Symbaroum - Introduction

MJ NaislEater

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Symbaroum - Introduction

Message : # 57725Message NailsEater
09 mars 2017, 10:45

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Fort-Chardon - An 21 - Fin de l'hiver

Le fanal était comme toujours allumé. Fort-Chardon était en vue des voyageurs, qu'ils soient solitaires ou accompagnés. Dernier rempart de civilisation avant la forêt, selon les Ambriens, la ville comptait trois entrées et au moins une quinzaine de tours de garde. Le maître des lieux Sire Noirenuit, connu pour avoir sauvé la mère de la reine, s'occupait disait-on de sa ville d'une main de fer.

Sur la route qui mène à la porte sud, le bruit des pas endormis camouflait encore celui de la ville en éveil. Aux premières lueurs de l'aube, l'entrée de la ville étaient déjà bloquée par la foule de personnes et convois cherchant à pénétrer l'enceinte. La fin de l'hiver sonnait le début de nouvelle expédition et le retour des anciennes, menant ainsi un flot important de voyageur en lisière de la forêt.

Les voyageurs s'occupaient comme il pouvait, discutant avec les nouveaux venus qui se greffaient aux caravanes cherchant, comme tous, à pénétrer dans la ville. L'attente serait longue, tous le savaient. Et ceux qui ne le savaient pas encore, le comprendraient bien vite. L'air humide rendait l'humeur générale morose et l'attente dans la boue n'était pas au goût de tous.

Thar s'inquiétait pour son matériel. Il cherchait comment éviter qu'il s'enfonce quand un homme d'âge mûr, visiblement peu concentré, lui rentra dedans, glissant de fait dans ladite boue. Ce visage ne serait-il pas familier ?

Un peu en arrière Anesha avait suivit la scène. Elle s’avança pour aider le vieil (?) homme et quel ne fut pas sa surprise de reconnaître Edogaï, l’ami de sa famille.
Tous les trois se regardait, incrédule.

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Casaïr
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L'arrivée à Fort-Chardon

Message : # 57738Message Casaïr
09 mars 2017, 17:09

L’année dernière, je m’étais persuadée que le trajet d’Yndaros où j’ai vécu toute ma vie, jusqu’à Kastor où j’appris à me battre et survivre seule, était le plus long que j’avais jamais entrepris. Je me voilais simplement la face car c’était en fait juste le début de mon long voyage.

L’hiver tirait sur la fin, la neige cédait le pas à une pluie glaciale qui m’aurait sans doute trempée jusqu’aux os si je n’avais appris quelques rudiments de bon sens auprès de mon oncle Kaspian, et des membres de sa guilde. J’avais assez facilement rejoint une caravane se dirigeant vers Fort-Chardon, mais je devais bien avouer que ma résolution jusque-là sans faille pour retrouver Arélyo avait quelque peu vacillé ces derniers temps. Je me morigénais, me rappelant à mon devoir, à ma promesse faite à mes parents aussi bien qu’à mon frère. Et puis, je n’étais pas seule : Cendres m'accompagnait, fidèle compagnon silencieux mais au regard Ô combien expressif. Évidemment, emmener un félispectre dans mes bagages n’avait aucune chance de passer inaperçu, mais passé l’effet de surprise et la peur bien naturelle devant le fauve à la peau gris-bleu et aux yeux jaunes, les gens se rendaient vite compte qu’il n’avait aucune intention de les chasser pour le petit-déjeuner. À la place, il s’éclipsait de temps en temps et revenait parfois avec un animal dans la gueule, reste de lièvre trop inconscient pour ne pas ignorer le danger que représentait un tel félin en maraude.

Du reste, la présence de mon ami à quatre pattes avait également dissuadé certains des hommes de la caravane de m’aborder, ce que je faisais semblant d’ignorer avec un léger sourire. Pourtant, ma mise n’était pas forcément des plus agréables pour la gent masculine : malgré mes cheveux châtains noués en de nombreuses tresses plaquées en arrière, mes yeux couleur noisette et mon sourire mutin, je portais une tunique et un pantalon de cuir sombre, des bottes montantes jusqu’à mi mollet et une cape imperméabilisée dont la capuche était systématiquement rabattue, aussi bien pour protéger mon visage des intempéries et du vent gelé qui soufflait tant qu’il le pouvait encore, que pour me donner un semblant d’intimité. Mon carquois battait ma cuisse droite tandis que je portais mon arc à l’épaule tout comme mon épée. Je m’étais rapidement rendue compte, concernant cette dernière, qu’avoir un long morceau de métal dans les jambes gênait grandement la marche, alors, tant que le danger ne pointait pas son nez à l’horizon, je la portais en bandoulière. De toutes façons j’étais une archère, pas une combattante à l’épée.

