Fortuna Imperatrix Mundi

Edogaï se retrouvait devant une porte fermée. D'autant plus énervé, il attrapa le premier étudiant qui avait eut le malheur de passer trop près pour connaitre la salle de cours de maitre Eufrynd. D'un pas toujours aussi énergique, il monta les marches en direction de ladite salle. La porte était fermé, mais un cours se déroulait bien à l’intérieur. La voix d'Eufrynd était forte et reconnaissable.

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De leur côté, Thar et Chanteur entrèrent dans le hall que Chanteur commençait à connaitre assez bien. Godalg ayant déjà faillit, il fit mine de ne pas les voir entrer et adressa un clin d’œil à l'ogre alors qu'il pénétrait dans la tour. Dans l'entrée, un étudiant tenez un registre et semblait regarder derrière lui comme perdu. Nul doute quant au fait qu'il avait croisé Edogaï.

Chanteur ne comprenait pas vraiment ce qui se passait. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il venait d'arriver une fois de plus dans le hall, qui pour une fois ne sentait pas le tabac à pipe.
Il se sentait un peu plus en terrain connu ici et s'approcha donc naturellement le premier de l'étudiant au registre, qu'il aborda avec un grand sourire du touriste demandant son chemin.

"Bonjour, nous cherchons un certain Edogaï. Il devrait être passé par ici normalement. L'avez-vous vu ? Si oui, vous pouvez m'indiquer le chemin s'il vous plaît ?"

L'étudiant laissa tomber le registre, à croire qu'un certain raz le bol l'étreignait. Il indiqua simplement l'escalier aux deux "nouveaux" venus. Visiblement, Edogaï était monté. Chanteur pouvait supposer qu'il avait tenté d'accéder à Eufrynd, ou du moins était ce la seule piste qu'il avait.

Chanteur, enthousiaste à l'idée de pouvoir la première fois depuis longtemps mener une autre personne au lieu de simplement suivre, remercia grandement l'étudiant visiblement exaspéré.
Il se pencha pour ramasser le registre et le rendit à l'étudiant qui ne savait apparemment plus trop comment réagir.

"Je suis désolé si je vous ai bousculé. Tenez, votre cahier."

Il se retourna vers un Thar un peu perdu.

"Venez, je pense savoir ou trouver Edogaï."

Edogaï frappa plusieurs coups durs sur la porte avant d'attendre quelques instants. Quand la porte s'ouvrit, il commença :
"Maitre Eufrynd, excus..." A la vue de l'étudiant qui venait de lui ouvrir, Edogaï soupira en levant les yeux au ciel et l'écarta d'un doigt, comme une petite bête qui gênerait sa vue, pour regarder directement l'illusionniste.
"Maître Eufrynd, excusez moi de vous déranger, mais il s'agit véritablement d'une affaire de vie ou de mort. Vous auriez bien une seconde à m'accorder, n'est-ce pas ?" Prenant alors une seconde pour observer la classe d'Eufrynd et ces élèves qui, tous, l'observaient, il eu un petit instant de réminiscence de tous ces instants d'apprentissage en vue de la guerre des Sombres Seigneurs. Il soupira, avant de revenir à Eufrynd, attendant sa réponse. Maintenant que l'adrénaline était retombée, il respira plus lentement, reprenant son souffle et essayant de garder la tête froide. Tournant son regard sur l'étudiant qui se tenait devant lui, il le fusilla du regard :
"Cessez donc de me donner ce regard déconfit et allez vous asseoir."

Chanteur guidait Thar au travers de la tour quand ils entendirent une voix qui ne pouvait être que celle du mage. Étrangement, celle-ci n’était pas aussi forte qu’il le pensait ni tant agressive. Suivant cette voix, ils finirent par voir Edogaï à l’entrée d’une salle de cours et entendirent la fin de la conversation … du moins le croyaient-ils.

"Cessez donc de me donner ce regard déconfit et allez vous asseoir."

Eufrynd observait l’intru avec le même que celui-ci avait quelques instant auparavent envers l’étudiant qui ouvrait la porte.

“Vous n’êtes pas ici chez vous Edogaï. Ne donnez pas d’ordre à qui n’en a pas à recevoir de votre part, puis soupirant, je vous accorde trois mnutes te pas une de plus. Quant à vous, profitez en pour travailler. Bénédicte. Si je n’ai qu’un seul soupçon d’une bévue de votre part, vous serez de corvée de cercle pour une semaine.”

Elle lança un regard accusateur à ces étudiants avant de rejoindre Edogaï et … l’ogre Chanteur ainsi qu’un barbare, à croire qu’ils se multiplient. Pour ceux qui avaient déjà eu l’honneur de sa rencontre, ils ne l’avaient jamais vu aussi circonspecte. Elle referma la porte derrière elle et c’est, bras croisés, qu’elle attendit que le mage s’explique.

Edogaï hocha la tête, un sourire aux lèvres. Il recula pour qu'Eufrynd puisse sortir et fermer la porte.

"3mn, c'est tout ce dont j'ai besoin." Plantant son regard dans celui d'Eufrynd, il dit d'un ton clair : "Je ne connais personne si ce n'est vous à l'Ordo Magica de Fort Chardon, Maître. Le Manteau Noir Baumelo est mort. Je ne sais qui est l'homme qui a récupéré les fragments du crâne corrompu, mais il n'est pas un Manteau Noir. Ses intentions sont vraisemblablement malveillantes et - Edogaï fit un mouvement de la main avant qu'Eufrynd ne réagisse, comme pour repousser des pensées parasites, des mouches de réflexion et d'objection. - je sais que ceci n'a aucunement à faire avec vous, mais je suis inquiet pour le jeune mage qui accompagnait cet imposteur. Avez vous la moindre idée de qui il pourrait s'agir et, si non, d'où je pourrais être en mesure d'en apprendre plus sur ce jeune homme ? Le maire, tout comme moi, pense qu'il pourrait être en danger de mort..."

