[OdE Chap 8-33] Les abords de Losgadh - 18h00

[Caeso Senjak Khan]

-Gravement blessée ?

Jazkez se tint silencieux un instant.

-Qui est lady Mac Ternael ? Il ne me semble pas avoir eu la chance de l'avoir déjà rencontré. Maîtresse de l’échiquier vous dites ?

[Iris]

" La maîtresse de l'échiquier est en charge du trésor et des finances."

" Son fils passait son service d'ost auprès de Gulguenn Mac Lormel, mais pour les derniers temps avant son départ prochain, il était en formation à Losgadh."

[Caeso Senjak Khan]

Jazkez secoua la tête avec un air apparent de dépit et d’incompréhension.

-Et son fils aurait également été blessé...

Il se redressa et prit une profonde inspiration.

-C'est insensé, jamais cet homme que je connais n'aurait agi de la sorte. Il a forcement du se passer quelque chose qui explique cette tragédie. Pouvez vous me raconter en détail ce que vous savez ? Votre seigneur aura légitimement des questions et je veux pouvoir lui apporter les réponses qu'il mérite.

[Iris]

La jeune clerc faillit dire quelque chose, mais se ravisa pour répondre:

" Vers midi il a couru chercher les patrouilleurs à propos d'une femme disparue ; il croyait qu'elle était dans les parages. Il a accusé les patrouilleurs de la cacher dans les geôles du château."

" Il s'est infiltré au château, apparemment en grimpant aux remparts, après quoi il a agressé le sieur Mac Ternael. Ensuite, il est apparu lors d'une réunion du seigneur avec les chefs de la garde et des patrouilleurs, et là, il a attaqué tout le monde. Ensuite, il s'est mis à fuir, il a sauté hors du château par une fenêtre, il a erré dans la ville, en grimpant sur les toits... Puis il a sauté dans le marais..."

Le ton accompagnant la description des faits laissait supposer un sentiment d'incrédulité, d'effroi et d'horreur : le colosse de Terfynisel était un monstre.

[Caeso Senjak Khan]

Jazkez partagea avec Leïeme ce regard d’incrédulité à l’énoncé des haut faits de Pwyll.

Tu t'es surpassé mon vieux.

Il continuait à nier inconsciemment du chef.

-Il y a quelque chose qui ne colle pas dans cette histoire. Vous me décrivez une bête féroce là ou il devrait y avoir un homme, rustique certes, mais un homme tout de même. Ce comportement suicidaire n'a aucun sens, il a forcement du se passer quelque chose. On voit bien qu'il n'était pas lui même. Amenez moi à votre seigneur. Je pense qu'on m'attend.

[Iris]

La jeune clerc n'essaya pas de faire la conversation et se perdit dans la contemplation des étendues liquides. Un peu partout il y avait des îlots avec des cultures et des instruments de pêcheur. L'osfer Jazkez Mac Rhidian arrivait en vue d'un gros village, une petite ville même selon les standards de Terfynisel.

Losgadh était une petite communauté protégée par des murs constitués d'une construction de glaise et de racines entremêlées. Le mur n'était pas très haut, mais il était assez large pour permettre aux défenseurs d'en faire le tour aisément et de frapper avec aisance ce qui arrivait ; en revanche les protections analogues aux créneaux des murailles étaient peu nombreuses et semblaient avant tout être des panneaux de bois portatifs.

Le groupe arriva dans un petit port fermé par des grilles d'une sorte d'osier qu'on ouvrait le matin et fermait le soir. Avec l'escorte armée, le trio d'étrangers attira l'attention et débarqua avec quelques lève-tôt perplexes, encore peu nombreux.

Le cœur de la bourgade était construit très densément avec des ruelles étroites autant que sinueuses et beaucoup d'habitations en torchis, glaise, terre, bois et osier.

L'ensemble était édifié sur une butte, avec un château à son sommet dont on devinait le sommet par dessus les autres habitations.

Spoiler () :

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L'arrivée de l'osfer suscita curiosité et émotion dans la ville. La présence de gens en arme -- soldats et civils -- disait assez que cette fois les gens étaient prêts. Comme souvent, prêts à une crise qui venait de s'achever et supposant que la suivante serait identique.

Une femme ---possiblement sous-officier ? --- l'accueillit et l'invita à la suivre jusqu'au château. Au moindre faux-pas, six personnes étaient prêtes à l'empaler. Manifestement, la population était furieuse de ce qui s'était produit, et peut-être plus encore que le forcené se soit échappé.

On mena l'osfer par la porte principale du château. Dans la cour, des curieux, quelques personnes sans doutes importantes à l'échelle locale, dont des officiers, mais le seigneur n'avait pas jugé bon de se donner la peine de sortir. Jazkez entra par la porte en face, monta le grand escalier qui le mena ensuite directement à la salle d'honneur et du trône au premier étage.

Toutes les personnes du château qui étaient en mesure de paraître à cet instant s'étaient pressées pour assister à cette entrevue publique et la tension -- voire l'hostilité -- était palpable. Jazkez remarqua la présence du nocher Armel qui avait guidé Pwyll et Kiddle. Le jeune homme se tenait à la place qu'on lui avait indiqué et il était manifestement très embarrassé. Il semblait en bonne santé, si l'on faisait abstraction du fait qu'il aurait probablement voulu être n'importe où plutôt qu'ici.

