[OdE - Chap. 1] La Forêt engloutie

[Kalessin]

Elwigg avait bien travaillé et il n'y avait plus de bûches à fendre pour lui à la rosace, il avait donc un peu de temps devant lui avant la nuit et il décidât de l'utiliser à profit pour entamer sa re-socialisation auprès des seules personne à qui il avait adressé la parole depuis des lustres.

Après quelques recherches dans le village il finit par tomber sur Oanell et Aeldred qui semblaient se dire au revoir. Il n'eut pas le temps d'arriver avant "la fuite" d'Aeldred et se tourna donc vers Oanell.

"Bonjour!"

"Euh.... j'avais du temps et.... Je me suis dit que... Peut être... L'un de vous aurait besoin de moi."

"Enfin, je ne veux pas dire que vous avez forcément besoin de moi, vous vous débrouillez très bien toute seule... Enfin... Désolé, je m'exprime très mal, j'ai l'impression de m'y perdre un peu."

"Bref, si je peux vous être utile pour quoi que ce soit n'hésitez pas à faire appel à moi, je serai surement à la rosace, je n'ai pas vraiment d'autre endroit où aller à vrai dire..."

Après cette laborieuse prise de parole, Elwigg se senti un peu désoeuvré. Essayer de communiquer avec autre chose d'une chèvre, c'était un exercice compliqué après 10 ans à vivre seul en autarcie. Mais il ne se laissat pas décourager et se planta fermement en attente d'une réponse. (Il ne pensait pas à mal mais il est vrai que se poser comme ça devant la jeune femme pourrait être intimidant)

[NailsEater]

Un éclat de rire assez franc fut la première réponse de la jeune femme. Elle retira ses lunettes pour s’essuyer les yeux puis repris un air plus sérieux afin de s’excuser. Elle ne voulait pas vexer Elwigg et se devait d’expliquer sa réaction.

-Je suis désolé, je n’aurais pas dû rire de la sorte. Mais vos paroles font écho à celles d’Aeldred il y a un instant et je vous avouerais que c’était plutôt cocasse. J’espère ne pas vous avoir vexé ? Dans tous les cas, nous parlions justement venir requérir votre aide. Je me dois d’aller porter les nouvelles du seigneur à Ultana la démorthen. Or, je ne suis pas à même de trouver sa maison seule et un peu de sûreté ne faisant jamais de mal, si vous souhaitez nous prêter main forte ? Littéralement, par ailleurs.

Oanell espérait sincèrement ne pas avoir peiné le bûcheron. D’autant, qu’elle l’appréciait et souhaitait sincèrement qu’il les accompagne.

[Kalessin]

Elwigg ne put retenir une expression de stupeur. Il marquat une pause avant de prendre la parole.

"Euh... Non vous ne m'avez pas vexé... Je serai ravi de vous accompagner. Et puis cela nous permettra de faire de plus amples connaissances, ça vaut aussi pour Aeldred que je n'ai pas encore eu l'occasion de saluer dignement."

"Je vais passer la nuit à la rosace, je serai prêt à l'aube, devrais'je vous rejoindre en un endroit particulier?"

Elwigg faisait des efforts d'élocution. Son isolement avait apporté de la rudesse dans sa façon de parler. Pas de détours, élocution franche, molestant les mots en les coupant net, donnant à l'interlocuteur l'impression de louper une marche à la fin de chaque mot. C'était comme étirer le linge après une lessive, pour enlever cette raideur qui rends les vêtements rèches et désagréables à porter, pour l'adoucir et l'asouplir. Mais c'était autrement moins facile avec des mots et des phrases.
L'éxercice était tellement difficile pour Elwigg que son visage s'étirait en de grotesques grimaces quand il s'appliquait à prononcer un mot. Ca devait être drole à voir, mais il devait passer par la.