La pluie cessa une demi-journée avant notre arrivée au fort, ce qui m’arracha un soupir de soulagement. Toutefois, la terre mettrait plusieurs jours à sécher, et le poids de mes bottes encroûtées de boue commençaient vraiment à peser lourd. Encore une fois, je me reprochais mon manque d’exercice, mais je devais me faire une raison : plusieurs semaines sans pouvoir marcher avaient quelque peu amoindri mes capacités en la matière. J’étais malgré tout confiante : même s’il me restait une très légère boiterie (plus pour ménager ma jambe que par réelle nécessité), marcher comme je le faisais tous les jours m’aiderait à m’endurcir. Finalement, les portes de Fort-Chardon se dressèrent devant moi, et je pus noter dans l’aube naissante la foule abondante qui attendait de pouvoir y pénétrer, tout comme moi. Je rongeais mon frein, me répétant les recommandations de Kaspian quant aux personnes qui pourraient éventuellement m’aider dans ma recherche, juste avant que mes pensées n’aillent jusqu’à… Non, je devais éviter, sinon, toute ma force de conviction fondrait aussi sûrement que la neige en ce moment. Je ne pouvais pas abandonner mon frère, ce n’était juste pas possible, même pour…

« Ce n’est qu’un au-revoir… »

Sa voix dans ma tête faillit m’arracher des larmes, cruel souvenir qui revenait au plus mauvais moment. Heureusement, un mouvement de foule me sauva juste à temps de la langueur de la nostalgie qui m’assaillait, et je pus entendre quelqu’un tomber et rouspéter à quelques pas de moi. Cette voix… elle me disait quelque chose, mais il ne pouvait pas être là, si ? M’approchant en me faufilant, aidé en cela par la présence plutôt intimidante de Cendres, je découvrais un homme, le nez dans la boue. Sa tenue m’était vraiment trop familière, mais j’attendis qu’il se relève avec mon aide avant de sourire en voyant son visage.

« Edogaï ? Toi, ici ? » fis-je joyeusement en le reconnaissant pour de bon. Je failli le prendre dans mes bras, mais son état me retint juste à temps. À la place, j’éclatais de rire. « Excuse-moi, je ne m’attendais pas à te croiser à Fort-Chardon. Quelles affaires t’y amènent ? Tu n’as toujours pas envie de t’installer quelque part pour vendre tes élixirs ? Après tout, tu ne vas pas en rajeunissant… »

J’avais toujours aimé le taquiner depuis que je le connaissais. Après tout, cela faisait dix ans maintenant que nous nous connaissions, depuis qu’il m’avait sauvé la vie. J'avais donc hâte de savoir quelles histoires il avait à me raconter.
Il est toujours utile d'affronter un ennemi prêt à mourir pour son pays. Vous avez en définitive, lui comme vous, le même objectif en tête.

- Terry Pratchett, Va-t-en-guerre.

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Etmer_Fachronies
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Symbaroum - Fort Chardon, jour 1 - De fer et de boue.

Message : # 57848Message Etmer_Fachronies
15 mars 2017, 00:33

Froid. En cette heure du jour naissant, où les ténèbres de la nuit cèdaient rageusement devant les premières lueurs d'une aurore conquérante, il faisait froid. Quelques restes épars de neige brillaient timidement sous les rayons pâles de l'aube, scintillant comme s'il ne devaient plus jamais y avoir de lendemain. Perçant au travers des arbres massés en ordre de bataille, les traits du jour ne parvenaient pas à chasser les restes de l'hiver, qui ceignaient encore les gorges en ce début de printemps. Oui, en cette aube hésitante sur ces étendues sombres, il faisait vraiment froid.

Mais à bien y réfléchir, c'était l'humidité omniprésente qui gênait le plus les voyageurs, massés piteusement devant les portes d'un fort qui les engloutiraient sans ciller une fois les portes ouvertes. En lisière de la forêt tant honnie et révérée, une file de pauvres ères laissés à tous les vents attendait, recroquevillés. Les hommes et les femmes pataugeait de concert dans une boue infâme, remugle sordide et puant des allées et venues incessantes qui faisaient battre le cœur de cette région du monde. En lisière de Davokar la Grande, les âmes meurtries des requérants s'entassaient aux portes de Fort Chardon, et y croupissaient au bon vouloir des fortifiés.

Thar jeta un regard sombre vers les cieux qui s'éclaircissaient de seconde en seconde. La caresse du soleil ne suffisaient guère à dissiper les lambeaux de brumes qui s'accrochaient aux toits des bâtisses élancées de la cité. Derrières les épaisses palissades de bouleaux, les cheminées des demeures citadines crachaient en cœur un panache de fumée âcre, tapissant les cieux d'un second voile gris. A l'intérieur des murs, la cité dormait, paisible, pendant que les autres trimaient dehors, dans une cohue bruyante, sale et désespérée.

Le barbare blond s'arracha de la contemplation de la ville qu'il s'apprêtait à rejoindre, et jeta un œil à la longue file de badauds qui pataugeait dans la boue. Il secoua la tête de dépit. Certains, il le savait trop bien, ne passeraient pas la journée ainsi. Le froid, la maladie, les coupes-jarrets, les mouvements de foule... Comment les Ambriens pouvaient-ils accepter de traiter ainsi les leurs, il l'ignorait encore. En dépit de ses années à les côtoyer, ceux du Sud restaient par bien des côtés un mystère pour lui. Il fronça les sourcils et se massa les temps. Décidément, la vue des réfugiés ravivaient des souvenirs qu'il n'aimaient guère ressasser, surtout au sortir d'une nuit sans lune.

