Pour le contexte, les héros de l'histoire affrontaient un immonde ver psychique.Alors la vision périphérique du monstre l'informa de l'incroyable : derrière lui, le massif barbare dont l'esprit avait si facilement cédé sous la pression mentale se relevait, épée au poing, prêt à se battre. Il avançait. Les tentacules lâchèrent leur proie et se tendirent vers le cerveau de Kalon, l'onde de pensée pure traversa l'air ampuanti de la grotte à la vitesse de l'éclair, mais le puissant Héborien ne frémit même pas. La bête concentra toute sa puissance, tout son art millénaire, toute l'énergie que lui donnait la terreur en une nouvelle rafale, si dense qu'elle en fut presque visible à l'oeil nu, sans plus de résultat. Alors la créature des enfers, paniquée, recula jusqu'à buter contre la paroi rocheuse et, puisant dans ses ultimes ressources, sonda l'esprit de son ennemi, cherchant quel sortilège, quel secrète puissance pouvait encore l'animer. Et dans le cerveau de Kalon, il ne vit rien. La terreur avait fait place à l'incompréhension dans son oeil d'azur quand le ver demanda :
- Es-tu donc vide ?
- Indubitablement, répondit Kalon, souriant d'un air malicieux et mauvais à la fois.
Puis animé d'une froide détermination il abattit l'Eventreuse sur le monstre stupéfait, et encore, et encore, et il n'arrêta sa sinistre besogne de bûcheron que lorsque la Bête de Bantosoz ne fut plus que pulpe violacée, cuir puant et fluides indistincts.
Quant aux autres écrits de ce merveilleux auteurs, dont la saga de Kalon le barbare au grand complet (antérieur, et meilleur que Naheulbeuk à mon sens) : http://mapage.noos.fr/aspexpl/kalonbrw.htm