Fortuna Imperatrix Mundi

26 juin 910 - 8e oghmios 910 - Terfynisel

La délégation hilderine était rentrée la veille d'une escapade jusqu'à la citadelle de Dèas. La seigneuresse Blodwen se montra heureuse de revoir Rozenn, tout comme elle était apparemment satisfaite de découvrir que Uilleam de Terkhên reprenait sa place parmi les hilderins et que Pwyll devenait de facto l'ordonnance de Jazkez, son auxiliaire personnel en substance. Elle prit le temps de discuter à part avec Jazkez, Rozenn, Uilleam et Pwyll. Elle avait des projets et de petites affaires à résoudre et demanda à Jazkez l'autorisation de lui confier Uilleam quelques jours pour aider au domaine.

Uilleam et Rozenn se retrouvaient dans la petite cour du château avec quelques minutes devant eux avant d'aller trouver Blodwen pour en savoir plus.

L'ex capitaine avait voyagé silencieusement, il se tenait à distance du groupe. Il n'avait en définitive jamais réfléchi à devoir un jour revoir Terfynisel. La raison en était simple : son nom était associé à fuite, traître. Ses mains, à jamais tâchées de sang.
L'ancien Uilleam s'était lentement transformé en un autre homme. Oh, il pouvait toujours accomplir et au besoin commander toutes petites manœuvres. Il connaissait encore le b.a. -ba de son métier, mais peut-être ne voulait-il plus de responsabilités.
Ils avaient quelques minutes devant eux, un garde était parti informer Blodwen de leur arrivée. La jeune magientiste qui les accompagnait semblait si déterminée, si volontaire. Lui, amer et lointain. Il y a des choses qu'il préférait ne pas aborder, ni expliquer. Sans doute pour ne pas affliger Dame Rozenn d'une compagnie aussi maussade, et ne sachant par où commencer, il observa le ciel…

Nous avons un beau ciel. J'imagine que votre escapade ainsi que notre compagnie ont été décevantes. Vous allez pouvoir reprendre vos recherches sereinement, elles consistent en quoi exactement ?

Rozenn pouvait deviner que l'hilderin posait cette question en pure courtoisie. Par amitié, et par bienveillance pour la jeune femme, il essaierait de comprendre des notions scientifiques qui, malheureusement lui échapperaient toujours.

"Disons que cela aurait pu être pire, soupira-t-elle. Peut-être aurai dû-je m'y prendre autrement."

"Mes recherches ? C'est assez simple en réalité : je cherche à créer de nouveaux remèdes, afin de soigner des afflictions qui n'en ont pas encore. Certaines d'entre elles sont simplement chroniques et d'autres... mortelles. Je sais que je ne suis pas là depuis longtemps, mais j'ai l'impression de ne pas vraiment progresser. Je suis très heureuse et honorée d'avoir la confiance de Dame Blodwen, cependant, je crains que certaines de ces nouvelles responsabilités ne m'empêchent de remplir mon objectif premier."

Rozenn pouvait douter de l'optimisme de Uilleam.

Uilleam se doutait en son fond intérieur que les choses concernant Jazkez étaient plus complexes.

"Permettez-moi d'être moins optimiste que vous. J'ai tout de même eu un coup de sang devant un garde qui n'aura pas manqué de rapporter à son seigneur mon altercation avec Jazkez. Tout cela aurait pu être aisément évité s'il n'avait pas décidé de n'en faire qu'à sa tête et de prendre en compte nos doutes."

Rozenn baissa la tête, piteuse.

" je crains que cet épisode nous nuise plus qu'autre chose. Et ce sera notre faute à lui et moi."

Ah ce garde, j'aurais dû le congédier vertement ! Au lieu de cela…

Un acte manqué qui pouvait avoir de graves conséquences. Uilleam n'avait pas suivi son pressentiment : le bonhomme était mal intentionné, seule la pudeur de la jeune femme l'intéressait.

Dame Rozenn, je vous prie de me pardonner. L'homme aura effectivement informé son seigneur, Ser Jazkez le sait pertinemment, nous le savons. Malgré tout, souhaitez-vous que nous présentions nos excuses auprès de ser Jazkez avant qu'il ne s'en aille à Ostreach ? Ce serait préférable. .

"Nous excuser ? Je ne me rappelle pas l'avoir entendu s'excuser auprès de nous pour son comportement. Je ne lui offrirai donc certainement pas ce plaisir, cela signifierait alors que je devrai me plier à ses exigences futures et je tiens à conserver ma liberté de propos. Ce n'est que comme cela que nous pourrons travailler à niveau égal."

La jeune femme se refermait comme une huître en bougonnant comme une enfant.

Un cours sur l'armée hilderine vous passionnerait, re-belle Dame Perreg, commença par sourire Uilleam pour apprivoiser l'incroyable ingénue.

Vous savez que nous avons une hiérarchie, c'est un principe fondamental de notre corps de métier, vous imaginez les graves dysfonctionnements en l'absence de hiérarchie, quand les soldats vont au combat, ils ne le font pas pour le plaisir, on leur inculque la discipline, l'obéissance. Là où je veux en venir, Dame Rozenn, l'Osfer Jazkez ne doit en aucun cas s'excuser quand publiquement devant ses soldats, vous attendez de lui des excuses. En privé, oui peut-être…
Vous ne pouvez travailler à niveau égal dans le cadre de missions hilderines. En consultante civile…? Vous garderiez votre libre-arbitre.