Il secoua la tête, s'extrayant de force de ce puits sans fond. Après tout, c'était un problème qui ne le concernait guère. Sanglé comme il l'était dans son armure épaisse, il ne craignait pas la morsure du froid. Ni aucune autre morsure, à bien y réfléchir. Sur sa peau claire, une lourde épaisseur de mailles s'entremêlait habillement à des plaques de cuir durci et de fourrures rembourrées. Une création qu'il avait mis du temps à ajuster, mais qui était aussi solide et fonctionnelle qu'une peau de seigneur troll. Rajustant sa lourde cape imperméable autour de ses épaules, le barbare rabattit sa capuche sur son vidage. Inutile de donner du grain à moudre aux commères du Sud, il en avait déjà bien trop soupé sur la route.

L'homme jeta un œil averti aux espaces qui séparaient la longue palissade de rondin des premiers arpents de forêt. Là encore, le génie ambrien avait fait son œuvre. Les arbres avaient été savamment massacrés, dans une minutie à faire rugir les esprits des bois. Pas une pousse ne se levait vers le ciel. Seules les souches éplorées gisaient à perte de vue, témoins impuissants des martyrs qui se dressaient là quelques années plus tôt. La hache s'étaient abattue, et les arbres avaient péri. Thar grimaça, adressant silencieusement une prière aux âmes des bois injustement chassés.

Pourtant, une fois encore, son dégoût fut contrebalancé par une sincère admiration pour la technique employée. Si détestables et cruels qu'ils soient, les Ambriens était un peuple de talent. Si un corps d'armée s'avançait vers la ville, il ne pourrait le faire sous couvert des arbres, et s'exposait de fait à la riposte des sentinelles perchées sur les nombreuses tours de guets. Un plan judicieux, et à n'en pas douter mûrement réfléchi. Dans leurs entreprises de conquête, ceux du Sud brillaient par leur maîtrise. Si seulement les Jézora avaient su s'inspirer d'une simple partie de leurs techniques... Non, le passé était mort. Il était inutile de se lamenter sur des regrets stériles, surtout quand le présent restait encore à écrire. Et en cette heure, c'était à Fort Chardon qu'il s'écrirait, car Thar l'avait décidé ainsi.

Du coin de l’œil, le blond surveillait Jabre, sa mule de bât. Accrochée à l'arrière d'un chariot de la caravane marchande, la pauvre bête peinait à avancer. Comme tous ici, elle pataugeait dans la boue, et manquait de s'enfoncer sous le poids de son chargement. La monture transportait ses effets de forge, qui constituaient tant sa raison de vivre que son gagne-pain. Tant qu'il errerait sur les routes, Thar n'aurait de cesse de faire appel à ses équipement. Si d'aventure un malandrin ou un tire-laine, comme il en existait bien trop en ces terres décadentes depuis l'arrivée des Ambriens, faisait mine de s'en approcher, il tâterait l'acier de la lourde hache à tête double qui pendait dans son dos. Une arme impressionnante, que le guerrier-forgeron portait depuis son départ de son clan, lors de ce jour maudit où sa sœur avait été emportée.

Le souvenir de sa sœur le rendit plus morose encore. Cela faisait tant d'année... les rares pistes qu'il avait trouvé au cours de ses années sur les routes n'avaient mené qu'à des chimères. Fort Chardon aurait peut-être des réponses à lui offrir, mais il en doutait. Plus le temps passait, et plus les espoirs s'avéraient vains. Mais il n'abandonnerait pas, car c'était là ce qu'il avait juré. Et sa parole, plus que tout en ce monde, était ce qui importait à ses yeux. Il retrouverait Karova, car c'était ce pour quoi il avait tout sacrifié. Plus jamais la mort n'emporterait un membre de sa famille, dusse-t-il périr en pour y parvenir, et...

Un choc soudain le distrait de ses rumination. Un homme pressé venait de le percuter de dos. Inamovible, Thar encaissa le choc sans broncher, regardant la silhouette mince de son assaillant de circonstance s'effondrer dans la boue. Par réflexe, il porta la main à sa bourse. Non, elle était toujours là, l'homme n'avait pas tenté de le voler. Le barbare dévisagea alors l'individu. Un ambrien, de toute évidence, et d'âge mûr. Pourtant, quelque chose piquait sa mémoire. Il dévisagea plus attentivement l'homme, mais une jeune fille se présenta à sa rescousse et l'interpela.

- Edogaï ? Toi, ici ?

Le nom bien connu fit écarquiller les yeux à Thar. Effectivement, c'était bien l'alchimiste qui venait de le percuter. Par toutes les mânes des anciens, qu'est-ce que ce vieux fou venait faire en ces lieux désertés par les esprits ? Avant que Thar puisse aviser, la jeune fille continuait d'un rire franc :

- Excuse-moi, je ne m’attendais pas à te croiser à Fort-Chardon. Quelles affaires t’y amènent ? Tu n’as toujours pas envie de t’installer quelque part pour vendre tes élixirs ? Après tout, tu ne vas pas en rajeunissant…

Thar s'avança, sans laisser le temps à l'alchimiste de répondre.

- Oroké me pique, gronda-t-il, Edogaï, tu as le chic pour les rencontres percutantes. Si tu n'étais pas venu t'écraser sur mon épaule, je n'aurais jamais douter te trouver ici. Quelle idée de jouer des coudes ainsi, en revanche ! Est-ce une nouvelle vision qui t'amène ici ? Celles de la Hyuldra ne goûtaient guère à tes dires, la dernière fois que nos chemins se sont croisés.

