[OdE - Chap. 10-01] Raccommoder les déchirures

[Iris]

Les deux amis investigateurs se dirigèrent vers la forteresse hilderine -- une simple tour de l'autre côté de la rivière surplombée par un moulin -- pour demander des vêtements et une barque. Bien que le statut de Sire Uilleam de Terkhên fût un peu ambivalent, en l'absence de demande difficile à tenir ou dangereuse, les auxiliaires évitaient de faire du zèle et discuter la chaîne hiérarchique. .

Le change de vêtement était toutefois limité : une grande tunique, des pantalons trop larges. Point de chaussures ni de ceinture. La citadine pouvait au choix se contenter d'être vêtue de sa chemise - sous-vêtement et de la tunique de chanvre, tenue par sa propre ceinture (pour la peine dépareillée), avec ses souliers. Comme la tunique arrivait presque jusqu'aux genoux, Rozenn pouvait, vu la chaleur, se contenter de cette tenue plutôt que de s'encombrer de pantalons à faire tenir.

Rozenn et Uilleam quittèrent donc la tour par le chemin le plus proche menant au marais et aux barques.

[Casaïr]

Il n'était pas l'heure de faire la fine bouche point de vue habillement, aussi la jeune femme se contenta-t-elle du strict minimum pour ne pas gêner ses mouvements. Rien de pire qu'un pantalon qui vous tombait sur les chevilles au plus mauvais moment. Elle noua les manches de sa chemise au niveau des coudes tout comme ses cheveux retenus désormais en queue de cheval. Elle avait également profité de l'arrêt chez les hilderins pour récupérer une corde lestée d'un poids, suffisamment longue pour pouvoir draguer le fond de la rivière.

"Les nénuphars ne poussent pas dans des eaux très profondes, expliqua-t-elle au hilderin, n'aiment pas les rivières agitées et ils ont besoin d'un ensoleillement continu, c'est à dire, pas là où les roseaux et les arbres poussent en abondance en leur bouchant la vue. Le drewfilig se niche dans des coins bien plus profonds et se moque bien de fleurir ou de la force du courant, il nous faudra donc surveiller plus précisément ces trois aspects. Si nous voyons un nénuphar, il nous sera facile de déterminer s'il s'agit bien d'un vrai ou de notre feond en nous appuyant sur ces trois particularités bien spécifiques."

La magientiste affichait un sourire victorieux. Finalement, la traque de la créature pourrait bien se résoudre rapidement.

"Je n'y ai pas pensé sur le moment, mais cela explique pourquoi Hilderins et Ronces sont passés à côté jusqu'à présent. Sans les connaissances nécessaires, il est impossible de le trouver au petit bonheur la chance. Prévoyez de quoi vous protéger, ser Uilleam, car nous ignorons à quel point il sera dangereux une fois acculé."

[Kiddle]

Votre savoir de botaniste nous sera très utile en effet, si j'ai bien compris il s'agit de cibler un nénuphar dans un secteur d'eau impropre au développement de ses petits amis ? L'hilderin eut un petit air distrait, possiblement la transformation vestimentaire de la citadine en exploratrice.

Hélas, je ne sais pourquoi j'ai une mauvaise vue, aussi me contenterais-je de ramer tandis que vous observerez avec toute votre acuité, la végétation, les changements de courant, les renfoncements du terrain. Au moindre doute, vous n'aurez qu'à lever la main et refermer le poing : je stopperai instantanément notre rafiot, déclara-t-il l'air sérieux.

Vous vous souciez de ma protection, je vous en remercie, je n'ai trouvé qu'une paire de bracelets en cuir dans le vestiaire, au moins me protégeront-ils les avants bras tandis que je taillerai le drewlifygg en menus morceaux avec le fil aiguisé de ma fidèle épée, reprit-il un brin amusé sur la fin.

Sans crier gare, l'hilderin souleva Dame Rozenn dans ses bras, la déposa dans la barque où il grimpa à son tour détacher les amarres qui les retenaient, redevenant concentré et efficace.

[Casaïr]

Alors que la jeune femme s'appropriait le geste préconisé par Uilleam, ce dernier la souleva comme un fêtu de paille. Rozenn laissa échapper un cri sous le coup de la surprise et se retrouva dans la barque, rouge jusqu'aux oreilles et le cœur tambourinant dans sa poitrine.

"Ser Uilleam ! Tout ceci est... inconvenant. Oui, c'est cela !"

