Fortuna Imperatrix Mundi

Rozenn

Alors qu'elle se croyait coincée dans un cul de sac, Ethel ouvrit une porte de sortie dans laquelle Rozenn s'engouffra avec bonheur et soulagement.

"Ou...oui, j'aime autant ne pas y aller si ça ne vous dérange pas, d'autant que ma journée a été longue et que les suivantes le seront probablement tout autant."

Son ventre gargouilla à ce moment, la faisant rougir brusquement.

"Désolée, dit-elle, embarrassée. Puisque vous ne comptez pas partir immédiatement, peut-être serait-il bon de nous restaurer ?"

Aeldred

Le jeune homme ne tenait pas à forcer la magientiste à retourner sur une scène traumatisante, aussi la rassura-t-il :

"Vous n'êtes pas obligée de nous suivre, ne vous en faites pas."

À l'appel du repas, Aeldred sourit.

"Il est temps en effet, répondit-il. Allons à la maison, il doit bien y avoir de quoi nous remplir l'estomac."

Ethel fut rassuré du renoncement de Rozenn. Non qu'elle avait quelque chose contre la magientiste.

"Il y a des vivres pour un régiment chez Pwyll, mais je crois que nos compagnons ne vont pas rentrer tous de suite... Au pire je pourrais toujours dire que c'est pour éviter de gâcher les vivres. Pas contre, je ne suis qu'une "brave cuisinière, mais pas franchement douée"... Je suis habituée à des plat simples.

Gweneth sentit le coin de sa bouche se tordre en un discret sourire en apprenant que Rozenn renonçait à venir. Elle se sentit coupable...

Puis elle acquiesça aux propos d'Ethel

«Je pourrais vous aider. Je suis une piètre cuisinière, mais peut-être arriverai-je à sortir quelque chose de comestible sous votre direction. » Elle afficha le sourire et la mines enfantins dont elle avait le secret. « Je vous suis. »

La conversation avançait rapidement entre non-dits, hésitations, peurs, petites rancunes et culpabilité.

Ethel proposait d'aller chez Pwyll finir les réserves ; la blonde Gweneth acceptait de suivre ; Rozenn préférait simplement rentrer chez Aeldred et que tout s'arrête là pour elle. Restait Aeldred qui avait proposé à tout le monde de venir avant de connaître la proposition d'Ethel.

Aeldred

"Vider les réserves de Pwyll ? rit Aeldred. On n'aura peut-être pas besoin d'en arriver là, mais on peut effectivement récupérer quelques bricoles pour compléter." Il marqua une pause alors que les paroles d'Ethel lui revenaient en tête. "Où est-il parti encore ? Et avec qui ?"

Puisqu'il n'était plus nécessaire de faire le pied de grue sur la place, Aeldred donna le signe du départ jusque chez son costaud d'ami. Dans quel pétrin s'est-il encore fourré ?

Rozenn

Rozenn suivait la discussion avec un soulagement manifeste. Elle ne se sentait vraiment pas de retourner sur la scène du crime --si l'on pouvait l'appeler comme cela--, et avoir l'absolution du groupe dans son ensemble lui ôta un poids des épaules. Elle emboîta rapidement le pas du jeune clerc qu'elle trouvait rassurant dans son attitude. Elle ne le connaissait pas depuis longtemps, mais elle avait une bonne impression de lui, tout comme d'Ethel et même de Gweneth. Toutefois, à la mention de la préparation du repas, elle baissa la tête, gênée.

"Je ne pourrais guère vous aider, je n'ai jamais préparé un repas de ma vie. Je crois que j'ai autant de chance de faire brûler la maison que de tous nous empoisonner."

Elle eut un léger rire d’auto-dénigrement.

Gweneth suivit le groupe vers la ferme de Pwyll. A la remarque de Rozenn, la clerc ne put refouler la désagréable impression que la magientiste et elle avaient peut-être plus en commun que ce que l'uniste aurait aimé...

Le groupe oscillait, piétinait et semblait hésiter.

Il commença à aller en direction du chemin menant au vallon et permettant ensuite de rejoindre la ferme de Pwyll. Ils s'engagèrent sous le couvert des arbres par le sentier, ignorant celui qui allait vers le tumulus et le cimetière pour s'orienter vers la rivière.

Ils sont parti dans les marais avec la demorthen.. on est allée la voir hier soir pour lui parler de mes problèmes de cohabitation... ça a été assez instructif. La principale conclusion c'est qu'il est possible de résoudre le problème du moment que je le veux vraiment.

Par contre concentrée sur ce sujet, je n'ai pas trop suivi ce que nos braves compains étaient partis faire. Tout ce que je sais, c'est qu'ils sont parti a l'aube et n'avait visiblement pas l'intention d'être là ce soir.

Contrairement a ces compagnons Ethel n'était absolument pas hésitante. Elle attendait tranquillement que le soleil se couche. Et comme il n'était pas dans ses habitudes de diriger, elle attendait que les autres décident ce qu'ils voulaient faire. Cela ne lui dérangeais pas outre mesure d'attendre ici plutôt qu'a la ferme. Ou vice versa.

Arrivé a destination elle ne doutait pas a elles trois d'etre capable de faire a manger.

Le groupe montait la colline menant à chez Pwyll, par le chemin entre les arbres. Il déboucha entre un bout de pré assez sauvage sur la droite, et la propriété de la famille de Bezcad sur la gauche, une ferme bien tenue.

En marchant un peu, les chasseurs de fantôme arrivèrent chez Pwyll. Ils devinèrent dans le potager la silhouette d'Aeldred au chat qui cueillait des baies et s'en nourrissait. Les moutons étaient encore au pré, il allait être temps de les rentrer. Avec un peu de chance, Aeldred avait compris que cela faisait partie de ses attributions.

Aeldred

En ouvrant les placards, Aeldred se rendit compte à quel point Ethel avait exagéré, à moins que l'on mette cela sur son appétit de moineau. Il se sentait un peu coupable de vider le peu qu'avait Pwyll, même en sachant qu'il le rembourserait dès le lendemain. Les buissons à framboises avaient fait de l'œil au jeune homme qui se retint d'aller le visiter, il savait pertinemment qu'il en mangerait bien plus qu'il n'en cueillerait. Il n'avait cependant pu résister, à leur arrivée, à la tentation d'en prélever une, "juste pour goûter" et de se rendre compte qu'il était sur la pente glissante de la gourmandise. Il ignora complètement la présence de son homonyme et de son chat monstrueux, occupés avec les moutons, même s'il se demanda l'espace d'une seconde si c'était bien raisonnable de lui laisser la charge d'autant de bêtes.

Pour le moment, les problèmes d'Aeldred se situaient à un autre niveau et il se tourna vers Ethel, légèrement gêné.

"Tu es sûre que ça ira si on prend quelque chose ? Il y a déjà à peine le nécessaire pour vous ici, je m'en voudrais si cela devait vous nuire."

Rozenn

Bien loin des préoccupations de son hôte, Rozenn flâna sur le terrain du fameux Pwyll dont elle entendait parler depuis le matin et qui, comme par hasard, se trouvait être absent. Promenant son regard de chaton curieux, elle prit mentalement les mesures de la ferme, en nota l'état et les travaux qui pourraient en découdre pour se distraire. Elle remarqua également la présence d'un garçon occupé à piller les buissons, accompagné par le plus gros chat qu'elle ait jamais vu. Elle cueillit quelques fruits également, en apprécia la saveur avant de s'approcher du jeune homme.

"Il est splendide ton chat, comment s'appelle-t-il ?"