[OdE - Chap. 1] La Forêt engloutie

[NailsEater]

Oanell était ravie de voir qu’Aeldred semblait se détendre, il l’a surpris même quelque peu en sifflant ! À l’occasion, elle lui proposera surement une petite chanson. Si ses camarades paraissaient s’extasier en observer les moindres feuilles alentours, ce n’était pas vraiment le cas d’Oanell. Elle avait toujours préféré la ville à la campagne, à la différence de ses compagnons la jeune femme aimait les gens et leurs compagnies. Pour elle, rien ne valait plus qu’une bonne compagnie, un peu de musique et quelques commérages. Bien sûr, elle avait conscience de la magnificence des lieux, mais elle ne comprenait pas l’attachement du chasseur pour cet endroit reculé.

Alors qu’elle pensait justement au jeune homme, celui –ci se rapprocha d’elle de son nouvel air extraverti :

"je me rends compte que je ne vous ai même pas demandé ce que vous vouliez à Ultana. À moins bien sûr que vous ne souhaitiez n'en parler qu'à elle, ce que je peux comprendre. C'est quelqu'un de très bien. Ho bien sûr, c'est normal de penser cela d'un demorthèn, mais, me concernant, elle a tout fait pour que...Elle est très gentille »

Il enchaînât assez naturellement vers Elwigg et Oanell les laissa se présenter avant de répondre à sa question.

-Il n’y a rien de très secret, je dois lui transmettre les nouvelles du seigneur et de lui proposer de l’escorter à son chevet. Le plus rapidement étant le mieux au vue des circonstances. Merci pour tes indications, il n’est pas toujours aisé de se rendre chez quelqu’un qu’on n'en connaît pas, même si c’est notre travail. On ne sait jamais vraiment comment nous serons reçus, il faut parfois être prudent ! Au fait, cela n’a pas de lien avec notre conversation, mais tu sembles apprécier la musique alors à l’occasion si tu veux tenter d’écrire une ballade avec moi peut être pourrions-nous faire un duo remarquable ! Cela dit Elwigg si vous nous avez caché des talents de musicien ou de chanteur c’est le moment de vous révéler !

[Iris]

Les sous-bois près de Terfynisel étaient très humides et fort pourvus d'une quantité de champignons en cette saison.

Plus on descendait la colline et plus l'on percevait l'influence du marais. Parfois entre de grands arbres, on pouvait discerner les gigantesques cyprès qui dominaient le marais, poussant que l'eau soit basse ou haute. Leur tronc était parfois creux, susceptible de devenir une hutte naturelle. Ultana logeait dans un tel endroit, entourée d'un jardin de nénuphars qui offraient un paysage enchanteur à la belle saison.

[Casaïr]

Je crois que j'ai oublié de poster ce message, pas grave ! ^^"

La proposition d'Oanell arracha un rire franc à Aeldred qui s'arrêta assez rapidement malgré tout. A quand remonte la dernière fois que j'ai pu rire de la sorte ?

"Je vous remercie, Oanell, mais le chant est bien le dernier des talents dont je dispose mais merci pour la proposition. Ne m'en veuillez pas si je préfère m'abstenir, je ne tiens pas à attirer la pluie et faire fuir le gibier."

Réfléchissant à ce qu'avait dit Elwigg, il reprit à son attention, tout en continuant de marcher :

"Je peux comprendre votre point de vue, et je compatis à votre perte. Je la comprends aussi dans un sens, j'ai moi-même perdu mes parents il y presque dix ans."

Un voile de douleur terrible, mélange de détresse mais aussi de colère passa dans son regard, comme à chaque fois qu'il repensait à ces évènements. Ouvrant et fermant ses poings à plusieurs reprises, il continua néanmoins :

"La différence, c'est que je sais ce qui leur est arrivé : mon père a tué ma mère, et le village l'a ensuite pendu pour ce meurtre. Tout cela alors que je n'avais que treize ans."

Il eut un rire aigre à mesure que les souvenirs revenaient. Ils étaient marqués au fer rouge dans son esprit, comme tout ce qui suivit.

[Kalessin]

"Le seul instrument dont je sache décement jouer c'est la hache."

