[Symbaroum] Fort Chardon

MJ NaislEater

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Re: [Symbaroum] Fort Chardon

Message : # 59161Message NailsEater
25 mai 2017, 14:14

Arrivé au pied de la tour, Edogaï ne mit pas longtemps à être rejoint par Chanteur et Thar. Ils purent ainsi enfin échanger sur leur journée respective et objectif en cours. Thar pris congé peu longtemps après rejoignant la garnison où il logeait. Edogaï et Chanteur se dirigèrent quant à eux vers l'auberge de la Sorcière et du Familier.
Ils purent ainsi profiter d'un bain bien mérité avant de se retrouver pour dîner et enfin faire connaissance. C'est une petite heure plus tard qu'Anesha les rejoints visiblement énervée ... ou dépitée. Difficile à dire.

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Casaïr
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Re: [Symbaroum] Fort Chardon

Message : # 59162Message Casaïr
25 mai 2017, 14:36

Franchissant la porte de la Sorcière et du Familier, je gratifiais Alomar d'un grand sourire, lui lançant "Je reviens, peux-tu me servir un verre ? Une bière légère ou du cidre, ça sera parfait !" sans attendre de réponse -ni faire cas du fait que je l'avais tutoyé machinalement-, gravissais les marches menant à ma chambre quatre à quatre, et, telle une tornade, attrapais mon sac, le fouillais sans ménagement pour en sortir la carte de la ville sur un "HA !" triomphant et de redescendre tout aussi vite, manquant de rater le dernier échelon et de m'étaler au sol mais me rattrapant avec plus de chance que de grâce à la rampe. Un petit sourire suivi d'un léger rire gêné puis je récupérais ma consommation tout sourire, m'installais dans la salle commune avec chope, carte et crayon et commençais l'inventaire de ce que je connaissais de Fort-Chardon.

Bon sang, cette salope m'avait bien énervée. Moi, banale ! Ha ! Hors de question que je laisse passer !

Pendant tout mon va-et-vient bien trop énergique à son goût, Cendres m'avait sagement attendu près du comptoir, tranquillement assis, ne se levant paresseusement qu'une fois certain que je ne bougerai plus de ma place. À l'aide d'une mine de charbon, je barrais rageusement les salons de symbaroum, faisant jouer mes quelques connaissances de la ville pour tenter de dénicher un travail digne de ce nom. Mon regard s'arrêta un instant sur la "boutique" de Mère Mehira et j'hésitais : je pouvais effectivement me porter volontaire pour une expédition, cela avait sans doute des chances de me rapporter quelques thalers, mais il fallait que le jeu en vaille la chandelle, et une novice complète comme moi aurait sans doute du mal à se faire accepter sur des campagnes un tant soit peu lucratives.

"Raaaah, bon sang ! Comment tu as fait, toi ?!" lâchais-je rageusement en me prenant la tête à deux mains, songeant à mon frère.

Arélyo.

Lui aussi était parti dans Davokar pour y chercher fortune. Et il n'en était pas revenu. Et je m'apprêtais à faire de même. C'était une boucle sans fin. Je pouvais trouver un travail tout à fait normal dans la ville, mais aucun ne me rapporterai assez pour pouvoir être rapidement indépendante et mener moi-même mes propres campagnes d'exploration. Un coup de tête de Cendres dans mon épaule me ramena un peu sur terre.

"Oui, tu as raison, lui dis-je en lui grattant une oreille, ça ne sert à rien de se précipiter. Mais tu vois, plus je perds de temps, et plus les chances de le retrouver indemne s'amenuisent. Et on ne peut pas dire qu'elles soient franchement bonnes..."

Tournant la tête d'un geste las, je vis Edogaï et l'ogre vu tantôt installés et discutant. Ils m'avaient visiblement vu mais s'étaient abstenus de me déranger. Je me levais en lissant ma robe -banale, ha ! Garce !-, pris mon verre, ma carte et mon crayon, et me rapprochais d'eux avec un sourire fatigué.

