Amante delle Ombre - histoire de G. Dafermi

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Thanatologos
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Amante delle Ombre - histoire de G. Dafermi

Message : # 8701Message Thanatologos
01 août 2012, 15:57

PARTIE I - Le corsaire de la Rouelle

Chapitre 1 : Point de tenèbres sans lumière

Giovanni Dafermi est né le 9 Agosto de l'an 970 en la cité de Regano au sein d'une famille noble et pieuse. Son père, Antonio, dispose d'une compagnie commerciale et de nombreux navires marchands qui arpentent les côtes de Neolim afin de faire fructifier leur commerce. Sa mère, Ginevra, quant à elle, gère la propriété familiale, une villa, à l'intérieur de la grande ville du protectorat. une mère bien sévère, dévouée à Thémésia qui lui fit toute une éducation jusqu'à l'âge de ses onze ans. Le jeune garçon, plutôt brillant, n'avait guère de difficultés à assimiler les principes que sa mère lui inculpait, mais cela ne l'intéressait pas. Son père étant absent le plus clair de son temps car gérant diverses affaires aux quatre coins de l'île il eut été fort malheureux, si il n'avait pas eu une soeur de cinq ans son ainée, Anna, qui l'encourageait et avec qui il partageait certains secrets de leur vie extérieure dans la ville loin du regard réprobateur maternel.
Giovanni appréciait plus que tout sa soeur et rêvait des voyages et des récits que son père leur contait lorsqu'il rentrait à Regano. Plus que tout, il rêvait un jour de voir ce vaste monde, au delà du port de la ville, que décrivait Antonio en rapportant diverses denrées et souvenirs avec lui.

Le jeune garçon, pris en charge par sa mère et quelques prêtresses pour parfaire son éducation aurait pu avoir une vie heureuse et totalement banale, si un évènement n'avait pas bouleversé la vie familiale.
En rentrant chez lui un soir où il avait du aller prier en l'église de Thémésia, il entendit de vifs éclats de voix provenant du salon : il s'approcha lentement de la porte et tendit l'oreille ; Anna sanglotait et Ginevra réprimandait de vive voix ; il était question d'un garçon. D'un homme qu'elle aurait rencontré, d'un homme qui aurait fait un pacte avec le mal ; un pacte avec la terrible Muette. Horrifié par les légendes auxquelles les prêtresses avaient fait référence sur ces "tenebrosi", Giovanni voulut en savoir plus, et continua à écouter à la porte du salon ; Ginevra serait tombée amoureuse d'un tel être? Pourquoi Ginevra? Elle qui était si bonne avec lui? Elle ne pouvait pas avoir fait un pacte avec le diable... Peu désireux d'en entendre plus et risquer de se faire surprendre par un domestique, il rejoint sa chambre
Son père revenait dans deux jours. Tout serait éclairci d'ici là.
Mais Ginevra ne prit pas le temps d'attendre le retour d'Antonio. Le lendemain, quand Giovanni se leva et chercha sa soeur dans toute la maisonnée, il ne la trouva point. Déboulant dans le salon, il se trouva nez à nez avec sa mère :
"Quel agitation vous amène en ces lieux avec autant de hâte, mon fils?
-Je cherche Anna, mère. Nous devions converser ce matin même et je ne l'ai guère trouvée nulle part."

Ginevra resta silencieuse et dévisagea son fils qui semblait en proie à la plus grande agitation. Puis, elle se leva et dit d'une voix ferme :
"Votre soeur n'est pas ici.
- Où, alors?
- D'où vient cette insolence, jeune sot?"

La mère foudroyait le fils d'un regard hautain.

"Où? répéta le jeune garçon, envenimant son propos et ne détournant pas la regard d'un deux millimètre."

Ginevra frémit de rage :

"Vous êtes pire qu'un poison, Giovanni. Votre soeur est parti pour rejoindre les ordres de Thémésia ce matin même."

Le garçon se glaça et après un silence :

" Elle ne reviendra pas?
- Non."

Le garçon de 11 ans eut soudain le sentiment qu'un vide prenait la place de son coeur. Il eut peine à ne pas défaillir. Sans même répondre à cette négation, il détourna ses yeux vides et sortit lentement de la pièce sans même entendre sa mère qui l'apostrophait. Il monta à sa chambre et s'assit, amorphe, sur son lit. Jamais, plus jamais, il ne devrait revoir sa soeur. Qui blamer? Ce tenebroso dont elle était tombée amoureuse. Non... il ne pouvait le faire. Si elle avait trouvé ce mystérieux personnage à son gout, c'est qu'il le méritait. Son regard croisa l'épée de flammes taillée dans le bois accrochée sur le mur de sa chambre. La torpeur laissa sa place à la fureur et il s'approcha de l'ouvrage que sa mère lui avait offert pour "bénir son sommeil". Il saisit l'objet et de toute la force de ses bras et l'écrasa contre le mur. Il se cassa en trois morceaux. Enragé, Giovanni voulut aller piétiner ce qui personnifiait pour lui la disparition de sa soeur, quand un rire retentit. Un petit rire, un rire sombre, derrière lui. A la lueur des bougies, il se retourna et observa le mur de sa chambre. Non rien. Si son ombre. Son ombre qui se grattait la tête. Les yeux de Giovanni s’agrandirent et tombèrent sur ses propres mains ; puis sur l'ombre ; la tête se pencha et les mains s'étendirent paumes vers le haut, donnant un air interrogatif à la chose. Giovanni étouffa un cri.

Chapitre 2 : Le marchand de Clemence

Antonio revint le lendemain comme prévu. Dans quelle état il retrouva les siens. Sa femme s'était enfermée dans un mutisme glacial, sa fille était manquante et son fils était cerné et semblait très faible. Il resta une semaine en son logis essayant de délier les langues de comprendre ce qui se passait, mais rien n'y fit. De nulle part, il n'apprit rien. Bredouille, il fit jurer à sa femme que sa fille était en sécurité, ce quel fit sans guère ajouter quoi que ce soit.

