[Symbaroum- 2 ] Introduction - Fort-Chardon - An 21

[NailsEater]

Le fanal était comme toujours allumé. Fort-Chardon était en vue des voyageurs, qu'ils soient solitaires ou accompagnés. Dernier rempart de civilisation avant la forêt, selon les Ambriens, la ville comptait trois entrées et au moins une quinzaine de tours de garde. Le maître des lieux Sire Noirenuit, connu pour avoir sauvé la mère de la reine, s'occupait disait-on de sa ville d'une main de fer.

Sur la route qui mène à la porte sud, le bruit des pas endormis camouflait encore celui de la ville en éveil. Aux premières lueurs de l'aube, l'entrée de la ville était déjà bloquée par la foule de personnes et convois cherchant à pénétrer l'enceinte. La fin de l'hiver sonnait le début de nouvelle expédition et le retour des anciennes, menant ainsi un flot important de voyageur en lisière de la forêt.

Les voyageurs s'occupaient comme il pouvait, discutant avec les nouveaux venus qui se greffaient aux caravanes cherchant, comme tous, à pénétrer dans la ville. L'attente serait longue, tous le savaient. Et ceux qui ne le savaient pas encore, le comprendraient bien vite. L'air humide rendait l'humeur générale morose et l'attente dans la boue n'était pas au goût de tous.

Au milieu de ce fouillis humain, se trouvait Wamba et Nurg, tout deux avait un travail à faire en ville. Ils avaient rencontré la semaine précédente une jeune noble et avaient été engagés par la famille Argona pour diverses tâches allant de garde du corps à éclaireur pour ses heures de cueillettes. Le travail, bien payé, s’était révélé assez simple jusque-là.

La jeune Hellebore de son côté habitait présentement en ville. Elle alternait ses journées entre l’ordo magica, et le suivi de ses cours, et ses recherches d’espèces endémiques de Davokar. Pour le moment, elle se contentait de la lisière directe de la forêt, mais elle ne tarderait pas à devoir s’éloigner. La présence de ses gardes du corps la rassurait. Si elle n’avait pour l’instant rien croisé de très effrayant, elle savait que ça ne serait pas toujours le cas. Septimus, le chevalier avait été proposé par sa famille pour accompagner l’apprentie et veiller sur elle. Ils avaient aussi rencontré sur la route Caseo, un cavalier qui faisait route vers Fort Chardon. Ils avaient tous trois décidés de s’installer à l’auberge Au repos de la couturière, une petite maison très propre et agréable avec un gérant jovial et particulièrement serviable.

De l’autre côté de la ville, Ledros parcourait la place du crapaud, à la recherche de cible potentielle ou de rumeur intéressante. Il avait aperçu un nouveau manteau noir en ville dont la rumeur semblait se gorger. Il arpenter lui aussi la place suivant certainement une piste que lui seul voyait. Baren traversait effectivement la place. Il avait entendu dire qu’un faux manteau noir avait élu domicile à Fort Chardon avant d’en être chassés. Un groupe de recherche avait été envoyé sur les traces du fugitif. La ville entière parlait de ce nouveau cancan, mais passerait sûrement à autre chose en quelques jours…

[Thegreenthumb]

Mon regard se redresse vers le ciel alors que je mâchonne paisiblement ma chique. Les nuages sont gris et épais. On dirait que mes guenilles vont rester humides encore aujourd'hui...

J'entends les gardes fixer les prix à un groupe de voyageurs à une dizaine de mètres devant moi. " 1 Shilling la jambe ou la roue pour entrer en ville ! ".
Heureusement que j'ai ce bel anneau qu'ils m'ont donné. Il doit valoir très cher, parce que les gardes me laissent entrer sans rien demander en échange... Pourtant, avec ma charrette, ça fait... euh... je crois pas que je gagne ça dans la journée.

Tiens... Y'a le gob Wamba qui est pas loin derrière moi. Lui aussi, il doit venir travailler. J'aime bien travailler. Mais je préfère aller en forêt. La Dame avec qui on est partis se promener la semaine dernière avec Wamba est gentille et elle paie mieux que mes livraisons. Tiens d'ailleurs ?

