[Symbaroum Chap.3-5] Le repos de la couturière

[Iris]

Hellébore entra dans la pièce lentement, s'arrêta et regarda autour d'elle. Elle posa son sac chargé des fumigènes, alla à la table poser son manteau sur la chaise et pour examiner les plumes et le papier, se faire une idée de leur qualité, de l'odeur de l'encre. Elle regarda par la fenêtre, passa près du savon, et le sentit, s'étonnant de son parfum, avant d'aller au lit et l'examiner, en se demandant ce qu'il avait de plus que sa literie au Repos de la couturière.

Enfin, elle porta un regard un peu nerveux et interrogateur à Caseo.

[Caeso Senjak Khan]

Caeso fit également le tour de la chambre et jeta un coup d’œil par la fenêtre.

-Je dois récupérer un objet important pour le bénéfice de la Reine Korinthia. Je n'en sais pas beaucoup plus et je n'ai pas beaucoup de temps c'est à dire jusqu'a demain matin. La chambre trois ou se trouve l'objet est celle devant laquelle nous venons de passer, avec les deux gorilles. Il n'est pas impossible qu'il y ait un ou plusieurs autres gardes à l’intérieur. Il me parait compliqué d'y aller frontalement et j'ai bien compris depuis aujourd'hui qu'il ne fallait pas penser non plus à bruler l'auberge. Les fumigènes pourront nous servir par contre. Je pensais créer une diversion avec un ou deux de ceux-ci lancé dans la cuisine et les couloirs pour faire croire à un début d'incendie. Ça devrait mettre suffisamment le bazar sans blesser personne pour que l'on trouve un moyen d’accéder à la chambre. Pour la suite... Tu n'est pas obligé de me suivre dans cette affaire mais pour être honnête, ta faculté à te dissimuler et à balancer des choses à distance seraient un gros plus.

[Iris]

Hellébore s'assit sur le bord du lit et réfléchissait tout en répondant à voix basse, n'étant pas sûre de l'épaisseur des murs :

" Donc... fumigènes tard le soir pour que la fatigue aidant, les gens soient mieux pris au dépourvu ? "

" Mais en cas d'incendie, à leur place, je récupèrerais l'objet et j'irais descendre... dans la cohue... peut-être qu'il serait possible à ce moment de leur subtiliser et l'envoyer dans une rue proche, avec une chute en cloche ? ... Ce serait parfait si Ledros par exemple pouvait le réceptionner. "

" Ce serait mieux si je maîtrisais parfaitement mon sort de Discrétion, mais pour l'instant je ne peux leurrer qu'une personne à la fois... et je ne m'améliorerai pas assez vite pour être prête ce soir..."

[Caeso Senjak Khan]

-Oui si j'étais à leur place je rentrerai dans la chambre pour sécuriser l'objet. C'est la que je pensais pouvoir en profiter pour y rentrer car elle doit être verrouillée, de l’intérieur ou de l’extérieur. Il semblerait que l'objet soit dans un coffre, penses tu pouvoir l'envoyer par la fenêtre si tu y avais accès ? Dans ce cas je pourrai le récupérer moi même, mais tu devrais te débrouiller seule pour ressortir. Et s'il n'y a qu'une seule personne dans la chambre, il suffirait juste de trouver un moyen pour t'y faire rentrer. La servante qui nous attends dehors doit au moins savoir combien ils sont.

[Iris]

Hellébore commençait à blêmir à l'idée d'être prise au piège dans avec plein de brutes et s'efforça de rester maîtresse d'elle-même tout en réfléchissant de manière aussi constructive que possible

" Ce que je peux soulever dépend de la taille et du poids... Je ne suis pas encore capable de porter une personne par exemple. "

" Si on lance l'objet par la fenêtre, il faut espérer qu'il ne soit pas fragile ! ... Ce serait embêtant si c'était un vase ou autre chose..."

Elle chassa les pensées de capture et de mauvais traitement de son mieux : il fallait espérer qu'elle puisse se cacher et se faire oublier !!

[Caeso Senjak Khan]

Caeso remarqua le changement de teint d’Hellébore.

-Ce ne sont que des idées en l'air pour le moment. Je ne connais pas l'étendue de ce que tu peux faire et je ne souhaite pas non plus te dicter ta conduite. Nous en reparlerons en mangeant et tu me diras ce que tu en penses.

Caeso quitta son arme et son pardessus et se trempa les mains dans la bassine avant de se rafraichir le visage.

-Allons nous restaurer et profiter de la soirée. Il est possible que l'endroit reste fermer quelques jours après notre passage.

Le capitaine attendit qu’hellébore soit prête et lui ouvrit la porte, la laissant le précéder.

[Iris]

Hellébore portait une tunique de teinte neutre de belle facture, tombant jusqu'au-dessus des genoux, des pantalons et des chaussures adaptées à la marche en ville comme à la campagne. Elle savait qu'elle n'avait pas à rougir de sa tenue dans ce cadre, quand bien même elle était loin d'être élégante, ou du moins adaptée à une soirée raffinée. Malgré tout, sans son manteau et sa capuche, elle n'était pas loin de se sentir nue, et s'inquiéter de faire bonne figure.

Voyant que Caseo se préparait, elle songea à faire de même, toujours empêtrée dans ses pensées.

" Je voudrais t'aider !" finit-elle par lâcher avec une sorte d'urgence décalée, avec un tel temps de retard qu'il était possible que le capitaine ne se souvînt plus qu'il avait assuré ne pas vouloir lui dicter sa conduite.

Se rendant compte que sa réplique tombait à plat, elle chercha à se rattraper en bredouillant : "Tu disais que la servante pourrait nous renseigner ? Tu penses qu'elle te parlerait ?"

[Caeso Senjak Khan]

-Pas plus qu'a quelqu'un d'autre mais elle ne doit pas non plus apprécier les rustres, ce qu'ils ont l'air d'être. Je pense que le nombre de ces individus est un renseignement pas trop difficile à obtenir.

Il posa sa main sur la porte et l'observa un moment.

-Tu es prête ? Tu es bien habillée en tout cas.

[Iris]

Hellébore se contenta de répondre par un sourire gêné, et de sortir.

[Caeso Senjak Khan]

Caeso ouvrit la porte et laissa sortir Hellébore avant de refermer derrière elle. Il en profita pour regarder comment se verrouillaient les portes et s'il y avait un mécanisme à l’intérieur ou à l’extérieur ainsi que sa solidité. Après avoir rejoint Agnès, ils se laissèrent conduire dans la salle a manger. Une fois repassée devant les gardes de la chambre trois et hors de portée de voix, il s'adressa à Agnès:

-Ces deux là m'ont tout l'air de rustres incapables de savourer la beauté de l'endroit. Que font-ils la planté à nous dévisager ? A leur air aimable on dirait qu'ils veillent un mort.