[Symbaroum] Fort Chardon

MJ NaislEater

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NailsEater
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Et ça repars !

Message : # 59226Message NailsEater
29 mai 2017, 22:46

Quelques jours passèrent, Chanteur et Anesha étaient revenu de leur excursion en Davokar et avaient repris leurs activités. Edogaï se présentait assidûment aux cours d’Eufrynd. Et Thar travaillait sans relâche à la forge de la garnison, perfectionnant son art et gagnant durement sa solde. Le laissez passé de Cendres arriva à l’auberge, ainsi que l’invitation à se présenter à la forge de Gross’frappe le lundi suivant.

Entre temps, Tulga avait contacté Anesha afin de lui transmettre quelques informations. Elle pouvait leur obtenir une licence dans un délai réduit de 3 mois maximum, ce qui était remarquable. Par contre, en échange, ils devraient s’inscrire à l’agence de la Mère Méhira. La gobeline expliqua qu’une inscription à l’agence permettait à Méhira de récupérer 20% des gains de l’expédition. Sinon il était bien sur possible de refuser l’offre et d’attendre 2 mois supplémentaire à Fort Chardon. Quand au coût de l’expédition, cela dépendait d’où se trouvait leur destination, de la durée du voyage et du nombre de participants. Une fois que ces paramètres seront fixés, Tulga pourra fournir davantage de détails et des réponses plus précises.

De leur côté, Chanteur et Edogaï avaient choisi momentanément, l’un comme l’autre, de mettre leur querelle de côté. Reprenant les diverses recherches sur la mémoire de l’Ogre, ils confirmèrent la théorie de l’esclavage à Yndaros, ravivant doucement des souvenirs enfouis, s’aidant de peinture, de musique, d’histoire. Parfois, le barbare et la chasseresse participaient à ces récits au coin du feu, Anesha décrivant la ville d’où elle venait et Thar suivant avec intérêt les récits du vieil homme et de la jeune femme, confirmant ce qu’il pensait des Ambriens.

A la garnison, Thar put recueillir quelques précieuses informations qui, recoupées avec celles du mage, permirent de comprendre que le faux Baumelo avait quitté la ville, se dirigeant vers le nord, accompagné de Terr et d’autres de ses compagnons. Une troupe de soldat de la garnison a été lancé à ses trousses.

Lors de ses quelques passages à la garnison, Edogaï rendait visite au nouveau médicus, Leandro, qui l’aidait à faire des recherches sur la pétriscence. Ensemble, ils détaillaient les livres prêtés par Maitre Eufrynd et faisaient des test divers et variés. Leurs recherches ne semblaient pas concluantes pour le moment, mais ils n’avaient eu qu’à peine le temps de parcourir les manuscrits.

Chanteur et Anesha travaillaient souvent de concert, menant à bien des missions diverses qui leur permirent de mettre un peu d'argent de côté tout en rencontrant quelques personnes en ville et en commençant à se créer une réputation. Ainsi, l'alchimiste fit plusieurs fois appels à eux, devenant une cliente régulière et la patron de l’Abattoir qui fit appel à eux pour chasser du gibier afin d'alimenter son restaurant. De son côté, Chanteur continua à gagner ses nuits et repas à l'auberge en échange de sa présence en tant que barde et conteur.

Le soir dernier avait été l'apothéose de sa semaine. Agdala avait enfin cédé aux proposition de l'ogre. Sublimant la musique de Chanteur par des récits de ses terres natales, elle maniait les mots avec finesse, touchant son auditoire avec force, ne laissant personne insensible. Anesha put voir la profonde nostalgie qui emplit Edogaï et Thar, convié pour l'occasion. Quelle était sa terre natale ? Yndaros ou bien ... Elle ressentit la présence de Karlina à ses côtés et la nostalgie qui s'emparait d'elle à son tour. La soirée se termina au rythme des danses et des chants traditionnels, laissant fourbus mais heureux chacun dans l'auberge. Alomar profita de l'occasion pour demander une danse à Anesha. Après tout, les malheurs arriveraient bien assez tôt, demain sera un autre jour. Aujourd'hui, c'est la joie et le foyer que l'on célèbre dans cette petite auberge de Fort Chardon.

**************************************************************************************

C’est ainsi, au terme d’une semaine éprouvante, que leur premier jours de repos arriva et tous en profitèrent pour se rendre auprès de l’Adepte Sénia, afin de recueillirent renseignements et témoignages. L’allée de la Reine se trouvait proche de l’Académie et après quelques informations récupérées auprès des passants, ils apprirent que la maison de l’Adepte se trouvait être la numéro 4. La petite maison se trouvait à l’entrée de l’allée et était reconnaissable à son auvent qui permettait aux nouveaux venus d’échapper à la pluie battante.

