[OdE 8.47] Et maintenant ?

Campagne des Ombres d'Esteren. MJ Iris
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Casaïr
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[OdE 8.47] Et maintenant ?

Message : # 72160Message Casaïr
10 janv. 2020, 20:56

Rozenn avait besoin d'une pause. À force de rester enfermé à écrire, elle commençait à vouloir changer d'air, ce serait sa récompense bienvenue pour avoir dégrossi ses notes et les avoir rendues lisibles, à défaut d'utilisables pour l'instant. Elle venait de manger quelques galettes qui restaient dans un fond de placard et, l'espace d'un instant, se sentit coupable pour se laisser vivre de la sorte. Cherchant comment occuper son après-midi, elle se rappela qu'elle devait voir l'état de Kiddle et vérifier si son intuition était juste à son sujet. Si c'était le cas, ce serait un coup dur pour le jeune homme qu'elle n'avait pas voulu inquiéter lors de leur première rencontre. Elle alla chercher sa sacoche contenant son matériel de soins et quitta rapidement la maison de son hôte.

Alors qu'elle cheminait, elle put se rendre compte à quel point les dires d'Oanell étaient exacts : une partie des gens semblait l'avoir adoptée et était ravie qu'une nouvelle et aussi efficace médecine soit disponible au village. Elle rendit leur salut aux habitants en songeant que ce changement s'était opéré presque trop vite, à charge pour elle de ne pas dégringoler du piédestal sur lequel on venait de la hisser. Ce n'était pas désagréable cependant que de se sentir indispensable, même si une partie des résidents de Terfynisel préférait la voir partir, prenant ainsi fait et cause pour Névéna que jamais Rozenn ne voudrait voir disparaître. Elle restait convaincue que leurs méthodes pouvaient s'enrichir mutuellement, restait à convaincre la guérisseuse de sa bonne foi, sans doute la prochaine étape de son séjour ici.

Elle arriva enfin devant la porte désormais familière de la ferme de Pwyll. Elle toqua à la porte avant d'entrer d'elle-même d'n pas joyeux.

"Bonjour Kiddle ! Je viens examiner ton bras si tu le veux bien. Je vais sans doute devoir changer ton bandage."

Elle aperçut alors Madennig dans un coin, silencieuse. La suite des événements d'hier semblait s'être mal conclue et elle en conçut de la tristesse.

"Osfei ? Ça ne va pas ?"
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Kiddle
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Re: [OdE 8.47] Et maintenant ?

Message : # 72163Message Kiddle
11 janv. 2020, 14:22

Après avoir reçu la visite de la magientiste, plus rien ne pouvait vraiment étonner Kiddle sauf peut-être le retour de Mad.

Mad ?! Bah purée, ça alors ! Ça… ça va ?

Mais on toqua à la porte. Non ce ne pouvait être le propriétaire des lieux, mais qui donc pouvait pousser et toquer, la porte ?

Qui.. oh Rozenn, bonjour comment qu'ça va ? Euh, entrez, j'ai essayé de nettoyer mon bandage tout seul, ça puait, y'avait une drôle de couleur, jaune et bleu…
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Madennig
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Re: [OdE 8.47] Et maintenant ?

Message : # 72165Message Madennig
11 janv. 2020, 14:55

Madennig s'était installée dans un recoin, la mine sombre, désabusée. Plusieurs années d'efforts pour se maintenir dans le droit chemin venaient d'être réduites en poussière et maintenant elle aurait du temps pour chercher la leçon à en tirer.
Pour le moment, elle n'était que dégoût. Voir le pauvre Kiddle seul dans la ferme de Pwyll lui apportait sur un plateau une raison de plus pour quitter Terfynisel.

"Salut." fit Mad, l'air morne. "Je vais bien. On m'a renvoyée pour trahison ou complicité... je sais plus, ça revient au même, je ne fais plus partie de l'Ordre prestigieusement inutile des Hilderins. Et c'est plutôt une bonne chose."

"Je venais dire au revoir, avant de rentrer chez moi. Mais quand je vois ton état, Kiddle, je me dis que je devrais t'emmener avec moi. Je te dois ça, c'est ma faute en quelque sorte. Ça ne te rendra pas ton bras, mais au moins, tu ne seras pas seul. Parce que soyons clair, c'est ce qui t'attend si tu restes ici. J'ai vu Pwyll, tu sais..."


Elle se tourna vers la magientiste, en mettant ses mains sur ses oreilles.

"Bouchez-vous les oreilles, Rozenn, ce serait nul que vous ayez des soucis de conscience, vous avez l'air d'être une femme correcte après tout."

