[AdC] - Le Sanatorium 1.1

[Caeso Senjak Khan]

Il eut un petit moment d’étonnement puis se reprit avec un sourire.

-Excusez moi si je me suis mal fait comprendre, il ne s'agit pas de "plates bandes" à proprement parler. Je suis juste surpris, même si c'est agréablement, que cet endroit puisse être pour vous une source d'inspiration. La plupart du temps les gens soignés ici sont plutôt considérés comme des pestiférés et la seule raison qui pousse les individus à y venir, à l'exception des soignants, est pour rendre visite à un membre de sa famille, et encore.

[Iris]

Artémis demeurait bien accrochée à sa place, regardant songeusement les vagues et la mer démontée. Du coin de l’œil, elle observait de temps à autre le Dr. Granger avec une mine circonspecte, drapée dans sa dignité.

Est-il vraiment maladroit dans le choix de ses mots ou est-ce qu'il se rattrape aux branches en voyant que les leçons ne passent pas ?

"L'inspiration, si on veut. Ce mot donne juste l'impression que le texte tombe du ciel. Les gens se font une idée totalement erronée de l'écriture, ou de l'art en général d'ailleurs. Passé l'élan initial, le reste c'est 90% au moins de travail qui doit être rigoureux si l'on veut avoir quelque chose qui se tienne bien, et pas juste un peu d'aisance lexicale décorant une succession de situations convenues et déjà vue trop souvent." finit-elle par expliquer lentement.

[Amnèsya]

Malo s'interessait vaguement à la joute verbale qui se déroulait sous ses yeux.

Son regard décryptait les vagues et il semblait avoir de plus en plus de vagues qui en s’écrasant sur l'étrave aspergeaient gaiement l'avant du bateau.

D'ailleurs imperceptiblement, il avait progressivement accélérer si bien que le monstre était maintenant proche de son maximum.

Le nuage noir de fumée que l'Albatros laissait derrière lui ne épaississait pas pour autant, le vent ayant tôt fait de disperser les volutes de gazole imbrûlées.

On approchait de la demi-heure de navigation et pourtant l'ile des Ebihens, ne restait qu'une vague forme sombre, immobile dans cet univers mouvants

[Crépuscule]

Tandis que ses deux compagnons discouraient de la place de l'inspiration littéraire dans un sanatorium, Louise sourit à M. Malo en ajoutant :
"J'espère que j'aurais l'occasion de passer vous voir, je serais ravi de vous entendre parler de vos aventures."

Puis, après avoir écouté encore un peu la conversation entre Eugène et Artémis, Louise conclura simplement quand ils eurent finis :
"Je suis d'accord avec vous... Vous deux. Le métier d'écrivain demande beaucoup de travail et de préparation, et pour un auteur, un lieu isoley est propice à l'inspiration, à plusieurs égards. Il suffit de lire M. Poe ou M. Verne pour s'en rendre compte.

D'un autre côté, un lieu de santey comme celui-ci est un endroit qui doit imposey des limites et du respect à ceux qui n'y sont ni patient, ni soignant, et Mlle Hunt et moi même en sommes bien conscientes. La vie privé des patients et les secrets professionnels des soignants seront à l'abri. "

[Caeso Senjak Khan]

Un petit sourire illumina le visage d’Eugene.

-je suis ravi que nous soyons tous d’accord pour que la vie privée de ces patients soit respectée. Je serai tout autant ravi d’avoir l’opportunité de me faire dédicacer votre prochain ouvrage mademoiselle Hunt et de pouvoir découvrir votre pertinent article mademoiselle Drywhite.

Il reporta alors son attention sur la traversée, rappelé à l’ordre par une embardée.

[Amnèsya]

Le visage de Malo ne se décrispa que lorsqu'il eût enfin tourné la pointe de l'île et put s'abriter des rafales et de la houle par les hautes falaises de la côte.
L'aspect austère et sinistre de l'archipel n'avait fait que grandir au fur et à mesure que la distance se rétrécissait.