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Casaïr
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Un nouveau jour

Message : # 59241Message Casaïr
30 mai 2017, 15:39

La semaine passa plutôt vite. Passé le premier travail confié par Oféra qui se passa finalement mieux que prévu (si l’on excepte les chutes d’araignées sur des ogres), et Chanteur et moi travaillâmes plusieurs fois pour et avec elle, ainsi que pour l’abattoir. Les chasses pour remplir sa taverne était toujours rendues un peu plus compliqué de par la présence de Cendres qui prenait sa dîme mais l’aide qu’il m’apportait n’était pas quelque chose qui se refusait, bien au contraire. Il fallait juste éviter qu’il ne morde avec trop d’entrain les proies que nous parvenions à attraper. Après vérification dans le livre que m’avait offert Gawic avant de quitter Kastor, j’avais pu constater avec un certain soulagement que le venin des félispectres n’avaient pas d’effet à long terme, mais tout le monde n’était pas forcément au courant de cela, il valait donc mieux faire attention à ce que faisait mon nouvel épagneul auto-proclamé.

La brouille qui couvait entre l’ogre et Edogaï sembla se calmer un peu, ce qui me rasséréna. L’oncle Ronchon avait tout de même un don pour faire sortir les gens de leurs gonds, mais je n’avais guère envie de voir ce que pouvait donner un ogre furieux dans une auberge.

Je fus heureuse de voir que Tulga pouvait nous avoir une licence rapidement, et payer un tribut à Mehira ne me gênait pas, je donnai donc mon accord à la gobeline pour négocier dans ce sens ; j’y allais pour chercher Arélyo, pas pour me remplir les poches. C’était d’ailleurs AVANT que j’avais besoin d’argent, pas après. D’ailleurs, que ferais-je après ? Je ne m’étais même pas encore vraiment posée la question, cela semblait si loin…

Depuis que Chanteur faisait ses représentations dans l’auberge, j’avais l’impression que mes cauchemars se calmaient. Il m’arrivait toujours de me réveiller en pleine nuit ou au petit matin en criant, au bord des larmes ou pleurant tout mon saoul, mais c’était de plus en plus espacé. Il y avait tout de même cette étrange sensation, comme si quelqu’un cherchait à me protéger en diminuant la virulence de mes rêves, et ce quelqu’un n’était pas Karlina. Il faudrait que j’en parle à Oncle Edogaï, mais l’envie de me faire traiter de gamine à tout bout de champ ne m’intéressait qu’à moitié. Je remis donc cela à plus tard, sans savoir quand ce moment arriverait exactement.

Hier soir fut magique. La jumelle maléfique d’Edogaï avait enfin consenti à se joindre à Chanteur qui l’avait presque harcelée pour chanter avec lui, et cette soirée fut grandiose. Je ne connaissais pas vraiment ce genre de chant, mais je notai qu’il faisait de l’effet sur Thar et Alomar. Et aussi… sur Karlina. Je ne compris pas bien pour quelle raison, mais nous n’avions jamais vraiment évoqué son passé, uniquement le mien. J’avais toujours pressenti quelque chose de lourd et de terriblement douloureux mais elle ne s’en était jamais ouverte à moi. Peut-être un jour…

Je n’avais pas eu le temps de penser plus loin à cela qu’Alomar me tendit la main pour danser. Rougissante, un peu gênée (la dernière fois que j’avais dansé me semblait remonter à une éternité), je me levai, fis une légère révérence avant de le taquiner :

« Attention à tes pieds, je ne serai pas responsable de leur état à la fin ! C’est toi qui l’auras voulu. »

Je lui tirai la langue, joueuse, avant de me laisser entraîner par la musique et le rythme imposé par Alomar, et je pris énormément de plaisir ce soir-là. Je regrettais toutefois de ne pas partager ce moment avec mon amour.

Tu me manques, lui envoyai-je en pensée.

Était-ce l’effet de la soirée ? Toujours est-il que je m’étais relâchée et que, cette nuit, le cauchemar me balaya tel un ouragan. Sa violence me laissa tremblante et il me fallut de longues minutes pour être seulement capable de me lever. À force de transpirer toutes les nuits et de mettre au lavage mes chemises, j’avais fini par dormir nue, ne supportant plus le contact poisseux de mes terreurs nocturnes lorsque je me réveillais enfin. Je me nettoyai, me récurai comme si de l’eau et du savon pouvait effacer toutes les traces de cette nuit, mais mes yeux, cette fois, ne tromperaient pas les gens très longtemps. Je sortis le peu de maquillage que j’avais à ma disposition et tentais de dissimuler les dommages subis tant bien que mal. Ça ne supporterait sans doute pas un examen attentif, mais cela devrait suffire ; aujourd’hui, nous avions enfin la possibilité d’aller rendre visite à Senia tous ensemble. J’appréhendais un peu cette rencontre, je ne savais pas du tout comment Edogaï se comporterait. Enfin, normalement il devrait être plus prévenant que d’habitude, la mage étant en détresse.

