Fortuna Imperatrix Mundi

Red rebroussa chemin avec la discrétion dont elle savait faire preuve pour aller chercher l'outillage demandé par Koebi. Vénus se proposa d'y aller en binôme avec elle.

Gorton accompagna la mécha-thérapeute vers le cœur de la carcasse. PE2N13 et Elbert les suivirent tandis que Mars et Mercure restèrent en vigie.

Quand ils arrivèrent à proximité de l'ordinateur centrale, Koebi sentit sa présence évanescente.

L'IA s'appelait HAL. Il avait servi l'Intrépide et ses divers capitainespendant près d'un millénaire mais il avait chuté il y avait 123 ans, l'Intrépide avait été détruit et son dernier capitaine avait sombré avec lui, mais HAL était resté, et avait vu les Ma'adim s'installer sur le champ d'épaves et les dépecer les uns après les autres, jusqu'à ce que sa pile atomique lui soit ôtée et qu'HAL cesse toute activité.

Cela, Koebi le ressentait dans le reliquat de mémoire qu'il persistait, comme les stigmates d'un fantôme. Mais d'autres images venait à elle. Elle était venu pour récolter les images persistantes des senseurs connectés à L'IA, et malgré leur inactivité, elle percevait l'environnement proche de l'épave. Les plus récentes, eux même approchant... Puis elle parvenait à remonter plus loin...trouvant enfin ce qu'elle cherchait... L'arrivée du landspeeder et du sinistre malfaiteur.

Il était descendu à l'entrée du camp et avait échangé avec un autre Ma'adim. Un autre fut appelé et monta dans le landspeeder pour l'emmener ailleurs, hors du champ du vision. La cible de Koebi avait rejoint un autre bâtiment d'où personne ne ressortit avant l'arrivée de la troupe chevauchant les lézards.

Je sens beaucoup de tristesse et d'abandon. Mais aussi, tout au fond, un faible espoir que les Humains ne les aient pas abandonnés. Il faudra faire quelque chose pour ce champ d'épaves, si je survis et si je trouve quelqu'un sur Mars pour y songer. Peut-être IVI, si elle se libère de l'emprise de Tanis… En ce moment, il y a plus urgent. Je vois les déplacements du landspeeder et des Ma'adim. Le Ma'adim assassin a-t-il suivi les hommes aux lézards ? Je n'en ai pas l'impression : il aurait été se joindre au groupe en partance.

Le toit de l'Intrépide est largement éventré, ou faut-il dire édossé ? Avec l'aide de Gorton et PE2N13, je grimpe sur le premier emplacement qui me donne une vue sur le camp et j'essaie de repérer le bâtiment entrevu. Si j'y arrive, je vais parler avec Venus et Elbert :

- J'ai vu l'endroit où se cache le Ma'adim fugitif. Il faudrait l'encercler. Neptune doit être avec lui et s'ils sont tous les deux armés, ils ne se laisseront pas prendre. Gorton peut nous couvrir en portant une plaque de métal mais à part ça, je ne sais pas trop comment les arrêter.

"Waoooo... Tu as vu qu'ils étaient au moins 10 à 20 fois plus nombreux que nous... Faudrait peut être essayer une approche discrète... Une fois proche, on pourrait essayer de tourner les choses à notre avantage, les assommer et l'interroger en silence, bien bâillonné... "


Alors que Venus réfléchissait à un plan, Elbert leur fit signe. Deux Ma'adim, l'un ressemblant à la cible et une autre, sortirent du bâtiment à dos de lézard, un gros lézard rouge. Ils rejoignirent le groupe de chevaucheur de lézards.

J'ai l'impression que quelqu'un fait exprès de me contrarier en m'envoyant où je n'ai pas envie d'aller. Mourir de soif dans un désert sec n'est pas le genre de mort que j'aurais choisi. Ces lézards n'ont pas l'air très véloces mais s'ils peuvent courir, je crains qu'ils ne soient plus rapides que notre barge.

- Venus, y avait-il de l'eau dans la barge ? Ca m'étonnerait, le pilote était un Mecha et ils n'ont pas besoin d'eau d'habitude. Sinon, demande à Red d'en acheter aux Ma'adim, il y aura bien une pièce de rechange de la barge qu'elle pourra échanger, et ensuite, elle peut nous suivre avec la barge.
"Elbert, je vais essayer de les rattraper à pied. Suis-moi si tu veux mais pas de trop près, je voudrais négocier avec eux.

Après un dernier regard triste à l'intérieur du vaisseau naufragé, je descend l'échelle et je pars à la course à la poursuite du dernier lézard.

Aussitôt contactées par radio, Venus et Red se mirent en route en préparant la stratégie, Mars compléta le plan si bien que moins d'une minute après, tous savaient ce qu'ils avaient à faire.

Red pilotera la barge et s'approchera par le sud pour venir marchander avec les Ma'adim, elle avait l'expérience pour ça. Son arrivée ferait diversion et permettra à Koebi de quitter la planque en direction du nord (par où repartaient les lézards) sans être vue.

Venus resterait cachée dans la barge et une fois sur place, elle se faufilera pour trouver le landspeeder et se tenir prête pour évacuer rapidement en cas de besoin.

Mars et Mercure restaient dans la planque, ils pourraient couvrir Red et la fuite en cas de besoin.

Gorton, PE2N13 et Elbert partiront avec Koebi mais la suivront à distance (Elbert n'ayant pas la rapidité et l'endurance de Koebi qui était assistée par son armure)

Koebi partit donc à la chasse au lézards. Elle distança rapidement ses compagnons et zig zagua entre les débris inexploitable des épaves. Les lézards avançaient à bonne allure et elle parvenait tout juste à les garder en vue.

Elle finit par les voir s'arrêter devant une immense carcasse, il s'agissait d'un croiseur de guerre, sa coque blindée était encore en bonne partie présente. Laissant leurs montures à l'extérieur, ils pénétrèrent à l'intérieur.

Je regarde si mes compagnons sont encore en vue. J'ai bien l'impression que non. Il y a plusieurs épaves qui barrent la vue, même pour Gorton qui est assez grand. Et pas le moindre drone volant pour me servir de relais.

Que faire ? Je reviens en arrière, jusqu'à l'avant-dernière épave avant celle-ci, et je trace dans la poussière au milieu de la piste : KOEBI, avec une flèche pour indiquer la direction de celle où sont entrés les Ma'adim. La calligraphie aurait pu être meilleure si j'avais eu un pinceau et du papier de soie. Je grimpe sur l'avant-dernière épave et reste quelques minutes à observer s'il n'y a pas un signe, bruit, nuage de poussière, qui indique l'approche de mes amis. Je suis là pour négocier avec les Ma'adim mais s'il n'y a personne pour ramener le document à Blaine, ma négociation n'aura servi à rien.

Les nuages de fumée évacués par intermittence par Gorton laissait deviner que le groupe arrivait dans quelques minutes.

Les voilà qui arrivent. Je me rends compte que je suis étonnamment rapide avec cet exosquelette. Tant mieux.

Il vaut mieux y aller seule : s'ils ont des guetteurs, ils sauront que je n'ai pas d'intentions hostiles. Et les lézards indiqueront assez clairement à mes amis l'endroit où me trouver.

Je ne sais pas de quoi se nourrissent ces lézards et s'il leur arrive de manger des humains. J'approche doucement de l'entrée, les mains bien en vue, en évitant de me trouver à leur portée.

J'ai la gorge sèche. J'ai sans doute bien fait de demander à Venus d'amener de l'eau. Quand je suis à portée de voix, je lance :

- Je voudrais parler aux respectables Ma'adim.