L'étape un étant faite, il fallait donc que je m'attèle au BG du "papapaladin"...
Ca donne ça :
Les cris de Shayla étaient entendus dans tout le campement.
« Lanas ki vezhi thirataan.
- Tais-toi, abruti, elle pourrait t’entendre…
- Et alors ? Elle ne me fait pas peur, elle est devenue faible.
- Comment oses-tu ? L’enfant de Maegor va sortir de son ventre et t’arracher la langue !
- Qu’en sais-tu, toi ? Ca peut aussi bien être le fruit de ma semence que la tienne, ou celle de Vashon, de Krazny, de Gundya… Sauf de toi, Phorgas !
- Laisses moi tranquille, Rhae Mahr.
- C’est ça, hein ? Elle n’a jamais pris ton rakh arakh dans son ventre, j’en suis sur. Tu es trop… mou. »
Phorgas se redressa, l’arme au poing. Rhae Mahr n’attendait que ça…
Les Traques-Sang présents, aimant particulièrement les affrontements, commencèrent à se taper le torse de façon saccadée, appelant leurs frères à régler leur différents par les armes.
Mais c’est alors que le shaman fit irruption en sortant de la tente de leur reine.
« Khalakka Rakh ! C’est un mâle ! Et que faites-vous, bande d’idiot ?! Sortez tout l’alcool, choisissez un cheval à sacrifier et mangeons-le en l’honneur de Shayla Skith ! »
*********
Shayla n’avait plus grand chose d’une déesse invincible car l’accouchement l’avait laissé affaiblie et la horde dut garder le camp durant plusieurs jours. Depuis sa tente, malgré le fait que ses sens soient émoussés, elle comprenait bien que la horde était au bord de l’implosion et que les plus forts d’entres eux se querellait à son sujet, mettant en cause son statut de maitre de la Horde.
Shayla regarda l’enfant et fut partagé par tes sentiments contraires. Elle haïssait ce petit être qui lui avait déchiré le ventre, cette chose incapable de marcher dont les larmes étaient insupportables… mais malgré sa rancoeur, elle éprouvait un sentiment étrange qui lui rappelait son humanité. Elle prenait parfois le bébé dans ses bras, le dorlotant, lui souriant même parfois pendant qu’il tétait son sein… mais rapidement elle s’en débarrassait, comme si elle était effrayé par les sentiments forts qu’elle éprouvait.
Un soir où le climat était particulièrement tendu, les pleurs du bébé interrompit le silence qui régnait chez les Traque-Sang d’humeur renfrogné. Un orque lâcha un grognement mécontent. Shayla se leva d’un bond et rentra dans la tente pour en sortir son enfant qu’elle tenait par le poignet. Le shaman s’empressa de le lui soustraire pour calmer ses pleurs.
Les demi-orques regardèrent Shayla d’un air maussade. Elle savait pertinemment que certains songeaient de plus en plus à disputer sa place, ayant décelé des changements en elle, dans ses comportements, comme si la déesse impétueuse se transformait chaque jour un peu plus en un agneau.
Elle le savait et n’aimait pas ce qu’elle était en train de devenir. La colère grandit dans son ventre, souleva sa poitrine et les mots claquèrent en sortant de sa bouche :
« Qu’il nourrisse les vautours ! Il ne nous sert à rien et ne fait que nous ralentir. »
Le shaman tenta de protester mais Shayla Skith fut sur un lui en un éclair, les deux cimeterres brandit, prête à séparer sa tête de son corps.
« Tu discutes mes ordres ? »
Le shaman courba rapidement l’échine en reculant d’un pas. Shayla hurlait de toutes ses forces et se replaçant au centre du campement :
« Quelqu’un veut discuter mes ordres ? Qui veut me défier ? Qui veut mourir ? Qui veut rejoindre Arakan ? Qui veut que je lui arrache le cœur et son entrejambe avec ? »
Les traque-sangs demeurèrent bouche-bée, tétanisés et effarés par l’aura de meurtre qui émanait de leur déesse. Celle retourna dans sa tente après avoir donner un coup de pied rageur dans la marmite au milieu des braises en signifiant l’ordre de partir d’un mouvement circulaire de l’index.
Les traque-sangs ne dineraient pas avant plusieurs heures, ils le savaient. Mais plus important encore : il savait qui était leur chef.
