Zoréo avait roulé dans un coin de la tour ... quand il revint vers eux, c'était une boule de poil en pullover, touffus, dont on ne voyait plus les yeux ou les membres cachés sous une longue poilure (comme dirait ma fille ^^). Il va sans dire que c'est en ralânt qu'il se rapprocha, encore plus quand il regarda la longueur de ses griffes. En quelques coups de dents, il se fit une manucure impéccable.
Pendant ce temps, Ben intervint auprès de Lucrèce :
"Lucrèce, laisse moi faire."
Le pantalon était si tendu à la taille qu'il n'eut d'autre choix que de sortir un couteau et de fendre avec prudence mais d'un geste précis le tissu depuis la fente où se trouvait le bouton jusqu'au bord. Il libéra bien la place pour ne pas que le ventre reste comprimé, quitte à entailler sans hésitation ses sous vêtement s'il le fallait. Il libéra aussi de la place au niveau du haut. Un fois fait, il ota son manteau long et couvrit Lucrèce.
Zoréo avait entre temps dis à Maig de se laisser faire, et il lui rongea à son tour les ongles, avant de s'occuper de ceux de Lucrèce.
"
Tu parles de dieux! Ils sont pas immortels, je suis sûr que s'ils mettent un pied dehors, il tombe en poussière, ils se sont emprisonnés eux-mêmes dans leur palais ... si tu veux mon conseil la rouquine, ne remet jamais les pieds là bas... ** regardant à l'extérieur de la tour **
Mmm ça sent l'automne."
"Oui on est le 3 octobre ... mais on parlera du temps plus tard, il faut l'emmener à l'hôpital le plus proche. Il y en a un à Glastonbury tout près d'ici, à même pas dix minutes. La voiture est juste là "
Ben pris Lucrèce dans ses bras, un bras sous les jambes, l'autre sous les bras, telle une mariée ... avec ses 10 nouveaux kilos en plus. Effectivement, une BMW noire était 'garée' à une dizaine de mètres dans la côte, des mottes de terres arrachée sous les pneus et la calandre en partie enfoncée, un phare brisée. Il demanda à Maig de lui ouvrir la porte et il installa Lucrèce à l'arrière puis prit le volant.
La descente 'hors piste' fut loin d'être agréable pour Lucrèce, régulièrement secouée, des contractions commençaient à se faire sentir, de plus en plus forte. Ben, arrivé en bas du Tor vira près de l'entrée, roulant sur une puis deux barrières en bois précédemment défoncée. (A tout évidence, il était arrivé de toute urgence et n'avait pas fait dans la finesse). Une fois sur le goudron de la petite route de campagne, pas plus large qu'une voiture, bordée par des hautes haies de chaque côté, la BM fonça.
Pour les curieux, faites le parcours en street view ... vous verrez la route perdue que c'est :
https://maps.google.fr/maps?saddr=Glast ... ,,0,0&z=14
Vous avez vu .. on a commencé en jeu et irl en décembre et on se retrouve de nouveau dans une concordance temporelle pour le final ... dingue non
Zoréo était près de Lucrèce et avait sa main posé sur elle, elle sentait un regain de vigueur, elle se sentait plus endurante, mais cela n'enlevait en rien l'intensité des douleurs. Maig quant à elle, assise à l'avant, vit une carte postale posée dans une case du tableau de bord avec le Tor. Ben lui dit de la tourner. A l'arrière, était juste écrit, d'une écriture étrange, comme des traces de charbon, la date et l'heure exacte où ils étaient arrivés, à en croire l'heure affichée dans la voiture.
"J'ai trouvé ça sur mon bureau ce matin. Incroyable n'est ce pas ?"
Lucrèce souffrait trop pour se préoccuper d'autre chose, elle ne souhaitait qu'une chose, c'est que ça s'arrête, que tout ça s'arrête. Elle n'était pas loin de tourner de l'oeil ... c'était trop dur, elle ne tiendrait jamais jusqu'à l'hôpital
Par chance la route était déserte. La voiture montait une côte, roulant à vive allure. Soudain les branches des grand arbustes longeant la route s'allongèrent et formèrent une barrière. Ben n'eut d'autre choix que de quitter la route par un chemin d'accès à un pré et rapidement, la voiture cessa d'avancer. De l'herbe et des racines avait poussée subittement et bloquait les roues. Les racines continuaient de grandir et s'enroulaient et s'insinuaient partout. Elles commençaient à démonter la voiture, forçant les portes et tordant la carroserie. Des lianes les saississaient de partout, trop nombreuses pour parvenir à se défaire de toutes.
Tout autour de la voiture, la végétation s'était étendue de manière halucinante, des murailles de ronces et de lierres s'étaient levés, c'était une véritable forteresse sauvage et végétale qui s'était formée.
Lucrèce était à présent extraite de la voiture, les lianes formant sous un lit couvert de mousse, les plantes la positionnant dans la position appropriée. Elle sentit des racines rentrer en symbiose avec elle dans son dos, et enfin depuis sa colonne se propogea une substance soulageant ses douleurs. Une sphère de lyserons se forma autour de son lit, l'isolant, tandis que d'autres racines s'étaient introduites sous ses vêtements et les avaient lacérés, évacuant les lambeaux de tissus en continuant de se propager. Lucrèce était dans un état de conscience partielle.
En dehors de la bulle occultant l'accouchement, les trois autres passagers avaient aussi été extraits. Ben et Zoréo étaient libéré mais Maig restait maintenu aux chevilles et aux poignets, et une cage de ronces se formait tout autour d'elle, des lianes commençaient même à la baillonner .. à moins qu'elles ne tentent de l'étouffer, en tout cas, Maig avait de quoi s'inquiéter et était impuissante face à cette puissance végétale.
Du côté de Lucrèce, des racines s'étaient déployées sur son ventre, et des impulsions, comme de petites décharges, déclenchaient à présent la contraction des muscles appropriés, poussant l'enfant hors de son corps. Après plusieurs minutes de travail, la tête du nouveau-né apparaissait. Encore quelques minutes et des lianes purent saisir l'enfant et finir de le sortir, le déposant dans un berceau de mousse, le cordon fit pincer puis coupé. Les plantes finirent de s'occuper de Lucrèce tandis que le berceau glissa par l'ondulation du tapis de verdure vers la paroi de la sphère qui s'écarta pour laisser passer le bambin jusqu'au pied de Ben.
Quant à Lucrèce, à présent, les plantes l'avait allongé bien droite et une robe végétale l'avait recouverte, faite de longues et fines feuilles entremêlées. A présent elle le sentait, elle allait s'endormir, pour longtemps. Les plantes étaient les seules à la comprendre, du moins s'était son impression sur le moment, et elle était l'aider à la couper du reste du monde, dans un sommeil paisible, éternel... sans autres soucis. Elle n'avait qu'à se laisser aller, s'assoupir, ne pas lutter.
Dernière ligne droite, tu n'as plus qu'à décider si tu laisses ton inconscient prendre le relai et confier ta vie à tes amies les plantes ou si tu refuses cette paix, que tu veux t'accrocher à ta conscience, à moins que ce soit un début d'instinct maternel que tu n'aurais pas imaginé que fait subittement surface et lutte pour ne pas laisser le fruit de ta chair être emmené loin de toi ... bref à toi de voir, et après en avant pour la conclusion ... ton "Ever after" bien mérité ...