Je jette un oeil à ma charette. Oui... J'ai pensé à prendre les sacs d'épices pour Faraldo. Je vais commencer par là. Et puis j'irai livrer ce gros morceau de métal à la forge. Oh... Faudrait aussi que je retourne voir Mehira. Elle aura peut-être quelque chose pour moi ?

Mes pensées vont et viennent, alors que l'attente se fait pesante pour les gens autour de moi. Beaucoup râlent et trépignent dans la file qui s'est épaissie derrière moi. Ragaba me disait toujours que les gens intelligents ne s'ennuient jamais, parce qu'ils ont toujours des choses à penser dans leur tête. Ceux-là ne doivent pas être très intelligents...

J'échappe un petit rire étouffé à cette pensée.

[Wamba]

"Etttt merde ! On s'les gèle ici !"

Wamba regardait ses belles bottes de cuir colonisées par la boue de la route de la cité. En effet il avait beaucoup marché depuis sa dernière cachette jusqu'aux portes, suivant d'un pas marqué de nombreux arrêts comme tout le monde. La ville ne lui disait rien aujourd'hui, il se sentait pas à l'aise pour voguer et discuter mais il le fallait. Retrouver l'auberge où pouvait vivre la jeune herboriste serait un jeu d'enfant sauf qu'il fallait d'abord que TOUS les gens devant lui passent...
Levant finalement le regard après un long moment dans ses pensées il put apercevoir Nurg.
Un élan d'espoir et, surtout, la possibilité de peut-être gruger quelques places; un gain de temps. Logiquement en se collant à cette montagne de muscles on ne devrait pas trop avoir le courage de lui dire quelque chose.
Il remonte la sangle de son sac à dos, attend que ceux de devant tourne le regard aux environs puis, d'un pas décidé, va à la rencontre de son camarade.

"Salut cousin ! Comment tu vas aujourd'hui ? C'est pas que mais fait'froid hein !"

[Thegreenthumb]

Mon regard se tourne à nouveau derrière moi lorsque je reconnais la voix de Wamba.

" Oh... Nurg va bien. "

Je vois des regards insatisfaits des pèlerins derrière moi, marmonnant déjà que les gobs se permettent n'importe quoi, lorsque Wamba les dépasse pour venir jusqu'à moi...

" Wamba peut monter sur la charrette s'il le veut. Sa jambe le fera moins souffrir comme ça... "

Je glisse un clin d'oeil discret et entendu à Wamba.

Sûr qu'il ne pèsera pas lourd au milieu du reste de mes marchandises. Du haut de mes deux mètres dépassés, je domine d'une tête la plupart des hommes. Alors les gobs...

Je jette un regard devant. La file avance tout de même un peu et il ne reste plus que quelques badauds devant nous. Je crache un volumineux morceaux de tabac macéré avant d'en remettre un peu de frais dans ma bouche.

[Wamba]

"J'srais pas contre poser mes vieilles gambettes cousin !"

A ces mots il n'hésite pas une seconde pour monter dans la charette et attendre les pies un peu plus au sec. Il commencera d'ailleurs à nettoyer ses bottes, lachant le surplus de boue du haut du chariot.

"Et alors pour aujourd'hui t'sais si la dmoizelle nous fait encore bosser ? Moi j'préfère nos escapades en forêt plutôt qu'le brouahaha d'notre vieille cité ?"

La nuit n'a pas été des plus longues pour les os du vieux gobelin et à peine la réponse de Nurg entendu, il sombre rapidement dans une petite sieste; grâce au doux touché des sacs en toile de jute en-dessous de son corps.

[Iris]

Hellébore était arrivée depuis peu à Fort Chardon et tentait de s'habituer au climat local. Malgré toutes les couches de vêtements, il lui semblait toujours avoir froid jusqu'aux os. Elle s'attarda à la fenêtre, emmitouflée dans une couverture en laine. Heureusement que le travail ici était intéressant, cela compensait les inconvénients. Après un petit déjeuner bien chaud, cela irait sans doute mieux.