Puis, elle reprit là où elle s'était arrêté tout en s'approchant du convalescent.

"J'ai vu Pwyll, il m'a dit qu'il était devenu un fugitif. Tu te rends compte ! Pwyll ! Cet homme si généreux, obligé de se cacher comme un vulgaire fugitif ! Et personne ici, après tous les services qu'il a rendu, n'a bougé le petit doigt pour le faire innocenter ! Chacun s'occupe de son propre petit confort... Surtout, attention de ne pas froisser les grandes dames et les grands messieurs, parce qu'ils sont nobles, tu vois. Ils sont nobles pour quoi au fait ? Qu'est-ce qu'ils ont fait pour l'être ? Pas grand chose, à part naître dans une famille où à un moment dans le passé leur aïeul a bien agi. Et les Hilderins, enfin ceux qui décident, c'est pareil au final. Des enfants de nobles."

Elle haussa les épaules et fit signe à la jeune soigneuse qu'elle avait fini.

"C'est bon, Rozenn..!"

"..Bref, c'est pas nous qui referons le monde, alors, voilà... Kiddle... Est-ce que tu veux venir avec moi ?"
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Casaïr
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Re: [OdE 8.47] Et maintenant ?

Message : # 72167Message Casaïr
11 janv. 2020, 16:02

Rozenn accusait le choc. Sa bonne humeur coutumière s'envolait comme prise dans l'ouragan de colère de Madennig. Si elle fut contrariée par l'aveu de Kiddle, ce sentiment fut balayé comme le reste devant la détresse de l'ex-osfei.

"Je ne peux malheureusement rien dire en faveur de Pwyll, commença-t-elle lentement, cherchant ses mots avec précaution, je ne sais de lui que ce que j'en ai appris au travers des rapports de Jazkez. Ce que je peux vous dire en revanche, c'est que bien souvent l'on retient plus aisément les actes d'infamie que de charité, c'est malheureusement un trait particulièrement humain, que l'on soit noble ou roturier."

Elle se dirigea vers Kiddle et attrapa son bras sans un mot, concentrée sur ce qu'il lui avait dit.

"Ce n'est rien de méchant, finit-elle par dire après avoir nettoyé la blessure et appliqué une pommade antiseptique. Toutefois, lorsque je recommande de faire changer le bandage par moi ou Nevena, je m'attend à ce que mon patient fasse ce que je lui demande. Être trop zélé en médecine peut apporter des conséquences fâcheuses, compris ?"

Elle lui décocha une pichenette sur le front en retrouvant le sourire puis reprit son ouvrage tout en examinant de près le bras du blessé.

"Avant que tu ne répondes à Madennig, j'ai pas mal de choses à vous dire, reprit-elle, l'air peiné. Concernant ton bras, je dois réviser mon diagnostic initial : après avoir relu mes notes concernant ta blessure, je me suis rendu compte d'une petite anomalie. Celle-ci risque de te laisser quelques séquelles de ton combat contre ce feond, séquelles qui se traduiront par une raideur excessive des muscles, éventuellement des douleurs récurrentes plus ou moins fortes selon l'humeur du moment."

Elle rangeait son matériel en soupirant mais sans se départir de son grand sourire.

"Cependant, j'ai l'autorisation de Dame Blodwen de m'installer de façon plus pérenne et même d'avoir un laboratoire. J'ai déjà envoyé un message à mon père à Osta-Baille afin qu'il m'envoie le nécessaire pour que je puisse travailler efficacement le plus vite possible. Cela comprend également du matériel utile pour des opérations plus ou moins compliquées. Ton bras figure dans cette liste, et, possiblement..."

Elle se tut soudainement, un frisson la parcourant à cet instant. Elle se reprit tout aussi vite et poursuivit.

"Ce que je veux dire, c'est que, si tu restes, je pourrais guérir ton bras, plus efficacement qu'en utilisant n'importe quelle autre médecine. Je ne te cache pas que la phase de guérison qui s'en suivra sera assez longue, mais tu en ressortiras comme neuf."

Elle se tourna vers Madennig qui gardait l'air amer.

"Vous concernant, j'ai peut-être quelque chose à vous proposer, une alternative."

Elle se tut afin de laisser le temps aux deux personnes devant elle le temps d'absorber ce qu'elle venait de dire, tout en conservant un air déterminé derrière sa joyeuse façade.
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Kiddle
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Re: [OdE 8.47] Et maintenant ?

