaux à la fenêtre et autour du lit à baldaquin aidaient à garder la chaleur.

L'homme était amaigri et manquait d'entrain, mais il se tenait encore avec une certaine dignité. Il faisait bien plus que son âge, la maladie et les épreuves de la vie l'avaient prématurément vieillis. Rozenn et Oanell lui firent forte impression, et son épouse le pressait d'accepter d'être ausculté.

La très belle et très élégante médecine de la capitale se rendit au chevet de son patient, trouvant instinctivement le ton juste pour lui parler. Elle le questionna sur son historique médical pour confirmer ou infirmer sa première impression. Elle eut l'impression que c'était bien une parasitose et qu'elle était en mesure de le soigner, en revanche, elle n'était pas absolument certaine de l'endurance de son patient. Elle pensait que ça irait, mais avait quelques scrupules.

Oanell en revanche n'en exprimait aucun. Elle parlait avec force assurance, défendant les techniques et l'art de Rozenn, expliquant qu'elle pouvait soigner bon nombre de maux avec une injection bien placée, introduisant dans le corps des remèdes de manière infiniment plus efficace que de vagues cataplasmes de rebouteux. La barde n'avait jamais vu Rozenn à l’œuvre et n'avait aucune connaissance médicale. Elle bluffait sans paraître avoir le moindre état d'âme. Elle avait toujours eu un petit côté amoral et menteur, qu'on oubliait volontiers tant elle était sûre d'elle et charismatique.

Le capitaine Adéodat était en train d'accepter sur le principe le traitement -- sans y avoir assurément compris quoi que ce soit -- mais demanda : "Quels sont vos tarifs ?" . Après tout, il est bon de savoir ce qu'on va payer.

[Casaïr]

Rozenn avait ausculté Adéodat et semblait capable de le soigner, restait qu'elle manquait de certitude quant à l'endurance de son tout premier patient à Terfynisel. Elle réfléchissait, tout en rangeant son matériel, à ce qu'elle devait dire au couple, mais fut devancée par Oanell. Son aplomb et la façon dont elle vantait ses mérites l'impressionnèrent tout en la gênant quelque peu. Elle n'était pas bien certaine qu'il soit bien sage de leur mentir de cette façon, la pression sur les épaules de la jeune femme augmentant proportionnellement avec le discours de la belle barde. Toutefois, la question des tarifs la prit totalement de court, l'expression étonnée sur son visage ne laissant aucun doute à ce sujet.

"Je... je n'y ai pas encore réfléchi, avoua-t-elle en regardant son patient droit dans les yeux. Pour tout vous avouer, je n'ai pas vraiment eu le temps de me pencher sur la question, n'étant arrivée qu'hier soir. Il y a une heure, je ne savais même pas que l'on aurait besoin si vite de mes services en tant que médecin." Elle parvint tout de même à sourire. "Disons que pour cette fois, le prix sera à votre convenance, jusqu'à ce que je sois parfaitement installée et prête à pratiquer officiellement."

Spoiler () :

Au point où en est Rozenn (en termes de pts de Trauma), et vu qu'elle n'a pas envie de tuer son premier patient, je vais utiliser un pt de Survie pour m'assurer un 10 sur le jet de Médecine (s'il y a besoin, j'imagine qu'il sera au moins nécessaire pour le dosage de Flux dans la seringue.

[Iris]

La réponse de Rozenn sema le trouble, mais Oanell intervint rapidement derrière pour arrondir les angles et faire oublier certains aspects :

" C'est un cadeau d'une nouvelle venue qui sait combien il est important de s'intégrer à la communauté en prouvant sa bonne volonté aux personnes qui comptent. Rozenn a d'ailleurs déjà eu l'assentiment de dame Blodwen pour exercer. "

Le sujet était noyé et la dame du domaine invoquée comme caution. Rozenn put donc installer son traitement. Elle se concentra de toutes ses forces et mit tout en œuvre pour donner le meilleur d'elle-même. Son dosage devait être parfait. Le patient serait un peu fatigué après l'injection, mais dès le lendemain, il serait totalement guéri et en état de reprendre une activité normale, en commençant doucement.

Tout semblait se passer exactement comme Rozenn l'avait prédit, de sorte que le capitaine et son épouse étaient assez confiants. Quand enfin ce fut fini, les deux jeunes femmes laissèrent le couple et attendirent Maela dans le couloir. A voix basse Oanell glissa : "Bon sang, on dirait que tu veux qu'ils refusent ! Ne montre jamais que tu doutes ! Si on te demande quelque chose et que tu n'as pas la réponse, tu temporises avec un peu de langue de bois !"

L'épouse d'Adéodat arriva alors, empêchant Rozenn de répondre. Maela raccompagna les ravissantes citadines vers la sortie :

" Dites-moi Rozenn, où peut-on vous joindre en cas de besoin ?"

