Journal de Carmine

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Eoin Mac Aoidh
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Journal de Carmine

Message : # 12704Message Eoin Mac Aoidh
25 févr. 2013, 09:33

Cela fait plusieurs jours maintenant que Léona a disparu. C'est cela qui me pousse à écrire. Ce manque, cette promesse stupide que j'ai faite, qui me bride, me désespère. J'ai promis à ma belle de ne jamais connaître d'autres femmes, de lui rester fidèle.
Après la nuit qu'on a passé, aucune femme dans tout Clemente ne peut rivaliser, Léona les surpasse toutes, même réunies. Cela ne m'a jamais posé de problèmes qu'une femme ait eu plusieurs amants avant moi, ou après, tant que pour la nuit, elle est à moi. Mais ma belle Lunin...

Elle m'a dit que son métier était de créer le désir, parfois d'y répondre, quand elle en avait envie. Rien que le fait de penser qu'elle passe ses nuits avec un autre m'agace, m'énerve, me donne des envies de meurtres même. C'est la première fois que je connais la jalousie, et c'est exécrable. Je n'ai jamais été jaloux de mes frères, la famille di Medici m'est d'ailleurs presque étrangère : j'en fais partie, je la défendrais, mais j'ai décidé d'être un
condottiere, et je suis très détaché des miens ; nous avons un lien de sang, rien de plus.
Soyons honnêtes, Léona a disparu, je doute la retrouver un jour, même Cesare n'y parvient pas. Et si je la retrouve, j'aurais des questions à poser, et des réponses à avoir. Je sais qu'elle risquera de me détourner, de répondre à côté. Avec le recul, j'ai remarqué ca lors de ma nuit avec elle, elle répond peu aux questions, préfère qu'on répondre aux siennes. Elle connait tout de ma vie, et moi si peu de la sienne...
Depuis cette soirée chez la baronne, elle m'a ensorcelé, elle est belle, exotique, séduisante, avait ce côté très mystérieux, ce corps parfait voilé, qui laissait beaucoup de place à l'imaginaire, ou trop peu. Maintenant, je connais son corps, je l'ai parcouru, apprivoisé, et c'est encore mieux, ou pire. L'amante parfaite, qui sait susciter le désir et y répondre... très adroitement.

En attendant, je continue de vivre ma vie de privilégié, je suis le roi nocturne de Clemente, Cesare et Adolfo sont les princes. Je continue à les accompagner, et eux continuent à profiter de ces soirées, des belles femmes qu'on y croise, et je les y encourage. Je reste abstinent, c'est difficile à vivre, mais j'ai plus de temps ainsi pour observer, me rendre compte, et critiquer. Lupo me préfère comme ca, lucide et détaché. J'ai toutes les armes pour régner définitivement sur Clemente, au-delà des familles, des guerres, de la politique.

Parce que honnêtement, Léona ne reviendra pas, et si elle le fait, notre discussion risque de consommer notre rupture. Et malgré celle-ci, qui me tuera comme un poignard dans le dos, je resterais fidèle à ma promesse. J'ai néanmoins l'espoir, le rêve, qu'elle réapparaitra, et qu'elle n'aura pas connu d'autre homme que moi pour assouvir son désir.
J'ai eu tellement de scénarii, tellement eu de temps pour y penser... Si elle est avec un autre quand je la retrouverais, il y aura du sang dans Clemente. L'amant, toute sa famille, tous ses soutiens, fut-ce un Agati. Même les maisons brûleront, les enfants seront tués. Oh oui, elle m'a ensorcelé, et elle doit être la seule qui me fait cet effet là, cette volonté de meurtre.
J'imagine qu'en la bousculant un peu, si elle est seule, elle répondra à ma question, si elle a connu d'autres hommes durant notre séparation. Et je suis certain qu'elle dira oui. Je sais que je saurais me contenir, peu importe les artifices qu'elle utilisera. Et puisqu'elle dira oui, c'est certain, je m'en irais, ne pourrait l'oublier, et certainement pas la pardonner. Si j'avais su que les femmes pouvaient causer cette douleur... Rien que d'y penser, ca me dévaste, au moins avec les autres, les choses étaient clair, ce n'était que du sexe, rien de plus, rien de moins. Mais là... serais-je tombé amoureux ? Peut-être. Sans doute même. Je ne me voile pas la face, ce doit être ca, je ne vois rien d'autre. Ce coup de poignard risque de sonner le glas de toute coucherie, toute relation.
Et si jamais, dans un rêve fou, elle me disait que non... Je l'ai rêvée, cette scène, plusieurs fois, même si elle est impossible. Qu'elle me dise m'avoir attendu, se réserver à moi, comme elle réserve certaines... pratiques à des privilégiés - dont je fais partie, mais dont je n'ai pas l'exclusivité. Si jamais elle me disait non, je n'ai eu aucun autre homme, la nuit sera mémorable. Je serais à elle, l'objet de ses désirs, de ses souhaits, cette nuit sera la sienne. Et je l'enlèverais, nous partirons vivre ensemble, à Clemente ou ailleurs. Qu'elle danse, créé le désir chez les autres, je m'en moque. Tant que c'est avec moi qu'elle assouvit le sien.