"Salut, Oncle Edogaï. Ta journée s'est bien passée ?" demandais-je après les avoir tous deux gratifiés d'un salut de la tête.
Je rappelle, okazou : Anesha a détaché ses cheveux, du coup, ses cheveux châtains apparaissent mi-longs et bouclés (mais coiffés malgré tout ! Enfin, autant que possible quoi :P - Indice : ça donne ça : https://www.pinterest.com/pin/320318592237268109/ - ), et elle a troqué ses vêtements de voyage crasseux pour une robe noire. ;)
Il est toujours utile d'affronter un ennemi prêt à mourir pour son pays. Vous avez en définitive, lui comme vous, le même objectif en tête.

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Edzart
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Re: [Symbaroum] Fort Chardon

Message : # 59166Message Edzart
26 mai 2017, 00:37

Edogaï lança un regard lourd de sens à Anesha, avant de se plonger dans son verre, tout en racontant ce qu'il lui était arrivé. Ce qu'il leurs était arrivé, en vérité. Les problèmes de Chanteur flottaient toujours quelque part en bordure du subconscient du magicien, qui essayait de ne surtout rien oublier de tout ce qu'il avait encore à faire. La rage bouillante qui étrennait son coeur, s'était mue, doucement, en une froide flamme qu'il alimentait de ses réflexions sur ce qu'il leur était arrivé. Mettant un terme provisoire à sa vendetta envers cet escroc de faux Baumelo, il allait se concentrer sur ce qui l'avait amené dans cette ville de malheur.

"Et toi et Thar, votre journée ?"
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Casaïr
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Re: [Symbaroum] Fort Chardon

Message : # 59167Message Casaïr
26 mai 2017, 00:51

Si je ne connaissais pas Edogaï, j'aurai dit qu'il avait sans doute passé une très mauvaise journée, mais cela semblait être assez douloureux pour qu'il prenne le temps d'avaler sa boisson avant de me révéler ce qu'il avait appris du maire Noirenuit.

"Par Prios..." soufflais-je en apprenant les nouvelles. "Je sais bien qu'on doutait un peu de ses réelles compétences, mais de là à penser qu'il était vraiment un imposteur..."

Je ruminais maintenant presque autant que lui, avec le choc d'apprendre la vérité en sus.

"Et toi et Thar, votre journée ?" demanda-t-il, me ramenant sur terre.

"Il ne t'a rien dit ? J'imagine qu'il n'en a guère eu le temps. Nos pas vont semble-t-il nous mener tous deux dans Davokar : lui pour y trouver un groupe spécialisé dans l'enlèvement de jeunes femmes ; moi pour y trouver Lyo. Il est retourné tout seul là-bas afin d'y chercher un remède pour Gorak et les autres. Enfin, tout ça remonte à un moment maintenant... Il se rendait dans ce que Tulga -la gobeline que m'avait indiquée Mehira- le Tombeau des rêves, c'est là qu'ils auraient trouvé le crâne. C'est dans la partie claire de la forêt, c'est toujours ça de gagné. Tulga s'est proposée pour m'accompagner quand je monterai une expédition pour aller le chercher, et j'ai accepté."

Je lui parlais également de l'expédition de l'Ordo Magica secrète censée se rendre dans les environs également, tellement secrète que peu dans la tour de l'ordre devaient être dans la confidence, et de la mage que devait rencontrer Thar sans doute dès le lendemain, et qui a vu sa fille enlevée par le groupe que recherchait désormais le barbare.

"En bref, ce fut une longue journée. Suffisamment longue pour que j'en ai assez de me balader en armure de cuir pendant quelques jours !"
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Re: [Symbaroum] Fort Chardon

Message : # 59168Message NailsEater
26 mai 2017, 02:11

Tandis qu'Anesha s'était installée et commençait à discuter avec Edogaï et Chanteur, Cendres fit le tour de la table et vint se placer à la gauche du mage avant de commencer à se frotter contre lui et à ronronner.