Perplexe et très inquiet pour ce fils qu'il n'avait vu que de très rare fois pendant la durée de son séjour, le devoir le rappela bientôt et il dut prendre congé de sa famille pour retourner à Clémence. Il s'en retourna à son majestueux galion, "la lame des océans".

Le voyage se déroula sans problème particulier, jusqu'au moment où une violente tempête éclata et dans la panique, un marin, trouva un gamin recroquevillé dans la cale : Giovanni avait embarqué à leur insu. Antonio ne tarda pas à avoir vent de la nouvelle, et, catastrophé rejoint son fils dans la cale.
*
"Petit imbécile! Que fais tu ici ! Ne t'avais je pas dit qu'il fallait te tenir éloigné du port? Ta mère doit bien se demander où tu es. Ah! Tu as bonne mine maintenant... Comment vais je gérer ça maintenant? Au beau milieu d'une tempête."

Le garçon leva les yeux, et le père recula d'un pas. Pas la moindre once de peur, pas la moindre trace de nervosité au fin fond de ces yeux. Ou peut-être si : un peu d'excitation peut-être. Le garçon prit la parole en se levant et dit d'une voix ferme :
"Père... Je n'ai pas peur."
Dans le fond, les jeunes mousses étaient en train d'agoniser sur leur paillasse et voilà que son fils se dressait devant lui et gardait l'équilibre, alors que le bateau ballotait... En lui même, Antonio ne put s'empêcher d'éprouver un peu de fierté. Mais il tint à durcir son regard et cria dans la tourment :

"Nous verrons cela plus tard. Pour l'heure je ferme les écoutilles et les trappes. J'espère qu'à ton âge, malgré l'enseignement de ta mère, tu n'as plus peur du noir."

Et ainsi, deux minutes, plus tard, le garçon se retrouvait seul debout dans la cale.

"Aucune importante, murmura-t-il."

*

Malgré cette tempête impromptue, la "lame des océans" arriva à bon port. Antonio, alors prit congé de ses hommes pour avoir une conversation avec son fils. Et finalement il apprit. En se gardant toutefois de mentionner son Ombre qui parle. Le père regarda le fils dévasté par la disparition de sa soeur, et, après une nuit de réflexion, lui proposa le marché suivant. Puisqu'il semblait à présent vouloir suivre les traces de son père, il fallait qu'il apprenne, qu'il grandisse afin d'être digne de reprendre le flambeau. En revanche, il devait faire le serment, qu'il ne chercherait pas à recontacter sa mère par aucun moyen que ce soit. Désormais, pour elle, il serait mort.

Et ainsi, Giovanni DaFermi commença son apprentissage. Il apprit tout les bases des transactions et fut confié à un maître d'arme pour lui apprendre comment se servir d'une rapière. Il s'avéra que le jeune garçon, doué de bons réflexes, et habile apprit très rapidement les bases de cet art. Il avait une affinité naturelle pour interragir avec son environnement, voyant à l'avance par le simple mouvement des doigts de son adversaire la fente qu'il s'apprêtait à exécuter. Ce qui facilita considérablement son entrainement.

Puis, un jour, lors d'une représentation de commedia, il constata que chose étrange, l'ombre de l'un des personnages ne semblait pas être en phase avec les mouvements de son porteur... Curieux. Mu par une envie irrésistible d'en savoir plus sur cette ombre avec qui il conversait le soir avant d'aller dormir, il se rendit discrètement derrière la scène après la représentation pour rencontrer le mystérieux personnage...

Chapitre 3 : Dramaturge de l'Ombre

*
"Orlando, comédien.
- Giovanni Dafermi, pour vous servir.
- Ainsi, t'es un semblable?
- Comment l'avez vous deviné?
- L'intuition ,mon garçon, l'intuition.
- Vous mentez...
- Quelle différence?
- Aucune, en réalité.
- Tu v'nais donc pour m'en parler?
- Fichtre vous allez vite en besogne.
- L'intuition, mon garçon, l'intuition.
- Ah...
- Oui tout est intuition. Ho, pourquoi t'en vas tu?
- Cette conversation devient ridicule...
....
- Mon garçon ! Reviens ici. Dis moi, ton ombre.
- Oui?
- Lui as tu causé?
- Oui.
- As tu remarqué qu'il se passait des trucs bizarres autour de toi?
- Hummm...
- Hum?
- Si... j'ai appris des choses que je n'avais aucune raison d'apprendre, je vois dans la nuit, j'entends mieux...
- Hin hin, hin hin. D'accord. Et ton ombre ne t'a rien dit?
- Non... Elle est plus fascinée par le fait d'en apprendre plus sur nous, les êtres de chair, comme elle le dit si bien.
- Bien. Tu veux que j't'apprenne?
- ... Quoi?
- ce qu'est un Tenebroso? Pourquoi grimaces-tu?
- Rien, pour rien.
- Règle n°1 : ne jamais montrer clairement ses véritables sentiments. Bien, ça marche. Retrouve moi demain soir à la taverne de la Volpe triumphant. Je serai ravi de causer avec toi. Et j'pense pouvoir t'montrer même deux trois trucs."
*
Ainsi, alors que le jour, le garçon de 15 ans suivait les enseignements conventionnels de ce qui ferait de lui, un bon marin, un bon marchand et un bon escrimeur, la nuit, il apprit, aux côtés du polichinelle de la troupe, le jeu des ombres, du théâtre et de la séduction.