Thar regarda la jeune femme qui le soutenait. Une femme assez jeune, mais au regard dur et au corps capable. Des nattes serrées prévues pour l'action, un arc croisé d'une épée en bandoulière, d'un métal de bonne qualité qui plus est... une guerrière, de toute évidence.

- La jeune femme est une amie à toi ? Gamin doit également être dans les environs, si tel est le cas. Franchissons les portes ensemble, j'en ai plus qu'assez d'attendre le bon vouloir de ces citadins corrompus. Nous discuterons chemin faisant.

Le barbare avisa alors le félin qui trainait aux abord de la jeune femme. Un félispectre, et de bonne taille ! Il dévisagea la bête, lui rendant sans faillir son regard. Que faisait une telle bête dans le convoi ? Thar se crispa, failli attaquer, mais quelque chose le retint de faire jaillir sa hache. Le monstre semblait calme, apprivoisé. Était-ce lui qui délirait ? Ou bien... non, à la façon de bouger, la bête devait accompagner la guerrière. Lint l'assiste, cette mâtinée était décidément celle des surprises !

- Et si ce monstre est le vôtre, ajouta-t-il à l'adresse de la jeune femme, tenez-le par la bride devant les gardes. Si un homme des clan n'inspire guère confiance en ces lieux, y ajouter un mangeur d'homme sera de mauvaise augure pour ces fous. Quitte à payer un péage pour franchir les portes, autant y entrer sans encombre.
La Tour vous accueille, voyageur. Bienvenue en mon blog des Fachronies.

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Edzart
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Re: Symbaroum - Introduction

Message : # 57896Message Edzart
21 mars 2017, 21:40

L'attente était longue. Ses jambes roidies par le froid, son regard tombant, fatigué, le garde essayait de rester droit à côté de la lance qu'il tenait pointée vers le ciel. L'humidité ambiante avait eu raison de son nez qui ne cessait de couler. Essayant de faire passer la matinée et l'ennui grandissant, il observait les nouveaux venus qui se massaient aux portes de la ville. De ce côté, au moins, il se passait quelque chose. Pas comme toutes ces nuits à grelotter en observant les mouvements infinis d'une forêt qui restera toujours sur immobile. Les nuages étaient lourds en cet fin d’hiver et la fatigue faisait basculer sa tête d’avant en arrière, le réveillant chaque fois qu’elle se laissait aller à la gravité. Attirant son regard éteint, un homme en bouscula un autre au bas de la palissade. Le rire du garde, résonnant au-dessus des têtes de ceux qui se massaient à l’entrée, drapa la scène de cet homme qui chutait.

Edogaï détestait cette période de l’année. La transition entre l’hiver et le printemps. En vérité, Edogaï détestait toutes les transitions. Les transitions sont ces états instables durant lesquels rien n’est réellement clair. Rien n’est réellement pratique ni stable, à l’instar de cette boue dans laquelle il glissait, essayant péniblement de se redresser. Cette stupide ville frontière portait bien son nom. Elle était plus difficile à atteindre que le cœur de la fleur éponyme. La foule le rendait fou. Sa petite échoppe lui manquait.
Anesha a écrit : « Edogaï ? Toi, ici ? Excuse-moi, je ne m’attendais pas à te croiser à Fort-Chardon. Quelles affaires t’y amènent ? Tu n’as toujours pas envie de t’installer quelque part pour vendre tes élixirs ? Après tout, tu ne vas pas en rajeunissant… »
Essayant de comprendre ce qui lui arrivait, Edogaï se laissa redresser par une paire de bras inattendues.
Thar a écrit : Oroké me pique, gronda-t-il, Edogaï, tu as le chic pour les rencontres percutantes. Si tu n'étais pas venu t'écraser sur mon épaule, je n'aurais jamais douté te trouver ici. Quelle idée de jouer des coudes ainsi, en revanche ! Est-ce une nouvelle vision qui t'amène ici ? Celles de la Hyuldra ne goûtaient guère à tes dires, la dernière fois que nos chemins se sont croisés. La jeune femme est une amie à toi ? Gamin doit également être dans les environs, si tel est le cas. Franchissons les portes ensemble, j'en ai plus qu'assez d'attendre le bon vouloir de ces citadins corrompus. Nous discuterons chemin faisant.
Noyé sous les paroles incessantes de ces voix qu’il connaissait, Edogaï ouvrit de grands yeux énervés. Bafouillant d’abord en se remettant debout, il se tourna vers Anesha :

« Je n’… Je ne vais pas en rajeunissant, et toi, alors, tu crois que tu rajeunis, impertinente ? Regarde-toi, tu as plus de rondeurs qu’une patate oubliée au fond d’un placard. Tu grandis presque aussi vite que tu ne dis de bêtises. » Se tournant vers Thar, ne laissant pas une seconde à la jeune fille pour répondre, il enchaina : « Et toi, pour qui tu te prends, frappeur d’enclumes ? Par les crocs d’Arex, qu’est-ce que tu fais ici ? »

Il le suivit, pourtant. Il rouspéta et s’épousseta, mais se mit en marche :
« Qu’est-ce que c’est que ces histoires ? Qu’est-ce que vous faites là, vous deux ? Toi, tu devrais être auprès de tes parents, Anesha ! Esprits ! Qu’est-ce qu’ils diraient en te voyant là ? »
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Casaïr
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Aujourd'hui, c'est vacherie !