Elle tira sur sa tunique pour la remettre en place, grommelant qu'elle aurait mieux fait de prendre ses affaires si elle avait su. Elle s'installa à la proue de la barque, à genoux et tenant des deux mains le rebord, non sans jeter un regard au chevalier, d'un air vaguement courroucé. Elle sourit rapidement néanmoins, leva les yeux aux ciel.

"Les hommes, de vrais enfants. J'espère que vous parviendrez à rester concentré et à préférer votre jeu de rame à une certaine vue. Ho, n'oubliez pas mon sac et la corde, elle nous sera sans doute utile."

[Kiddle]

Ah ces femmes, toujours le dernier mot ! Uilleam sauta à l'eau récupérer les affaires de la belle sur la rive.

J'ai été un peu vite, Dame Rozenn, cela ne se reproduira plus.

Il revint à la barque.

Et maintenant, sommes-nous prêts ? N'avons-nous rien oublié ? Il ne faudrait pas se dire au beau milieu du lac que nous aurions dû remplir la gourde d'eau, nous ne sommes qu'au pied de la forteresse, je peux encore y retourner. Outre cela, par où voulez-vous commencer les recherches, par la droite ou par la gauche ?

[Casaïr]

Rozenn pouffa dans sa main.

"Ne vous inquiétez pas, j'ai tout ce dont j'ai besoin." Elle vérifia sa carte avant de répondre au chevalier. "La partie gauche me semble moins étendue, si nous pouvons l'éliminer maintenant, ce serait parfait."

Elle rangea son plan afin de le protéger de l'eau et entreprit de nouer la corde de façon à mesurer la profondeur de la rivière avant d'y attacher le poids.

"Nous partons à votre aise."

[Iris]

Spoiler () :

Pour rappel, lever du soleil vers 3h30, coucher vers 20h30

Vous êtes présentement aux alentours de 14h00 quand vous commencez vos investigations ; la ballade est prévue pour 2h afin je présume de retourner ensuite à Terfynisel.

Les investigateurs intrépides profitaient de cette belle journée pour découvrir la Forêt engloutie avec ses nombreux paysages.



Promenade dans le marais poitevin by Jean-Marc Bilquez, sur Flickr




Promenade dans le marais poitevin by Jean-Marc Bilquez, sur Flickr




Sedge Warbler (Acrocephalus schoenobaenus) by Allan Hopkins, sur Flickr




Chambord (Loir-et-Cher) by Daniel Jolivet, sur Flickr


Alors que la promenade était paisible et que le couple se préparait à envisager un retour à Terfynisel pour reprendre les recherches le lendemain, Rozenn eut l'impression qu'une plante d'eau pourrait bien correspondre à ce qu'ils cherchaient depuis...

[Casaïr]

Rozenn observait paisiblement le cours d'eau à la recherche d'un éventuel élément qui pourrait la mener vers le feond qui jouait à cache-cache avec les gens de Swelbecky--et avec leurs nerfs-- sans trouver la moindre trace jusqu'à cet instant. Au début, elle s'était dit que ce serait un coup de chance que de le trouver dès le début des recherches, maintenant, elle commençait à penser que cette fameuse chance était peut-être de leur côté. Elle leva la main, poing fermé comme le lui avait indiqué Uilleam et attendit que la barque s'arrête pour apprêter la corde. Elle tenait à vérifier, point par point, si sa théorie était valide. Afin de ne pas être attirée dans l'eau si d'aventure le drewfilig décidait de tirer dessus de toutes ses forces, La magientiste choisit de laisser filer autant que possible la corde lestée.Toutefois, elle espérait presque que la créature procéderait de la sorte, avouant par la même occasion sa présence, permettant également à Uilleam de les en débarrasser.

[Iris]

Tout était et demeurait calme.

Rozenn avait déjà procédé à des sondages proches pour se faire une idée de la probabilité que la créature était bien le feond. Il restait possible qu'il existât des espèces endémiques de nénuphar de la Forêt engloutie poussant plus en profondeur, mais sinon, oui, cela pourrait être la créature...

Tout était paisible.

[Kiddle]

Uilleam avait immobilisé la barque, maintenant d'une main ferme une rame, bien qu'il n'eût pas l'expérience mais simplement par instinct comme s'il tenait la barre d'un gouvernail en situation de manœuvre délicate, afin de garder le meilleur angle de vue du végétal suspect en toute discrétion, il chuchota :

Cette plante serait-elle reliée à notre feond, je veux dire...par le fond ?

De son autre main l'épée, fermement posée sur la cuisse.