Chapitre 4 : Sombres desseins

Lors de sa dix-huitième année, les efforts de Giovanni payèrent enfin, lorsqu'avec orgueil, son père lui annonça qu'il l'accompagnerait dorénavant dans ses voyages à bord de la "lame". Ce fut avec tristesse, qu'Orlando et lui même se quittèrent le soir même. Fier de l'évolution de son élève, il lui confia le masque noir de polichinelle pour lui rappeler à jamais sa rencontre avec lui. Orlando lui fit remarquer, qu'avec son départ, sa troupe n'avait plus aucune raison de rester à Clémence. Aussi, ils reprendraient la route vers des contrées inconnues pour la première fois après ces courtes années.

Ainsi, Giovanni prit place aux côtés de son père sur la "lame". Le temps passé avec Orlando le rendait quelques peu indiscipliné, ce qui lui valut de rares réprimandes de l'équipage. Pourquoi rares? Parce qu'outre apprendre plus de son ombre quelques dons inquiétants mais intéressants comme la lecture des rêves, il avait retenu quelques tours de passe passe de son ami, comme jouer avec les Ombres de ses doigt pour former de petites créatures qui rendaient toute démarche discrète parfaite en absorbant les sons de l'environnement.

Mais il appréciait plus que tout, se tenir en haut du grand mât pour observer l'horizon. Il acquit rapidement la réputation d'avoir une vision d'aigle tant son oeil captait les détails des horizons. Mais cette vie douce manquait de piment. L'école d'escrime lui manquait, les escapades nocturnes avec Orlando lui manquaient, le jeu epicé de la séduction lui manquait. Mais il resta fidèle à ses engagements, devenant un réel requin quand il s'agissait d'ouvrir les négociations.

Cependant, un jour un évènement improbable se produit. Ils étaient à quai, dans une petite ville du protectorat clémentin, Mevano. Et là...

*
"Giovanni, Giovanni Dafermi?"

Le jeune homme se retourna. La voix était vieille et appartenait surement à une vieille femme ; exactement... Même pire : celle ci portait la robe des nones de Thémésia. Elle était ébahie, les yeux grands ouverts :

"Mais oui, c'est bien vous ! Votre mère... votre mère nous avait affirmé que vous étiez mort."

Un frisson d'effroi parcourut le cou de Giovanni, mais il se força à sourire et ouvrit les bras :

"Et pourtant c'est bien moi. Vous êtes?
- Soeur Maria Urano, vous ne vous souvenez pas."

Ohhh, c'était pire. La prêtresse du confessionnel. Et elle ne cessait de répéter :
"Oh, c'est un miracle, c'est un miracle, c'est un miracle. Quand votre mère apprendra la nouvelle."

Dans l'esprit de Giovanni la terreur avait fait place à la plus grande panique, il cherchait une solution... Soudain, il entrevit une voix, mais en frémit tout autant. Il entrevit, une bagarre à la taverne de la Volpe, une bagarre qui avait tourné court, puisqu'il avait eu recourt à une technique de son ombre, qui toucher consistait à toucher l'inconscient de la cible pour créer une angoisse croissante... Non... il ne pouvait pas faire ça... Hors de question. Attendons un peu.

"Avez vous des nouvelles de ma soeur, demanda-t-il d'un ton neutre en lui prenant le bras."

La soeur grimaça et ralentit le pas :

"Que se passe-t-il? demanda Giovanni d'un ton calme.

- Je suis désolé, Giovanni... Quand votre mère est venue lui annoncer votre mort... le lendemain.

Giovanni s'arrêta et se tourna horrifié vers la soeur et avant que le mot "pendue" n'écorche ses lèvres sèches, Giovanni avait détourné le regard pour essayer d'empêcher les larmes de sortir. La voix de l'ombre retentit dans son esprit :

"C'est donc là ce dont tu me parlais un jour? La vraie Tristesse, celle des humains? Il faudra que tu m'expliques cela plus en détail un jour."

Une rage froide s'était emparée de l'esprit de Giovanni. Une rage, chargée de culpabilité et de haine... Il se tourna vers la nonne pâle et détourna leur chemin dans une rue ombragée...

"Quelle horreur, murmura-t-il...

- Mais.. Giovanni, dites moi tout... comment se fait il que vous ayez survécu. Vous remontrer aurait pu éviter à votre soeur ce funeste destin."

L'ombre commença à danser... dans l'ombre et s'approcha de celle de la none. Giovanni commença à raconter son histoire en omettant son côté tenebroso. Soudain, la main de la vieille femme commença à trembler ; Giovanni murmura :
"Que vous arrive-t-il?

- Rien, rien, notre marche et votre conte, doivent me fatiguer. Je ne suis plus toute jeune vous savez."

Ils allèrent trouver un banc à proximité du lieu où ils se trouvaient. L'état de la nonne ne s'arrangeait guère. Giovanni continuait à lui conter son périple sans s'arrêter, puis à un moment elle fit :
"Stop, stop, je ne me sens pas bien du tout. Allez chercher quelqu'un..."
Un sourire diabolique de Giovanni lui répondit. Et alors elle comprit :

"Tenebroso."

Sa parole s'éteignit en même temps que son coeur et elle s'effondra sur elle même. Personne à proximité. Giovanni se leva et murmura avant de s'éloigner, pâle comme la mort mais la voix claire :

"Reposez en paix, soeur Maria. "

Il était temps de prendre le large.