[NailsEater]

- Retrouvons-nous devant le château demain matin. Apparemment, il y aura un peu de route. Nous aurons ainsi l'occasion de faire mieux connaissance tous les trois. Blodwen ne sera hélas pas parmi nous, elle a du travail qui l'attend avec tous ces événements. Je vous retrouve donc demain ! Passez une bonne soirée !

Une fois la conversation terminée, Oanell rentra au château préparer l'expédition du lendemain. Elle se dirigea vers les cuisines afin de demander si possible trois repas de voyages pour le lendemain matin, pour elle et ses guides. Puis partit se laver et préparer son sac pour le lendemain.

Elle essaya de se coucher tôt, mais ses pensées ne la laissées pas en paix. Il se passait tellement de choses d'un coup qu'elle se retrouvait un peu perdue. Elle se releva et relut une fois de plus les quelques documents qu'elle avait récupérés à la mort de son mentor. Elle ne les comprenait toujours pas. Comment s'était-elle retrouvée dans cette situation ? Il y avait forcément une explication. Il ne l'aurait jamais abandonnée comme ça. Qu'avait donc subit Briavel pour en arriver là ? Oanell pleurait tout en lisant et finit par s'endormir, asséchée par les larmes et assommée par la fatigue.

[Iris]

Blodwen s'occupait de son patient. Même si la rumeur disait la veille qu'il ne passerait pas la nuit, la guérisseuse savait que l'agonie pouvait encore durer et son travail était d'accompagner au mieux le mourant. Nevena, sa tante, l'aidait de son mieux mais son humeur habituellement joyeuse était bien sombre, mélancolique même.

...

Elwigg, Oanell et Aeldred se retrouvèrent.

D'après Aeldred, il faudrait aller vers le sud, puis descendre la colline boisée en pente douce vers les marais. Un chemin aménagé en partie en rondins permettait de rejoindre la demorthèn. On pouvait estimer y être avant le déjeuner en marchant tranquillement.

[Casaïr]

Aeldred avait récupéré tout son matériel qu'il avait préparé la veille : son arc et son carquois rempli, son épée qui brillait de mille feux tant il l'entretenait (bien qu'il ne s'en soit jamais servi jusque là), son sac avec ses rations pour la journée et son outre rempli avec l'eau de pluie récupérée dans son tonneau et sa cape de pluie qui lui avait fait défaut à Swelbecky.

Quand il retrouva Oanell et l'étrange personnage qui les avait accompagné depuis l'autre village (sans véritablement avoir chercher l'assentiment des autres), il les salua machinalement tout en regardant autour de lui, cherchant toujours à éviter les habitants comme autant de prédateurs dans la forêt. Son corps était tendu comme une arbalète, sensation familière pour lui.

Concentré sur son objectif, il expliqua rapidement le trajet à ses compagnons du jour tout en ajoutant un avertissement :

"Ultana étant la seule demorthèn de la région, il est très possible qu'elle ne soit pas chez elle quand nous y serons, occupée à aider quelque habitant de coin ou à récolter des plantes pour ses simples. Elle connait la région bien mieux que moi, elle a donc ses coins à elle dont j'ignore l'existence. Si nous ne la trouvons pas chez elle, il sera toujours possible de la chercher un peu alentour ou de l'attendre sur place, nous aviserons lorsque nous y serons. J'espère que vous avez préparé de quoi manger pour la route, pour ce midi et peut-être pour ce soir, je ne sais pas à quelle heure nous serons de retour, tout dépend des affaires dont vous souhaitez lui parler", termina-t-il en regardant Oanell.

Rajustant son sac sur ses épaules et vérifiant une dernière fois la présence de villageois/charognards sur la route qui les mènerait au dehors, il lança "allons-y." et s'élança d'un pas vif sans attendre.

[Kalessin]

Elwigg s'était levé avant l'aube. Il avait peu dormi (encore...) et ses muscles se rappelaient de la dure journée de labeur qu'il avait effectuée la veille. Mais il était accoutumé à ce genre de sensations, et la douleur et lui étaient de vieux amis. Il avait profité de son réveil précoce pour se préparer, mais malheureusement, sa pierre à aiguiser étant d'un autre age il n'a pu proprement appairer sa hache, qui elle aussi était fatiguée et dont le fer avait bien rétréci en tant d'années de bons et loyaux services, et il faudrait bientôt en changer.