Message : # 57899Message Casaïr
22 mars 2017, 03:08

Le débit de paroles du grand blond et d'Edogaï me tinrent coite le temps qu'ils terminent, les joues gonflées d'ennui. Les réprimandes de l'alchimiste glissèrent sur moi comme l'eau sur les plumes d'un canard et je laissais l'orage passer tranquillement, grattouillant Cendres entre ses oreilles rabaissées. Le félispectre n'avait jamais beaucoup apprécié les haussements de ton mais se contentait de ce seul geste pour marquer sa désapprobation. Je me rendis compte, tandis qu'Edogaï ronchonnait toujours, que je n'avais jamais entendu sa voix encore. Je revins rapidement à la réalité toutefois, à la dernière remontrance du marchand ambulant.

"Maman et papa diraient qu'ils sont d'accord. D'ailleurs ils m'ont dit qu'ils t'avaient vu il y a quelques temps, pendant mon séjour à Kastor. Tu sais donc parfaitement pourquoi je suis partie. Et je suis assez grande pour m'occuper de mes propres affaires désormais, je n'ai plus dix ans !"

Je terminais en boudant presque, contredisant ainsi totalement ce que je venais d'affirmer, et me tournais pour observer l'illustre inconnu qui m'avait reluqué des pieds à la tête en guise de salutations. Il était bien bâti, largement plus grand que moi et une barbe aussi blonde que ses cheveux semblait vouloir envahir son visage, pas franchement vilain. J'imaginais qu'il devait avoir un certain succès auprès des demoiselles. Je fus surtout surprise par la qualité de son armure ; j'avais beau ne pas être une experte, je voyais bien qu'on ne pouvait pas vraiment trouver ce genre de modèle dans l'armurerie du coin, d'autant qu'elle semblait parfaitement ajustée à ce grand gaillard. Un œil lancé vers Edogaï. Comment l'avait-il appelé ? Frappeur d'enclume ? Bizarre. Un surnom découlant de son métier ? Fixant de nouveau mon regard sur celui du blondinet, je réalisais finalement qu'il devait être issu d'un peuple barbare : sa façon de parler, de s'habiller, rien de cela ne sonnait vraiment Ambrien. L'étonnement se fit curiosité alors que je lui rendis le même regard que celui qu'il posa sur moi au premier contact, cherchant à ne rien oublier de l'étrangeté de la chose. Finalement, la petite fille de la ville que j'étais avait plus entendu parler des barbares qu'elle n'en avait réellement vu. Et malgré toutes les histoires qui circulaient sur eux, celui-là n'avait guère l'air différent de moi. Si ce n'est qu'il me dépassait de presque deux têtes.

Je rajustais mes affaires alors que nous cherchions à trouver une meilleure place dans la file, et je me rappelais vite que l'inconnu avait souhaité... me mettre en garde. Mettre une bride à...

"Tu veux que... j'attache Cendres, hein ? Désolée, mais depuis que nous sommes ensemble, lui et moi, c'est à la vie, à la mort. Lui imposer une laisse comme à un vulgaire chien serait mettre à mal notre confiance et... le ferait trop ressembler à un gros chat..."

L'image qui s'imposa dans ma tête, assorti d'un collier à grelot, déclencha un début de rire que je ne réprimais pas, sous le regard impassible du fauve qui m'observait tel qu'il le faisait toujours. Il tourna la tête également vers le barbare, comme s'il cherchait à en déterminer le degré d'intérêt, avant de reporter son attention sur la route en bâillant, sa curiosité plus rapidement satisfaite que la mienne. Je me penchais pour déposer un baiser sonore sur son front, sachant pertinemment qu'il n'appréciait que modérément de tels débordement d'affection, avant de me relever et de me tourner en tout sens, dressée sur la pointe des pieds.

"Cela dit, vieux ronchon, ton copain a raison : où est Gamin ? tu l'as laissé sur ton "bateau" ? demandais-je en ignorant royalement le grondement indigné de mon compagnon à quatre pattes. Le pauvre, cette coque de noix est au moins aussi vieille que toi, un jour prochain elle coulera et lui... Bon, il aura certainement pied, mais il sera trempé jusqu'aux os..." minaudais-je en tirant la langue.
Il est toujours utile d'affronter un ennemi prêt à mourir pour son pays. Vous avez en définitive, lui comme vous, le même objectif en tête.

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Re: Symbaroum - Introduction

Message : # 57965Message NailsEater
28 mars 2017, 15:34

Le vent se levait doucement, déplaçant les quelques nuages qui flottaient paresseusement au-dessus des voyageurs.

Le félispectre observait cette débandade d'un œil absent, loin des considérations futiles des humanoïdes. Sa compagne de voyage semblait aller bien et aucun danger immédiat dans les parages. Afin de montrer son ennuis, il bailla ostensiblement avant de s'affaler dans la boue, faisant en sorte qu'elle éclabousse toutes les personnes alentours. Ravit de son petit effet et d'avoir un peu d'attention, le félin ferma les yeux pour une petite sieste bien méritée.