Message : # 72170Message Kiddle
12 janv. 2020, 13:06

À la pichenette de sa soigneuse préférée, Kiddle enfonça sa tête dans les épaules, il l'écouta mais la diatribe de l'Osfei licenciée n'avait pu trouver que des échos favorables dans les oreilles du révolté de naissance.

Les nobles, ils accusent parce qu'ils veulent sauver leur face de bouc ! C'est des sauvages, faut toujours qu'ils trouvent des coupables pour payer à leur place ! Pwyll m'a sauvé la vie, il a cherché Mad partout, tout seul. J'ai rien dit parce qu'on m'a pas demandé mon avis, hein, mais qui à Terfynitruc serait d'avis de dire que Pwyll doit pas revenir ? À part les nobles ? On demande pas son avis aux gens, c'est vrai quoi ! Les fermiers vont l'savoir que leur garde-feond est plus le bienvenu, je m'en vas les prévenir personnellement. T'inquiète Mad, les paysans vont pas se laisser marcher dessus. Va y'avoir des levées de fourches.

Ouais, tout ça me donne envie de quitter ce village dirigé par des pourris. Rozenn, vous êtes la seule que j'apprécie. C'est vrai, en plus j'ai fait n'importe quoi avec mon bras, je suis désolé...
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Casaïr
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Re: [OdE 8.47] Et maintenant ?

Message : # 72177Message Casaïr
13 janv. 2020, 01:49

"C'est bien que tu le reconnaisses, répondit-elle gentiment à Kiddle alors que Madennig semblait hésitante. Je ne peux pas t'empêcher de partir, je n'en ai pas les moyens à vrai dire et il est hors de question que je te fasse chanter quant à la guérison de ton bras. Même si je suis certainement ta meilleure chance de guérison", ajouta Rozenn avec un clin d'œil.

Elle s'étira en soupirant. Elle était loin de s'imaginer dans ce genre de situations avant de venir vivre ici il y a quelques semaines. Cela se passait-il toujours comme cela dans les petites bourgades ? Elle qui ne connaissait que de manière polie ses propres voisins à la capitale, la voilà qui se retrouvait au milieu des conversations de tout un village, qu'elle en soit le moteur ou la cible. C'était assurément nouveau pour elle et elle ne savait pas encore si c'était une bonne ou une mauvaise chose.

"Je ne prétendrai pas connaitre tous les nobles, reprit-elle au bout d'un moment. J'en ai croisé de toutes sortes, que ce soit pendant mes études à l'université d'Osta-Baille --c'est une grande école, précisa sommairement la magientiste-- ou dans la bijouterie de mon père. Certains étaient obséquieux, d'autres égoïstes et opportunistes, d'autres encore vivaient totalement dans leur monde, incapable de comprendre la vie d'une personne n'ayant pas leur train de vie ; pas vraiment méchants, mais pas franchement gentils non plus. Quelque part, je suis comme ceux-là : je ne suis pas noble, j'aurai sans doute pu le devenir en plusieurs occasions, mais ma famille est loin d'être pauvre. J'ai aussi côtoyé quelques nobles vraiment gentils et prévenants, mais qui devaient aiguiser leurs crocs pour ne pas se faire dévorer par leurs semblables. Quelque part, je trouve cela triste, je suis sans doute trop romantique", sourit-elle tout en relativisant : "Cela dit, j'ai aussi rencontré des gens méchants qui n'avaient pas besoin d'un acte de noblesse pour me faire du mal."

Un nouveau soupir, teinté de vaque à l'âme cette fois, s'échappa d'entre ses lèvres délicates alors que son regard se perdait dans la contemplation du paysage au dehors, dévoilé par la fenêtre ouverte.

"Mais, vois-tu, reprit-elle plus gaiement, je n'ai pas vraiment le temps de m'apitoyer sur moi-même, je dois trouver des solutions pour tellement de gens que j'en ai le tournis, à commencer par toi, Oanell sans doute et d'autres personnes chères à mon cœur. Il est fort possible que Pwyll soit dans le même état d'esprit, s'il est bien celui que tu décris. Où qu'il soit en ce moment, je suis certaine qu'il cherche la raison de tout ceci et à y mettre un terme. Qui sait, les répercussions de ses actes connaîtront peut-être une fin heureuse."

Rozenn terminait la pose du bandage propre. Elle vérifia qu'il n'était pas trop serré et que Kiddle pouvait se servir de son bras sans trop de difficultés. Satisfaite, elle se leva pour faire bouillir de l'eau afin de faire tremper le linge souillé.
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Madennig
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Re: [OdE 8.47] Et maintenant ?

