[J'avais oublié de noter la date]
Elhine ouvre la porte dans le matin froid et humide des rues de Kalvernach, n'offrant que la pâle lueur d'une aube naissante filtrée par le brouillard toujours bien présent. Elle s'élance avec Kolka sur les talons, et resserre ses vêtements sur ses épaules pour tenter de repousser la morsure du froid humide et s'avance énergiquement dans les rues de Kalvernach.
Un peu trop énergiquement, sans doute, car les planches mal jointes des chaussées improvisées n'offrent pas toutes les garanties de sûreté. Sa jambe s'enfonce et elle est sur le point de basculer dans la rue inondée. Kolka la retient juste à temps.
Elle reprend son équilibre, respire un grand coup, tousse et s'aperçoit que ce qu'elle prenait pour du brouillard est en fait une fumée de combustion assez malodorante. Dans une grande ville industrielle comme Kalvernach, il y a toujours des usines qui tournent ou des ordures qu'on fait brûler, et elles ont été averties qu'elles ne sont pas dans le quartier le plus chic.
Autour d'elles, des pauvres gens qui dormaient dans la rue, sous des auvents ou des bâches, commencent à se réveiller et à faire des petits feux. Cela n'améliore pas l'odeur, on s'en doute, mais ça réchauffe un peu.
Elhine avait fait le chemin en pleine nuit derrière le garde, mais, en comparant ses impressions avec celles de Kolka, elles s'y retrouvent. Quand elles arrivent au canal, le soleil commence à percer et on dirait même que le niveau de l'eau a légèrement baissé.
La barrière sur le pont est entrouverte, assez pour laisser passer un piéton. Le garde n'est pas un de ceux qu'elles connaissent.

(En fait, il n'est pas si petit que ça. Mais il a réellement le bandeau sur l’œil et les cicatrices)