Chapitre 5 : la chute de la lame

La mort de Maria Urano passa plutôt inaperçue étant donné son âge avancé et Giovanni, très tourmenté, reprit le large avec son père. Il tenta de se remettre tant bien que mal de la mort de sa soeur. mais rien n'y fit. Il s'embourba dans une sorte de dépression et il ne quitta plus sa cabine, tentant de reprendre ses esprits, mais ne le pouvant guère. Son père se faisait beaucoup de soucis pour lui et en vint à lui demander ce qui le tracassait tant. Mais pour une fois, le jeune tenbroso restait silencieux : le spectre de sa soeur, le spectre de soeur Maria... toutes les deux, il les avait tué et cela le rendait inconsolable...
"Tu sais, tu peux prier Sélène, si tu veux quelque chose pour te réconforter, murmura l'ombre, au fait je te le redemande, m'as tu trouvé un nom?"
La voix enrouée lui répondit :
"Non... Je te l'ai dit : le jour où je saurai lequel t'attribuer, tu le sauras..."
"Bien."
Et Giovanni se mit soudain à prier. Prier la muette pour que ces images lui sortent de la tête, prier la muette pour que Sélène l'empêche de croiser à nouveau Ginevra pour ne pas avoir à la tuer. Ce qu'il se jura de faire si jamais leur chemin venait à se recroiser...
Cela n'apporta guère de paix dans son coeur, mais au moins, il put dormir...

Et un matin, il fut réveillé en sursaut par la canonnade. Jamais il n'avait entendu tel tapage : que se passait-il?

*
Il monta sur le pont, titubant à chaque pas, secoué par divers chocs :

" Que se passe-t-il ?! Hurla-t-il à son père qui se tenait debout dans un nuage de fumée."

Son père s'exclama en désignant un navire de sa longue vue

" Des pirates ! Nous sommes attaqués."
*
989 : Le chenal des rouelles connait une recrudescence de la piraterie. Clémence et d'autres cités littorales perdent nombre de navires.
*
Un flash un coup de canon. Giovanni plonge sur le pont. Tout s'était passé très vite. Il vit son père et plusieurs hommes l'entourant s'envoler tels des pantins désarticulés dans la nuit. Horrifié, il vit les masses tomber brutalement à la mer. La bataille s'était engagée sur le pont. L'ombre siffla d'admiration :

"Je n'avais jamais vu autant d'humains se taper à ce point sur la figure..."
Si la situation n'avait pas été si terrible, Giovanni eut pouffé, mais là, la panique surplombait tout autre sentiment. Il faillit hurler à la vengeance, mais fut interrompu par son ombre :
"Hola, hola matelot ! Du calme, je ne veux pas rester collé à un cadavre au fond du chenal des rouelles."
"Mais que faire alors, hurla Giovanni seul face à son ombre qui avait croisé les bras."
" Je conçois que tu veuilles tous les tuer, mais souviens toi ! Ton père est mort, c'est terminé ! Du coup tu possèdes le navire..."
Giovanni resta silencieux se frottant son visage crasseux pour essuyer les larmes de rage.
"... en revanche, rien ne t'oblige à en faire quoique ce soit de particulier..."
"Viens en au fait."
"Je veux dire que pendant que tu te lamentais, j'ai pérégriné et je suis tombé sur de beaux tonneaux de poudre noire dans les cales en partance pour la Lombrie."

Giovanni regarda incrédule l'ombre et un sourire vint illuminer son visage :

"Et bien allons-y !"

Il saisit sa rapière et descendit les marches du pont pour s'engager le pont, non sans avoir ramassé un pistolet chargé qui trainait par là. Il tomba sur le quartier maître du navire qui hurla :
"Les pertes sont énormes, nous sommes submergés ! Allez vous cacher ! Le capitaine veut vous voir survivre !"

Giovanni le souleva par le col et hurla :

"Le capitaine est mort Verido ! C'est terminé ! Tout ce que nous pouvons faire maintenant, c'est limiter le nombre de morts de notre côté ! Trouvez des survivants, armez le avec ce que vous trouvez et..."

Un éclair de furie sanguinaire passa dans le sourire de Giovanni :

"Faites les passer sur l'autre pont.
- C'est de la folie ! Qu'esp...
- Oubliez votre argumentation, en tant que fils d'Antonio Dafermi, je prends le commandement du navire... Ah, aussi, une fois de l'autre côté vous aurez, disons quelques minutes, pour couper, toutes les cordes...
- Mais...
- Ça doit être terminé quand je reviens, dépêchez vous avant que ces fichus pirates n'aient détruit ce qu'il reste de notre équipage. L'abandonnant sans lui laisser le temps de répondre, Giovanni se précipita vers l'ouverture de la cale en éventrant deux ou trois hommes au passage. Sa raison avait fait place à son instinct et, tel un tigre, il s'élançait à présent dans la cale. Il devait faire confiance à Verido. De toute façon, sinon c'était la mort.
"Oui, murmura l'ombre, d'autant que vous n'avez pas de femmes sur ce navire pour les adoucir un peu."

Ce n'est pas un bateau de plaisance. D'après ses calculs, si Verido passait avec quelques hommes, il auraient probablement le temps de découper toutes les cordes grâce à l'effet de surprise. Le quartier maître lui avait appris à faire une mèche... Comment déjà?

Il ressortit à toute allure quelques minutes plus tard, et vit le bâteau pirate partir à la dérive : Verido avait réussi. En se frayant un chemin à coup de points et d'épée, implacable, il passa par dessus bord et atteint de justesse le navire pirate.
"Hey, tu n'es pas tenebroso pour rien, mon ami..."
"Ferme là veux tu, hurla Giovanni en proie à la plus grande panique."

Il fit passer par dessus bord un pirate, qui aurait voulu le faire lâcher prise. Puis se hissa sur le navire et tomba nez à nez avec Verido qui avait planté une hachette dans le crâne d'un pirate. Il lui sourit. L'autre réplique de même. Moins de monde ici. Beaucoup de pirates s'étaient lancés sur la "lame" fallait il croire. Celle-déviait derrière Giovanni. Si ça marchait... Ils étaient dix face à une trentaine d'hommes. Quand une voix retentit :
"Cessez !"

Un homme vêtu de vieilles guenilles de capitaine, barbu et portant le tricorne sortit de la masse, son sabre rougeoyant du sang de ses victimes : en les voyant, tous les dix, il partit d'un rire sonore :

"Que signifie ceci?"