Respirant calmement, Edogaï regarda Eufrynd, espérant qu'elle comprendrait et qu'elle ne s'énerverait pas pour son interruption.

Chanteur finit de s’adresser à l’étudiant en charge des entrées, et fit geste à Thar de le suivre, un sourire au visage.

L’homme de la forêt regarda l’ogre d’un air oscillant entre la surprise, le rire et le respect. La surprise, car il n’avait pas cru une telle aisance possible pour le grand bipède, après la gêne qu’il leur avait témoigné leur de leur première rencontre. De toute évidence, cette matinée en compagnie du ronchon lui avait fait le plus grand bien. Le rire, car la façon dont il avait mouché le jeune étudiant plein de morgue était grandiose, et aurait mérité son verre au prochain feu de camp. Et le respect, enfin, car agir aussi sereinement en ce lieu empli de l’Echos de Anciens était chose qui méritait d’être jugée à sa juste valeur.

Le forgeron se contenta donc d’un signe de tête à l’égard de son nouveau compagnon, qu’il percevait désormais sous un nouveau jour.

- Venez, lui dit Chanteur, je pense savoir ou trouver Edogaï.

Thar acquiesça, et s’engagea à sa suite dans les corridors de la Tour de l’Ordo Magica. L’espace d’un instant, le guerrier des clans hésita à dégager sa hache au clair pour partir à poursuite d’Edoguaï. L’air funeste de l’alchimiste ne lui inspirait guère confiance, il y avait sûrement un motif grave à la clef. Mais il pouvait tout aussi bien se tromper, et les conséquences d’un tel geste s’avérer funestes. L’air sombre, Thar se contenta donc d’avancer à pas vif. Ils aviseraient de la situation bien assez tôt.

S’orientant aux éclats de voix sur les derniers mètres du trajet, ils trouvèrent le mage en vive discussion avec une dame attifée avec grand soin. Egalement arcaniste, de toute évidence. Et qui semblait avoir une haute estime d’elle-même, comme en témoigna le regard méprisant qu’elle jeta sur les deux arrivants à leur entrée. Thar détesta immédiatement ce regard. Il ne se priva pas pour lui en retourner un équivalent, le mépris pour les ladres du Sud en sus.

Cependant, ils restèrent en retrait, et tendirent l’oreille aux propos de leur ainé. Thar écarquilla les yeux à l’annonce de la duplicité du faux Manteau Noir. Baumelot, un traître ? Ils avaient remis les restes du crâne à un imposteur ! Mais ce qui était fait était fait, il fallait désormais agir en connaissance de cause. Le guerrier tendit donc l’oreille, écoutant attentivement la suite de la conversation.

"3mn, c'est tout ce dont j'ai besoin." Plantant son regard dans celui d'Eufrynd, il dit d'un ton clair : "Je ne connais personne si ce n'est vous à l'Ordo Magica de Fort Chardon, Maître. Le Manteau Noir Baumelo est mort. Je ne sais qui est l'homme qui a récupéré les fragments du crâne corrompu, mais il n'est pas un Manteau Noir. Ses intentions sont vraisemblablement malveillantes et - Edogaï fit un mouvement de la main avant qu'Eufrynd ne réagisse, comme pour repousser des pensées parasites, des mouches de réflexion et d'objection. - je sais que ceci n'a aucunement à faire avec vous, mais je suis inquiet pour le jeune mage qui accompagnait cet imposteur. Avez vous la moindre idée de qui il pourrait s'agir et, si non, d'où je pourrais être en mesure d'en apprendre plus sur ce jeune homme ? Le maire, tout comme moi, pense qu'il pourrait être en danger de mort..."

Je n'étais pas au courant pour Baumelo. Quand au jeune mage, tout ce que je peux vous dire c'est qu'il n'est pas de Fort Chardon. Je connais tout mes étudiants et aucun n'est assez bon pour rejoindre les fréres du crépuscule. Je vais contacter mes collègues d'Yndaros et me renseigner. La seule chose que je peux vous dire, c'est que je ne pense pas qu'il y ait danger de mort. L'imposteur doit avoir besoin de lui pour une raison ou une autre et s'il lui est obéissant, ce qui semble être le cas, il préférera garder sa couverture. Je ferais mes recherches de mon côté, mais c'est au maire que je ferai mes rapport en premier lieu. Sachez-le.

Elle observa Edogaï avant d'ajouter :

Vous êtes moins méprisable que je ne le pensais au départ. Mais a trop vouloir sauver tout le monde, on passe à côté de ce qui nous est important. Sur ce, je retourne à ma classe. Et ... ne vous avisez plus de m'interrompre de la sorte alors que je suis en plein travail.

“Il n’y a point de dette sitôt payée que le mépris. Passer à côté de ce qui nous est important, parfois, c'est faire la bonne chose. A ne pas vouloir sauver tout le monde, c'est nous-mêmes que nous tuons."

Avant de laisser Eufrynd retourner à son cours, Edogaï ajouta :

"Je serai à l'auberge de la sorcière et du familier, si vous cherchez à me joindre. Je serais ravi que vous m'indiquiez le prix que je paie, à vouloir sauver tout le monde."

Il redescendit alors plus calmement les marches, passant devant l'étudiant au registre sans lui jeter un regard et sortant de la tour de l'Ordo, perdu dans ses pensées, aveugle à tout ce qui pouvait l'entourer.