[Casaïr]

Passé le soulagement d'être parvenue à soigner Adéodat, Rozenn se fit remonter les bretelles par son amie barde. Elle aurait bien rétorqué qu'elle avait été bien plus souvent dans la peau du patient que du soignant, mais le retour de Maela l'en empêcha. Elle se contenta donc de lui renvoyer un sourire contrit et embraya le pas en direction de la sortie. À la question de la dame, Rozenn répondit immédiatement :

"Le clerc du château a eu la bonté d'accepter de me loger. Si vous n'y voyez pas d'objection, j'aimerais passer demain dans la journée afin de m'assurer de l'état de santé de votre époux. J'ai à cœur de m'assurer du bon rétablissement de mes patients."

La peur de l'échec désormais derrière elle, le sourire de la magientiste était redevenu franc. Avec de la chance, cette expérience lui ouvrirait la porte de la reconnaissance qu'elle avait cherché à ouvrir au matin sans succès.

[Iris]

Maela Mac Elowan s'étonna pendant que Rozenn parlait : "Le cl... ? Ah... " mais elle ne poursuivit qu'une fois que son interlocutrice eut terminée : "Très volontiers. Demain dans la matinée alors ? " C'était une question, mais le ton était assez ferme pour laisser entendre que l'épouse du capitaine décidait d'elle-même de fixer davantage de précisions.

Les belles citadines prirent congé et se dirigèrent vers la sortie du domaine :

" Une bonne chose de faite ! Ton premier patient soigné à la magience, et un notable qui plus est. Tu pourras te présenter aussi bien à Terfynisel que chez les Mac Elowan après ça, même si les Mac Elowan... Mais tu n'es pas concernée par ces affaires vu que tu viens d'arriver. Les malades incurables, ce n'est pas ce qui manque... "

Elle plongea dans un silence songeur, paraissant faire les comptes de tous les patients potentiels de Rozenn.

[Casaïr]

Rozenn avait acquiescé à la demande de Maela. Si elle n'avait laissé le choix de l'heure à l'épouse d'Adéodat, le matin lui convenait parfaitement afin de s'assurer que son premier patient avait passé une bonne nuit et donner les quelques directives nécessaires à son bon rétablissement. Elles quittèrent le domaine sur un dernier au revoir, sans doute en direction du château.

"Une maladie incurable l'est lorsqu'il n'existe aucun traitement, répondit-elle à son amie d'un air faussement docte. Si je dois officier en tant que doctoresse, il va vite me falloir décider du prix de mes visites. J'ai passé tant de temps à étudier que je ne me suis jamais penché sur cette question. Je sais ce que coûte un médecin en ville, mais le prix pourrait s'avérer exorbitant ici... À Osta-Baille, on n'est pas loin d'un azur, et ce n'est même pas pour soigner une maladie grave." Elle haussa les épaules. "J'ai encore un peu de temps pour y réfléchir, je présume, mais cinq braises me semblent raisonnable, non ?"

[Iris]

Oanell réfléchit :

" Je dirais de demander un prix complexe, entre 2 et 5 daols d'azur + 2 à 8 daol de braise. Un nombre précis, différent quand les cas sont différents."

" Ensuite, tu verras bien. S'ils disent non, tu peux toujours pousser un peu avec des phrases comme "Je suis désolée, les traitements sont chers. Je comprends que ce soit difficile pour vous, nous pourrions peut-être trouver un arrangement. Je vais essayer de faire un effort pour vous aider. Je peux accepter une partie du paiement en nature. Que me proposez-vous ?" et tu sauras vite si c'est satisfaisant. Tu peux aussi avoir des paiements mixtes, argent et en nature. Tu pourras garder ou revendre ce qu'on te donner. "

[Casaïr]

la magientiste regardait son amie, quelque peu surprise ; le tarif qu'elle proposait allait bien au delà ce qu'elle avait imaginé ! Entre cinq braises et trois azurs, il y avait tout un mode d'écart ! Et il était évident que la population locale ne pourrait se permettre de mettre une telle somme dans ses soins. Elle se demanda vaguement si son amie avait conscience de la réalité des choses. Cependant, elle reconnaissait que le paiement en nature pouvait également avoir ses avantages. Cela lui permettrait également de participer à sa façon aux dépenses de sa nouvelle maison.

"J'y réfléchirais lorsqu'un nouveau cas compliqué se présentera, répondit-elle avec diplomatie. En attendant, le chef des gardes de Terfynisel semble hors de danger, c'est déjà un soulagement en soi. Plus qu'à décrypter les pattes de mouches de Maelor ! C'est aussi un défi dans le genre", plaisanta-t-elle.