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Arthus
22 juil. 2015, 17:50
L'apostrophe de Roparz déchira l'illusion dans laquelle Blodwen était en train de s'enfermer comme un coup de tonerre tonitruant. Désorientée, elle mit cependant plusieurs secondes à se rappeler où elle était, et pourquoi elle y était.
Lorsqu'elle vit la blessure de l'homme, les réflexes de médecin enseignés par Aloïs lui revinrent immédiatement, et elle s'approcha pour inspecter plus attentivement le pansement de fortune. Du doigt, elle palpa la blessure, qu'elle trouva sans surprise chaude et gonflée. Elle renifla le pansement et, là encore, ne fut pas étonnée de sentir l'odeur douceâtre caractéristique qui en émanait.
Le constat était clair : Roparz risquait un empoisonnement mortel des chairs et du sang, et seule sa constitution de taureau lui donnait encore des chances de survie. Mais même sa santé de fer ne pouvait le sauver éternellement : sans soins, il mourrait. Autrement dit, sa vie était entre les mains de Blodwen.
Pendant qu'elle l'inspectait, la brute la dévisageait avec curiosité, sans donner le moindre signe qui indiquerait qu'il l'ait reconnue. Il semblait seulement curieux de l'inspection de cette femme, qui palpait et reniflait sa blessure. Lorsqu'elle releva furtivement les yeux vers lui, elle crut même déceler une lueur de crainte au fond des yeux de l'homme, cachée derrière une façade d'animosité.
Cette triple révélation frappa Blodwen de plein fouet. Roparz, ce mercenaire violent qui l'avait fait souffrir et pour lequel elle ressentait une telle peur, se tenait là devant elle, et ne la reconnaissait pas. Mieux encore, il craignait pour sa vie, sachant que la femme qui se tenait devant lui pouvait ou non le condamner en fonction de son diagnostic et de ses soins.
L'un des monstres qui avait tant hanté ses cauchemars était assis là, devant elle, à sa merci, la peur au fond du regard. Il ne ressemblait en rien au monstre invincible et tout puissant qui emplissait ses cauchemars de peur et de souffrance. Il n'était qu'un homme, affaibli et mourant.
En prenant conscience de cette réalité, Blodwen sentit un grand poids s'évanouir de son coeur et de ses épaules. Un poids dont elle n'avait pas eu totalement conscience jusqu'ici, mais dont l'absence la rendait maintenant étrangement légère.
Sans un mot, elle sortit sa dague de son fourreau, inspecta sa lame dans la lumière chiche du cachot, puis trancha sans cérémonie l'écharpe qui maintenait en place le pansement de fortune.
"Ca va faire mal."
Prévint-elle sobremement avant d'enlever le pansement, et une partie des humeurs qui se trouvaient en dessous, d'un mouvement sec. Un pus Jaunâtre et nauséabond suinta mollement de la blessure, qui était violacée, gonflée et brûlante.
Elle prit ensuite son couteau, qu'elle nettoya préventivement à l'alcool de grain avant d'inciser la blessure, qui dégorgea encore davantage d'humeurs odorantes. Une fois cela fait, elle sortit de sa besace un bocal où grouillait un amas peu ragoûtant d' asticots blanchâtres, dans lequel elle plongea la main...
PJ (ODE - Forêt engloutie) : Blodwen
P(N)J (ODE - Forêt engloutie) : Burgred