Message : # 72178Message Madennig
13 janv. 2020, 11:46

Madennig avait profité des paroles de chacun pour observer l'état du jeune Kiddle. Et quand la magientiste se leva pour faire bouillir l'eau, elle en profita pour finalement revenir sur sa proposition.

"Oui, Rozenn a raison. Il vaut mieux que tu soignes ton bras. Reste ici... D'accord, mais si les soins échouent, tu sais que tu peux venir à Salaïs, je t'accueillerai. Je te laisserai pas tomber, Kiddle. Pareil pour Pwyll, si jamais tu le revois, dis lui qu'il peut prendre Aeldred et son chat, ses moutons et je ne sais qui d'autres... Même pourquoi pas... Uilleam... Il m'a sauvé après tout..."

La rouquine hésita un instant puis tourna son attention vers celle qui avait le plus de bagages universitaires dans la pièce.

"Rozenn... Dites, vous qui avez pu lire des livres et rencontrer des érudits. Vous auriez peut être une réponse à mes questions."

"Quand on est issu de la paysannerie, on a des valeurs assez simples : l'entraide, une grande fraternité aussi, on a pas grand chose à part notre force, notre générosité. C'est le mieux qu'on a à offrir. Et quand quelqu'un vous sauve la vie, c'est un cadeau immense. Vous par exemple, en tant que soigneuse, vous avez peut être sauver des vies aussi, et j'imagine que les gens vous sont reconnaissants et ne pourraient pas agir contre vous."

"En entrant dans un Ordre comme celui des Hilderins, j'imaginais que je sauverais moi aussi des vies contre les feondas. Je voulais dédier ma vie à ça. Je n'imaginais pas qu'un jour, je serais amenée à dénoncer ceux qui m'avaient sauvée. Que mes propres valeurs seraient en conflit avec celles de l'Ordre. Quel est selon vous le meilleur choix ? Favoriser les règles de l'Ordre en dénonçant ceux qui vous ont sauvé, ou trahir l'Ordre en omettant de dire toute la vérité à ses supérieurs ?"
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Casaïr
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Comment ça, je monopolise le bâton de parole ?

Message : # 72181Message Casaïr
13 janv. 2020, 22:44

Rozenn marqua un temps d'arrêt, la question de Madennig était complexe. L'eau chauffait doucement tandis qu'elle réfléchissait.

"Eh bien, en tant que magientiste, j'ai des devoirs envers mon ordre, bien que la distance et l'isolement me permette un peu plus de liberté. Toutefois, avant de vous répondre, je vous dois un aveu : au départ, je n'ai pas choisi la magience pour sauver la vie des autres. Je l'ai choisi pour sauver la mienne. Il y a en moi un mal inconnu qu'aucun médecin n'est parvenu à guérir et qui me ronge petit à petit. Seul mon mentor a su endiguer la maladie, la ralentir sans pour autant la soigner. Les premiers symptômes sont des tremblements au niveau des membres, suivis plus ou moins rapidement par une paralysie musculaire progressive et totale puis, dans les heures qui suivent, par le blocage des voies respiratoires. Arrivée à ce stade, mes chances de survie sont infimes, mais tant que je suis en mesure de respirer, il est possible de m'administrer mon médicament. Cependant, sans traitement définitif, je mourrai, dans quelques années au mieux."

L'eau commençait à frémir. Elle vérifia qu'il ne lui manquait pas de bandes de tissu tout en les examinant de nouveau. Elle profitait ainsi de cette pause pour préparer la suite.

"Pourquoi vous dis-je cela ? Simplement pour vous répondre au mieux. Je comptais utiliser le réseau magientiste afin de trouver une solution à mon mal et m'en débarrasser. Une fois guérie, je comptais travailler auprès de mon père pour reprendre un jour sa bijouterie, trouver un bon mari, peut-être grimper dans l'échelle sociale, allez savoir. Je le reconnais volontiers, j'étais égoïste. Puis j'ai appris les secrets de cette science auprès de mon médecin privé devenu par la force des choses mon mentor et j'en suis venu à apprécier la médecine. Sauver des vies, et pas seulement la mienne. Je dois beaucoup à l'ordre magientiste, comme vous pensiez encore jusque très récemment devoir beaucoup à l'ordre hilderin, sans doute pour des raisons similaires, avec des moyens différents."