La jeune noble était arrivée ici avec un garde du corps issu d'une Maison amie, et elle n'était pas mécontente de ne pas être seule dans cette contrée. Dire que cette ville aurait dû devenir son foyer si elle avait épousé son promis. Étrange comment les choses se passent. A la place elle avait étudié à l'Ordo Magika, et cela lui convenait bien. Personne pour lui reprocher de ne pas savoir parler avec aisance en société ou être incapable de se mettre en valeur. On la laissait tranquille avec ses livres et ses plantes, et c'était très bien !

Hellébore était un pseudonyme choisi en entrant à l'Ordo Magika, manière de marquer son changement de vie. Son compagnon de voyage avait pu constater que la jeune femme au physique de pâle brindille réservée ne parlait que si elle était convaincue qu'on l'écouterait. Elle n'arrivait pas à parler vite ni à répondre du tac au tac. Il lui fallait du temps pour réfléchir. Elle n'était pas stupide, simplement, les mots ne lui venaient pas immédiatement, et c'était souvent bien trop lent pour la plupart des gens. Certains croyaient même qu'elle était arrogante, refusant de leur répondre, alors qu'elle avait juste du mal à trouver quelque chose de pertinent à dire à la seconde. Elle passait son temps à écouter, en rêvassant un peu, et s'exprimait souvent à voix basse, comme si elle avait peur de déranger. D'ailleurs, elle ne manquait pas de talent pour se faire oublier. Faire tapisserie était devenu un véritable art. En un sens, le règne végétal tenait du modèle pour elle.

Informée dans l'ensemble du climat humide de la région qu'elle aurait à explorer, elle avait acquis des vêtements de bonne qualité, mais toujours discrets. Les coupes étaient sobres, le tissu tombait bien, l'entretien du matériel était méticuleux. Et pourtant, enveloppée des tons les plus neutres qu'elle eût pu trouver, elle disparaissait au point qu'il lui était arrivé plusieurs fois de faire sursauter des gens quand ils se rendaient compte qu'elle était là -- et peut-être depuis longtemps.

Au final, de son éducation noble, on pouvait surtout reconnaître son maintien, ses mains délicates -- quand elles n'étaient pas fourrées dans des mitaines ou des gants -- et sa politesse -- à supposer qu'on l'écoutât. Elle aurait tout aussi pu être une dame de compagnie, et on l'avait parfois prise pour une servante, gouvernante ou autre. Elle n'essayait pas d'expliquer, et d'ailleurs porter un pseudonyme était aussi un moyen de ne pas avoir à afficher son origine, et donc pouvoir être à loisir une simple botaniste. C'était d'ailleurs vrai : elle était avant tout une chercheuse modeste et tranquille.

Vêtue, elle descendit en abandonnant à regret la couverture, et se rendit au petit déjeuner. Elle prenait toujours de quoi s'occuper : une lettre à écrire, un livre à étudier, une plante à dessiner. Elle ne s'ennuyait jamais et ne prenait pas beaucoup de place. Installée dans un coin discret et confortable de la grande salle de l'auberge, elle prit tout son temps. Le petit déjeuner pouvait durer une heure sans difficulté, en buvant plusieurs tasses de tisane à côté du porridge, des fruits secs et autres mets proposés.

[Caeso Senjak Khan]

Caeso Senjak Khan profitait du confort simple mais chaleureux de l'auberge. Les cauchemars de ces premières nuit passée a l’extérieur du fort d'Otra Senja avait été tout a fait supportable selon ses critères très personnels de tolérance. D'ailleurs cette jeune femme qu'il avait rencontré en chemin pourrait peut être lui trouver un remède pour apaiser un peu ses nuits à défaut de faire disparaitre complétement ces cauchemars. Il pensait à cela tout en s'habillant. Il mit sa tenue réglementaire complète qu'il avait pris soin de nettoyer méticuleusement. Il avait rendez vous avec le capitaine de la garde Marvello au guet municipal afin de lui remettre un rapport du fort d'Otra Senja. Après cela, si cela lui était accordé, il aurait peut être la possibilité de poser quelques jours de permission.

