[OdE Chap 8-32] Le vilain breithan - souvenirs de Jazkez

[Iris]

Riwalenn demeura silencieuse, haussant tout au plus un peu un sourcil à l'arrivée de la jeune fille.

[Caeso Senjak Khan]

Il fallut à Jazkez quelques secondes pour réaliser que la destinataire de sa dernière lettre venait juste de lui sauter dans les bras. Il referma ses bras restés un instant suspendus en l'air autour du corps de Magraid et la serra un moment contre lui avant de la dévisager de nouveau.

-Bon sang Magraid c'est bien toi ! Par les C'Maoghs, ça par exemple c'est un sacré truc ! Tuaille ? mais qu'est ce que tu vas faire à Tuaille ? Enfin peu importe ! Toujours mieux que de subir la présence d'Adhamh pas vrai ?

Ils rigolèrent en même temps qu'ils parlèrent, submergés un temps par l'incongruité de leurs retrouvailles.

-Les convaincre de me laisser vivre ma vie ?

Il éclata d'un petit rire sonore

-Ah ça j'ai bien essayé crois moi ! Mais ces hilderins sont aussi aimables et compréhensifs qu'une pierre au fond d'un puit ! Non je ne suis pas libre, pas encore !

Il se retourna subitement cherchant Riwalenn du regard.

-Pour l'instant j'accompagne Riwalenn à Koskan. Elle est Osfer et moi je suis son Osfei.

Jazkez s'approcha de sa petite soeur pour lui murmurer:

-Elle a l'air de m'avoir à la bonne, c'est la seule pour le moment qui ait supporté ma présence plus de trois heures d'affilées.

Il se redressa avec un large sourire, visiblement fier de cette performance.

-Du coup ton truc à Tuailles c'est quoi exactement ? ça va te prendre longtemps ? Moi je ne sais pas trop ce qu'on va faire à Koskan ni combien de temps ça va nous prendre.

[Iris]

Riwalenn était restée quelques instants immobiles, et se rendit, toujours silencieuse à une table pour commander son repas. Ladite table était assez grande pour accueillir Jazkez et sa soeur, mais celle-ci était déjà -- théoriquement -- installée avec ses accompagnateurs blasés en un autre endroit de la salle.

[Madennig]

Mais les deux enfants, du moins Magraid, gardaient cette impression d'être des adolescents turbulents. Ils avaient des histoires à se chuchoter encore, avant de jouer à faire comme les adultes, comme on l'attendait d'eux.
Ce fut au tour de la jeune soeur de souffler des secrets aux oreilles du grand frère :

"Ah... Une Osfer... Son Osfei... Oh... je n'y comprends pas grand chose... Tu veux dire que tu vas rester avec elle...? Bon... Si tu penses que c'est le plan à suivre, je ne le discuterai pas. De notre coté, il s'avère que notre vieille bourrique de soeur et son insipide époux m'ont bernée. Je devais aller étudier l'histoire à Osta-baille, et me rapprocher de toi. Mais en chemin, j'ai appris par hasard, qu'il n'avait jamais été question de s'arrêter à la capitale. Nous nous rendons finalement à Tuaille."

"Et comme si cette odieuse nouvelle ne suffisait pas, un voleur à Koskan nous ont détroussé en pleine ville. Les gardes n'ont pas daigné lever le petit doigt, comme si ce genre de larcin était autorisé dans la région. Je me suis bien renseignée et pourtant, je ne serai pas dédommagée ! C'est un monde ! J'imagine que si d'autres tentent leur chance, il ne nous restera rien en arrivant à Tuaille, et je serais obligée de travailler."

"Mais... Laissons là ces menus tracas, mon frère, maintenant que tu es là, devant moi, je reprends espoir."

"Et force !"

Après ces messes basses, Magraid agita la main pour prévenir Naell que tout allait bien. La vieille dame s'inclina et retourna à ses occupations.

".. Voudrais-tu me présenter à l'Osfer Riwalenn ?"

A son sourire, Jazkez pouvait deviner que sa soeur désirait vraiment découvrir celle qui avait vu en son frère un jeune homme débordant de qualités.

[Caeso Senjak Khan]

-Detroussée ? Quoi ? Mais c'est dingue ! Et il n'y avait personne pour vous protéger ? De quels gardes parles tu ? Ils sont là ?