Puisqu’il ne s’agissait que d’un rendez-vous purement informatif, je décidais de passer la robe sur laquelle j’étais enfin tombée il y a peu : rouge aux manches blanches et lacées et avec un liseré sur le jupon et le col rond, vert d’eau et décoré de motifs que je ne connaissais pas. D’origine barbare m’avait-on dit. J’avais juste vu pour ma part qu’ils étaient jolis et allaient bien avec l’ensemble. Ainsi vêtue de frais, je chaussais mes bottines de ville avant de descendre prendre mon petit-déjeuner.

« Salut Alomar ! criais-je joyeusement à peine au pied de l’escalier. Aujourd’hui sera une bonne journée je pense. »

Je commandais mon repas avant de m’installer gaiement à table, dégustant par avance la tasse de thé que je prenais pour patienter et me réveiller complètement. Je dû malgré tout vite poser la tasse, mes mains tremblant encore, séquelles encore visibles de mon cauchemar. Oui, tout irait bien aujourd’hui.
Il est toujours utile d'affronter un ennemi prêt à mourir pour son pays. Vous avez en définitive, lui comme vous, le même objectif en tête.

- Terry Pratchett, Va-t-en-guerre.

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Edzart
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Re: [Symbaroum] Fort Chardon

Message : # 59281Message Edzart
01 juin 2017, 20:40

Edogaï passa une semaine de hauts et de bas. S'il se heurta à son propre ego avec toute la force du regard condescendant d'Eufrynd, les premiers jours, il apprit à reprendre rapidement ses marques dans un environnement étudiant. Il était habitué aux règles et rituels auxquels chaque élève devait se plier. S'il leva d'abord un bouclier à la moindre remarque, se vexait au moindre reproche, il finit par réussir, après les quelques premières heures à prendre sur lui pour essayer de faire de ces avis quelque chose de constructif. Si les premiers jours, Eufrynd fit comme s'il n'existait pas, elle sembla s'intéresser un peu plus à lui après quelques jours, alors qu'ils s’entraînaient sur des exercices basiques mais fatigants, il restait toujours le dernier debout malgré son âge plus avancé. Ils travaillèrent ensemble non seulement ses pouvoirs et les théories des rituels, mais aussi l'histoire et la géographie.

Le deuxième jour, il rencontra Ervin, un professeur et mage mentaliste : le domaine d'Edogaï. Malheureusement pour l'alchimiste, cette rencontre ne tourna pas aussi bien qu'il l'avait espéré. Il ne transpirait que jalousie et concurrence, chez cet homme et bien que ses conseils furent précieux, ils n'étaient qu'incomplets, toujours amputés de quelques vérités qu'Ervin se refusait à partager. Serrant les dents devant cette insupportable comportement, Edogaï réussit très difficilement à laisser passer ce qu'il considéra comme un outrage. Il repensait très souvent à Egder. Si le vieux magicien pouvait être un incurable grognard, il n'en était pas moins le professeur le plus compétent qu'Edogaï avait rencontré. Il était patient, intelligent et surtout, ne se laissait pas impressionner par ces histoires de promotion et d'avancement qui semblaient obnubiler tous les mages de l'Ordo.

Chaque instant de pause qu'il avait dans la journée, il la passait à faire des recherches. S'intéressant aux elfes et comment en rencontrer, Il discuta avec le mage spécialisé dans les recherches elfiques et posa des questions au sujet du Pacte de fer. Il était à la recherches de connaissances alchimiques qu'ils auraient pu encore avoir. Quand il ne plongeait pas dans ses recherches sur les elfes, c'était aux ogres qu'il s'intéressait. Cherchant aussi bien pour Gamin que pour Chanteur, il plongeait dans de longues lectures fatigantes sur les ogres et leur manière de vivre. Sur leur esprit, il chercha les quelques rares textes qu'il put réunir et s’intéressa alors aux rituels qu'il avait longtemps laissé de côté, mais qui l'avaient toujours attiré, les rituels mentaux.

Le soir, quand il en aurait le temps, il le contacterait pour échanger quelques mots avec lui. Prendre des nouvelles d'Anabel, de Goeltro et de Lodregan. Mais ses soirées, elles aussi, étaient chargées. Il passa du temps avec ce nouvel ami, apprenti, qu'il s'était fait. Leandro était non seulement talentueux, mais aussi de très bonne compagnie. Ils travaillaient ensemble sur la petriscence et, en échange de son aide, Edogaï apprenait quelques astuces d'alchimies au jeune médecin. Ce rapport qu'ils entretenaient lui plaisait énormément, lui rappelant non seulement ce qu'il avait, lui, vécu avec Egder, mais aussi Anabel, qui lui manquait définitivement plus qu'il n'aurait pu le penser.