Elwig eut la chance de pouvoir pleinement contempler le lever du soleil aux sons de l'éveil d'un village, accompagné d'un chant de coq et des premieres onomatopées lachées par des bêtes encore toutes pataudes de leur récent réveil.

Il prit une grande inspiration en fermant les yeux, avec ce soleil naissant qui se tenait en face de lui, comme s'il le regardait de son oeuil unique et brulant....

Elwigg plantat sa hache dans une souche près du bois à la limite du village, bien décidé à l'y laisser, tout comme cette période de sa vie qu'il lui fallait laisser derrière lui.

Et c'est d'un pas décidé, le regard vers l'horizon et le buste droit qu'il se dirigeat vers le chateau pour rencontrer son futur!

Oanell était déja la, Elwigg la salua en souriant légèrement, et ce fut son premier sourire sincère depuis des années, et pas un rictus comme la dernière fois. Peu de temps après les deux compères furent rejoints par le chasseur Aeldred qui les saluat non sans prêter une attention particulière à son environnement, comme si un loup allait surgir de derrière un angle de mur. Il leur expliquat la marche à suivre et les invitat à le suivre d'un "Allons'y" exempt de toute hésitation.

C'est un pas tout aussi déterminé qu'Elwigg lui emboitât, avec tout de même un regard par dessus son épaule pour vérifier que la petite taupe n'avait pas été coiffée au poteau.

[NailsEater]

Le levé fut difficile pour Oanell. La jeune femme s'était réveillé en sursaut et se remercia d'avoir pensé à préparer ses affaires la veille. Elle se rafraîchit un peu le visage, s’habilla, se coiffa puis descendit au point de rendez-vous en passant par les cuisines.

Au final, elle arriva avant ses camarades. Quand Elwigg arriva, elle le salua puis lui rendit avec plaisir son sourire. Après qu'Aeldred soit arrivé et qu'il ait défini la suite du programme, ils se mirent en marche, Oanell suivant ses étranges compagnons de voyage.

[Casaïr]

Comme à l'accoutumée, il fallut du temps à Aeldred pour se libérer du poids qui pesait sur ses épaules lorsqu'il était au village. Cela lui rappela un peu sa rencontre avec Blodwen. Bien sûr, les circonstances étaient différentes mais le résultat était identique au final. Cependant, il n'était pas bien sûr du tournant que prendrait les évènements à venir.

Au fur et à mesure que le groupe s'éloignait de Terfynisel, le chasseur se laissait envahir par la beauté de la forêt, sa tranquillité. Cela se voyait à sa démarche, moins martial, plus détendu. bien sûr il faisait toujours attention autour de lui, mais là, il ne craignait guère que ce que la nature pouvait mettre sur son trajet. C'était moins pénible pour lui qu'un villageois. Comme souvent lorsqu'il était hors des murs du village, il se mit à siffler un air sans queue ni tête et qui achevait en général de le mettre de bonne humeur.

Se retournant rapidement vers ses compagnons, et marchant à reculons, il demanda à Oanell :

"Je me rends compte que je ne vous ai même pas demandé ce que vous vouliez à Ultana. A moins bien sûr que vous ne souhaitiez n'en parler qu'à elle, ce que je peux comprendre. C'est quelqu'un de très bien. Ho bien sûr, c'est normal de penser cela d'un demorthèn, mais, me concernant, elle a tout fait pour que..."

Il se mordit la lèvre mais se détendit rapidement. Ils n'étaient pas là pour l'entendre geindre.

"Elle est très gentille", termina-t-il un peu piteusement.