Dans le scénario qui arrivera, il faudra que je trouve quelque chose. A dire vrai, cette ville est pourrie, en fait. Deux familles qui se détestent pour une broutille, qui s'empoisonnent, s'entretueraient presque pour ca. Autant passer à l'acte, faire une bataille rangée entre nos palais, et que la famille qui en sorte en vie règne. Clemente n'est que vices en tous genres, et honnêtement, j'en ai bien profité. Mais les pauvres peuvent à peine trouver de quoi survivre, et les plus riches vivent en essayant de dépenser leur fortune dans des futilités lubriques et stupides. Il parait que nous avons un Doge, mais dans les faits, ce sont les di Medici et les Agati qui gouvernent. Guelfes et Gibelins, en fait, mais sans qu'aucun ne se préoccupe du peuple. Mais à quoi sert l'argent si ce n'est pour ne pas en faire profiter le peuple ? Mon père est banquier, richissime, mais prête à des taux prohibitifs une fraction de sa fortune alors qu'il ne verrait même pas la différence s'il le donnait.
Avec ma compagnie, j'ai déjà travaillé en me faisant payer, oui. Mais j'ai aussi aidé des pauvres, gratuitement. Le chaos ambiant de cette ville est délicieux, mais il y a une odeur de fin de règne, et depuis l'incident de la réception, tout peut exploser, n'importe quand. Mais ca ne sera pas que le clan Agati contre le clan di Medici, cela sera aussi le peuple contre les puissants, et nous perdrons, tous. Les Doges successifs ont été trop incapables pour imposer aux riches une redistribution de leur fortune.

J'ai une idée de société, grande, puissante. Elle ne supprime pas les inégalités, elle en profite. Elle ne supprime pas totalement les antagonismes, mais les canalise, les utilise. Après tout, notre politique n'a jamais changé, peu importe la personne au pouvoir. Il faudrait installer un système de clientélisme jusqu'au plus profond de la société. Que chaque famille riche - et, au final, cela se résumera aux rouges et aux bleus - paye à chaque clémentin qui vienne la voire de quoi vivre, l'assistance juridique, militaire, artistique même. Que l'argent permette à tous de vivre, et en échange, le peuple votera pour celui qui le paye. Oui, de la corruption organisée, mais elle existe déjà, autant aller au fond des choses !
Et pour régner sur ce chaos organisé qui règnera, qui d'autre que moi ? Je suis tellement détaché et las de ces querelles familiales, tellement indépendant, il n'est nulle personne plus taillée pour le poste de Doge. Puisque je serais seul, j'aurais tout mon temps à consacrer à cette idée, à sa réalisation. Je serais attaqué de toute part, mais j'aurais le peuple avec moi. Cesare et peut-être Adolfo me soutiendront, me protègeront. Et la Compagnie du Loup me suivra, je la payerais avec la rente considérable que chaque famille, Agati comme di Medici, me versera. Je serai au-dessus de la mêlée, regarderai et interviendrai pour que ca ne dégénère pas en guerre ouverte. Mais je serais débarrassé de toute cette politique, je serai seul et libre, et je savourerai chaque instant.

Je dois y aller, on va passer une journée pour le plaisir des yeux et des papilles avec mes princes. Et ce soir, sans doute encore une soirée... Une enième. Je commence à en être fatigué, puisque je n'en profite plus.
"Trois cents hommes au torques d'or attaquèrent :
La lutte pour le pays était farouche.
Bien qu'ils fussent massacrés, ils tuèrent,
Jusqu'à la fin du monde, ils seront honorés."

-- Aneirin Y Gododdin XC

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