Rentrant tard le soir, après des heures de discussions et de recherches, il s'autorisait, sur le chemin, seul sous les étoiles, quelques pensées tristes pour Elda. Il se refusait, habituellement à avouer à quel point elle lui manquait. Il se refusait à s'inquiéter. Il se refusait à la laisser gagner cette petite guerre qu'ils se menaient. Elle était partie. Elle avait sûrement ses raisons. Mais elle ne lui avait rien dit. Elle l'avait abandonné. Il savait qu'elle était en vie, quelque part. Elle l'appelait même. Mais il attendait d'abord des excuses.
Sorcière blanche ou pas, ça ne se faisait pas, ma Dame.
Il souriait, à cette idée. Malheureusement, il ne durait jamais bien longtemps. Ses nuits étaient hantées de cauchemars où elle apparaissait, de mille manières différentes. Il ne les supportait plus et dormait de moins en moins. Après avoir travaillé avec Leandro le soir, après être rentré sous la lumière des étoiles, ses pensées loin de là, quelque part près d'Elda, il sortait la vieille épée de Penton et dans la solitude de la nuit, sous le regard seul de la lune, il s'entraînait, reprenant ses très vieilles habitudes, aujourd'hui simples braises qu'il lui fallait raviver.

Quand l'épuisement, enfin, l’assommait et le mettait à genoux, il s'autorisait à dormir, espérant que la fatigue repousse les cauchemars.
Ledros
Initiative : 15 - Attribut de combat : Persuasion 14
Arme : Estoc : 1D12 + 1
Endurance 10 - Défense 16 (- 1D4/atk)
Seuil douleur 3 - Seuil corruption 3
(Par défaut : Défense totale : 2d20 pour défendre, une attaque gratuite à chaque défense réussie.)

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Etmer_Fachronies
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Message : # 59287Message Etmer_Fachronies
04 juin 2017, 00:19

Clang. Clang. Clang.

A rythme régulier, le marteau s’abattait sur le métal rougeoyant. Entraînés dans le sillage de la masse dure, des éclats luminescents giclaient à chaque frappe en une pluie de flammes fines. Petit à petit, coup après coup, le fer informe ployait, et une forme nouvelle s’esquissait. Puis venait alors le soufflet, qui ravivait rudement les braises alanguies dans les mâchoires de pierre de la forge.

Il faisait chaud. Très chaud. A chaque souffle craché sur les billes de bois incandescentes, la chaleur imposait sa loi. Et il fallait ajouter l’odeur. Les fumées crachées par le métal torturé emplissaient la pièce, et se mêlaient avec joie aux nuages de cendres sués par le bois consumé. A chaque trempe, des volutes d’eau criantes s’ajoutaient à la valse des nuées. A vrai dire, l’atmosphère confinée était quasi-irrespirable, et seul un habitué des fours pouvait se permettre de rester stoïque dans ce lieu.

Par chance, c’était le cas de Thar. D’un revers de gants noircit par l’usage, l’homme des clans balaya les gouttes de sueurs qui perlaient abondamment à son front. D’une tenaille, il souleva la pièce encore chaude qu’il venait de marteler, et contempla son œuvre. Oui. Le résultat était satisfaisant, et s’agencerait à merveille avec les autres pièces qu’il préparait.

Avec minutie, Thar plongea la pièce dans le baquet d’eau de refroidissement. Depuis qu’il s’était installé dans les baraquements de la garde, une salle avait été mise à sa disposition pour exercer son art. Une chose somme toute fort logique, vu qu’il travaillait pour le guet depuis leur affaire avec l’éventreur. Le cas avait beau s’être soldé par la chute de Gorak et de son complice, Thar avait gardé de très bonne relation avec la garde, tant avec les membres de la soldatesque qu’avec leur capitaine. A choisir, son actuelle situation de forgeron dépêchée lui convenait.

L’homme des clans sorti la pièce du bassin d’eau tiède, et l’examina à la lumière du jour qui tombait d’une des fenêtres scellées. Oui. Oui. C’était en ordre. D’un coup de tenaille, Thar secoua sommairement l’objet de métal ruisselant, puis l’ajouta à la pile déjà constituée. Il avait prit l’habitude de livrer d’un trait les commandes de la garde Fort Chardon, mais ce ne serait pas le cas cette fois-ci. Ici, il s’agissait d’un travail plus personnel.

En effet, Chanteur, l’ogre qui s’était joint à leur groupe depuis quelques jours, avait demandé au forgeron godinja la confection d’une armure à sa taille. Après avoir récupéré une partie des fournitures auprès de la garde, et acheté le reste au marché du Bazar de la Reine, Thar avait achevé les préparatifs et s’était lancé dans les travaux. Avec la réparation de l’épée du gobelin Urfons, c’était donc la seconde tâche personnelle à laquelle il s’attelait depuis son arrivée à Fort Chardon.