Le demi-orque qui se tenait près de Phorgas lui glissa :
« J’ai bien cru qu’elle allait me couper la tête. Quel besoin d’être en colère contre nous tous ? Je n’ai jamais connu sa couche, moi… »
Phorgas murmura comme pour lui même :
« Pas sur que sa colère soit dirigé contre nous… »
Dans sa tente, Shayla détruisait tout ce qui lui passait sous la main. De dehors, on entendait ses cris de colère sans comprendre que ceux-ci étaient entrecoupés par des hoquets de sanglots…
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Le bébé fut posé sur un rocher et quelques uns commencèrent à prendre la route.
Phorgas s’inclina devant Shayla et lui dit : «
Je ne viens pas. »
Elle le toisa avec perplexité comme si elle le voyait pour la première fois :
« Pourquoi donc ? Pour t’occuper d’un poids mort ? Tu penses peut-être qu’il est ton enfant ?
- Je n’en sais rien. Je sais seulement que je ne viens pas. »
- Si tu fais cela pour lui, tu perds ton temps car il mourra quand même. Tu ne peux pas lui donner de lait… Et si tu vas voir les humains, ils te tueront. »
Intérieurement, Phorgas se rangea aux conclusions de Skith mais sa décision était prise. Il ajouta donc :
« Valaar Morgulis. (Traduction : Tout homme doit tôt ou tard mourir)
- Très bien.
- Un instant, intervint Rhae Mar, il appartiens à la horde, il doit gagner ta liberté.
- Ca suffit.
- Skith, tu n’a pas oublié que c’est parce que tu as gagné un combat que tu as eu le droit de partir, quand bien même tu as choisi de rester, ô mon guide. Laisses moi tuer Phorgas ici et maintenant et ton enfant mourra libre et rapidement au lieu d’être tué par ces chiens d’humains.
- Dépechez-vous alors... »
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La face de Rhae Mar heurta le sol : le dernier coup que lui avait porté Phorgas l’avait fait chuter et les nombreuses blessures empêchait le combattant vaincu de se relever.
« Tue-le et va t’en, maintenant. Tu es libre.
- Je l’ai vaincu, cela me suffit. »
Les alliés de Rhae Mar le ramassèrent, tandis que d’autres crachaient par terre, manifestant leur dédain contre l’un des leurs qui avaient décidé de leur tourner le dos. Son cheval lui fut enlevé, son armure, ses bottes, sa gourde, on ne lui laissait rien d’autre que son cimeterre.
Shayla fut la dernière à le regarder s’enfoncer dans la nuit, considérant avoir longtemps cru à tort qu’il n’y avait plus de véritable homme dans la horde depuis la mort de Maegor.
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Phorgas, blessé et sans ressources, erra pendant trois jours, combattant d’une seule main une meute de hyènes affamées et tenant l’enfant dans son autre bras. D’autres dangers l’avaient menacé, mais jamais il n’abandonna l’enfant alors que sans lui, il aura déjà pu gravir une colline et se mettre à l’abri.
A bout de force, il n’arrivait même plus à frotter des bouts de bois pour allumer un feu. La nuit la plus noire s’abattit sur lui. Puis, au milieu des ténèbres, un cheval incandescent apparu, s’approchant calmement. Protégeant ses yeux de cette clarté trop vive, il vit que l’animal était blanc comme la lune et que l’éblouïssante lumière flottait dans les airs, à la fois si proche et si lointaine. Une voix de barython retentit :
« Phorgas. Tu as l’âme pure et ton cœur est noble. Tu sauveras cet enfant et tu protègeras les êtres doués de raison. Par ma volonté, moi, Abadar le Gardien, je fais de toi un protecteur. Vas et accompli ma volonté et ton devoir. »
La lumière plongea vers la bouche de Phorgas, réparant son corps de l’intérieur avant de ressortir à travers ses yeux.
Sans même y réfléchir, Phorgas posa sa main sur le bébé. Celle-ci se mit à luire et le teint grisâtre de l’enfant repris quelques couleurs. Le bébé retrouva une réelle vitalité et lui mordilla le doigt avec ses canines déjà développées.
Phorgas monta sur le cheval blanc qui se montra très docile. Aucun Traque-Sang n’avait jamais chevauché pareille monture. Le cheval galopa jusqu’au lever du jour atteignant un paisible village.
Phorgas avança à pied, l’enfant dans ses mains, au milieu de la place du marché relativement déserte. Malgré sa nature de demi-orque, il émanait de lui une aura rassurante. Une jeune femme gironde s’approcha en lui disant :
« Oh mais il a pas l’air vieux, ce petit bout. Et il m’a l’air affamé… Comment s’appelle-t’il ? »
Phorgas regarda l’attroupement de curieux qui commençait à se regrouper autour de lui, du cheval et du bébé puis répondit :
« Valaar. »