Il rejoignit la salle commune assez tôt pour y manger quelque chose. La salle bruissait déjà au son des va-et-vient multiples, même en cette heure très matinale. Fort Chardon ressemblait plus à une termitière qu'à un fort si on lui demandait son avis et Davokar lui imposait le rythme de sa respiration quoi que Lasifor Noirenuit en dise. Il allait s'assoir seul à une table lorsqu'il aperçut finalement la jeune femme de l'Ordo Magica. Elle se fondait merveilleusement bien dans le paysage grossier de cette auberge malgré la finesse de ses mains qui trahissait son ascendance. Il se dirigea vers sa table.

-Belle journée. Je dois me rendre au guet municipale pour y rencontrer le capitaine Marvello. Avez vous besoin de quoi que ce soit ? Ce n'est pas très loin de l'esplanade des antiquités ni de la place de la Reine, je peux bien m'y arrêter en revenant.

Caseo détourna son regard quelques instants pour observer la salle.

[Septimus]

Septimus s’était levé dés les premières lueurs de l’aube. Jetant un œil par sa fenêtre au verre cristallisé par la froid il adressa un prière à Prios puis laissa vagabonder son esprit. Inspirant l’air froid de sa chambre il accueilli les premier rayon de soleil avec un certain plaisir. A voix basse comme si il parlait à l’oreille de l’astre quelques mots naquirent sur ses lèvres.

"Des heures de la nuit s'envolent ces étoiles,
Abeilles d'or attirées par un invisible miel,
Enfin l'aube, au loin tendant la candeur de ses toiles,
Trame de fils d'argent du manteau gris du ciel."

Volant ainsi quelques instants au temps, Septimus se détourna de sa contemplation. Sortant de sa besace ses vêtements il s’habilla en hâte pour chasser de son esprit ce qui l’habitait. Le jeune chevalier revendiquait peu son âme de poète et bien souvent il le cachait. Qui aurait prit au sérieux un chevalier amoureux du verbe ? Alors qu’il se réprimandait intérieurement, il effaça les espoirs d’une autre vie de ses pensées.
Arrivé avec la jeune dame qu’il avait pour devoir de protéger il y a quelques jours, celui-ci avait commencé à prendre ses habitudes. Aussi savait il avait du temps pour lui avant le levé de celle-ci. Sortant dans la rue, Septimus profita de ses quelques moments de solitude. La ville autour de lui s’éveillait et tel un corps vivant, ses artères se gorgeant de vie, une vie crasseuse et humide pour ce qu’il en voyait. Le rythme des sons de la ville s’accentuait comme les battements du cœur au réveil tandis que tel des yeux, les volets des premières étales s’ouvraient aux passant. Les pas du chevalier marchaient à contre courant, remontant le flot de passants qui émanaient de la porte principale non loin. Alors que la foule s’épaississait il sembla reconnaitre un visage connu à l’Ambrien, celui d’un troll recruté il y a peu par la femme qu’il protégeait. Une association qu’il ne voyait pas d’un bon œil mais somme toute nécessaire…

Tournant les talons, il prit le sens du courant. Il ne lui fallu que peu de temps pour retourner à l’auberge. Il poussa la porte de l’établissement. Balayant la salle du regard, il y trouva la jeune Hellébore assise, attendant sans aucun doute d’être servie. A ses cotés un homme croisé quelques jours plus tot semblait chercher à discuter avec elle. Septimus pressa le pas, s’approchant de la jeune femme, la saluât en faisant une révérence polie.

"Bonjour Dame Hellébore, j’espère que vous avez passé une bonne nuit ?"

Le jeune chevalier observa avec un peu de méfiance l’homme debout devant la table.

"Messire… Caeso Senjak Khan, c’est bien ça ?"

Septimus prit place devant l’apprentie mage et posa ses coudes sur la table. Croisant les bras il observa la jeune femme emmitouflée avec un regard bienveillant.

"Avez-vous commandé votre repas ?"

Lui demanda-t-il avec toute simplicité. Le chevalier était pressé de connaitre le programme de la jeune femme pour la journée, mais il trouvait fort mal venu d’en discuter pour l’heure devant des oreilles indiscrètes.

[Iris]

Comme chaque jour Hellébore s'était signalée pour être servie et ensuite avait disparu de la surface de la terre... du moins l'espérait-elle.