Tout en triant les différents composants forgés pour l’armure intermédiaire, Thar laissa ses pensées dériver sur Chanteur et son étonnante voix. L’autre jour à la taverne de la Sorcière et du Familier, où Anesha et Edoguai résidaient encore, l’ogre les avait surpris. Plus encore pour Thar, les échos cachés dans sa voix avaient réveillé des souvenirs, des images de sa vie au clan qu’il avait cru oubliés. Le guerrier des forêts avait été profondément ému par le chant. Une expérience surprenante, mais qui n’était pas aussi dérangeante qu’il aurait pu craindre. Si leur alchimiste énervé préféré arrivait à ses fins avec ses expériences sur la mémoire, qui savait quelle prouesse l’ogre serait capable d’accomplir ?

Thar reposa les différentes pièces de la future armure d’écailles, désormais classées en ordre d'assemblage. Voilà, c’était presque bon. Les premiers éléments étaient désormais terminés, il ne lui resterait plus qu’à forger les derniers et à assembler le tout. Un processus assez lourd, mais demandait moins de rigueur que les premiers éléments. Si le sort ne s’acharnait pas contre lui, l’armure en écailles épaisses de l’ogre serait bientôt revêtue par son porteur.

L’homme des clans entama alors le nettoyage de son atelier. Il graissa les outils de métal, balaya les cendres baladeuses, ramassa ce qui était à ramasser. La similitude de ces taches simples avec celles qu’il remplissait lors de sa formation chez les siens lui remit avec netteté d’autres images en tête. Le retour au clan après la débâcle des Jézoha. L’apprentissage auprès des Anciens, qui l’avaient accepté comme apprenti. Les enseignements de Rabaïaman, l’un des élus forgerons des Godinja qui était devenu son tuteur et son maître… Et l’enlèvement de Karoma, bien entendu. Ce jour funeste où Thar avait tout quitté, refusant de devenir parjure au serment qu’il avait pris après le sacrifice de son frère aîné. Ce jour funeste où il avait abandonné son apprentissage, et trahi la confiance des Anciens alors qu’ils l’avaient choisi pour recevoir les secrets de leur art. Ces secrets, Thar les connaissaient encore. Comment aurait-il pu les oublier ? Les mots, les gestes, il les répétait chaque lune morte, car le souvenir devait rester. Mais sa formation était incomplète, et cela, en l’état, il n’y pouvait rien.

Enfin, si. Ce point là n’était plus vrai. Les paroles du Maire prononcées le jour dernier revinrent aux oreilles de Thar, quand celui-ci les avait félicités pour avoir débarrassé la ville du fléau de l’Ecorcheur. La récompense promise par Noirenuit avait dépassé ses espérances. Il allait pouvoir reprendre sa formation de forgeron après de Gross’Frappe, le maître ogre qui siégeait dans la ville. Lors de ses dernières visites à l’Odovakar, la tenancière Vérama lui avait longuement parlé de l’ogre, ancien apprenti sauvé par une forgeronne des clans. Selon elle, c’était le meilleur frappeur d’acier du fort et alentours, aussi vrai que la choppe de bière noire Zarékéan était la meilleure de sa carte. Thar avait hâte d’aller rencontrer l’ogre, et de reprendre la voie qu’il avait mis entre parenthèses tant d’années auparavant.

Mais avant cette visite, une autre importait. Et celle-ci ne pouvait attendre plus longtemps. Thar posa ses gants épais, retira sa blouse de forge en cuir brut, s’aspergea la figure au baquet d’eau de forge et se dirigea vers sa chambre dans les baraquements. Une fois ses affaires récupérés et son équipement passé, il pourrait aller quérir ses compagnons à l’auberge, et se diriger ensuite vers une adresse qu’il lui pressait de trouver. Cette adresse, c'était l’adresse de l’Adepte Sénia, celle qui comme lui cherchait à retrouver ce qui lui avait été arraché.

***

Sous la pluie battante, la maison qui leur faisait face faisait grise mine. L’Allée de la Reine les accueillait par un alignement de façades maussades, qui ne se distinguaient guère les unes des autres.

Thar jeta un œil à ses compagnons. Derrière lui, Edoguai, Chanteur, Anesha et le chat monstrueux qui lui servait de compagnie lui rendirent son regard, impatient d’aller trouver la magicienne. Pour une raison qu’il ignorait, Thar nota que les traits de l’homme et de la jeune fille étaient tirés, comme s’il leur sommeil avait été de courte duré. C’était étrange, mais il ne fit pas de remarque à ce sujet. Hochant la tête en leur direction, il leur fit signe de le suivre, alors qu’il s’approchait de la fameuse maison numéro quatre.

