Fortuna Imperatrix Mundi

La servante regarde Elhine et Kolka de plus près. Non seulement l'éclairage n'est pas fameux, mais elle semble être myope. Alors qu'Elhine se dirige vers le comptoir, elle lance :

- Ah, c'est vous ? La petite ne vous a pas dit ? Le patron est dans sa chambre, il a pris un sale coup l'autre nuit et il faut qu'il se repose. En son absence, la patronne, c'est moi. Je m'appelle Ylva, si ça vous intéresse.

Les clients, jeunes pour la plupart, commencent à regarder les visiteuses avec curiosité. Certains clignent de l’œil ou se poussent du coude. Kolka devient rouge, une fois de plus, mais plutôt de colère que de timidité.

Alors que les participants s'observent, la porte s'ouvre et un homme fait irruption, un garçon blond qui titube sous un sac à dos mal ficelé, avec une solide épaisseur de boue sur ses chaussures :

- Où est Mordàn ? Quelqu'un a vu Mordàn ?

Elhine se retourne vers la serveuse avant d'atteindre le bar.
- Vous pourrez dans ce cas adresser mes plus prompt vœux de rétablissements au maître des lieux. Venez en ce cas que nous discutions plus avant de Kolka et de son service.

Elhine, se retournant et constatant que Kolka est un peu prise de court, lui prend le bras et la dirige avec elle vers le bar. En parlant nettement plus doucement pour ne pas être entendu du reste de l'auberge.
- Puisque vous êtes ici la responsable des lieux, je vous confie Kolka. Elle est valeureuse et volontaire, mais je compte sur vous pour l'aider à trouver sa place malgré sa jeunesse.
- Kolka, c'est à toi de faire maintenant, et souviens-toi qu'Alda comptes sur toi pour aider le village. Je te verrai ce soir. Allez, je sais que tu as assez de courage et de volonté pour y arriver. en lui faisant un clin d’œil

L'entrée soudaine du jeune homme et surtout le nom qu'il a prononcé font lever le sourcil d'Elhine. Elle reste quelques temps là voir si quelqu'un répond à l'interrogation générale qu'il a lancé. Elle aussi cherche Mordàn, mais il se pourrait que la suite lui donnes des nouvelles inattendues.

Kolka se laisse conduire par Elhine, ne sachant pas trop quoi faire... Mais elle réagit bien quand celle-ci lui fait un clin d’œil :

- Kolka, c'est à toi de faire maintenant, et souviens-toi qu'Alda comptes sur toi pour aider le village. Je te verrai ce soir. Allez, je sais que tu as assez de courage et de volonté pour y arriver.

- Tu peux compter sur moi.

Puis elle dépose son sac et son bâton sur le comptoir et se dirige tout droit vers le nouveau venu. Son pas est énergique, son regard va avec assurance des chaussures au visage du jeune homme, même si la voix est encore un peu hésitante :

- Monsieur... Euh... Je peux quelque chose pour vous ?

Le jeune homme regarde à son tour ses pieds boueux, l'air embarrassé. Kolka se tourne vers la servante Ylva qui lui désigne un tabouret :

- Asseyez-vous, monsieur, Kolka va vous enlever vos bottes.

Kolka prend le tabouret, fait asseoir le jeune homme et, en un tour de main, lui enlève son sac à dos et ses bottes. Quelques moqueries viennent de l'assistance :

- Alors, Lapinos, tu t'es perdu en route ?

- Lève le pied, tu auras une carotte.

- Tu lui veux quoi, à Mordàn ?

En effet, à première vue, Mordàn brille par son absence.

Toujours accoudée au bar près d'Ylva, Elhine lui demande sans élever le ton, avec un air un peu préoccupée :
- Mordàn... je devais le retrouver ici ce jour. C'est lui qui m'a conduite jusqu'ici vous savez. Vous l'avez vu depuis hier ?

Ylva la scrute avec attention :

- Mordàn ? C'est vrai, vous étiez arrivée avec lui. Vous aviez rendez-vous avec lui ? On dirait que vous n'êtes pas la seule à qui il a posé un lapin... Pardon ! Vous pouvez demander à Tindur, peut-être qu'il en sait plus. Moi, je ne sais pas ce qu'il devient.

Tindur, apparemment, est le jeune homme au sac à dos. Il a des oreilles un peu plus longues que la moyenne, ce qui peut expliquer le surnom de "Lapinos". Kolka lui aligne ses affaires le long du mur et n'a pas l'air de savoir ce qu'il faut faire ensuite.

- Kolka ! Les savates et le balai sont dans le placard, par là. Ensuite, tu verras avec la cuisine !

Elhine, quelque peu déçue par la réponse, se lève et se dirige vers la table du jeune Tindur aux longues oreilles.
- Puis-je prendre place à côté de votre... barda ?

La question étant plutôt rhétorique, Elhine ne laisse pas le temps de répondre et prend place sur une chaise attenante.
- Il semblerait que nous soyons à la recherche du même Mordàn. Peut-être pourriez-vous me dire ce qui vous a fait croire que vous pouviez le trouver ici et je pourrai en retour vous raconter ce pourquoi je le cherche en retour...

- Euh... Vous êtes une varigale ?

Il regarde Elhine de haut en bas. Sa robe de voyage est assez simple mais ce n'est pas vraiment une tenue de varigale, et elle n'a pas le carath, le bâton ferré, que le jeune homme porte attaché à son sac.

- Non ? On devait se retrouver ici, enfin, je devais être déjà ici hier s'il n'y avait pas eu ce fichu carrefour... Il n'est pas parti sans moi, quand même ?

Elhine le dévisage avant d'ajouter à voix plus basse pour éviter les oreilles indiscrètes
- Ecoutez, nous sommes arrivé hier avec Mordàn. Cependant, à notre arrivé, nous avons trouvé les ronces ici. Visiblement quelques personnages douteux ont assommé le propriétaire et dérobé le coffre aux messages. Visiblement ils devaient vouloir récupérer un message qu'ils savaient important. Et je devais personnellement en récupérer un qui a probablement disparu dans le lot. Mordàn est resté sur place pour se renseigner et je devais le rejoindre ici ce matin. J'espère que son retard n'est pas de mauvaise augure, qu'il ne se sera pas lancé sur une piste dangereuse seul.
- Et vous, si ce n'est pas indiscret, quels étaient vos intentions en vous donnant rendez-vous ce jour ici ?

Le visage du jeune homme s'allonge :

- A... assommé ? Ils ont assommé le vieux Kothrán ? Je croyais que personne n'attaquait les varigaux... Enfin, il ne faisait plus la route depuis longtemps, mais c'était un varigal quand même ! Qu'est-ce qu'on va devenir si... Vous dites qu'on lui a volé son coffre aux messages ? Qu'est-ce qu'on va devenir si les voleurs s'en prennent à nous ?

Kolka pose les bottes boueuses près de la porte et va chercher le balai et les savates à l'endroit indiqué, tout en regardant furtivement ce que devient Elhine. La servante en chef, Ylva, ne la quitte pas des yeux.

Elhine est un peu surprise par la tournure de la conversation, mais refuse de se laisser aiguiller
- Il est à craindre que quelqu'un ait eu peur d'un message laissé par un des votre en garde à ce coffre. Mais revenons à Mordàn. Qu'aviez-vous l'intention de faire une fois l'avoir rejoint ici ?
- C'est important. Il n'est pas là, et j'ai peur qu'il n'ait mis les pieds en un endroit dangereux. Allons faîtes un effort je vous pris...