[OdE Chap 8-36] En quête de rédemption

[Kiddle]

Il fut soulagé en l'entendant parler. Mad, avec sa façon spontanée et sans détours de dire les choses, le ramenait à la raison. Il se redressa, ne put s'empêcher de lui caresser l'ovale du visage du bout du doigt, et s'arrêta au menton.

Mais non, fit-il souriant, ça a l'air facile pour toi, d'essayer. Pour moi, c'est plus compliqué, je ne peux pas méditer, disons... sereinement. Explique moi, ton expérience, tu étais toute seule, comment c'est arrivé ?

Uilleam avait eu une belle frayeur, il s'était vu revenir en arrière, une véritable montée d'adrénaline en s'allongeant au côté de sa blessée, et s'il souriait à présent c'était plutôt de lui.

[Madennig]

Elle pencha son visage tout sourire, suite au geste du triste Hilderin.

"Nous étions plusieurs, réunis dans un lieu protégé par les Demorthen.. Peut être bien comme ici. La lumière du soleil en moins, c'était au creux d'une forêt. Une marche de deux heures au moins avait été nécessaire pour y arriver ! La marche, ça calme alors nous étions dans de bonnes conditions pour nous souvenir.... "

Elle referma ses yeux pour mieux retrouver des détails.

" Nous nous sommes assis sur le sol d'une cabane. Comme pour nous reposer... Et à force de calme et de silence, je ne sais pas ce qu'il s'est passé... Je suis devenue comme la mousse qui tapisse les sols, j'ai pu sentir la vie grouiller à ce tout petit endroit... Des insectes oui mais il n'y avait pas que cela... "

Elle s'était mise à chuchoter sans s'en rendre compte.

" Peut être qu'avant d'être humaine, j'étais un bout de cette mousse, et je m'en suis souvenue... Ou alors... que mes parents ont mangé quelque chose qui s'est elle-même nourri de cette mousse ? "

"... Ce que tu peux faire, c'est peut-être, te rappeler ton enfance, le plus loin que tu peux, tout en t'allongeant ici, peut-être que l'herbe t'aidera à te souvenir de ce que tu as été avant de naître homme ? "

[Kiddle]

L'hilderine convalescente avait une capacité d'étonnement... Le contraire de son ancienne maîtresse. Aux oreilles de Uilleam, elle le charmait agréablement, chuchotante comme une enfant avant de trouver le sommeil.

Bien, je vais essayer de me souvenir, finit-il par chuchoter à son tour.

Ses premiers souvenirs remontaient à l'âge de cinq ans. Uilleam avait toujours été imperméable à la nature ; le renouveau printanier, le chant des oiseaux, tout cela le laissait indifférent. Mais pour ne pas la décevoir il tenta de recueillir en lui ce mystère. Il commença par réfléchir à une image touchante de son enfance. Il revit le visage douloureux de sa mère lorsqu'elle s'était piquée avec son aiguille à coudre.

Il fallait essayer plusieurs fois avant d'y arriver avait dit Mad. Elle semblait y arriver, mais toujours pas lui alors, sans faire de bruit, il descendit vers le potager. Là, il parla à la vieille muette.

Je te la confie, prends en soin pendant mon absence, elle aura besoin de toi à son réveil.

Après quoi, il s'engouffra dans les vestiges du château sans nom, en quête d'un cimetière, à la recherche d'inscriptions ou de symboles gravés sur les pierres.
Uilleam ne reparaîtrait que beaucoup plus tard, à la tombée de la nuit.

[Iris]

Spoiler () :

d10(3) + blessure (-2, non ?) + empathie 3 + Mystères 1 = 5

Madennig se rappelait la joie éprouvée à l'idée de méditer dans le cinthareïd. Tout paraissait plus simple alors. Elle n'avait pas de sentiments pour Pwyll -- ou ne les affichait pas --, Jazkez venait de la nommer Osfei, rien de grave ne s'était produit.

Tout était devenu plus compliqué depuis.

Ce n'était que loin de la discipline que Madennig trouvait sa place et se sentait bien. Elle était en paix en dépit de toute la violence qu'elle avait subie. Les souvenirs étaient encore vivaces. La colère envers son osfer, le sentiment d'injustice et d'incompétence ; la peur ; la résignation ; la prise de conscience de sa mort imminente auprès de ses bourreaux, puis en fuyant ; la certitude de mourir noyée ou dévorée par les créatures du marais...

Elle avait une chance prodigieuse de ne pas avoir attrapé de mauvaise fièvre -- jusqu'à maintenant ? Cette bienheureuse nature était aussi dangereuse.

Quand elle ouvrit les yeux, Uilleam n'était pas là, mais la vieille muette la regardait avec un peu d'agacement en lui faisant signe de se lever. La blessée en quête de soi était un peu refroidie, mais rien de grave heureusement. La garde malade désigna des pierres chauffée par le soleil, alternativement avec la direction de l'abri.

Madennig ne rêvait jamais de ce qu'elle pourrait être en tant qu'osfer. Elle n'imaginait pas son pouvoir, son équipement, son entrée dans la noblesse, sa monture... Ses songes ne la portaient que vers le quotidien et les êtres proches. N'était-il pas temps de faire face à ce qu'elle croyait vouloir, mais qui ne la grisait nullement ?

[Madennig]

Madennig n'avait pas l'esprit assez tranquille pour entrer en osmose avec la nature du lieu qui les protégeait. Ses doutes tournaient sans cesse dans son crâne, il lui fallait envisager l'avenir alors qu'il était impossible de prédire si elle survivrait à demain.
Sa seule certitude était qu'elle n'avait jamais autant douté de sa vie.

En voyant la vieille femme et ses gestes, elle comprit qu'elle lui permettait de rester au soleil, pour éviter de prendre froid. Elle se releva, et sans se demander si son mutisme était du à une surdité, elle s'adressa à elle, en retour :

"Etes-vous ici depuis longtemps ?"

C'était la première des questions qu'elle avait envie de poser à la silencieuse gardienne des ruines.

[Iris]

La vieille femme se contenta de ... hausser les épaules.

Discuter avec elle serait compliqué.

[Madennig]

La réponse s'avérait encourageante pour la convalescente. Elle ne tarda pas à poser sa seconde question.

"Vous avez fui votre village ?"

[Iris]

Les efforts de Madennig pour communiquer avec la muette n'allèrent hélas guère loin, elle ne tenait pas à mimer ou faire deviner son histoire.

De son côté Uilleam avait acquis la certitude que les lieux étaient très anciens. Ils remontaient aisément à plus de trois, quatre voire cinq siècles. En tant que noble, il avait appris dans les grandes lignes, l'histoire du pays. Il reconnaissait là une demeure riche et puissante, bâtie avec soin, qui avait nécessité des fonds considérables. Mais rien de tout cela ne figurait dans l'histoire telle qu'il l'avait apprise. Il y avait eu au minimum de puissants comtes au cœur des marais. L'histoire de Tri-Kazel était pleine de ruines et de populations disparues, et bon nombre de légendes portaient sur des châteaux extraordinaires, édifiés en des lieux inaccessibles. Cet étrange lieu, entouré de feondas, était peut-être l'un d'eux, témoin d'une ère mythique et perdue ?

Spoiler () :

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Madennig se rétablissait peu à peu, il allait être possible de partir, rejoindre la civilisation.