Voici la seule réponse qu'eut Oanell, accompagnée par un sourire carnacier et un regard doté d'une petite lueur de folie dans les yeux. Elwigg reprenait ses marques avec les personnes avec qui il pouvait parler, et il était plutôt du genre facétieux: Il aimait semer le doute chez ses interocuteurs pour un peu tout et nimporte quoi. (Gentiment hein ^^)

Il restat silencieux pendant le récit d'Aeldred. Un silence compatissant, et puis, il n'y avait rien à ajouter. Il comprenait bien plus Aeldred maintenant et dans ces circonstances que dans nimporte quelle autre situation.
Quand Aeldred eut terminé, Elwigg lui donnat un regard plein de sens. Comme voilé d'une tristesse infinie, figé devant des images vieilles d'une décennie, douloureux et à la fois sans émotion. Un regard qu'Aeldred devait identifier comme sincèrement amical.

Plus tard, dans le sous bois décrit par la conteuse...

Elwigg était tendu. La proximité de tous ces nénuphars ne lui plaisait pas.

"Nous devrions rester prudents. Si je me souviens bien, un nénuphar noyeur se pavanne dans le marais. Je propose qu'on reste bien groupés, à portée de bras les uns des autres, par précaution, et qu'on ne s'approche pas de ces mortelles beautés."

Cette atmosphère humide, comme chargée, ces champigons partout, c'était morbide aux yeux d'Elwigg. D'autant plus que ces arbres biscornus lui rappelaient un douloureux souvenir.

[Images en flashs de la pendaison, de la malédiction, des cauchemards]

Elwigg dut s'arrêter un instant et se passer la main sur le visage pour se resaisir.

Mmmhhh... Ne trainons pas. Plus vite nous quitterons ce lieu, mieux ce sera."

[NailsEater]

"La différence, c'est que je sais ce qui leur est arrivé : mon père a tué ma mère, et le village l'a ensuite pendu pour ce meurtre. Tout cela alors que je n'avais que treize ans."

- Je sais que ça va te paraître étrange venant d’une casi inconnue mais tout ce que je peux te conseiller, c’est de regarder autour de toi. Tu es entouré de gens qui t'apprécis, à commencer pas ta sœur Rhea qui donnerai tout pour toi. Blodwen te considère comme digne de confiance et semble toujours prêtes à te recommander et, pour ma part, je ne me serai pas aussi naturellement tourné vers toi si je ne t’appréciait pas ou si je ne te trouvais pas un quelconque intérêt. Tu es encore jeune Aeldred, tu es quelqu'un de sympathique avec de la conversation -quand tu le décide- offre toi un avenir radieux. Oanell s'emballait au fur et à mesure qu'elle parlait, cherchant du positif dans toute chose, elle espérait ainsi offrir un peu de son optimisme au jeune homme.
"Notre ami ici présent vient de décider de reprendre sa vie en main, profite de son exemple et apprend de ses erreurs, il me semble que c’est le meilleur moment pour se tourner vers le futur ! Je ne veux pas te faire la leçon ou paraitre moralisatrice. Je sais ce que tu as vécu et je ne dis pas comprendre ta douleur. J’essaie juste de te donner un nouveau point de vue.

Oanell se risqua un regard vers l’intéressé. Sa tirade l'avait légèrement emballé, elle en avait oublié de vérifier qu'on l'écouta toujours.

"Nous devrions rester prudents. Si je me souviens bien, un nénuphar noyeur se pavanne dans le marais. Je propose qu'on reste bien groupés, à portée de bras les uns des autres, par précaution, et qu'on ne s'approche pas de ces mortelles beautés. Mmmhhh... Ne trainons pas. Plus vite nous quitterons ce lieu, mieux ce sera."

- Tu as raison, trêve de bavardages. Je vous suis mes chers guides !

[Casaïr]

Aeldred avait écouté Oanell mais il avait bien du mal avec ce qu'elle disait. Avant de reprendre la route, il ne put s'empêcher de lâcher : "Non, tu ne sais pas ce que j'ai vécu. Quand tu auras vécu presque dix ans en étant haï par tout un village sans rien pouvoir y faire ni savoir pourquoi cela t'arrive, à ce moment, tu pourras me donner la leçon..."

C'était dit sans animosité. On l'avait tellement assommé de reproches qu'il avait presque fini par croire que tout cela était vrai. Blodwen, Rhea et Fredelme essayaient, chacun à leur façon, de chasser ses idées noires mais dès qu'il laissaient ses démons reprendre le dessus, tout ce travail était réduit à néant.

Secouant la tête en espérant penser rapidement à autre chose, il reprit la tête du groupe dans un silence morbide, attentif à la présence de la demorthèn au cas où elle ne serait pas chez elle.

[Iris]

Plouf !