La plus part des iles de l'archipel n'était que de vagues ilôts, plus ou moins à fleur d'eau et d’écume au milieu desquels l'Albatros naviguait avec agilité. L'ile principale elle était plus grande. Pour les parisiens, elle semblait être bien plus grande que l'ile de la cité, que le docteur connaissait, puisque la Sorbonne n'était pas loin. Ses rivages étaient défendus par de hautes falaises sur lesquelles la houle venait se fracasser dans un vacarme que même le monstre ne pouvait concurrencer.

Le plateau que constituait son sommet abritait ce qui semblait être une épaisse foret de conifères et d'arbres torturés par les vents marins.

Malo longea la côte à une faible distance de la rive, quoi que suffisante pour prévenir de tout aléas. L’embarcation se calma, et la fin du voyage, qui avait duré près deux heures put être considéré comme confortable.

" Sur le côté, Vous voyez cette roche découpée de manière rectangulaire, en sorte de damier... C'est une ancienne carrière de pierre romaine... Lors de la construction du sanatorium, on s'est appuyé sur les vestiges pour créer la jeté qui abrite le bateau. C'est abrupte, mais ça évite la loin détour jusqu’à la cote sud ou l'on trouve des plages qui facilite le débarquement et un ancien phare abandonné.
Ca semble plus accueillant mais faut pas s'y fier. C'est le coté le plus exposé au vent et à l'océan. En hiver, les tempêtes se déchaînent et il n'y fait pas bon se balader. Ici, c'est plus haut, un peu plus compliqué, mais la forêt protège la bâtisse des vents dominant.
"

***

Bientôt, dans un retranchement de la falaise, on put distingue un môle de pierre maçonné en granit. qui s'avançait fièrement d'une dizaine de mêtres dans la mer. Contre la falaise se trouvait un abris en bois, grossièrement bati qui surplombait un plan incliné, probablement destiné à abriter le bateau à terre lors des epreuves de mauvais temps.
Malo manœuvra adroitement avec une prestesse insoupçonné pour une personne de son âge.
Il longea délicatement l’appontement, saisi une aussière qui' avait préparé, cala barre à contre, enclencha la marche arrière et sauta à terre. Deux de tour d'amarre autour d'une bite, il immobilisa définitivement la barque, qui retenu d'un coté, et aspiré par le moteur de l'autre, offrait maintenant une plate forme stable pour débarquer et vider le bateau.

"Docteur, si vous voulez bien vous donner la peine...

***

Lorsque tous le monde fut descendu, Malo montra un escalier de pierre qui serpentait sans sécurité sur le flanc de la falaise. Il y avait bien trente à quarante mètres de dénivelé à franchir.
Le sanatorium est au bout de ses escaliers.

Vous m'excuserez de ne pas vous accompagner, je dois m'occuper de ranger le bateau dans la remise. Si vous le souhaitez, je monterais vos bagages ensuite.

Il commençait se faire tard, le soleil se couchait bientôt à l'horizon, renforçant le vent par des rafales thermiques. Une légère brume montait emmenant avec elle les odeurs caractéristiques de la mer : celle du varech, de l'humidité, du sel et de quelques plantes resineuses.

[Caeso Senjak Khan]

Eugène remonta le col de son pardessus et y cala son foulard de soie enroulé autour du cou. Il avait aidé Mlle Hunt et Mlle Drywhite à débarquer sans encombre et observait à présent la silhouette du sanatorium qui se découpait en haut de ce qui lui semblait à présent un interminable escalier en granit. Il s'interrogea sur le choix d'un tel lieu pour y établir un établissement de soin avec comme objectif le repos de l'esprit alors que tout autour de lui la nature déchainé lui criait son tourment. Il espérait juste que les conditions météorologiques étaient habituellement plus clémentes ou du moins qu'elle le seraient le temps de leur séjour ici.

Vous m'excuserez de ne pas vous accompagner, je dois m'occuper de ranger le bateau dans la remise. Si vous le souhaitez, je monterais vos bagages ensuite.

-Oui ce serait très agréable de votre part. Je vais m'assurer que nous puissions déjà survivre à l'aller. Mlle Hunt, Mlle Drywhite, je vous propose de monter nous abriter rapidement. Je resterai une marche derrière vous afin d'être en mesure de vous...soutenir si vous deviez faire un faux-pas. Je vous supplie de faire très attention à ces marches que je suspecte d'être particulièrement traitres et glissantes. S'il vous plait.

