Fortuna Imperatrix Mundi

- Plonger...

Uriell suit des yeux les cercles concentriques sur l'eau là où le caillou a disparu. Mais avant qu'elle n'ait pu formuler un nouveau concept, une voix bourrue interrompt leurs réflexions :

- Halte ! Qui va là ?



Une patrouille armée leur barre le passage. A vrai dire, les armes ont l'air beaucoup plus redoutables que les hommes : ils ressemblent plutôt à des bourgeois bedonnants d'un certain âge, portant des cottes aux couleurs d'une des principales guildes artisanales de Kalvernach. Leur emblème, un arbre stylisé, indiquerait la guilde des marchands de fruits et liqueurs. Ils montent la garde devant une barrière improvisée, mais apparemment solide. Caules ne se souvient pas d'avoir vu une barrière à cet endroit lors de ses précédentes visites.

- Halte ! Qui va là ?

Caules se fige. Qu'est-ce que c'est que ça ? Que font ces gens ici ? C'est la première fois que l'étudiant aperçoit une barricade à cet endroit. Est-ce à cause de la pluie ?
Une seconde... ces types... Il reconnait leur emblème, cet arbre... Que font la guilde des fruits et liqueurs dans le coin ? Est-ce que la garde leur a donné l'autorisation de monter cette barrière ?

-Faites pas attention à nous, on cherche juste les toilettes, murmure Caules de façon à n'être entendu que par ses camarades.

Malgré tout, le garçon ne fait pas le fier. Si ces hommes veulent les empêcher de passer, il n'y a pas grand-chose qu'ils pourront faire.
Caules sait que si il dit quelque chose, il va bafouiller et laisser échapper des mots de travers. Il préfère donc s'en remettre à Aslinn et Elhinne, surveillant tout de même les bonhommes d'un air méfiant.

Halte ! Qui va là ?

Aslinn observa les gardes ? Ils n'avaient pas un physique de garde pourtant ..

- Hmm bonjour. Nous sommes étudiants. nous rendons visites à un ami. Il se passe quelque chose ?

Elle était curieuse. Que se passait-il ici ? Elle observa ses compagnons qui avaient plus ou moins l'air aussi perdu qu'elle.

Pouvons-nous passer ?

- Vous venez de l'Université ?

L'homme à barbe grise qui semble commander la patrouille les regarde avec attention. Le manteau austère d'Aslinn et les lunettes de Caules leur donnent bien l'apparence d'étudiants magientistes. Elhine, avec ses vêtements de voyage, est plus difficile à situer. Quant à Uriell...

- Plonger dans le savoir, sans assurance d'en sortir, car il débouche sur l'inconnu qui est infini.

... Il vaut mieux ne pas se demander d'où elle sort.

- Hum... Comment s'appelle-t-il et où loge-t-il, votre ami ?

- Vous venez de l'Université ?

Aslinn acquiesca. Ne prenant pas en compte les paroles d'Uriell.

- Hum... Comment s'appelle-t-il et où loge-t-il, votre ami ?

Jolinar il habite chez Nold. Pouvons nous y aller ? Nous avions rendez-vous et je préférerai ne pas avoir de retard.

Pour faire bonne mesure, Aslinn ajouta un sourire de parfaite étudiante. Espérant qu'ils les laissent passer.

- Chez Nold ? Drôle d'idée. C'est bien ce grippe-sou qui habite à Gadwal ? Vous êtes sûre qu'on ne vous a pas donné une fausse adresse ?

L'homme qui est à côté de lui, un petit trapu à l'air hargneux, l'interrompt :

- Eh, Jarlath, pourquoi est-ce qu'ils portent tous ces bagages ? Et pourquoi sont-ils aussi crasseux ? C'est pas clair, tout ça !

En effet, les étudiants, à moins d'être très distraits, ont emmené quelques affaires personnelles, sans oublier le volumineux engin porté par Elhine.

Elhine s'avance au niveau d'Aslinn. J'espère qu'elle ne prendra pas mal mon intervention cette fois.

- Bonjour messieurs, l'université a installé chez Nold une partie de ses étudiants suite à des problèmes de logements au sein même du campus. Jolinar y a son logement et nous sommes chargés de le rejoindre. SI vous aviez l'amabilité de nous ouvrir un passage, cela nous aiderait beaucoup - et lui décoche un gentil sourire

- Ah, c'est différent. Vous avez un document de l'Université pour cette histoire de logement ?

En principe, Aslinn a une feuille de route à présenter à Nold, avec la liste des noms et le cachet de l'Université.

- Bon, c'est plus clair comme ça. Parce que Gadwal, ce n'est pas trop un endroit pour faire la fête. Surtout en ce moment. Temps pourri, inondations, le prix des denrées a doublé et les gens n'ont même plus les moyens de s'offrir une bonne petite fiole de liqueur de poire...

Le petit trapu ajoute :

- Il y a eu des émeutes et même des pillages. C'est pour ça qu'on surveille. On en a encore chopé deux aujourd'hui.

La flatterie, celui-ci je le sens bien propice à gonfler le torse dans son bel uniforme.

- Et du coup, c'est vous que l'on a envoyés sécuriser la zone. Mais maintenant que vous êtes là, je suis sûre que nous serons plus en sécurité, au moins dans cette partie de la ville. Vous connaissez un chemin pour nous y rendre sans trop faire trempette dans cette marre bourbeuse ? Elhine, toujours mielleuse et mine innocente

Tous les deux se tournent comme un seul homme vers le troisième, un grand roux à l'air calme :

https://thekhazadguard.files.wordpress. ... t00026.jpg

Celui-ci étouffe un bâillement. Les journées à monter la garde, visiblement, ce n'est pas son passe-temps favori.

- Whmm... Par là, la chaussée n'est pas bonne. Je l'ai dit, il faudra la refaire au printemps. Il y a une voie d'accès au chantier qui a été refaite... Bmmh... Prenez par là, je vous montre.

Il écarte un pan de cloison qui tient lieu de porte et fait signe au groupe de passer.