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Re: Symbaroum - Introduction

Message : # 57977Message Edzart
29 mars 2017, 21:01

Avançant en trépignant presque, Edogaï rala pour la forme en se remettant en route vers la porte de Fort Chardon.

"Non, Gamin est pas là. Qu'est-ce qu'il viendrait faire dans cet enfer, de toute façon. Hein ?"
En disant ce mots, Edogaï fut traversé d'un frisson dérangeant, alors que le souvenir de ce regard de Gamin, quand ils se sont séparés, revenait à sa mémoire. Il soupira.
"Ma barge est tout ce qu'il y a de plus entretenu. Pas comme ta tenue, jeune femme. Allez, en avant. On avance jusqu'à cette porte, on se trouve une taverne au chaud et on discutera là-bas. Je viens voir une vieille connaissance. Et vous, qu'est-ce que vous faites là ?"


Observant la jeune fille, Edogaï essayait de trouver ce qui avait changé en elle. Elle avait grandi. Ca, c'était une certitude. Thar, de son côté... Restait une énigme. Edogaï se doutait de le trouver dans le coin. Il essayait de garder un oeil sur lui, depuis quelques temps. Depuis qu'il l'avait rencontré dans la tourbière. Pourquoi Elda l'avait elle mis sur sa route ? Il devait y avoir une raison. Il détestait ne pas comprendre.
Prenant les devant, il ouvrit la marche pour essayer de trouver une taverne, une auberge ou n'importe quoi où il pourrait boire quelque chose de chaud devant des flammes crépitantes.
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Message : # 58028Message Etmer_Fachronies
02 avr. 2017, 22:18

L'aurore arrivait. Loin au-dessus de la ville endormie, le ciel d'hiver se drapait de ses soies d'apparat. Sur la voûte céleste, le balais des couleurs flamboyait de mille feux. Loin au-dessus des têtes des pauvres ères transis par le froid, les ors roses bataillaient contre le pourpre profond, tandis que les mauves ardents s'alliaient au blanc nacré. Dans l'air glacial de ce printemps qui n'en venait pas, le jour naissant irisait un ciel flamboyant.

En contrebas, pourtant, dans la file d'attente qui n'avançait guère, le manège céleste n'intéressait guère les infortunés qui croupissaient devant les portes désespérément closes. Dans le froid mordant, dans les affres de la faim et de la maladie pour les réfugiés de le longue date, dans les odeurs âcres des déjections des ânes et des montures de bas, dans la crasse et dans la boue, tous ici avaient en tête l'unique vérité : l'entrée dans Fort-Chardon ne tenait qu'au bon vouloir de la garde, et rien ne les ferait avancer plus vite. Et de toute évidence, ces messieurs de la milice ne semblaient guère pressé de faire entrer ce petit monde dans la sérénité enfumée de la cité.

Et pourtant, certains semblaient n'en rien pensé. Au beau milieu de la masse inamovible, un homme d'age mûr animé d'une volonté farouche s'était élancé à l’assaut de la file, bien résolu à avancer vaille que vaille, quitte à laisser derrière ceux qui l'accompagnaient.

L'espace d'un instant, Thar observa Edogaï s'avancer de sa démarche pressée, droit vers les portes closes. Il serra ses mâchoires, sombre. Une fois encore, ce vieux fou n'avait aucune patience ! C'était à se demander comment quelqu'un comme lui pouvait être aussi doué qu'il l'était dans la préparation de ses potions. Les apparences étaient souvent trompeuses, et c'était présentement le cas. L'homme était d'un talent rare, et avait une connaissance des choses bien plus vaste que Thar ne pourrait jamais se targuer. Pour autant, en cet instant précis, l'homme des clans savait une chose que l'autre semblait délibérément ignorer. Il l’apostropha :

- Par les mânes des Anciens, Edogaï ! Si tu t'échines à doubler aussi ouvertement, c'est par le fer de leurs lances que les gardes nous repousseront ! C'est une chose aussi clair que l'eau des fontes de printemps, alors cesse donc cette folie !

Lui et la jeune femme le rattrapèrent rapidement. L'entêté s'était arrêté quelques mètres plus loin. Somme toute, ils avaient gagné une dizaine de mètres, au nez et à la barbe des badauds ankylosés par le froid mordant. Somme toute, c''était toujours ça de prit.

- Bigre, est-ce là l'absence de Gamin qui te rends si irritable, aujourd'hui ? Je t'ai connu plus calme. C'est irritant, je le sais trop bien ! Mais il nous faut nous plier à la coutume de ceux de ton peuple. D'autant que je ne souhaite pas laisser Jabre sans surveillance, indiqua-t-il en mentionnant sa mule de bât. C'est elle qui porte mes affaires de forge, et elle suit ce chariot. Et je ne laisserai pas mon matériel à la portée du premier pillard venu, gronda-t-il en faisait jouer la lourde hache double qui reposait sur son dos.

A ses côté, la jeune femme ne semblait pas démentir ses propos. Une amie d'Edoguaï, à ce qu'il semblait. Et qui savait se battre, de toute évidence. Encore jeune, mais capable. Et qui maîtrisait un félispèctre, un exploit bien loin d'une mince affaire avec ces gros félins carnassiers. En rencontrer un était toujours annonce d'ennuis sous les arbres, et Thar ne voyait pas pourquoi il en irait autrement avec celui-ci.