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Edzart
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Re: [Symbaroum] Fort Chardon

Message : # 59169Message Edzart
26 mai 2017, 02:35

Edogaï hocha la tête et observa un instant les habits presque excentriques de la jeune femme, levant un sourcil et lorgnant non sans discrétion, sur sa carte. S'il nota quoi que ce soit, il n'en fit nul commentaire. Il soupira en s'appuyant sur le dossier de la chaise. Tirant de sa poche un mouchoir, il s'essuya le front, avant de se lever.

"Bien, je verrai ce que je peux dénicher par rapport à cette magicienne et à sa fille. Peut-être que je pourrai discrètement en apprendre plus sur cette expédition... J'ai prévu de... passer un peu de temps à l'Ordo Magica."Repoussant Cendre d'une main, la caressant l'esprit ailleurs, Edogaï ajouta : "Je vais me retirer dans ma chambre. J'ai besoin de me recentrer un peu et de repenser plus calmement à tout ce que nous avons découvert aujourd'hui."

Montant les escaliers d'un pas lourd, Edogaï se gratta la barbe, pensif. Arrivé dans la chambre, il regarda les tracés de son cercle de magie. Il hésita un instant. Mais il décida qu'il remettrait ça à plus tard. Il se dirigea vers le lit, tirant de sous le sommier, l'un des sacs qu'il avait lors de son arrivée. Accroché à celui-ci se trouvait un long paquet de toile cirée. Le posant sur le lit, il l'observa un long moment, immobile, en silence. Ce paquet renfermait ce qu'il avait enfermé loin de ses pensées depuis si longtemps. Il avait caché cette chose en même temps que ce qu'il avait été. Il réfléchit, longuement, avant de soulever doucement la toile cirée, laissant apparaître l'éclat brillant de l'acier.
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Re: [Symbaroum] Fort Chardon

Message : # 59170Message grayfoxliquid
26 mai 2017, 11:09

Une fois la dame en robe noire - Anesha ? C'était bien son nom ? - à leur table, Chanteur écoutait leur conversation d'une oreille presque distraite. Il commençait à comprendre les faits du moment, même s'il ne connaissait pas l'histoire complète ni tous les enjeux. Dans tous les cas il comprenait un problème d'imposture très grave et un danger de mort pour quelqu'un.
Il buvait une grande chope de cidre bien méritée au terme de cette journée tumultueuse.
Tandis qu'Edogaï était reparti, il se remit à chantonner à voix basse, ce qui semblait calmer légèrement les personnes qui l'entendaient.
Il observait l'animal assis entre la dame et lui, une sorte de gros félin. Il se mit à le caresser et la bête semblait apprécier. C'était agréable. Il se sentait proche de la nature à ce moment, empli d'une sorte de sérénité.
Tout en continuant de caresser l'animal, il aborda la femme en noir.
"C'est un bel animal de compagnie que vous avez. Il s'appelle comment ? Il est adorable je trouve."

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Casaïr
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Ch'est un gros chat à sha maman cha !

Message : # 59171Message Casaïr
26 mai 2017, 11:48

Edogaï parti, je me retrouvais seule avec l'ogre qui caressait le félispectre en chantonnant. Je ne savais pas ce qui était le plus étonnant entre cela ou le fait qu'il semblait apprécier ou, encore plus étrange, qu'il ait été coller son museau sous la main de l'alchimiste en ronronnant.

"Ad... ?"

Je regardais mon compagnon de table avec de grands yeux, cillant à peine le temps de réaliser qu'il était sincère.

"C'est bien la première fois que quelqu'un d'autre que moi te trouve adorable, dis-je en direction du félin, profite bien ! Il s'appelle Cendres et... Je ne sais pas si "animal de compagnie" est un terme qui lui sied réellement. C'est plus un compagnon, un ami. Ami sans qui je ne serai sans doute pas là aujourd'hui d'ailleurs."