Se tournant vers l'étrange bonhomme qui les accompagnait, il s'adressa à lui également :

"Je crois que nous n'avons pas été formellement présenté, Je m'appelle Aeldred. J'ai cru comprendre que vous viviez un peu hors de Swelbecky, c'est bien ça ? Sans vouloir vous offenser, je me demandais ce qui vous avait poussé à nous suivre jusqu'à Terfynisel ?"

Aeldred faisait toujours beaucoup d'efforts quand il parlait. Non qu'il avait des difficultés quelconques, plutôt qu'il s'efforçait de bien s'exprimer par rapport au reste de "sa communauté". Tout plutôt que de leur ressembler, tel était son leitmotiv.

[Kalessin]

Elwigg jetait régulièrement des regards sur ses compagnons de voyage, et surtout restait vigilent quand à tout danger éventuel, les voyages en milieu sauvage pouvant très vite se transformer en coupe gorge si on tombe dans une embuscade de bandits ou bien d'un éventuel animal protégeant son territoire. Elwigg connaissait la région pour l'avoir parcourue seul, mais il n'empruntait jamais les chemins.

Malgré son allure vive, il s'appliquait à ne pas faire trop de bruit pour rester un minimum discret, et espérait que ses compagnons aient autant d'égard que lui. Il se concentrait sur les bruits de la foret, les oiseaux, le vent dans les feuilles, les craquements des branches qui se tordent en se balançant...

On lui faisait confiance et il ne voulait pas manquer à son devoir en tant qu'escorte de messagère.

-------------------- [Edit => Casair a posté juste avant moi ^^']---------------------

Au bout d'un moment, Aeldred se mit à siffler un petit air, cela a un peu surpris Elwigg. Puis il s'est dit que c'était peut être une nouvelle coutme que de faire de la musique en voyageant (Oanell qui chante la première fois qu'il voyage avec elle, maintenant Aeldred qui siffle, ça ne doit pas être une coincidence!)

Puis Aeldred se mit à poser des questions à Oanell, puis à Elwigg.

Une fois qu'Aeldred se fut présenté, Elwigg fit de mêe:

"Bonjour, je m'appelle Elwigg. Désolé de ne pas m'être présenté auparavant mais je n'en avais pas le coeur, et je m'en excuse."

En effet j'ai vécu bien dix années en marge de la société car je n'arrivais pas à faire le deuil de mes proches morts dans l'incendie de ma maison. Mais après réflexion, je me dit que ces années ont été gachées et que j'aurai du assumer mes responsabilités et m'assurer que le coupable subisse la justice pour son acte."

Elwigg regardait Aeldred dans les yeux, et une lueur bien virulante était apparue dans son regard quand il s'était mis à parler de son passé.

"Je sais que c'est surement déja trop tard, qu'il a pu filer bien loin ou mourir, mais je ne renonce pas. Un événement m'a fait reprendre conscience et m'a sorti de ma torpeur, et je suis bien déterminé à reprendre la ou je me suis arrêté."

Elwigg marquat une légère pause et reprit plus bas:

"Et puis j'ai vu cette femme au masque et aux cheveux roux, elle a fait quelque chose à mes chèvres et elle furetait autour de chez moi avec ses deux ours. Je l'ai suivie un moment et une fois à son niveau je lui ai demandé ce qu'elle me voulait. Elle s'est simplement remise à marcher en m'ignorant et en chantant. Ca ne me plait pas, et elle est venue quelques jours après qu'on m'ait extirpé de chez moi, alors qu'en dix ans personne ne m'avait trouvé, voire même cherché."

Il s'était arrêté en même temps qu'il avait baissé le ton, tout en faisant attention aux bruits environnants comme si cette sorcière pouvait apparaitre instantannément de derrière un arbre avec ses deux ours.

"Peut être que la demorthen nous en dira plus au sujet de cette histoire. Mais quel distrait je fais! Je nous ai arrêtés alors que nous avont encore tant de route à faire, veuillez m'en excuser. Je vous propose de nous remettre en route. Aeldred, je vous suit!"