"Est-ce que j'attends des gens qu'ils aient une dette envers moi ? Je ne sais pas, mais je sais que le fait d'avoir sauvé le capitaine Adéodat d'une mort certaine m'a permis de remonter dans l'estime de Dame Blodwen, que grâce à lui j'ai pu assister à un conseil restreint sans en faire partie, que j'ai pu y donner mon avis et que l'on m'a écoutée. Maintenant, rien ne dit qu'un jour il ne se retournera pas contre moi pour une raison ou une autre, que j'en sois responsable ou non. Nous ne sommes pas devenus proches pour autant. Tout cela pour vous dire que les gens sont reconnaissants sur le moment et sans doute pendant quelques temps, mais ce n'est pas un état qui dure nécessairement longtemps."


L'eau bouillait enfin. Rozenn déposa doucement les bandelettes souillées dans l'eau fumante et touilla la mixture avec une longue cuillère de bois.

"Maintenant, votre dernière question : dois-je fidélité à l'Ordre au point de le favoriser au détriment du reste du monde ? reprit-elle une nouvelle fois. Question difficile et qui trouvera une réponse sans doute bien différente selon votre interlocuteur. Voilà ce que je peux vous dire de ma façon de voir les choses : je préviendrai l'ordre magientiste de mes avancées ici, en bien ou en mal, car c'est grâce à cela que je peux continuer à travailler en toute légalité à Terfynisel. Cependant, Dame Blodwen sera toujours la première informée de ce que je compte transmettre, et rien de ce que je communiquerai ne causera de tort à la région. Devrais-je un jour choisir de mentir à l'ordre pour protéger quelque chose ? Certainement. Le ferais-je ? Cela dépendra grandement de l'importance de cette chose à mes yeux. Devrais-je dénoncer la personne qui m'a sauvé la vie alors que tout le monde la considère comme dangereuse ? Franchement, je n'en sais rien. Si j'étais pragmatique, je pense que je pèserai le pour et le contre, à savoir : est-ce que mon sauveur cherche la rédemption ou bien n'était-ce qu'une lubie de sa part ? Continuera-t-il sur cette pente dangereuse ou préférera-t-il risquer sa vie pour préserver celles des autres ? Suivant les réponses à ces questions, je déciderai en mon âme et conscience."

Elle retourna s'asseoir et se servit un verre d'eau. Elle avait beaucoup parlé et sa gorge s'asséchait en conséquence. Une fois soulagée, elle retrouva le sourire.

"Cependant, mon entourage me serine depuis toujours que je suis une incorrigible romantique bercée aux histoires à l'eau de rose depuis plus longtemps que je n'oserai l'avouer, rit-elle. Alors, j'imagine que, quoi que cette personne ait pu faire, je la laisserai partir sans l'ombre d'un regret, dussé-je en subir les foudres par la suite."

Dernière modification par Casaïr le 14 janv. 2020, 19:37, modifié 1 fois.
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Re: [OdE 8.47] Et maintenant ?

Message : # 72186Message Kiddle
14 janv. 2020, 18:17

Kiddle se leva pour s'emparer d'une fourche dans un coin sombre de la pièce, et pendant que les deux jeunes femmes se parlaient, il fit plusieurs fois le geste d'embrocher un adversaire invisible et éprouva alors le besoin de dire, gonflant le torse :

Moi aussi je suis un grand romantique. Si le Adéoat touche à seul de vos cheveux, Rozenn... Tchik ! Tchak !

Puis il s'arrêta, rapidement essoufflé.

T'inquiète Mad.. je sais que.. tu nous laisses pas.. tomber. Je le dirai à.. Pwyll. On se rejoindra à.. Salaïs.
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Madennig
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Re: [OdE 8.47] Et maintenant ?

Message : # 72189Message Madennig
14 janv. 2020, 22:33

Madennig avait maintenant l'esprit tranquille.

Grâce aux paroles d'une indécrottable romantique, cultivée et aidante. Et aussi grâce à la candide frimousse de Kiddle qui montrait déjà des signes de rétablissement rien qu'au contact de la belle Rozenn.

Revigorée par cet échange plein de confidances, elle serra Kiddle dans ses bras pour lui dire au revoir.

"Te donne pas à manger à la première feonde qui passe. On se revoit bientôt !"


Elle relacha le jeune homme.

"J'ai a peine de quoi faire la route, j'ai dépensé tout ce que j'avais pour un équipement que ces furieuses des marais ont détruit... Je peux même pas t'aider à payer la dame pour qu'elle te soigne. Mais je t'enverrai des daols quand je serai de nouveau bien installée à Salaïs, ce sera pas énorme mais ce sera mieux que rien. "


Elle lui frotta du poing le dessus de la tête et se tourna pour faire une révérence à Rozenn.

" Merci pour avoir pris soin de lui. J'espère que vous pourrez continuer. Et aussi que vous réussirez à trouver un remède à votre maladie. "
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