Sous l’auvent de la porte d’entrée, le guerrier utilisa le loquet de bronze massif et cogna trois fois. Il entendit des bruits de pas, et le son plus sourd du judas qu’on actionne. Il éleva alors calmement la voix :

- Dame Sénia, êtes-vous là ? Je me nomme Thar, guerrier-forgeron des Godinja. Je suis ici avec deux compagnons, et nous souhaiterions nous entretenir avec vous d'un sujet pressant. Pourriez-vous nous ouvrir, je vous prie ?
Dernière modification par Etmer_Fachronies le 07 juin 2017, 11:49, modifié 1 fois.
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Re: [Symbaroum] Fort Chardon

Message : # 59315Message NailsEater
07 juin 2017, 10:43

La porte s’ouvrit dans un léger grincement, dévoilant une femme à l’air usé et aux traits tirés. Son chignon, complètement défait laissé ses cheveux indisciplinés. Ses petites lunettes cachaient à peine les cernes qui semblaient incrustés sous ses yeux. Elle ne portait pas la robe caractéristique des mage de l’Ordo magica, mais une robe plus pratique qui laissait entendre qu’elle allait parfois en forêt. Tout du moins à la lisière.

Elle observa Thar, puis ses compagnons, et leur demanda ce qu’elle pouvait faire pour eux, visiblement surprise de ce cortège à sa porte.

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Message : # 59316Message Etmer_Fachronies
08 juin 2017, 09:12

Thar observa de la femme qui venait de lui ouvrir la porte, et qui s’enquérait tout naturellement du pourquoi de leur présence sur son seuil. Bien qu’âgée, la dame se révélait encore belle. Pourtant, une ombra avait miné ses traits, le chagrin et l’inquiétude se disputant la primauté des rides nouvelles qui striaient son visage. Inutile d’en demander la cause, c’était là la raison de leur venue.

Chose surprenante mais agréable pour le guerrier, la femme ne dégageait pas la superbe glacial propre aux membres de l’Ordo Magica. Etait-ce l’absence de robe, le chagrin, l’incertitude qui la rendait ainsi ? Thar l’ignorait, mais c’était une chose qu’il appréciait.

L’homme leva une main paume en l’air et plaça l’autre sur son cœur, ainsi que le faisait ceux des bois lorsqu’ils s’adressaient à un visiteur honoré.

- Les esprits vous gardent, dame Sénia. Comme je vous le disais, je me nomme Thar Chante-fer, guerrier-forgeron des Godinja. Et voici mes compagnons, Anesha l'archère, Edoguaï le mage et Chanteur le barde. Si nous venons vous voir aujourd’hui, c’est pour un sujet qui m’est cher.

La mine de Thar s’assombrit à mesure qu’il prononçait ces paroles.

- A vrai dire, ma sœur a disparu voilà bien des cycles, et je suis à sa recherche. Lors de notre séjour en ville, nous avons entendu que votre fille avait également disparu, puisse Oroké la garder en sa toile. Un groupe de pleutres se terreraient en Davokar, apparemment, et séviraient dans les ombres. Je vais être franc, je souhaite en discuter avec vous, car je veux retrouver ma sœur. Et si je peux vous aider au sujet de votre fille, je le ferai, les dieux m'en soient témoins. Pouvons-nous entrer et en discuter ?
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Re: [Symbaroum] Fort Chardon

Message : # 59317Message NailsEater
08 juin 2017, 10:39

Sénia regardait son interlocuteur, hébétée. Lentement, elle salua chacun d'eux quand les Thar les présenta. Entendait-elle réellement ce qu'il disait ?

- Ma fille ...

Se léger murmure sortit de la bouche de la mage. Elle sembla se faire légèrement violence et ouvrit un peu plus la porte afin de les laisser passer.

- Je .. Oui .. Bien sur entré. Ce n'est pas très ... désolée pour l'état de ...


Ils entrèrent dans un vestibule assez sombre qui donnait sur une grande pièce qui devait être le salon. La pièce avait dû être très belle, mais elle était actuellement recouverte de papier divers et variés. L’éclairage ne servait pas à grand chose au vue de son intensité. Les volets étaient fermés et chaque meuble recouvert d’une couche de poussière.

Sénia ramassa à la hâte les papiers qui trainaient sur le canapé et la table basse, avant de leur faire signe de s’asseoir. Pendant qu’il prenait place, elle alla dans une pièce mitoyenne et en revint quelques minutes plus tard avec de quoi boire et quelques gâteaux.

Elle s’asseya à son tour et ne semblait pas trop savoir par où commencer.

Je suis désolée. Pour votre soeur. Je vous aiderais si je le peux, mais je ne vois pas trop en quoi je vous serais utile.

Elle but une gorgée de thé, son regard se fit plus dur, déterminée.

Je ne sais pas si l'enlèvement de ma fille à un lien avec votre histoire, mais si il y en a un vous pouvez compter sur moi.

Leoline était avec moi ici quand s’est arrivé. Je m’occupais de ranger l’étage et elle dessinait tranquillement au salon. J’ai entendu du bruit alors je suis descendu pour voir quelle bêtise elle faisait. Je suis arrivée ici et … il n’y avait plus ma petite fille. J’ai seulement vue un homme partir en courant. Il était grand, le crâne rasé, habillé en noir. C’est tout ce que j’ai. J’ai eu beau courir je ne l’ai pas retrouvé.