Giovanni s'avança. Le capitaine de la flotte ennemie l'apostropha:

"Qui es tu jeune blanc bec? Téméraire ! Croyez vous que mes hommes vous épargneront pour votre action héroïque? Quand bien même nous sommes vaincus, cinquante autres vous attendent sur votre propre bateau pour vous faire la peau."

Giovanni eut un sourire mauvais :

"Attaquer un bateau avec un chargement destiné à la Lombrie, n'est guère prudent."

A peine eut il finit ses mots que dans son dos, une langue de feu déchira l'air. La détonation qui retentit fut tout aussi terrible et transperça les tympans de tous les pirates présents. Mais pas du reste de l'équipage. Dans l'ombre de Giovanni, un petit être poulpesque était aussi vite apparu que reparti. La "lame" n'était plus qu'un souvenir de cendres calcinées sur la mer. Le capitaine s'avança, une main sur ses tempes et tenta un sourire édenté après s'être remis du choc. Il tendait son sabre devant lui :

"Très bien, gamin ! Tu es rusé... Je te propose un marché. Un duel à mort... Le survivant s'engage à laisser les membres de l'équipage adverse en vie."

Un regard de mépris passa dans les yeux de Giovanni et il murmura en secouant la tête avec un sourire :
"Aucune chance."

Il prit d'un geste ferme le pistolet à sa ceinture et déchargea son contenu sans sommation dans la tête du capitaine : avant même qu'il ne s'effondre il lança un regard sanguinaire au membres de l'équipage pirate assourdi et parla lentement :

"Point de pitié. A mort !"

*
La bataille tourna court. Seuls Giovanni et quatre de ses hommes survivèrent à l'attaque non sans quelques égartinures dont une estafilade à la joue pour le tenebroso. Après avoir fermé les yeux de Verido et d'avoir légué son corps au chenal, Giovanni, sans une larme, murmura :

"Cap sur Clémence. Nous rentrons au port..."

Il se retourna et sursauta :

"Et descendez moi ce pavillon si vous voulez éviter d'être accueillis par la canonnade ! "
La fureur du combat sortit soudain de son coeur, et accablé, il alla s'asseoir sur les marches de la cale poisseuse pour rendre un dernier hommage à son père. Puis, il se releva, bien conscient que cette fois ci, il était seul, et qu'il allait devoir prendre certaines décisions.

Pour le jeune Tenebroso, une page venait de se tourner.

Chapitre 6 : L'ascention du corsaire

La perte de la lame fit grand bruit à Clémence. On proposa à Giovanni de récupérer le marché de son père et d'hériter de certains de ses biens. Ce dernier refusa, et redirigea tout ceci vers sa mère à Régano. La seule chose qu'il exigea fut le bateau des pirates qu'il avait ramené au port ainsi que les quatre hommes d'équipage à qui il a fait jurer de faire le silence sur sa nature de tenebroso.

Il fut reçu par un représentant du gonfalonier aux affaires maritimes pour discuter de son avenir. Giovanni proposa alors ses services pour aider la cité à désinfecter la côte des pirates qui y rodaient. Après l'exploit de la lame, l'autre ne put qu'accepter et finança la réparation de la frégate, alors que Giovanni recrutait un équipage digne de ce nom. Se doutant que le travail à accomplir ne serait surement pas propre, il se tourna vers la lie, les marins, les résidus de condotta, les nobles ruinés n'ayant plus rien à perdre en évitant toutefois les organisations pour ne pas commencer à rentrer dans un jeu trop dangereux pour sa vie. Tout une population qui ne craignait pas pour sa vie. Il baptisa son navire "l'éclipse", l'arma, forma ses hommes. Cela prit une bonne année, suite à quoi, il reprit la mer à bord de sa frégate remise à neuf avec un équipage motivé.

Durant les années suivantes, l'eclipse acquit une réputation inquiétante au sein de la piraterie. Certains parlent de barque fantôme, de vols mystérieux dans la journée précédent des attaques rapides et violentes sur les navires...
Le tenebroso prenait un malin plaisir à établir différentes stratégies pour couler navire sur navire. Si l'éclipse acceptait des prisonniers, ne restaient des bateaux sur son chemin que des copeaux de bois et des morceaux de voile déchirée.
*
L'éclipse se porta à hauteur du navire pirate 'l'éperon' sans ouvrir le feu. L'autre n'osait faire de même. Giovanni avait opté ce jour là pour une stratégie risquée, mais osée. Connaissant la superstition des pirates, le plan avait de grandes chances de fonctionner. Et rien que le fait de ne pas avoir ouvert le feu prouvait qu'ils avaient déjà peur. Ils se portèrent au niveau l'un de l'autre : Tout l'équipage pirate hurlait et les grappins volèrent sur la balustrade. Giovanni décida que ce fut le bon moment pour entrer en scène. Il monta sur la balustrade avec un sourire victorieux ; Les rires se turent. Le capitaine du navire adverse fit un signe de halte. Giovanni s'inclina en retirant son tricorne :

"Mes hommages."

Giovanni prit la parole :

"Et bien? Pourquoi ne tirez vous pas?.."
Pas de réponse...
"Oh, votre poudre est mouillée?.. Bien, pourquoi ne nous envoyez-vous pas par le fond"
De nouveau pas de réponse...
"Oh? Vos canons ne sont pas opérationnels? Singulier comme coup du sort... Ne trouvez vous pas, capitaine?"

Le capitaine de l'équipage adverse ne répondit pas en fixant l'horizon du regard. Giovanni reprit toujours avec son éternel sourire :
"Voilà ce qui arrive quand on oublie arcs, arbalètes et autres balistes. Bon je vais tacher d'être bref, vous avez cinq minutes pour vous rendre et passer de se côté ci. Passées ces cinq minutes nous anéantissons votre navire avec ou sans passager..."

