[OdE Chap 8-14]16e ceitean / 5 juin - Chez Fredelme 12h50

[Iris]

Gweneth à la blonde chevelure rayonnait dans la lumière du midi, entourée de bourdonnements de centaines d'insectes, tandis que des papillons voletaient non loin. Sa beauté céleste, son rire cristallin, la douceur de son timbre, tout concourrait à attirer l'attention et la rêverie en cette belle journée de fin de printemps.

[Casaïr]

Le soleil jouait avec la chevelure de Gweneth, la complimentant de reflets d'or qui ne pouvaient manquer d'attirer l'attention sur elle. Aeldred sentit soudain sa concentration s'envoler et dû détourner le regard en rosissant légèrement. Heureusement que la jeune femme lui avait posé une question, sinon il lui aurait été impossible de décoller son regard de l'uniste.

"Ce n'est pas que ça me pèse, répondit-il en regardant droit devant lui, légèrement gêné par sa propre réaction. C'est trop récent pour que je puisse vraiment juger de cela, d'autant qu'une partie de mon temps de travail en tant que clec s'est effectué hors de Terfynisel. J'ai toujours voulu me sentir utile, tu sais ? Au début, c'était pour que les gens ne me jettent pas hors du village, mais là, j'ai une chance de vraiment changer les choses en profondeur. Qui serait assez stupide pour ne pas profiter de l'occasion ? La vraie difficulté pour moi, c'est de rester derrière un bureau. Après tant de temps passé à courir la nature, le changement est rude ! Mais c'est un petit sacrifice si je peux vraiment aider ma communauté."

Il fit une pause et rougit davantage.

"Je sais que ça me fait passer pour un idéaliste et qu'un jour j'en subirais certainement le contrecoup, mais c'est comme ça que je vois les choses."

[Gweneth]

Gweneth sourit à la réponse du jeune clerc. Elle hocha la tête. Elle se devait de saisir la perche que lui tendait Aeldred :

« Un autre de mes amis à l'abbaye disait souvent : "Connaître le chemin et le parcourir sont deux choses différentes". Ce que tu ressens vis à vis de ta position de clerc sur le domaine est normal. Et tu es conscient de l'effort qu'il te faudra fournir. »

Elle se tourna vers le jeune homme.

« Il en est de même avec ta position d'élu. Si avec ton poste de clerc au château tu peux aider la communauté de Terfynisel, ta place d'élu t'offre la possibilité d'aider toutes les femmes et tous les hommes de la péninsule...et même au-delà... »

[Iris]

Aeldred disait aujourd'hui avoir du mal à tenir derrière un bureau, enfermé, peut-être était-ce à cause du printemps radieux ou de la présence de Gweneth, mais récemment encore, il avait pris d'assaut la bibliothèque du domaine et s'y était enfermé aussi longtemps que possible. Par la suite, il avait aussi mis beaucoup d'énergie à rester dans les papiers.

Le jeune clerc découvrait-il qu'après une phase d'enthousiasme, l'érudition n'était plus si important que cela pour lui ?

[Casaïr]

"Holà, minute papillon ! répliqua en riant Aeldred. Avant de m'occuper de la Péninsule, il faut déjà que j'arrive à régler les problèmes ici."

Il se redressa tout en évitant de toucher par mégarde la jeune femme.

"Disons que j'ai l'impression que je devrais faire un mélange des deux : une partie théorique dans le château, à traiter de la paperasse ; et une plus pratique sur le terrain, à superviser les différentes choses que nous serions amenés à mettre en place. Cela commencera par cette réunion des villageois afin de savoir ce qu'ils désirent voir améliorer ici. Comme par exemple raser ce qu'il reste de la ruine et sans doute réaménager les routes menant jusqu'ici. C'est une question difficile en fait, et qui nécessite que tout le monde y mette du sien. Si les gens se sentent impliqués, il y a des chances pour que les choses aillent plus vite. Et il faut trouver un moyen de remplir les caisses aussi. On ne tombera pas tous les jours sur un magot tombé du ciel."

"En tout cas, je suis content que tu sois là. Un peu de soutien ne fait jamais de mal."

[Gweneth]

Gweneth continuait de sourire mais leva les yeux au ciel mi-amusée mi-agacée. Elle allait répondre quelque chose mais se ravisa. La dernière phrase d'Aeldred l'avait touchée.

« Tu as raison. Chaque chose en son temps et un temps pour chaque chose. D'ailleurs, ne serait-il pas temps pour nous de déjeuner? Et puis, je voulais aussi te parler de la petite enquête que nous avons menée ce matin avec Ethel. Cela n'a pas donné grand chose mais qui sait, peut-être que cela te donnera des idées... »

[Casaïr]

"Mince, oui ! J'avais complètement oublié ! Heureusement que tu es là, tu vois ? Un peu plus et je sautais un repas !"

Aeldred eut un petit rire gêné et auto-dénigrant. Il se releva d'un bond et tendit une main à la jeune femme pour l'aider à se relever. Une fois Gweneth debout, il lui demanda :

"Alors, qu'ont donné vos recherches ?"

De ce que venait d'en évoquer la belle uniste, il y avait peu de chance qu'il apprenne quoi que ce soit mais savait-on jamais.

[Gweneth]

« On retourne déjeuner chez toi ? Je vais juste demander à Fredelme si son invitation tient toujours. »

Elle regarda Aeldred.

« J'ai réfléchi. Je pense que c'est mieux ainsi. On évitera les regards en coin et tu pourras faire de la seconde chambre ce que tu veux... Quant à notre enquête avec Ethel et bien nous avons posé des questions sur la maison en ruine aux gens qui habitent à côté. Apparemment les derniers propriétaires seraient partis à Ostreach après qu'un glissement de terrain est partiellement emporté l'habitation. Il ne s'y serait rien passé avant les évènements liés au trésor de Jerryl des Marais. Le survivant du carnage s'est engagé chez les Ronces... Mais j'imagine que tu savais déjà tout ça, non? »

[Casaïr]

Aeldred répondit par l'affirmative à la question purement rhétorique de Gweneth.

"Le seul événement qui ait pu présidé au phénomène qu'aurait vu Rozenn concerne cette bataille. Mad' est persuadé que c'est le trésor qui est maudit, Moi, je pense plutôt que ce sont les actions de cette nuit qui ont tout déclenché. Si vous n'avez rien trouvé de jour, peut-être qu'en y retournant de nuit..."

Il accompagna la jolie uniste jusqu'à la chaise où se reposait sans doute toujours son coreligionnaire.

"c'est dommage, reprit-il, mais je ne te forcerais pas à rester puisque tu as pris ta décision."

Surtout que c'est sans doute déjà trop tard, songea-t-il. Il préféra toutefois ne pas exprimer cette dernière pensée à voix haute pour reprendre d'un ton plus léger.

"Une fois qu'on aura mangé, il faudra que je file, je dois parler à Blodwen. Tu comptes faire quoi de ton côté ?"

[Iris]

Si la piste d'une hantise ancienne pouvait être écartée, il apparaissait que les choses n'étaient pas éclaircies pour autant. Au moins le dernier survivant de la bande était-il en vie et en état de parler, sans quoi il n'aurait pu s'engager chez les Ronces. Il était en effet certes possible de s'y engager comme repris de justice, mais il fallait justifier d'une condition physique acceptable.