Fortuna Imperatrix Mundi

Caules est rassuré. Jabbock est certes de mauvaise humeur, mais au moins, il ne le menace pas de lui couper les parties, lui. D'après ce qu'il lui dit, Maître Eliflam est bel et bien arrivé.

-Tout le monde est là, surtout la rousse, Aslinn, celle-là est sans doute la seule qui soit raisonnable et qui ne tournicote pas dans tous les sens. Mais si vous voulez organiser une salle de classe, faites-le ailleurs qu'ici, on va bientôt dîner.

"Pas étonnant, elle est malade", pense l'étudiant.

-Ne vous inquiétez pas, nous ne serons pas long. D'ailleurs, à propos de dîner...

Caules montre son paquetage de poissons à Jabbock :

-J'étais parti acheter un poisson pour Aslinn, mais j'ai pu m'en procurer un peu plus. J'espère que vous aimez ça.

Jabbock renifle, pas vraiment adouci :

- Hmm! C'est toujours ça. Si vous voyez Alda, dites-lui qu'elle peut venir. Ce sera bientôt l'heure.

Il referme le verrou et va remettre du bois dans le poêle.

Caules souffle enfin. Jabbock ne semble pas si énervé que ça. Profitant de la chaleur des flammes, le jeune homme réfléchit. Il faut préparer le poisson d'Aslinn, ainsi qu'un remède avec les herbes médicinales et le lait de ce matin. Mais tout d'abord, il faut conduire Tindur à Maître Eliflam.

-Bien, dit-il à l'adresse du varigal, Maître Eliflam doit être dans la chambre de Jolinar. Je vais vous y conduire.

Après avoir déposé son paquetage sur la table, l'étudiant se dirige vers la chambre de son ami. Celui-ci n'est très certainement pas revenu, sinon Jabbock en aurait fait mention. Mais peut-être le magister a-t-il trouvé une piste indiquant où il se trouve.

La chambre de Jolinar est fermée à clé et personne ne répond si Caules frappe à la porte.

Les vagissements d'un bébé indiquent que la chambre d'Alda n'est pas loin.

Personne dans la chambre. Ah. Peut-être Maître Eliflam a-t-il déjà fait son exploration.

-Alda sait peut-être où il est, dit Caules autant pour lui-même que pour Tindur.

Il se dirige donc vers la source des pleurs. Une fois sur le pas de la porte, il s'apprête à l'ouvrir, mais se retient à la dernière seconde. Alda est peut-être en train de donner le sein à son bébé, ce serait inconvenant d'entrer sans prévenir.

-Alda ? C'est Caules, je peux entrer ?

- Hein ? Oui, bien sûr, entrez.

La chambre est assez encombrée. Alda est bien en train s'allaiter mais elle est tournée de côté et un pan de son châle cache le sein. Les visiteurs voient juste les petits pieds du bébé qui dépassent. Avec elle se trouvent une vieille femme, une adolescente maigre et trois enfants de cinq à dix ans.

- Ah, vous avez retrouvé votre ami ? Ah, non, excusez-moi, ce n'est pas lui... Les enfants ! Un peu de silence, s'il vous plaît !

Les enfants se rangent sur le côté et regardent avec curiosité les deux nouveaux venus.

Sur le chemin de l'immeuble, Tindur est silencieux... Ce n'est pas la compagnie de Caules qui le dérange mais le varigal est plongé dans ses pensées et prépare les questions qu'il pourra poser à son arrivée !

Une fois arrivé devant l'immeuble, Tindur se laisse conduire par l'étudiant, ne connaissant ni le lieu ni les locataires. L'homme à l'entrée, Jabbock, n'a pas l'air très accueillant...

"Il est compréhensible que la présence de magientistes dérange les villageois mais celle d'un varigal..."


-Bien, dit Caules à l'adresse du varigal, Maître Eliflam doit être dans la chambre de Jolinar. Je vais vous y conduire.


- Très bien, je vous remercie ! répond Tindur en lui souriant.

Caules n'a pas l'air de savoir où trouver son professeur, mais pour sa défense, l'immeuble semble assez grand !


-Alda sait peut-être où il est, dit Caules.

" Alda ?! Ne serait-ce pas d'elle dont Kolka a parlé ? Sa soeur il me semble ! Laissons Caules lui parler d'abord ! "

- Ah, vous avez retrouvé votre ami ? Ah, non, excusez-moi, ce n'est pas lui...

Caules ne peut s'empêcher de sourire. Alda semble débordée mais cela ne semble pas entamer sa gentillesse naturelle. A un mot de sa part, les enfants présents se calment et observent le varigal et l'étudiant. Ce dernier lève la main pour les saluer avant de se tourner de nouveau vers Alda :

-Désolé de vous déranger, mais Jabbock dit que c'est bientôt l'heure du dîner, et que vous pouvez venir. Et je me demandais si vous savez où se trouvent Maître Eliflam, le magister qu'Uriell a ramené ?

L'image d'Uriell tenant un petit Maître Eliflam en laisse et le tendant d'un air suppliant vers Jabbock en lui demandant "Je peux le garder ?" élargit le sourire de l'étudiant. Il lui en faut peu, il est vrai.

- Déjà l'heure du dîner ? Que les C'maoghs nous aident ! Bien sûr, nous dînons dans la salle d'entrée, c'est la seule pièce assez grande.. hum! Avec celle de votre ami absent, je crois. Votre amie Aslinn est toujours au lit mais elle avait l'air d'aller mieux, m'a-t-on dit. Viendra-t-elle avec nous ? Je crois que tout le monde est rentré à présent... Ah, nous n'avons pas pensé à nous présenter à votre nouvel ami. Je suis Alda, damathair du village de Baicann... Enfin, ce qui reste du village, c'est-à-dire ses habitants et quelques bagages. Mais les visiteurs sont toujours les bienvenus.

Elle se tourne vers Tindur que personne n'a encore pris la peine de présenter. Son sourire est accueillant mais son expression vigilante indique qu'elle souhaiterait des explications.

-Votre amie Aslinn est toujours au lit mais elle avait l'air d'aller mieux, m'a-t-on dit. Viendra-t-elle avec nous ?

-Je n'en sais rien, répond Caules. Mais dans tous les cas, je lui préparerai de quoi manger, avec les herbes nécessaires pour favoriser sa guérison.

Lorsqu'elle se présente à Tindur, le jeune étudiant ne peut s'empêcher d'entendre sa mention au village de Baicann. Tout ce qui reste ? Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ?
Elle semble ensuite attendre que Tindur se présente. Caules se tait. Pour être franc, il est aussi curieux qu'elle. Après tout, à part son nom, sa profession et le fait qu'il veut voir les étudiants magientistes chez Nold, il ne sait rien de lui.