- Si vous ne le prenez pas en laisse, alors maîtrisez-le. Comme cela semble être le cas, à bien y regarder. Les gardes ne verront pas l'entrée d'une telle bête d'un bon œil, mais ils ont vu pire. Si elle se montre inoffensive, alors ils nous laisseront en paix. Et pour entrer dans cette cité sans âme, grinça-t-il, c'est bien tout ce qu'il nous faut.

Il la regarda, tentant de jauger sa valeur du regard. De toute évidence, elle devait être doué. Après tout, son vieux confrère alchimiste n'estimait que ceux vraiment capables. Et puis, la route était longue depuis Kastor. Si elle avait su triompher des dangers de la route, c'était une autre preuve en sa faveur.

- Cela fait longtemps que vous arpentez les routes, questionna-t-il la jeune chasseuse ? C'est à Kastror que vous avez rencontré Edogaï, si je comprends bien ?

Thar dévisagea alors l'alchimiste, tendant de percer les secrets de l'homme par la seule force de son regard. Bien entendu, il ne vit rien, mais fronça tout de même les sourcils d'un air entendu.

- Je n'aurais pas cru te recroiser ici, mon vieil ami. Qui viens-tu donc déranger, dans ce trou noyé par la fumée et par les espoirs des fous brisés par la Forêt ? Quelqu'un que je connais aussi, peut-être ?

Levant sa tête, le barbare s'enquit de l'avancée de la file. Aucun mouvement, le calme le plus morne. Décidément, ouvrir ses portes aux étrangers n'était pas pratique aisée chez ceux du Sud. Il soupira, pestant encore contre l'absence de respect des étrangers, qui contrastait bien trop avec leur efficacité sur le champs de bataille. Il se rappela alors de la question lancée plus tôt par le savant cassant, et répondit d'un ton morne :

- Et ce que je viens faire ici... tu t'en doutes bien, j'imagine. Toujours la même chose, même si l'espoir s'amenuise à chaque heure qui glisse entre mes doigts. Je viens chercher de ses nouvelles, bien entendu. J'ai quelques espoirs d'en trouver, l'endroit est couru par la racaille de tout poil, et ceux qui se frottent aux entrailles de la Forêt y pullulent. J'en profiterai aussi pour me remplir un peu les poches, car ceux assez fous pour s'aventurer sous les frondaisons de Davokar n'ont d'yeux à la dépense quant aux fers de qualité. J'y ferai usage de mon savoir, tout en tendant l'oreille.

Le guerrier arnaché jeta soudain un regard empli d'espoir vers l'alchimiste, une idée lui ayant traversé l'esprit :

- D'ailleurs, toi qui voyage tout autant que moi, as-tu eu de ses nouvelles depuis notre dernière rencontre ? Oroké m'assite, as-tu eu vent de ma petite sœur ?
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Casaïr
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Message : # 58029Message Casaïr
02 avr. 2017, 23:27

L'impatience d'Edogaï semblait s'être encore accentuée depuis la dernière fois que je l'avais vu, c'en était presque décourageant. Si seulement les gardes s'étaient décidés à ouvrir les portes, j'aurai pu le comprendre, mais dans cette situation... Encore que j'imaginais bien le vieil alchimiste tambouriner à la porte de la ville comme il lui arrivait de le faire quand il passait nous voir à l'improviste. La différence, c'est que nous étions habitués à ses humeurs, les gardes ne le verraient sûrement pas du même œil. Nous ne progressâmes que d'une dizaine de mètres, mais je retins à temps la pique qui menaçait de quitter ma langue, plissant les yeux lorsque le soleil darda timidement ses rayons dans le ciel. Le peu de chaleur qu'il prodiguait me fit du bien, aussi ne répliquais-je pas non plus lorsque le barbare tenta, une fois encore, de me mettre en garde pour Cendres. Toutefois, sa réaction n'était guère étonnante ; après tout, si je n'avais pas vécu une telle rencontre, je penserai certainement comme lui ou n'importe qui d'autre. Sauf Edogaï, tiens. Sa vue aurait-elle baissé à ce point qu'il n'avait pas remarqué le félispectre ? Je riais sous cape quand Thar me posa enfin une question pertinente.

- Cela fait longtemps que vous arpentez les routes ? C'est à Kastor que vous avez rencontré Edogaï, si je comprends bien ?

"En fait non, répondis-je. C'était à Yndaros où j'ai grandi, quand je n'avais que douze ans. Mes parents cherchaient quelqu'un capable de me guérir : j'avais attrapé la Fièvre d'Ambre, et, sans Edogaï, je serai probablement morte aujourd'hui. Il a également surveillé mon frère jumeau Arélyo, pour s'assurer qu'il ne la contracte pas aussi. Ce ne fut pas le cas heureusement. Depuis, c'est devenu un ami de la famille."

Un voile de tristesse tomba sur mon regard, alors que le visage de mon frère m'apparaissait à l'évocation de ces souvenirs. Je serrai le poing et la mâchoire avant de poursuivre mes explications, autant pour Thar que mon vieil ami grincheux.

"J'ai été à Kastor pendant près d'un an, auprès de mon oncle et de ses hommes qui m'apprirent à me battre dans la forêt de Davokar. Malheureusement, ma toute première mission a bien failli me tuer ; à la place j'y ai gagné une jambe cassée et un étrange ami à quatre pattes qui pourtant avait tenté de me dévorer dès les premières minutes de notre rencontre."