Le capitaine rétorqua :
"Vous plaisantez, je crois... Vous croyez vraiment que je vais croire vos sornettes..."
"Vous êtes un homme courageux capitaine Fremengo, cela se voit à la teneur de vos rêves... répliqua Giovanni en touchant un gros diamant dans sa poche. Cependant vous avez grand-peur du kraken... Oui... peut-être même trop..."

Le capitaine lâcha sa lame et sembla défaillir. La sueur commença à perler sur son front. Il commença à gémir. Puis les gémissements se transformèrent en cri alors qu'il commençait à s'arracher les cheveux. Finalement, il son cri s'éteignit dans ses poumons et il s'effondra face contre terre.
Giovanni ne souriait plus et avait l'air plus menaçant, bien que sa voix gardait son calme :

"Quelqu'un d'autre a une objection?"

Pas un n'osa élever la voix et tous se rendirent. Giovanni eut un sourire de victoire : Pari gagnant... La pêche avait été bonne. Quand tous furent passés il leva le bras et l'abaissa.
Telle une seule voix la canonnade tonna.
*

Chapitre 7 : Rictus des masques

Six ans s'écoulèrent, six ans durant lesquelles Giovanni et son équipage connurent succès sur succès dans le chenal des rouelles. Rien ni personne n'arrêtait la frégate de l'éclipse et Giovanni passait là les plus belles et excitantes années de sa vie. Plusieurs fois, ils furent envoyés pour des négociations musclées et firent de remarquables affaires. Nous étions loin de la stabilité du commerce d'Antonio Dafermi, mais ce n'était pas ce que recherchait Giovanni.
La menace vint de l'endroit d'où Giovanni le moins : des ténèbres
*
`En vue de la côte au crépuscule, an 996`

Giovanni s'était accoudé au bastingage et observait la campagne clémentine au loin. Agé de maintenant 26 ans, le Tenebroso tentait de se remémorer de successivement tous les éléments de sa jeunesse. L'air était frais ce soir là et le tenebroso sentait le ballotement des vagues sur la coque de l'éclipse. Il se retourna pour ordonner de lever l'ancre une petite étincelle de nostalgie dans le regard. Il se retrouva la poitrine pressée contre un pistolet ; un homme, portant un maque d'arlequin face à lui.

"Hoho !, fit l'ombre, en voilà un qui n'a pas froid aux yeux !"

Giovanni fixa son agresseur en biais et fit :

"Oui?"

Il ne comprenait pas. Tout l'équipage ne semblait pas faire attention. Il leva les bras en murmurant :
"Hum, vous croyez que vous n'exagérez pas, là? Je suis sur mon bateau, au milieu de mes hommes... Sincèrement lâchez cette arme et rendez vous tout de suite. Ça nous évitera de vous blesser."

L'autre répliqua :

"Cavaliere Dafermi. J'ai l'honneur de vous dire que vous n'êtes plus capitaine de ce navire."
Avant qu'il n'eut terminé, Giovanni détourna le canon de la paume de sa main :

"A moi, mes hommes."

Ils se contentèrent de regarder, puis détournèrent le regard sans faire attention :
"Giovanni, murmura l'ombre..."

Que se passait-il? Giovanni ne comprenait plus rien, il fixait tour à tour l'équipage et son interlocuteur en jurant juron sur juron tout bas...
"Giovanni... Regarde, son Ombre."

Giovanni baissa les yeux, L'ombre de l'arlequin était en train d'appliquer quelque chose sur le visage de sa propre ombre. Un tenebroso... Il continua à jurer en amplifiant sa voix : l'autre éclata de rire :

"Bien avant de mourir vous avez remarqué. Il est bon de savoir que vous allez mourir de la main de quelqu'un digne de vous tuer...
-C'est vous qui le dites remarquez...
-Mais je l'affirme. Je prend possession de cette merveilleuse frégate et compte bien en faire ce que bon m'en semble.
-Et la prochaine fois que nous nous croiserons, je me chargerai de vous faire rendre gorge."

L'arlequin baissa soudain son canon et poussa un cri de douleur et de surprise en voyant plusieurs images lui traverser l'esprit. Il releva la tête rapidement et tira... dans le vide. Giovanni avait sauté...
*

Giovanni nagea jusqu'à la côte et rejoint Clémence en deux jours. Il se rendit au port : nulle trace de l'éclipse. Aucun rapport, aucun indice qui indiquât qu'il fut en mer. Très perplexe, il fila trouver le représentant du gonfalonier des affaires maritimes. Il fut accueilli bien sèchement.

*
"Vous ne comprenez pas me semble-t-il... Clémence n'a pas les moyens actuellement pour vous armer un navire pour partir à la recherche de votre frégate que vous avez perdu fort bêtement. Faut il que je vous le réexplique en Ladriel? Bien... Calmez vous. Dans la situation actuelle, je ne peux pas et ne veux pas vous aider. Pourquoi? Je connais la puissance de frappe de l'éclipse et je n'ai pas l'intention de monter une expédition vouée à l'échec. Ni moi, ni le gonfalonier, ni le Doge. Hors de question. A présent sortez, vous me faites perdre mon temps. Sachez que si vous voulez avoir tout ça, il faudra le payer de votre poche cette fois ci, ou vous arranger par un quelconque moyen pour retrouver votre navire. A présent sortez et ne revenez plus. Vous me faites perdre mon temps."
*
Ingrate Clémence... Sort injuste. Tout ça pour en arriver là, sans rien si ce n'était quelques rouelles, son épée et le masque d'Orlando en poche. Pensif, le tenebroso alla se poser dans sa bonne vieille taverne préférée des bas quartiers, la volpe triumphant. Soudain une présence désagréable dans son dos. Il se retourna... non personne . Bah, oublions. A présent que faire. Bah, il avait toujours relevé la tête. Pourquoi se faire du soucis? Quoi qu'il en soit, il récupérerait son navire et mettrait à bas son agresseur, ce mystérieux arlequin dont l'identité lui était inconnue.