Ils étaient chez moi. Ils sont rentrés dans ma maison ! Et ont enlevé mon bébé. J’ai demandé de l’aide à l’ordre. J’ai pleuré, supplié. J’ai tout essayé. Je me suis heurté à une indifférence magistrale. Ils ne sont pas concernés voyez-vous ? Mais je ne resterai pas sans rien faire. Et je me vengerais d’eux d’une façon ou d’une autre. J’ai consacré ma vie à l’Ordre. Des années de bons et loyaux services. Mais ça n’a pas été vain.

Même l’ordre à ses secrets. J’ai appris au cours de mes recherches qu’une expédition qui a eu lieu sans que les mages le sache. Je ne sait pas encore qui est le commanditaire, mais je me doute qu’il est riche. Du moins assez pour payer une expédition complète et le silence des mages qui sont sur place. Et je le pense assez influent pour faire intervenir - et je le sais de source sûre- le magister Céles dans l’expédition. Ce n’est pas n’importe qui qui peut se permettre se genre de chose. Si je découvre de quoi il est question. Je pourrais surement délier quelques langues et trouver des appuies. Je connais l’emplacement de l’avant poste et j’ai appri que l’ordo a perdu contact avec lui. Je m’apprête à monter une petite expédition pour me rendre sur place.


Sa voix partait dans les aigu au fur et à mesure qu’elle parlait. Il n’était pas difficile de comprendre toute les émotions qui la traversaient. Rage. Désespoir. Culpabilité. Désir de vengeance.

Pour revenir à ma fille, j’ai rassemblé tout ce que j’ai pu trouvé depuis. Et autant vous dire que ça ne mène nul part. Je ne sais pas qui ils sont, ni pourquoi ils l’ont enlevé. Je pense qu’ils avaient choisi précisément leur … victime. Ils ne seraient pas entrés dans une maison au hasard. C’est tout ce que j’ai pour l’instant.

Elle avait prononcé cette phrase avec une tristesse qui semblait infini. Elle jeta un regard d’excuse, visiblement mal à l’aise d’avoir vidé son sac de la sorte.

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Edzart
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Re: [Symbaroum] Fort Chardon

Message : # 59321Message Edzart
08 juin 2017, 20:42

Edogaï entra à la suite de la femme, qui semblait stressée et inquiète. Ne disant un mot, il sourit simplement en lui serrant la main et en s'installant dans le salon. Cette maison était dans un état incroyable. On se serait dit... Oui, dans la chambre qu'il avait à l'Ordo de la capitale. Il sourit, essayant de jeter un oeil aux papiers qui trainaient là, pour voir ce dont il était question.

A la mention de l'expédition de l'Ordo, Edogaï fut particulièrement intéressé. Ca n'était pas la première fois, qu'il en entendait parler et pas la première fois qu'il trouvait cette étrange histoire plus qu'inquiétante. Il devait essayer d'en apprendre plus sur ce qu'il s'était passé.
La réaction vive de la mère envers l'Ordo l'inquiétait un peu, mais il décida de laisser cette expectative de côté jusqu'à ce qu'il puisse y faire quelque chose.

Mais plutôt que de rajouter quoi que ce soit, Edogaï attendit que Thar prenne la parole. C'est lui qui les avait amenés, il lui laisserait l'initiative.
Ledros
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Casaïr
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Re: [Symbaroum] Fort Chardon

Message : # 59333Message Casaïr
11 juin 2017, 14:58

Nous nous rendîmes chez Senia sous la pluie, un temps qui semblait correspondre à mes doutes du moment. Je ne les montrais pas, mais les nuits passées à cauchemarder commençaient sérieusement à entamer ma résistance mentale. Le soutien silencieux de Cendres me permettait malgré tout de garder la tête haute mais pour combien de temps encore ? Une fois que nous en aurions fini ici, je me promis de passer à la pharmacie du thaler voir Oféra, peut-être pourra-t-elle m'aider. En tout cas je l'espérais.

Arrivée devant la maison de la mage qui ne payait pas vraiment de mine, je laissais Thar frapper et appeler la maîtresse de maison, lui expliquer également la raison de notre présence quand elle ouvrit la porte. Son apparente fatigue causée par sa détresse permanente fit douloureusement écho en moi et je dû faire un énorme effort de volonté pour ne pas simplement m'enfuir devant cette vision difficilement soutenable. elle nous permit d'entrer chez elle et nous installa dans son salon, une pièce bondée de paperasse empilée un peu partout, à tel point qu'il était nécessaire de pousser certaines des piles les plus importantes pour dégager un espace où s'asseoir. La lumière était plutôt chiche et je devais me focaliser d'avantage sur chaque personne ici présente pour bien voir certaines expressions. Dame Senia s'éclipsa un instant avant de revenir avec un plateau sur lequel trônaient une théière fumante et une assiette de petits gâteaux. Le malheur ne lui avait pas fait oublié les règles de l'hospitalité, mais je ne pouvais m'empêcher de noter qu'elle était ailleurs.

elle s'installa finalement face à nous et nous raconta son histoire encore plus tragique que je ne l'avais imaginé. Quel genre d'ordure pouvait carrément pénétrer chez autrui pour enlever une enfant ? Je notais qu'elle était également au courant pour l'expédition de l'Ordre mais je préférais laisser la main à Thar. De toutes les façons, la rage que je ressentais en cet instant n'aurait guère été constructive.
Dernière modification par Casaïr le 11 juin 2017, 18:47, modifié 1 fois.
Il est toujours utile d'affronter un ennemi prêt à mourir pour son pays. Vous avez en définitive, lui comme vous, le même objectif en tête.