Un "quelque chose" avait plongé dans l'eau, faisant sursauter tous ceux qui craignaient l'intervention d'un nénuphar tueur. L'eau était doucement ridée et les feuilles des nénuphars dansaient à la surface. On devinait la silhouette d'un poisson chat d'au moins deux mètres de long qui passait sans crainte sous le pont menant à la demeure d'Ultana la demorthèn.

Le pont-chemin mesurait environ un mètre de large et formait un trajet sinueux. Ses planches étaient usées. La prudence recommandait au trio de ne pas avancer trop pesamment, et surtout trop groupés de peur que la structure cède par endroit.

Lentement, le trio approcha de l'arbre d'Ultana, autour duquel était aménagé une sorte de petite île munie d'un ponton et d'un jardinet entretenu sur une motte surélevée. On faisait parfois ainsi dans le marais de Tuaille et ici : des îlots aménagés pour ne pas être immergés et servir pour des cultures maraîchères. Certains étaient à l'origine naturels, d'autres avaient été patiemment fabriqués, profitant des périodes de basses eaux pour puiser vases, limon et argiles. Des claies de saule tressé permettaient de stabiliser les ensembles. Tout cela n'était qu'éphémère et requérait un entretien annuel soigneux.

Jet de chance... *roule, roule*

La barque de la demorthèn n'était pas à sa place.

Aeldred qui connaissait les lieux avait appris qu'Ultana utitilisait un code : elle déposait des galets bien ronds (ramenés ici des collines plus au nord) pour former un symbole. Elle pouvait ainsi dire en particulier "partie pour une durée indéterminée" ; "partie pour une absence courte", ce qui signifiait pour le visiteur qu'il ne servait à rien d'attendre ou bien qu'il pouvait s'installer et patienter. Une absence courte, c'était dans le jargon demorthèn compris entre 15min et 2 jours. Les traces les plus récentes de passage laissaient penser qu'elles dataient de quelques heures, la veille tout au plus.

[Casaïr]

Même si cela l'ennuyait un peu, Aeldred s'était malgré tout attendu à cette éventualité. C'est ainsi, que naturellement, il prépara un feu avant de dire à ses compagnons :

"Puisque Ultana n'est pas là, pour peut-être encore un moment, je propose qu'on en profite pour manger, cela passera toujours le temps et nous pourrons décider de ce que nous faisons ensuite. Il est fort possible qu'elle ne revienne pas avant plusieurs heures comme dans quelques minutes."

Il était de meilleure humeur que précédemment, un peu comme si les propos échangés plus tôt n'avaient jamais été prononcés. Un tel changement d'humeur n'étonnait plus vraiment Rhea, mais d'autres pouvaient toujours s'en étonner.

[Kalessin]

Voyant Aeldred disposer des cailloux en cercle et rassembler du bois, Elwigg l'interrompit en lui adressant la parole, au risque de troubler sa sérénité tout juste retrouvée:

"Excuse moi Aeldred mais, tu ne préférerai pas faire le feu à l'intérieur? Je doute que la Demorthen apprécie de voir un petit foyer emplis de cendres en sortant de chez elle, même une fois nettoyé ça laissera une trace et je trouverai ça dommage de défigurer de la sorte cette nature comme figée dans le temps. De plus, si nous devons attendre longtemps, nous devront peut être nous abriter au cas où la pluie vienne troubler nôtre attente. Je pense qu'elle ne nous en tiendra pas rigueur tant que nous ne fouillons pas dans ses affaires et que nous rangeons et nettoyons après nôtre passage."

Elwigg essayait d'être le plus poli possible pour ne pas offenser Aeldred, il soutenait son regard en attente d'une réponse, les yeux quelque peu plissés et les sourcils légèrement haussés faisant apparaitre des rides sur son front, traduisant son air dubitatif du moment...

[Casaïr]

Aeldred se senti un peu bête sur le moment mais il lui était impensable se rentrer chez quelqu'un, fusse Rhea, en sachant que la maison était vide. Entrant rapidement et sans un mot, il prépara de quoi faire le feu dans l'âtre, attendit que la flamme soit bonne avant de mettre du petit bois puis une bûche quand le feu fut assez fort avant de disposer de quoi se sustenter dans un petit coin puis de ressortir.

"Profitez du feu si vous le souhaitez, moi je mangerai dehors une fois que ce sera chaud."

Il posa son sac contre le mur extérieur de l'habitation d'Ultana avant de s'approcher du bord de la butte sur laquelle elle se trouvait puis de scruter l'eau en s'asseyant, attendant patiemment que ses compagnons aient fini avant de décider de la marche à suivre -à savoir, certainement, attendre ici le retour de la demorthèn.