Le châtelain était plutôt un intendant non combattant, dans la jeune trentaine, cheveux sombres, vêtements sombre, humeur sombre.

" Voilà que nous vient l'officier hilderin qui a perdu son auxiliaire assassin forcené sur nos terres ! "

[Caeso Senjak Khan]

L'attitude des habitants de Losgadh n'avait fait que corroborer les dires de la jeune clerc. Depuis qu'il avait posé le pied dans la bourgade, une hostilité mêlée d’incompréhension l'avait assailli et lui collait aux bottes. C'eut été un féond à l'origine de tout ce remue-ménage que rien ne serait différent. Quoi que Pwyll ait fait, il avait marqué les esprits.

Le jeune chevalier chemina silencieusement jusqu'à la place forte. Il affichait une mine sérieuse et déterminé s'efforçant de réprimer ce petit sourire narquois dont il se savait naturellement doté et qui ne saurait être apprécié à sa juste valeur à cet instant présent. Il franchit l'enceinte du château encadré par son escorte et monta le grand escalier jusqu’à la salle d'honneur, se félicitant intérieurement que son trajet ne l'ai pas conduit directement dans les geôles. La pièce était bondée et la tension plus que palpable. Ce fut le seigneur en personne qui eut la bonté de l’accueillir.

" Voilà que nous vient l'officier hilderin qui a perdu son auxiliaire assassin forcené sur nos terres ! "

Jazkez s'avança dans l'espace qu'on lui avait alloué et posa un genou au sol devant le maitre des lieux.

-Je vous salue seigneur de Losgadh et vous présente mes respects au nom de la délégation de Terfynysel placée sous mon autorité. L'homme dont on m'a décris les agissements n'est pas l'auxiliaire hilderin dont je connais la droiture et la bonté d'âme mais une bête féroce assurément contaminée et pervertie par le féond qu'il a affronté et qui a détruit son esprit. Je suis conscient que sa folie, même si aucune vie n'a été perdu, est impardonnable et je remercie les C'Maoghs d'avoir protégé le dernier né des Mac Ternael ainsi que la chef de vos patrouilleurs grièvement blessée. J'ai bien perdu un osfei ainsi qu'un jeune garçon de ma suite grièvement blessé, et c'est la raison de ma présence ici. Je n'ai par contre perdu aucun auxiliaire car celui ci s'est perdu seul dans les méandres de son esprit ravagé par la folie. Ce forcené doit être traqué, capturé et jugé pour ses actes. Ma venue ici, seul et volontaire, se veut l'assurance que l'officier hilderin que je suis est dans le même camp, votre camp, celui des hommes, contre celui des bêtes.

L'Osfer Jazkez Mac Rhidian se redressa alors, droit, les mains derrière le dos, l'air sérieux et déterminé, attentif au regard jamais rompu avec le seigneur de Losgadh.

Pwyll mon gros, j’espère que tu es loin.

Spoiler () :

J'utilise un point de survie sur mon jet de représentation pour dissiper cette bouc-émissairation de ma personne et faire bonne impression.

[Iris]

L'entrée en matière et l'éloquence du hilderin causèrent un grand silence.

Quelle que fut l'attitude escomptée de la part du visiteur, celle-ci n'en faisait pas parti. Quelques chuchotements dans l'assemblée se risquèrent à : "Je te l'avais bien dit ! Les chasseurs de feondas deviennent aussi des feondas avec le temps !"

Le seigneur se reprit, radouci : "Bien... Nous sommes bien sûrs indignés par ces événements et exigeons d'obtenir justice. C'est heureux que vous soyez d'accord sur ce point. Les feondas doivent être détruits, et ceux qui perdent la raison pour agir à leur image évidemment aussi."

Il laissa deux secondes passer avant de poursuivre : "La traque est en cours. Le forcené a pu s'éloigner de Losgadh en direction du sud. Nous avons envoyé des pigeons voyageurs aux bastions proches."

[Caeso Senjak Khan]

-Je n'ai aucun doute sur la capacité de vos gens à mettre un terme rapide à cette folie.

Jazkez observa rapidement les visages présents dans la foule sans toutefois reconnaitre Armel le nocher qu'il avait à peine aperçu durant la nuit.

-Avec votre permission je souhaiterais me rendre au chevet du jeune garçon de ma suite et m’enquérir de la gravité de ses blessures. Notre guérisseuse est restée à Mouden et je veux m'assurer que son état lui permettra de survivre à la navigation du retour. Si le sieur Mac Ternael ainsi que la cheffe de vos patrouilleurs ne sont point trop las et acceptent de me rencontrer je leur serai infiniment reconnaissant de me faire partager le récit de leur agression. Leur témoignage me sera précieux.

[Iris]

Le seigneur prit une inspiration de réflexion :

" Ils apprécieront certainement votre sollicitude et vos excuses."

" A l'avenir, nous éviterons ce genre de situation si vous nous prévenez de votre visite avant de vous présenter. Et par vous, j'entends l'ordre hilderin. Les errances à la nuit tombée dans les marais sont dangereuses, a fortiori pour ceux qui ne connaissent pas les périls de la région. "

" A ce propos, qu'est-ce qui vous amène si loin de la Citadelle de Dèas ? "