Le capitaine Caeso Senjak Khan la saluait et lui demandait si elle avait besoin de quelque chose, mais l'homme tournait déjà la tête pour regarder la salle, de sorte qu'il ne vit pas le léger mouvement de tête pour dire que "Non." Elle n'avait besoin de rien. De quoi pourrait-elle bien avoir besoin ? "Merci." souffla-t-elle du bout des lèvres, sans doute inaudible, tandis que Septimus arrivait à son tour.

A la première question de son garde du corps, elle eut une sorte de grimace et de froncement de sourcil très embarrassé à "Dame", secouant la tête une seconde, dans l'espoir de l'inciter à oublier les formules de politesse les plus... enfin... dame...elle n'avait rien d'une dame. Puis elle eut un mince sourire un peu gêné qui figurait un "Oui."

Puis l'échange partit vers le capitaine et Hellébore crut qu'elle n'était plus concernée, avant que déjà une nouvelle question, et de nouveau, elle hocha la tête. Oui, oui, tout allait bien. Elle n'avait besoin de rien. Tout était tranquille, non ?

Enfin le plateau de son petit déjeuner arriva, la libérant de toutes les questions sur sa santé et tout tandis qu'elle se plongeait déjà dans des questions existentielles. Quand quelqu'un demande si ça va, faut-il vraiment répondre ? Car les gens semblaient poursuivre la conversation sans attendre. Oh ce ne devait pas être si important que cela.

Un sourire de satisfaction -- un peu rêveur -- apparut sur la mine d'Hellébore tandis qu'elle se plongeait dans son petit déjeuner. Elle poussa méticuleusement son matériel d'écriture pour éviter tout accident, tout en gardant tout sur la table. Pour chaque action il faudrait déplacer sans cesse quelque chose, et elle essayait de caler une serviette pliée pour caler une page de livre, soufflait sur sa tasse, renonçait à boire tant le contenu était chaud, puis prenait une cuillère de porridge, se brûlait, soufflait dessus, prenait une becquée, lisait deux mots, recommençait, en écoutant un peu de temps en temps, les échanges comme on écouterait le chant des oiseaux.

[Edzart]

Comme à son habitude, Ledros déambulait dans les rues, comme un coup de vent, un souffle polisson, piquant et chipant à droite et à gauche ce dont il avait besoin ou lui faisait envie. Croquant dans une pomme qu'il avait récupéré sur un étal, il évitait les patrouilles de gardes comme la brise contourne un arbre. Il les suivait, parfois, s'amusant à regarder leurs déambulations maladroites et fatiguées, désabusées. Le manteau noir dont on parlait en ville se trouvait sur la place du crapeau, non loin du fanal. Jetant un oeil vers la flamme qui brûlait là-haut, Ledros fut parcouru d'un léger frisson. Il n'avait été là-haut qu'une fois. Mauvaise journée. Le manteau noir semblait chercher les traces de quelque chose. Malgré son tricorne rouge on ne faisait pas vraiment attention à Ledros. C'était jour de marché et quelques stands étaient dispersés sur la place. Après avoir acheté à un marchand de quoi nourrir son cheval avec de l'argent qu'il lui avait préalablement soutiré, le jeune homme se dirigea, sac sur l'épaule, vers le sud. Il jeta encore un regard au manteau noir avant de partir.

Ledros ayant passé la nuit en ville, d'abord en repérage, ensuite aux salons, il sentait la fatigue commencer à le rattraper. Il n'avait qu'une envie : rentrer et voir Emilia. Juste avant d'arriver à la porte sud, il croisa un ogre terrifiant, sur le chemin duquel il ne put s'empêcher de se retourner. Quel monstre. Il allait continuer quand il aperçu dans la charrette du colosse, Wamba allongé. Le gobelin semblait inconscient, transporté comme n'importe quelle marchandise. Allait-il être troqué ? Vendu ? Si ça n'avait été n'importe quel autre gobelin, Ledros aurait laissé courir. Mais c'était Wamba.

"Eh, mon gars.", héla-t-il l'ogre. "Eh, ouais, monsieur ?"