Repenser à cette histoire m'emplissait toujours de tendresse envers le fauve, quand bien même il faillit me tuer ce jour-là. Et à chaque fois, je me posais la même question : pourquoi ne l'avait-il pas fait ?

"Toujours est-il que ses frères, cousins, que sais-je, n'étaient pas aussi adorables quand ils nous ont attaqué !"
plaisantais-je en terminant mon verre. "Je suis navrée mais la journée fut longue, et je pense aller me coucher comme Oncle Edogaï. Je vous souhaite la bonne nuit, et à demain, nous aurons plus de temps pour faire connaissance. Enfin, vous arrivez à supporter le Vieux Ronchon, c'est déjà un bon point pour vous !" fis-je sur un clin d'œil, avant de me rappeler de mon impolitesse. "Ho, je m'appelle Anesha, ravie de vous rencontrer."

Je me levais en époussetant ma robe, sifflais Cendres pour qu'il me suive, adressais un dernier geste d'au-revoir à l'ogre chanteur puis, tournoyant, à Alomar toujours derrière son comptoir avant de monter me coucher. Une fois la porte de ma chambre, le même dilemme que depuis une semaine : allais-je le refaire ? Si, étrangement, le doux chant de l'ogre m'avait calmée, maintenant que je me retrouvais seule, la peur de dormir m'étreignit de nouveau. Inspirant profondément, je me dévêtis avant de passer une chemise de nuit puis m'allongeais, attendant que le sommeil vienne prendre son dû.
Il est toujours utile d'affronter un ennemi prêt à mourir pour son pays. Vous avez en définitive, lui comme vous, le même objectif en tête.

- Terry Pratchett, Va-t-en-guerre.

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Re: Ch'est un gros chat à sha maman cha !

Message : # 59172Message grayfoxliquid
26 mai 2017, 12:20

Anesha a écrit :"C'est bien la première fois que quelqu'un d'autre que moi te trouve adorable,

Il s'appelle Cendres et... Je ne sais pas si "animal de compagnie" est un terme qui lui sied réellement. C'est plus un compagnon, un ami. Ami sans qui je ne serai sans doute pas là aujourd'hui d'ailleurs."
"Toutes les créatures de la nature sont belles vous savez" répondit Chanteur en caressant maintenant le félispectre à 2 mains.
Anesha a écrit :
"Toujours est-il que ses frères, cousins, que sais-je, n'étaient pas aussi adorables quand ils nous ont attaqué !"
"Je vous comprends. Mais s'ils vous ont attaqué, c'est qu'ils avaient des raisons. Aucun être vivant n'en attaque un autre gratuitement. Tous ont des mobiles, même si nous ne les connaissons pas ou qu'ils ne nous semblent pas justifiés."
Anesha a écrit :"Je suis navrée mais la journée fut longue, et je pense aller me coucher comme Oncle Edogaï. Je vous souhaite la bonne nuit, et à demain, nous aurons plus de temps pour faire connaissance. Enfin, vous arrivez à supporter le Vieux Ronchon, c'est déjà un bon point pour vous !"

"Ho, je m'appelle Anesha, ravie de vous rencontrer."
"Bien sûr. Passez une nuit agréable et reposante. Ravis de faire votre connaissance, Anesha. On m'appelle Chanteur."

Une fois Anesha remontée, Chanteur passa encore un peu de temps à chanter, jouer de la musique et conter des histoires aux clients, pour se faire un peu d'argent, après quoi il remonta également à sa chambre pour passer la nuit.