Il était temps de prendre un nouveau départ... pour rattraper le temps perdu... pour espérer, de nouveau un jour respirer l'air du large sur le grand mât de l'éclipse...
Il était toutefois si absorbé dans ses pensées qu'il ne remarqua pas la silhouette qui s'asseyait à la table et l'apostrophait :

" Hola Ragazzo , j'ai cru comprendre que tu avais eu quelques malheurs en mer. Alors comment fait on pour se faire voler un navire ? héhé "

Il n'aurait peut-être pas à attendre tant que ça, finalement... Le regard noir du corsaire se posa sur l'inconnu.

FIN DE LA PARTIE I
"Vo solcando un mar crudele
Senza vele
E senza sarte,
Freme l'onda, il Ciel s'imbruna:
Cresce il vento, e manca l'arte,
E il voler della fortuna
Son costretto à seguitar." Artaserse, aria di Arbace

Ellis
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Re: Amante delle Ombre - histoire de G. Dafermi

Message : # 12386Message Ellis
20 févr. 2013, 22:09

Mon dieu tu es fou !! J'adore =) merci !

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Thanatologos
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Re: Amante delle Ombre - histoire de G. Dafermi

Message : # 12915Message Thanatologos
27 févr. 2013, 12:07

PARTIE II - La Commedia de Clémence

Chapitre 1 : Un Pantalone si banal

Giovanni tapottait la table d'un doigt, impatient, et dévisageait l'individu au masque sans dire mot ; il était mélange de bouffonerie et d'indigence. Et son haleine avait quelque chose de sulfureux. C'était désagréable. Il passa la tête au dessus de la table et murmura :

"Ragazzo , je peux te dire qu'à Clémence tu peux être trés riche surtout quand on est..."

Il jeta deux regards rapides sur les côtés pour voir s'ils étaient épiés et chuchota :

"... Ténébroso."

Hein? Pardon? Les yeux de Giovanni s'agrandirent et se plongèrent dans ceux de l'inconnu. Cet homme, qu'il ne connaissait pas venait bien de l'appeler 'tenebroso'? Il leva le doigt pour répliquer, mais l'autre d'un geste impérieux, écarta son geste et enchaina.

"Cependant il va te falloir choisir un camp ici , les Agati ou les Di Medicis , les deux peuvent te rendre ton navire , te rendre riche et célèbre , te donner les plus belles femmes. Si tu ne choisis pas , je te conseil de ne pas faire de vieux os ici bas.
Arrivederci !"

Et il s'était déjà volatilisé, aussi vite qu'il était venu... Giovanni bouillait de le suivre pour lui demander des comptes, afin de comprendre à quel mascarade ce personnage participait... Un autre tenebroso? Non... Si? Il le pressentais, il s'en doutait mais n'en était pas sûr... Comment aurait il su autrement : qui était au courant de sa nature a priori : L'arlequin, son équipage à qui il avait fait jurer le secret... Sinon, l'information avait toujours été étouffée par ses soins. Il y avait une faille et il devait la trouver rapidement avant que ça ne dégénère en sa défaveur...

Sur la table de Giovanni, restait un mot : "Quand tu auras choisi , viens à cette adresse" et sur le verso du mot une adresse était écrite avec un style très élégant.

Il fallait croire qu'il avait eu tort de ne plus s'intéresser à la politique Clémentine depuis longtemps... Ainsi, deux familles luttaient pour les honneurs, le pouvoir et la suprématie. Hum, peste, il était temps de redécouvrir le milieu. "Si tu ne choisis pas, je te conseille de ne pas faire de vieux os là...". Etait-ce un avertissement ou une menace ; comment savoir? Et , bigre, pour qui se prenait cet homme? Lui donner les plus belles femmes? Mais non, c'était tellement plus intéressants de faire en sorte que ce soit elles qui se jettent dans ses bras. Célèbre? Il aimait être maître de sa propre réputation... L'argent? Il est vrai que les rouelles pourront probablement lui permettre de réarmer un navire et il ne crachait certes pas dessus... En pensant à cela, " Les deux peuvent te rendre ton navire"? La prise de l'éclipse pourrait-elle avoir un lien avec la lutte de pouvoir entre ces deux familles. Cela, par contre, pouvait devenir intéressant. Il pouvait devenir intéressant de s'enquérir rapidement du problèm.

Giovanni recherchait l'adrénaline. Il recherchait l'action. Il aimait mordre allègrement dans ce piment que la vie lui présentait sur un plateau. Mais il y avait une chose qu'il haïssait plus que tout : ne pas être maître de sa destinée. Aussi, dans un premier temps, il devait en savoir plus sur cet homme étrange. Il sortit un palet et se dirigea vers le comptoir où le tenancier Rocco lavait plusieurs chope. Un vieil ami, qui l'avait vu grandir, tout comme Giovanni l'avait vu vieillir. Un homme qui, comme tout bon clémentin, représentait si bien ce bon vieux pingre de Pantalone. Avec un sourire, en remettant son tricorne, le jeune tenebroso se pencha au dessus du comptoir :

"Ma consommation."

Puis il sortit une rouelle d'argent de sa bourse discrètement et murmura :

"Amico. Celle ci est à toi si tu réponds à deux-trois questions et que tu gardes une discrétion optimale à leur propos..."