- Terry Pratchett, Va-t-en-guerre.

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Etmer_Fachronies
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Message : # 59334Message Etmer_Fachronies
11 juin 2017, 17:54

Thar écoutait avec attention les paroles de la femme éplorée qui lui faisait face. De temps à autre, il ponctuait certaines de ses phrases par un court hochement de tête, l’encourageant silencieusement à ne pas abandonner en plein récit. Mais Sénia était courageuse. Le gobelin Ufrons ne s’était pas trompé quand il avait conseillé de venir quérir conseil près de la mage. La dame était forte, et ne tremblait pas à la vue de trois inconnus suspendus au récit de ses malheurs.

Une fois le petit discours terminé, le silence pesa, lourd de sens. Tous les présents jaugeaient les mots de la femme, et les appréhendaient à leur juste valeur. L’espace d’un souffle, la pièce couverte d’écrits semblait se transformer en quartier général de campagne, chacun réfléchissant au mieux à comment accomplir sa mission. Les livres et les cartes, les bibelots et les crayons, tout devenait prétexte à chercher, prévoir, anticiper… et décider.

Thar porta à ses lèvres la boisson chaude appréciée par ceux du Sud, ce breuvage qu’ils appelaient thé. Certaines hyuldras donnaient des décoctions d’herbe à boires aux guerriers ou aux malades, aussi l’idée ne l’étonnait qu’à moitié. Le goût, en revanche, était saisissant. Bien que cela ne valent pas une gorgée de bière noire, le tout était savoureux.

L’homme des clans avait été agréablement surpris un instant plus tôt, quand la dame les avait laissés entrer sans questions ni doutes. Il l’était encore plus maintenant qu’elle les accueillait comme des hôtes respectables, à des années lumières du froid hautain des membres de l’ordre. Peut-être y avait-il matière, en effet, à aller de concert.

Thar inspira profondément, les mains serrées. Le discours avait fait échos à ses propres souvenirs, moins vif mais tout aussi douloureux. Oui, la confession était un exercice difficile, et l’arcaniste s’y était pliée avec brio. Si jamais les bandits qu’ils traquaient n’étaient pas ceux qui avaient enlevé Karoma, son code de l’honneur l’incitait à rendre justice auprès de ces chiens, et de laisser leurs corps en pâture aux corbeaux. Rien ne justifiait d’arracher quelqu’un à son foyer, encore plus quand il s’agissait des faibles incapables de se défendre.

Il posa sa tasse, et dévisagea la mage.

- Dame Sénia, merci pour ces paroles. Pour avoir vécu pareille chose bien des années plus tôt, je sais qu’il n’est guère facile d’en parler. Encore plus quand il s’agit d’en parler à des étrangers. Et encore lorsqu’il s’agit de son propre enfant. Aussi, en notre nom à tous, je vous remercie.

Thar se gratta le cou, pensif.

- Nous avions en effet entendu parler d’une expédition menée en secret, vous venez de nous le confirmer. Sur ce sujet, je pense qu’Anesha ici présente souhaitera encore plus que moi vous en parler. Pour l’arrogance et la surdité de l’Ordo Magika, Edoguaï en sait bien plus quant à leur façon d’agir. Et quant à moi, je suis le plus concerné par ce qui est arrivée à votre fille. Mon but est de traquer ces engeances, car je souhaite plus que tout retrouver les disparus.

Le guerrier fronça ses sourcils à l’évocation des bandits, vibrante image de la colère en cet instant précis.

- Uron m’assiste, j’ai entendu dire qu’un groupe de bandits se cachait dans les ombres de Davokar la Claire. Mais cela ne cadre pas forcément avec vos paroles. Pouvez-vous nous en dire plus quant à votre idée d’expédition ? Est-ce que celle-ci serait pour aller trouver le fort dont vous parlez ? Et par là même découvrir un secret de l’Ordo Magica, afin de les forcer à collaborer pour retrouver les disparus ?

Thar, plus calme, récupéra sa tasse de thé, qui sembla minuscule dans le poing calleux du forgeron.

- En tous les cas, sachez que si vous souhaitez partir en direction de la forêt trouver des pistes pour ces monstres, il y a de forte chance que ceci fasse écho à nos projets.
La Tour vous accueille, voyageur. Bienvenue en mon blog des Fachronies.

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