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Casaïr
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La nuit pleurera, le jour sourira

Message : # 59174Message Casaïr
26 mai 2017, 12:50

Je courais à corps perdu dans la forêt alors que les branches fouettaient cruellement chaque parcelle de peau découverte, la zébrant de marques qui violaceraient rapidement, la blessant au sang parfois. Mes pas me guidèrent jusqu’à une clairière, dans laquelle se trouvait un bâtiment dont j’ignorais tout et visiblement abandonné depuis des lustres. Le souffle court, je m’approchais, apercevant grâce au soleil qui perçait difficilement la voûte des arbres l’entrée à moitié obstruée par des éboulis, restes de moellons usés par le temps, la pluie, la neige et Prios savait quoi d’autre encore. Des plantes grimpantes couraient çà et là sur la pierre grise, comme si elles semblaient vouloir empêcher les ruines de s’écrouler d’avantage. Avec le silence effrayant alentour, j’avais l’horrible sensation de me trouver aux portes d’un mausolée abritant la tombe de quelque ancien personnage important. Cependant, les murs nus de toute inscription ne me permettaient pas de deviner qui gisait ici. Et je n’étais guère persuadée de vouloir le savoir.

J’allumais une torche, rassurée à la fois par sa lumière et sa chaleur, puis m’avançais vers la gueule de la tombe qui semblait m’appeler, toute prête à me gober toute entière. Je déglutis difficilement avant de faire le pas fatidique et d’être submergée par l’obscurité et le froid régnants en ces lieux. Les échos de mon déplacement me revenaient comme déformés alors que je pénétrais plus avant dans cet antre abandonné par la vie depuis si longtemps, et mon ombre vacillante projetée sur les murs par ma torche avait quelque chose de terrifiant tant elle semblait vivante en cet instant. Ma progression était sans cesse ralentie par les décombres cachés dans l’obscurité et je devais prendre garde à ne pas chuter dans les trous causés par la chute plus ou moins importante de morceaux du plafond. Pourtant, vaille que vaille, j’avançais, ma volonté plus ardente que la flamme qui éclairait mon chemin vers l’inconnu.

Bientôt, j’entendis un bruit, comme une respiration sifflante qui se répercutait de loin en loin jusqu’à moi. L’entrée que j’avais empruntée était déjà à bonne distance derrière moi alors que j’arrivais devant un escalier s’enfonçant toujours plus dans les ténèbres. Je l’empruntais, la peur au ventre, m’agrippant au mur pour ne pas tomber. Ne pas me blesser, pas maintenant, telles étaient les mots que je me répétais inlassablement, prenant garde à l’humidité courant sur la pierre et qui rendait les marches traîtresses.

Celles-ci s’arrêtèrent sur un couloir à demi écroulé, qui lui-même déboucha dans une salle presque totalement envahie par les gravats, les champignons et autres plantes appréciant l’obscurité et l’humidité. Le peu de la pièce qu’il m’était possible de voir était inondée, l’eau montant juste au-dessus de mes chevilles. Le ruissellement m’avait précédé jusqu’ici, noyant ce qui pouvait l’être, s’insinuant dans tous les interstices possibles. Le bruit que j’avais entendu plus tôt trouvait sa source ici, et c’est lorsque je balayais la zone de ma torche que je le vis.

Arélyo.

Mes yeux s’embuèrent immédiatement mais il me stoppa d’un geste alors que je m’apprêtais à courir le rejoindre.

« Que fais-tu là ? gronda-t-il d’une voix que je ne lui reconnaissais pas. Pourquoi es-tu venue ?...
- Je… Tu sais bien pourquoi je suis là, répliquais-je vivement en me mordant la lèvre, soudain effrayée par son comportement. J’ai eu du mal à te trouver mais maintenant c’est fait. Viens, partons. »

Alors que je m’avançais vers mon frère, il convulsa, son corps se tordant dans des positions impossibles. J’entendis nettement ses os se briser à ma grande horreur, et je hurlais « Non, non, non ! » alors que sa peau se déchirait dans un bruit écœurant. Je sentis mon cœur se soulever alors qu’il se débarrassait d’elle comme d’un vêtement usagé, les muscles à vif, le crâne parcouru d’excroissances osseuses formant comme une couronne.