Il était en train de nettoyer des chopes de deuxieme vie, gardant un oeil vigilant, à l'affut de la moindre rixe en devenir. Lorsqu'il le remarqua, il lui adressa un sourire édenté. Et lorsqu'il aperçu la rouelle en argent son sourire agrandit, avide et cupide. Un vrai Pantalone, vraiment :

" Sisi , Et qué veux tu savoir mon petit ? Je te dirais tout ce que je sais , si ma foi , je le sais ! Et tu me connais , chut-chut ! "

Et son oeil restait rivé sur la rouelle, tout en guettant, presque impatiemment ces questions qui le rendrait un peu plus riche ce soir. L'argent était définitivement son vice. Giovanni tenait la pièce entre deux doigts et jouait avec, indifférent, accoudé au comptoir. Il planta ses yeux dans ceux du tenancier, le sourire aux lèvres :

"Une question, pour toi, amico, qui n'ignore évidemment rien de la ville... J'ai entendu dire que deux familles puissantes faisaient parler d'elles en ville en ce moment. Pour être à ce point... disons, reconnues, ces familles doivent avoir reçues l'appui de différents clergés. "

Giovanni releva la tête et lança la pièce en l'air :

"Parmi les racontars ou les bruits de la ville, saurais-tu par hasard, à quel clergé les Medicis, et les Agatis se sont, disons, affiliés. Quel sont ceux qui les soutiennent? Candélia, murmura le tenebroso en tirant la dame de trèfle du jeu de carte posé à la gauche du comptoir, Thémésia, en tirant la dame de coeur, Ohmédia, en piochant la dame de carreaux, ou Sélène, en plaçant la dernière carte devant lui. Sais tu quelque chose, mon cher ami?"

Se disant, il étala les quatre dames sur le comptoir et les présenta à Rocco en affichant un sourire inquiétant. Pile ou face...
Rocco acquiesça plusieurs fois de la tête en murmurant des :
" Hmmm Sisi. "

Il se pencha au dessus du comptoir en croisant les bras et souffla dans l'oreille de Giovanni, qui nonchalant était accoudé et observait la salle pour veiller à ce que personne ne les dérange :

"Les Agatis sont soutenu par Ohmédia d'après ce que je sais. Et les Di Médicis par Thémésia principalement. Mais les deux familles sont des véritables familles clémentines pur sang. Ne t'y trompes pas elles sont toutes les deux perfides et pourtant necessaire."

`Je sens la peur parler par son esprit, murmura Tethnamaï...`

"Je la sens aussi, pensa Giovanni."

Rocco tendit les Dames de Coeur et de Carreau à Giovanni qui les reprit :

" Revanche je sais qué la Signora des Di Medicis est trés proche de Thémésia mais sa fortune à été faite grâce aux affaires fructufiantes et à Ohmédia."

Bien, bien... Donc deux familles qui avaient choisi (ou été choisies par) la voie de la lumière pour les soutenir... Giovanni, pensif regarda dans le vide en triturant sa pièce de monnaie. Dans tous les sens. Hum... Une situation bien changeantes, en effet. Le doge Davieri n'avait certainement pas la main sur tout ceci. Deux familles. Et lui devait se rattacher à l'une pour survivre dans les rues de la Capitale. Ah, le jeu du pouvoir... Il regrettait les étendues vides et purs de la mer. Il se sentait enfermé, entre les murs de ces rues viciées, déjà pris dans les mailles des filets du pouvoir.

La pièce teint alors qu'elle atterrissait dans les mains du tenancier :

"Merci, pour l'information. Arrivederci, Amico."

Sur ce, il tourna les talons et lut l'adresse sur le pli que lui avait tendu le mystérieux personnage. Bon... très bien. Mais cet homme là, d'où venait il? Première chose à savoir. Qui sert-il? Il sortit dans les rues sombres de Clémence et se dirigea vers une venelle non fréquentée éclairée seulement par la faible lueur d'une bougie à une fenêtre. Personne aux alentours? Bien. Un murmure glacé sortit des lèvres du tenebroso :

"Tethnamaï... Je vais avoir besoin de toi."

Il regarda les alentours pour savoir si personne n'observait et s'appliqua pour projeter l'ombre d'une tête de renard sur le mur avec ses doigts :

"Volpe... Viens ici mon mignon..."

Il n'était pas compliqué de trouver à clémence des ruelles vides , et des ombres, le petit renard émergea et glapit quelques peu.

`Squiiig, entendit Giovanni dans son esprit.

Ridicule.

Il lui fallait lui décrire sa cible. Sa cible... A quoi ressemblait-elle déjà. Il eut un rire stupide et sentit le regard atterré de son ombre qui lui fusillait le dos.

`Alors? Fit Tethnamaï`

" C'était un homme , je crois. Et brun ou noir,... "

A part le masque du Pantalone, le reste était brumeux. Cela allait rendre la tâche compliqué pour le petit renard malin mais pas devin.

`Sqqquuuuuuuiiiig? Protesta celui-ci.`

`Bon... murmura Tethnamaï peut convaincu. Fais au mieux.`

Le petit renard regardait Giovanni esperant plus de détails sur ce dernier avant de repartir, indécis, à la recherche de sa proie.
Giovanni essaya de l'arrêter, mais peine perdue... Le petit renard irait donc trouver les dix-mille habitants Clémentins qui devaient posséder cette description ; Maledizzione ! Cela ne lui était d'aucune utilité.
Ce masque n'était pas la dernière des imbéciles, songea Giovanni ; il avait agit très habilement et s'était rendu par là même non identifiable. Giovanni éclata de rire : il sentait qu'il n'allait pas s'ennuyer dans cette ville qui semblait rongée jusqu'à la moelle par les intrigues.
"Vo solcando un mar crudele
Senza vele
E senza sarte,
Freme l'onda, il Ciel s'imbruna:
Cresce il vento, e manca l'arte,
E il voler della fortuna
Son costretto à seguitar." Artaserse, aria di Arbace

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