Aucun adversaire abattu. Trop forts, trop nombreux.
Il était foutu.
Des images revinrent éclater comme les bulles d'un bouillon resté trop longtemps au feu de son esprit.
Son enfance de trop grand, trop fort, trop gentil.
Ses deux services d'ost, enchaînés par erreur administrative.
Sa presque épouse qui l'avait abandonné.
Ses bons chiens qu'il avait dressés avec amour et qui lui manquaient parfois.
Aeldred qui l'avait abandonné, mais qui était revenu de la mort.
Mad qu'il n'avait pas espérée, qui lui avait souri et qu'on lui avait prise. Emmenée. Envolée.
C'était son tour de les abandonner, de les laisser, là, partout, nulle part, on sait pas où. Sans lui pour les protéger, sans même sauver Jazkez.
Pwyll allait lâcher prise, couler...
Abandonner... laisser tomber les gens de son cœur ? Non.
Une espèce de soupir bestial et profondément humain jaillit de sa bouche, mêlé de salive et de sang. Son regard s'inonde et brûle à la fois. La puissance de la terre monte dans ses jambes.
Il bondit pour feinter d'un mouvement sur sa droite, comme s'il retournait vers le gros cyprès, puis changea brusquement de trajectoire pour foncer droit sur le nocher, celui qui avait tiré à l'arc. Il voulait se saisir de lui, le prendre comme otage et bouclier humain.