Au salon de Symbaroum

[Caeso Senjak Khan]

Caeso se pencha en avant.

-Vous pouvez parler sans crainte. Ma fidélité et mon dévouement envers la Reine Korinthia ne sauraient être discutés.

[Casaïr]

Visiblement rassuré, Dakamédo entra dans le vif du sujet.

"Je dois tout d'abord m'excuser, la confidentialité de la mission m'interdit de trop vous en dire, pour votre propre sécurité mais surtout pour celle de la reine. Vous devrez récupérer, par tous les moyens qui vous sembleront bons, une caisse de bois abritant un objet très important pour sa majesté. Cette caisse se trouve dans l'une des chambres de la Louche Ailée, la numéro trois pour être tout à fait exact. Elle sera probablement gardée par des personnes malavisées et avec lesquelles la discussion ne mènera à rien."

"Si je m'en remets à vous c'est parce que le temps me manque : Je dois partir tôt demain matin, avec ou sans cet objet et croyez bien que je préférerais nettement que cela soit avec."

Il avala une gorgée de liqueur qu'il dégusta, attendant la réaction -et les éventuelles questions- de son interlocuteur.

[Caeso Senjak Khan]

-Ne vous inquiétez pas. Vous n'avez pas besoin de vous justifier. Le fait que vous soyez comme moi au service de la Reine me suffit. Je ne suis pas contre quelques précisions techniques ceci dit. Nombre de personnes approximatif ? dangerosité ? Encombrement du colis ?

Caeso saisit son verre et se cala dans le moelleux d'un coussin.

[Casaïr]

"D'après mes renseignements, répondit Dakamédo, au moins trois. Ils ne me semblent pas spécialement sur leurs gardes mais depuis les événements qui ont eu lieu ici, rien n'est moins sûr. Pour ce qui est du danger qu'ils représentent, je ne suis pas en réelle mesure de vous l'indiquer, mais la préciosité de l'objet me laisse à dire qu'ils n'ont pas engagé des novices pour le protéger. La caisse en elle-même fait environ un mètre de long pour cinquante de large. Je ne peux en revanche pas vous dire si ce qu'elle contient est lourd ou seulement encombrant."

Remarquant son verre vide, l'homme se resservit.

"Voilà, vous en savez à peu près autant que moi en ce qui concerne les aspects techniques de cette affaire. Je dois ajouter également qu'il serait... préférable que vous ne soyez pas capturés mais dans l'éventualité où cela serait malgré tout le cas, Nous nierons toute implication dans cette histoire. Il en va de la crédibilité de la reine, vous le comprenez aisément, je pense. Si nous sommes d'accord, je vous attendrais ici-même demain matin jusqu'à l'heure du petit-déjeuner. Si vous êtes en retard, nous ne nous reverrons pas. Cela vous convient ?"

[Caeso Senjak Khan]

Caeso vida son verre et s'extirpa du coussin.

-Je comprends. Pas d’inquiétude ceci dit. Plutôt mourir que trahir notre Reine.

Il posa son verre sur le plateau.

-Laissez en un fond dans la bouteille Dakamédo. Je suis sur que ça passera très bien pour mon petit déjeuner demain matin.

Il salua l'homme d'un signe de main et se dirigea vers la sortie. Il prit d'abord la direction du repos de la couturière en quête de quelques affaires.

[Casaïr]

Dakamédo salua à son tour le soldat en levant son verre de vin, lui souhaitant bonne chance avant que la porte ne se ferme pour de bon.

En redescendant au rez-de-chaussée, le capitaine entendit la musique s'échappant d'un instrument à corde. Il put voir Heidi raconter son histoire en s'accompagnant de son cistre devant une salle pendue à ses lèvres. Cependant il n'avait guère le temps de s'attarder et c'est en pressant le pas qu'il quitta les Salons de Symbaroum pour se rendre à son auberge.

Il arriva finalement au Repos de la couturière, un rien essouflé, et passa la porte avec le même empressement. Là, dans la salle quasi-déserte, il vit Hellébore attablée en train de souper.

La suite ici.

[NailsEater]

Pendant ce temps, aux Salons de Symbaroum, Heidi faisait son spectacle, fascinant toute une assemblée. Elle était là dans son élément, tout les regards étaient tournés vers elle et la soirée devenait sienne. Alors qu'elle racontait une épopée fantasque, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir un petit quelque chose qui lui encombrait l'esprit. N'avait-elle pas oublié de faire quelque chose ?

[Casaïr]

Finalement, tout se passait bien. Où plutôt, tout se passait comme d'habitude. Bien qu'arrivée légèrement en retard -retard accentué par ma causette avec Caeso et son nouvel ami-, Elnio avait su temporiser et, s'il m'avait adressé un regard de reproche, je savais qu'il ne m'en tiendrait pas rigueur longtemps. J'avais débuté mon récital par quelques contes barbares évoquant les splendeurs cachées et ô combien dangereuses de Davokar avant de poursuivre sur les récits de l'ancienne Albérétor et sur les "nobles" conquérants ambriens. De mon point de vue -forcément orientée-, nous avions surtout fait subir aux barbares ce que les Sombres Seigneurs nous infligèrent naguère, la pollution irrémédiable des terres en moins, mais mes histoires ne devaient pas refléter mon parti pris et j'appréciais ce moment de détente après deux jours totalement fous.

Cependant, une légère contrariété apparut dans mon esprit. Contrariété qui grandit alors que je me demandais ce qui se passait. La sensation d'avoir oublié quelque chose, mais quoi ? Fjola était à la maison, sagement gardée par Hagen, je n'avais pas mis mes vêtements à l'envers - pas cette fois en tout cas. Cette sensation désagréable commençait à m'irriter alors que je réfléchissais tout en jouant de mon cistre pour temporiser, comme je le faisais entre chaque histoire. J'en profitais pour demander à boire afin de gagner un peu de temps. Je ne voyais pourtant toujours pas ce qui clochait...

[NailsEater]

Heidi cherchait et cherchait encore et encore quand ... elle comprit. Si Hagen gardait Fjola à la maison ... pourquoi n'avait-elle plus souvenir de le voir dans la maison au moment de partir ? Et s'il n'était pas à la maison ... qui se trouvait avec Fjola ?

[Casaïr]

Ho bon sang. La révélation me fit l'effet d'une douche glacée. Ayant enchaîné un certain nombre de contes, je quittais rapidement la scène pour me diriger vers le bar.

"Je reviens vite, il faut que je vérifie qui garde Fjola à la maison. J'en ai pour une vingtaine de minutes, pas plus ! Je finirais plus tard pour compenser !"

Et sans lui laisser le temps de répondre, je filais et lançais à Elnio qui se reposait au comptoir : "Désolée, je me ferais pardonner plus tard, merci !"

Je filais comme le vent, les jupons de me robe froufroutant à chacune de mes longues enjambées, comme si je cherchais à prendre de l'élan pour sauter par dessus les maisons. Heureusement que la maison n'était pas loin. Il me faudrait cependant un moment pour consoler Fjola.