« Tu n’aurais jamais dû venir, Anesha », fit une voix dans ma tête, déformée par la rage et la haine.

...

Je me réveillais brutalement, en sueur, perdue et terrifiée comme jamais. Le soleil brillait à travers la fenêtre de ma chambre et je cillais en la regardant, cherchant à me rappeler où j’étais, jusqu’à ce que les souvenirs me reviennent. J’étais à l’auberge de la Sorcière et du familier, dans la chambre que je louais depuis une un peu plus d’une semaine maintenant. Pas en plein cœur de la forêt, seule, errant à la recherche de mon frère métamorphosé en une abjecte abomination telle que celle qu’était devenu Gorak. Un goût de bile sur la langue me rappela néanmoins que ce rêve, qui me harcelait depuis notre rencontre avec ce monstre, pouvait malgré tout devenir réel un jour prochain. Les draps étaient enroulée autour de mes jambes nues, comme si j’avais essayé de courir, de m’enfuir. Encore. Ce n’était qu’un rêve et pourtant, j’avais l’impression de sentir ses doigts osseux et griffus sur ma gorge. J’étais même persuadée d’en voir les cicatrices si d’aventure j’osais regarder mon reflet.

Je m’assis dans mon lit et ramenais contre ma poitrine mes jambes que j’enserrais avec force, tremblante. Comme chaque matin, je me forçais à reprendre pied, mais plus les jours passaient et plus cela devenait difficile. Un mouvement sur ma droite me fit sursauter et je glapis de peur en voyant une grosse tête apparaître dans mon champ de vision. Mon mouvement de recul faillit me faire chuter du côté opposé jusqu’à ce que mes yeux fassent le point et reconnaissent Cendres. La frayeur passant, je m’agrippais au cou du félin, y enfouissant mon visage, incapable de retenir plus longtemps mes sanglots. Pour tout le monde, je donnais l’image d’une fille enjouée, volontiers peste. Mais personne, pas même mon frère, ne s’imaginait ce que je ressentais réellement. Pour tous, j’étais forte, et je devais le rester. Si je craquais, si je perdais pied, je serais incapable de poursuivre le but que je m’étais fixé. Une onde de chaleur m’envahit, me rassura.

« En fait si, chuchotais-je, vous êtes deux à savoir qui je suis vraiment. Parce que vous êtes les seuls à qui je ne pourrais jamais mentir, même si je le voulais. Merci… »

Cendres recula sa tête pour mieux frotter son museau contre ma joue, m’arrachant mon premier sourire du matin. J’embrassais sa truffe avant de poser doucement mes pieds nus sur le sol froid et de me lever. Je séchais mes larmes, me dévêtis, frissonnant dans l’air froid du matin, fis rapidement un brin de toilette, vérifiais ma mine dans le reflet que me renvoyait la bassine pleine d’eau. Mes yeux étaient un peu plus rouges que les jours précédents mais pas trop gonflés. Ce matin, je pouvais encore faire illusion. La question était : pour combien de temps ? Je ne voyais pas non plus de marques sur mon cou. Rassurée et désireuse de chasser mes idées noires, je passais ma robe, me disant qu’il faudrait sans doute que je la fasse réajuster : des mois d’entrainement avaient musclé et aminci mon corps, et mes anciens vêtements ne m’allaient plus vraiment.

« Aujourd’hui, dis-je à Cendres, on va faire un peu les boutiques. Après le cordonnier, quelques robes plus seyantes ne me feraient pas de mal, tu ne penses pas ? »

Et surtout, tout plutôt que de repenser à cette nuit.

En attendant, je secouais mes cheveux pour les remettre en ordre puis les brossais vaguement. Je quittais finalement ma chambre pour rejoindre la salle commune et commander un petit-déjeuner copieux. Aujourd’hui était un autre jour.
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