Autre pause nostalgique, une main tendu vers Cendres pour lui gratter le menton, une des caresses qu'il appréciait le plus.

"À dire vrai, je ne sais toujours pas comment cela s'est produit, dis-je en réponse à leurs questionnements muets. Nous nous sommes retrouvés dans une espèce de grotte pendant trois jours, moi la jambe brisée, lui une patte coincée sous un rocher. Je l'ai aidé, il m'a rendu la pareille, et depuis nous sommes ensemble. D'ailleurs, tu aurais vu la tête de maman et papa quand ils l'ont vu, dis-je en riant à l'adresse de l'apothicaire ambulant, je n'aurai pas voulu être à leur place !"

Et maintenant j'étais là, à évoquer des choses du passé, comme si je parlais de souvenirs de famille. La vérité, J'en étais venue à considérer les membres de la guilde comme ma deuxième famille, surtout... Je ne laissais pas le trouble m'envahir, préférant fixer la porte devant nous, espérant que mes inattendus compagnons ne verraient pas mes yeux briller plus qu'ils ne l'auraient dû, écoutant vaguement leur discussion, caressant le petit écusson de bronze en forme de griffe accroché sur mon cœur. Toutefois, la dernière tirade du barbare me fit tourner la tête dans sa direction, un rien trop vite pour ne pas paraitre étrange.

- D'ailleurs, disait-il à Edogaï, toi qui voyage tout autant que moi, as-tu eu de ses nouvelles depuis notre dernière rencontre ? Oroké m'assiste, as-tu eu vent de ma petite sœur ?

Lui aussi cherche quelqu'un, songeais-je à cet instant. Un voile de compassion passa sur mon visage. Je ne comprenais que trop bien ce qu'il ressentait. Moi-même j'avais fait tout cela pour retrouver Arélyo, et je savais que l'absence de nouvelles et d'indices pouvait miner les résolutions les mieux trempées. J'espèrai en mon for intérieur que nos proches à tous les deux connaitraient bientôt la joie des retrouvailles et l'apaisement des cœurs.

Si les gardes voulaient seulement nous laisser entrer !
Dernière modification par Casaïr le 04 avr. 2017, 00:26, modifié 2 fois.
Il est toujours utile d'affronter un ennemi prêt à mourir pour son pays. Vous avez en définitive, lui comme vous, le même objectif en tête.

- Terry Pratchett, Va-t-en-guerre.

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Edzart
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Re: Symbaroum - Introduction

Message : # 58050Message Edzart
03 avr. 2017, 21:55

Bien qu'avançant à bon pas, Edogaï se fit rattraper par les deux jeunes âmes qui maintenant, il le savait, allaient l'accompagner. Il pesta intérieurement. Non pas qu'un peu de compagnie lui serait désagréable, bien au contraire, mais si ses recherches le menaient là où il s'imaginait déjà aller, ce ne serait pas sans risques. Irrité par toutes ces pensées négatives et par la voix de la raison dont Thar se faisait l'écho contrariant, l'alchimiste répondit du tac au tac en criant presque :

"Ce bouge crasseux qu'ils osent appeler une ville n'aurait même pas mérité le titre de village reculé en Albérétor ! Et maintenant, quoi ? Ils jouent les grands seigneurs dans leurs tours en bois ? Ils estiment que ce sont à eux de choisir qui pose le pied quand sur leur fumier fumant et puant ?"

Regardant la file et les personnes qu'ils venaient de dépasser et celle qui les devançait, Edogaï pesta dans sa barbe avant de reprendre :

"Très bien ! Attendons donc l'invitation de notre hôte le prince du chardon."

Reprenant plus calmement en entendant la jeune femme parler de sa Fièvre d'Ambre, Edogaï dit : "Oui. Bon, je crois qu'il n'est nul besoin de s'attarder sur de telles considérations." Jetant un regard au félispectre qui semblait rester sage, Edogaï soupira :

"Tu as toujours aimé ces bestioles, hein ? Et non. Je n'ai jamais mis les pieds à Kastor et je ne veux pas les y mettre. Tu sais très bien pourquoi. Si je suis là c'est pour voir un certain Maître Vernam. J'ai besoin de jeter un oeil à son académie, ses documents. Discuter avec lui de... certaines affaires." Réfléchissant un instant, Edogaï continua sur un ton plus doux, plus calme et conciliant : "Non, Thar... J'en suis désolé. Mais je n'ai pas plus de nouvelles que toi. Son nom ne m'a été murmuré par aucun des souffles des villes que j'ai traversé. Mais par les esprits, j'espère que nous la retrouverons. Vraiment."

Son regard était plein de regrets et d'une tristesse qui n'était pas feinte. Il soupira, se plongeant dans l'observation de ces gardes qui s'amusaient à les observer du haut de leurs remparts ridicules.
Ledros
Initiative : 15 - Attribut de combat : Persuasion 14
Arme : Estoc : 1D12 + 1
Endurance 10 - Défense 16 (- 1D4/atk)
Seuil douleur 3 - Seuil corruption 3
(Par défaut : Défense totale : 2d20 pour défendre, une attaque gratuite à chaque défense réussie.)

Verrouillé