Jazkez fit signe à sa soeur de le suivre tout en continuant à lui parler.

-Viens je vais te présenter à Riwallen. Tu vas lui expliquer ce qu'il t'es arrivé. Les hilderins sont censés garder les routes mais tu vois, à par faire chier le monde, pour le moment je sais pas trop à quoi ils servent !

Ils s'approchèrent de la table ou s'était installée l'Osfer.

-Riwallen, voici ma soeur Magraid. Elle est en route pour Tuailles. C'est fou non ? De se retrouver comme ça ? Par les C'Maoghs !

[Iris]

Riwalenn semblait s'attendre à ce que Magraid parlât, mais les premiers mots ne venaient pas, alors l'osfer se fendit d'un : "Bonsoir."

[Madennig]

Magraid jubilait de voir son grand frère ainsi s'inquiéter pour elle. Cela faisait si longtemps. Il était son héros et ses yeux noisettes pétillaient d'un amour inconditionnel pour lui.
Il allait lui présenter Riwalen. Hm... Comment fallait-il aborder une Osfer dans la région ? Elle opta pour le respect et avant de s'asseoir à leur table, elle la salua par une révérence aimable.

"Bonsoir Osfer Riwalenn. Je suis très heureuse de faire votre connaissance. J'espère que vous excuserez mon impatience. J'ai oublié tout protocole quand j'ai aperçu mon frère après tant d'années d'absence. Peut être pouvez-vous comprendre..."

Elle sembla assez sincèrement désolée, tout en gardant ce sourire qui donne à croire que la jeune fille est tout de même très à l'aise.

"Je ne voudrais pas vous importuner avec nos mésaventures, mais... il est vrai que pour les personnes comme moi, Koskan n'est pas très sûre. Pourtant, j'aurais pu dédommager les gardes si ils m'avaient secourue ! Je ne comprends pas leur immobilisme. Ce fut très humiliant de devoir offrir mon or à cet inconnu plein de mauvaises intentions, ...de la sorte, avec lame sous la gorge ! Son haleine m'a donné la nausée. Je voulais qu'il parte au plus vite, je feignis de n'avoir que des daols et aucun bijou. Heureusement, je ne porte pas de précieuses parures lors des voyages... Ce fut une expérience des plus désagréables... Ca, et d'apprendre que je ne pourrais étudier l'Histoire à la capitale. Ce voyage prenait des allures tragiques, jusqu'à ce que j'aperçoive Jazkez... Evidemment."

La jeune fille ajouta beaucoup de gestes délicats pour illustrer son récit. Même son intonation se modulait en fonction des mots exprimant le drame, ou le bonheur.

On ne lui avait pas appris à se plaindre en pleurnichant, et elle souhaitait rester de bonne compagnie pour l'osfer.

[Iris]

L'osfer Riwalenn n'était ni susceptible ni prompte à s'émouvoir. Elle se contenta de signifier par son attitude qu'elle avait écouté et entendu, mais ne fit pas d'effort pour répondre. Au lieu de cela, elle fit signe pour passer commande de son repas. Une femme âgée arriva, prête à prendre la commande :

" Un cruchon de cervoise et votre plat du jour."

La serveuse se tourna vers les deux adolescents.

[Caeso Senjak Khan]

-Euh.. pareil que la dame. Mais pas de cervoise, de l'eau c'est bien.

Il se retourna vers Magraid.

-Mange avec nous comme ça on pourra discuter un peu. Ta damathair attendra bien un peu.

Il s'assit à son tour et laissa un peu de place pour sa soeur.

[Madennig]

Magraid s'attendait à un poil plus de compassion de la part de l'osfer. Elle pinça ses lèvres sans sourire, en constatant que Riwalen préféra même commander son repas plutôt que de la plaindre, ne serait-ce que pour la forme.
L'invitation de son frère la sortit de sa stupeur.

"Je ne souhaite pas déranger le repas de ton Osfer. Voyons nous plus tard, si bien sur..."

Elle se tourna vers Riwalenn, avec un ton plus distant, mais respectueux.

"...Vous le lui permettez."

Se tournant vers son frère, le regard plus compatissant pour son héros qui devait vivre l'enfer. Lui aussi.

"J'ai une piste possible pour retrouver ce voleur. Ici même. Je vais essayer de le retrouver par mes propres moyens, puisqu'il faut faire justice soi-même."