Il les invita à se mettre en route sur le champ.

[Crépuscule]

Louise remercia chaleureusement M. Malo et lui promit de passer échanger avec lui autour d'un thé ou d'un café quand l'occasion se présentera.

Elle répondit à l'invitation du docteur en passant devant, non sans une petite remarque amusée :
"Une lady de bonne famille pourrait être choquée par cet écart de galanterie, mais je ne suis pas une lady de bonne famille et je préfère votre pragmatisme et votre proposition d'être notre garde-fou."

Il n'y avait aucun reproche dans son ton qui était plutôt taquin.

[Iris]

" Ah oui ? Glissantes, vraiment ? Je n'aurais jamais imaginé." pépia Artémis tout en prenant la valise contenant sa machine à écrire. "Merci infiniment Docteur, pour votre aide." La jeune femme eut un regard appuyé à Louise : "Heureusement que nous avons le Dr. Granger pour veiller sur nous, sur le plan moral et physique. "

L'écrivaine poursuivit avec légèreté tout en portant sa valise avec le même flegme que s'il s'agissait d'un sac à main en ville : "Je ne me serais vraiment pas sentie en sécurité sans cela. Je me demande bien ce qui m'a prise de vouloir venir ici. Je suis parfois tellement tête en l'air."

Plus sérieusement, Artémis faisait évidemment attention, mais restait raisonnablement confiante en sa capacité à mettre un pied devant l'autre avec précaution. Elle se demandait surtout comment on faisait pour faire monter les patients qui n'étaient pas au mieux de leur forme.

[Amnèsya]

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Sans être facile et agréable l’ascension spirituelle vers une tasse de chocolat chaud, un bon thé à la bergamote, voire même peut-être des bons gâteaux, devait au moins se mériter. Elle fut néanmoins bien plus facile que redoutée.
Plaqué contre la paroi, on ne ressentait pas les vents et les bourrasques. Passé les premières marches, même les embruns n’arrivaient plus à attendre les apprentis alpinistes.
Une grosse corde de chanvre, ancrée régulièrement dans la roche par des anneaux de fer, constituait une main courante, sure quoiqu’humide et peu agréable au toucher.
Artémis regretta son acharnement à ne jamais se séparer de sa machine à écrire fétiche.

Mais c’est seulement un peu essoufflé, que les visiteurs arrivèrent en haut de l’escalier.

Celui-ci débouchait sur un vaste parc bien aménagé et bien entretenu.
Au fond, une grande maison de style coloniale en pierre blanche trônait majestueusement. Avec un étage et des toits pentus en tuile, elle était manifestement une construction récente et devait présenter un haut niveau de confort.
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Elle tranchait avec les autres demeures présentes un peu en retrait qui parsemait le plateau. Celles-ci étaient des dépendances, et avaient visiblement été construites pour un usage plus rustique et ancien. Leur état de conservation varié de l’une à l’autre. De la relativement bien conservé et manifestement habité au jugé du linge qui pendait, à la totalement en ruine qui ne devait au mieux que servir de remise et de débarrât.
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Le reste du domaine était constitué par un vaste parc qui servait à la fois de jardin d’agrément avec un petit bassin et de potager.
Le soir et l’humidité portaient jusqu’aux visiteurs des différentes senteurs, qui devaient provenir d’un jardin thérapeutique : Violette, Pervenche, Pin, Pensée sauvage, Pulmonaire…

***

Le calme du tableau fut perturbé par l’apparition d’une dame d’un certain âge. Vêtue de blanc, le soir tombant ne permettait pas de distinguer tous les traits de sa personne. Cependant elle avait une démarche anormale… Elle se dirigeait en toute hâte vers une direction proche des nouveaux venus.
Non loin, une frêle silhouette marchait d’un pas monotone et automatique non loin du bord de la falaise. Elle semblait chercher une faille dans la barrière d’arbuste déformé qui ceinturait le parc.
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