Le nocher regardait la scène les yeux ronds, tellement stupéfaits qu'il n'arrivait pas à bouger, à décider quoi faire. En voyant Kiddle jouer les appâts hypnotiques, il s'écria : "Arrête ! Il va t'arr..."
Mais l'assaut reprenait déjà et la lumière flottante était la cible. Non le feond ne connaissait pas la peur de mourir. Allait-il arracher le bras du garçon tel un gros vermisseau appétissant ?
Je n'en sais rien, au moment d'écrire le début de ce ticket, je n'avais pas encore lancé les dés ! Chance ? Malchance ? Entre les deux ? Nous allons vite le savoir !
ROUND 5
• Passe d’arme : le geadas fait un jet de Discrétion (12+D10) opposé aux jets des créatures hostiles présentes. Le geadas attaque une cible en attitude offensive (Attaque 12 ; Défense 6). Si la proie ne l’a pas repéré, elle ne peut pas attaquer le geadas lors de cette Passe d’arme.
Même avec bonus, la cible ne pourra pas contre-attaquer ce round-ci, et la cible est l'appât brillant.
Attaque brochet : d10(10)+12 = 22 !!! vs. défense 12+torche. Bon, c'est un cas un peu tangent, donc je lance un jet de chance pour déterminer le bonus défensif. Moins de 6, aucun effet. 7 à 8 (+1), 9 à 10 (+2), et si 10, un bonus à l'inspiration : d10(8) ! Donc Défense réelle : 13 vs 22. Il reste des dégâts de 9+1 (10) concentrés uniquement sur le bras ! (Aouch).
Attaque de Pwyll : d10(3) +11 = 14 vs. Défense 6 . Dégâts : 8+3 = 11
Prouesse de Kiddle pour retrouver l'équilibre (eau agité, brochet géant, énergie cinétique de Pwyll, barque...) : d10(3) + Prouesse 9 - blessure (2) = 10 (pas suffisant).
Santé de Kiddle : du fait de sa santé fragile, Kiddle tombe directement en état grave (-2) à toutes ses caractéristiques. Il saigne abondamment et le bras n'est pas beau à voir. Dégâts sur le feond : 13+5+13+11++ = 42
L'action de Kiddle attira bien le feond, mais celui-ci bondit hors de l'eau telle une truite monstrueuse filant vers une mouche appétissante. Le bras du jeune garçon encaissa un choc effroyable. Dans le même instant, Pwyll frappa le feond jusqu'à le couper en deux.
Déséquilibré, Kiddle tomba de la barque, dans les eaux du rivage, sur la dépouille du feond qui ne tarderait pas à se décomposer. Il avait le bras en charpie, mais dans l'éclairage faible de la nuit et des lanterne, le sang ne se distinguait que peu de l'eau trouble dans laquelle se trouvait le garçon, avec une barque qui bougeait mollement, du limon meuble, ... Il n'était pas difficile de le tirer et le ramener -- détrempé et gravement blessé -- sur la rive.
Horrifié par la tournure soudaine et tragique d'une attaque auparavant sous contrôle, Pwyll se força à agir plutôt que de ressasser dans le vide son échec à protéger le garçon.
Jetant ses haches vers l'arrière, sans assommer le nocher, il entra dans l'eau pour saisir Kiddle en s'efforçant de réduire le plus possible les mouvements de son bras en lambeaux.
"Serre les dents, on va te sortir de là !"
Pwyll installa Kiddle au sol, dans l'endroit le moins humide possible de l’îlot.
"Mon sac !" Lança-t-il au nocher, toujours éberlué, qui avait pourtant eu la présence d'esprit de saisir le panier à lucioles pour éclairer les dégâts.
Pwyll défit son ceinturon et força Kiddle à y mordre.
Il avait vu qu'un morceau trop épais bougeait, il fallait le recoudre avant de panser grossièrement. Fouillant dans son sac, Pwyll sortit du fil à collet et une aiguille d'os pour suturer.
"Bloque son autre bras, avec ton genou, comme ça !'
Pwyll pesait sur les jambes de Kiddle et son bassin, à califourchon. Le petit ne pouvait que mordre et prier que ça s'arrête...
Du sang, beaucoup... Pwyll déboucha sa gourde avec les dents et en versa le contenu sur la plaie pour chasser l'eau du marais et les saletés que le féond devait avoir dans la gueule.
Ensuite, il dénoua un tissu qui entourait deux petits pots en céramiques. Des herbes médicinales. Un pot pour les plaies et l'autres pour les douleurs au ventre, rien de bien compliqué, les compétences de Pwyll restaient sommaires.
Il appliqua l'onguent d'herbes broyées avant d'enrouler le bras dans le tissu le plus propre et sec qu'ils purent trouver.
À Kiddle, s'il était encore conscient, pour le rassurer. "Accroche toi, on va sauver ton bras petit."
Il fixa le nocher : "On doit trouver un guérisseur le plus vite possible. Lequel est le plus proche ? Je rame tu guides pour l'instant."
Ils veillèrent à ne rien laisser sur l’Îlot, les haches notamment...
Soufflé par la situation le nocher n'avait fait que suivre les instructions de son mieux, sans initiatives hasardeuses ou inspirées.
Quand enfin l'opération sommaire fut menée à bien et qu'on l'interrogeât sur la présence d'un soigneur : "Je... ne connais pas tout le monde... il y a des sages-femmes guérisseuses... et sûrement à Losgadh aussi, le plus proche village... Sinon au fort... On en a bien pour 3 heures avant d'y arriver."
En un éclair Kiddle vit une énorme gueule verdâtre sortir des flots… avec sa torche entre les dents ! Du moins c'est ce qu'il crut voir, car l'instant d'après il sentit comme un craquement dans sa chair et tout devint plus flou.
Il se souvenait s'être penché en avant, bêtement. Mais ce goût de fer et de poisson qui imprégnait sa bouche... Baaah… j'aime pas l'poisson, bredouilla-t-il.
On le soulevait, on le manipulait. Il vit un millier d'étoiles. Il fit un ultime effort pour mordre au ceinturon et il ne s'évanouit pas tant que Pwyll lui parlait, il le supplia :
Pwyll... continue vers la frontière… une sage femme me recoudra...j'vais bien...j'tassure.
Pwyll semblait regardait Kiddle, mais il avait en réalité les yeux dans le vague. Il pensait à Madennig, prisonnière d'on ne sait qui, dans une barque d'abord, et maintenant ? Les chances de la retrouver étaient bien maigres... plus encore que l'adolescent.
"Le poisson t'aimait pas non plus."
Il se tourna vers le nocher.
"Allons vers Lusgadh, ce village fortifié. En trois heures... je sais pas, vaut mieux pas risquer ça."