[AdC] - Le Sanatorium 1.1

[Iris]

Artémis prit le temps de s'éloigner suffisamment du bord pour prendre la mesure des lieux en sécurité. La silhouette des arbres tourmenté lui plaisait et elle trouvait beaucoup de charme à ces lieux, leur architecture, cette tempête... Elle posa sa valise pour souffler.

Ne se sentant pas habilitée à intervenir à propos de la femme en blanc à la démarche anormale, elle laissa au Dr. Granger tout loisir de discuter. Elle regardait plutôt la seconde silhouette avec un peu d'inquiétude, se demandant s'il fallait craindre un accueil suicidaire. Elle n'arrivait pas à savoir si c'était absurde ou vraisemblable. Peut-être manquait-elle juste d'expérience en matière d'asile pour aliénés ?

Dans le doute, elle se contenta de regarder la réaction du Dr. Granger pour évaluer la normalité de ce qu'elle voyait, tout en commençant à aller vers la silhouette présumée suicidaire, prête à courir pour intervenir.

[Caeso Senjak Khan]

L'ascension vers la sanatorium fut plus aisé qu'escompté. Le terrain glissant semblait plutôt se situer au niveau de mademoiselle Hunt dont le ton ironique ne lui avait pas échappé. Il fut néanmoins satisfait de parvenir en haut sans encombre et profita un instant de la vue avant de distinguer les deux silhouettes. Il devait y avoir statistiquement plus de patients que de soignants à cet endroit et son expérience lui prouvait souvent que falaise et troubles mentaux ne faisaient pas bon ménages. Il emboîta le pas d'Artemis Hunt encourageant sa démarche.

-Je pense que nous pouvons aider cette vieille femme à rattraper sa patiente qui n'a assurément rien à faire dehors d'un temps pareil.

Eugene se dirigea également vers la silhouette d'un pas rapide.

[Amnèsya]

Se rapprochant assez vite, les traits de la dame devenait un peu plus distinguable. C'était une dame d'une soixantaine d'année, d'une taille courante et au corps aux rondeurs bonhomme. Des cheveux carré poivre et sel un peu en bataille, des vêtements d'un autre âge mais propre et soignés.
Elle ne semblait pas avoir remarquer les nouveaux venus et ne se préoccupait que de l'homme hagard près du précipice.

Il continuait à marcher à une vingtaine de mètre du docteur et des écrivaines. C'était l'exact opposé de la dame en terme de gabarit. Fluet, voire maigre et petit, des cheveux implacablement gominés, il portait un costume bien ajusté à sa personne. Il regardait l'horizon et rien ne semblait parvenir jusqu’à ses sens.

[Iris]

Ne sachant que penser, Artémis se contentait d'approcher rapidement aux côtés du Dr. Granger. A 20 m il était de toutes façons impossible d'agir, sauf à s'égosiller -- et encore à cette distance avec le vent... Autant concentrer leurs forces sur l'avancée. La jeune femme se calait en rythme sur son comparse, supposant qu'avec son expérience il serait meilleur juge qu'elle de ce qu'il fallait faire (ou surtout ne pas faire !). Après tout, peut-être que crier et appeler serait désastreux ? Ou salvateur ? Elle n'y connaissait rien.

[Caeso Senjak Khan]

Eugène s'avança avec circonspection : s'agissait-il de son bon ami le Dr. Brewer ? Dans ce cas il semblait avoir l'air particulièrement préoccupé.

-Dr Brewer ?

Il tenta de couvrir le mugissement du vent sans pour autant crier.

[Crépuscule]

Arrivée en tête en haut de l'escalier, Louise était heureuse d'avoir laissé ses chaussures à talon dans la valise.

La vue sur ce paysage fit naître en elle un nouvel intérêt pour ce reportage, finalement, elle allait peut être trouver de quoi écrire... Elle voulut conserver cette vision dont la luminosité du soir donnait un aspect fantasmagorique, et se saisit de son calepin et d'un crayon et commença une esquisse avant de remarquer (avec un temps de retard), la dame blanche... Non, la femme en blanc, et entendant ses compagnons de voyage s'activer derrière elle, elle se retourna pour les voir partir au secours d'un homme se tenant au bord de la falaise...

Elle aurait pu tenter de les rattraper (et peut être les aurait-elle rattraper, mais ce n'était pas une course et elle ne souhaitait pas risquer de compliquer la situation), mais elle s'avança vers la femme après avoir rangé crayon et calepin.

[Amnèsya]

Eugène réalisa assez rapidement que cela ne pouvait pas être son ancien professeur. Beaucoup, beaucoup trop jeune.
Malheureusement, le vent emporta ses paroles.

À force de tergiverser sur ce qu’il fallait faire, la dame en blanc finit par rattraper le jeune homme. Elle sembla lui passer un sermon…
Certaines rafales apportèrent des mots éparpillés… « C’est pas bien » … « rendre triste » … « mon bon repas »


Bientôt tous se retrouvèrent ensemble un peu perturbés par la situation qu’il venait de vivre… On ne se savait pas vraiment ce qui s’était passé, si c’était grave, si l’on s’était inquiété pour rien ou si au contraire on avait échappé au pire.

Ayant repris son souffle, avec un sourire aimable la vieille dame finit par mettre à l’aise les nouveaux venus par un ton enjoué.
« Bonjour. Je suis Blanche. Le docteur Brewer ne nous avait pas prévenus que nous aurions de la visite. Mais, venez vous mettre à l’abri.
Je vous présente Alan. (A voie basse) ce n’est pas une bonne journée pour lui. »
Puis prenant Alan par la main elle invita tout le monde à la suivre en direction de la somptueuse demeure.

En pénétrant dans l’entrée, les invités purent comprendre pourquoi on leur avait vendu un séjour de luxe. Le hall sur deux niveaux était majestueux. Un double escalier monumental en marbre desservait l’étage dont la balustrade ceinturait le volume tel le triforium d’une cathédrale. Le lustre reflétait dans toutes les directions les rayons de soleil couchant qui pénétraient par une grande verrière. Au sol le carrelage en damier soulignait l’impression de grandeur de la pièce.
De chaque côté du hall, on pouvait apercevoir deux portes massives en chêne massif sculptées de fresque. Celle située à gauche en entrant était entre baillée et donnée manifestement dans une bibliothèque bien fournie. L’autre était fermée.

Derrière les escaliers, on pouvait également apercevoir deux autres portes. Enfin en face une dernière menuiserie devait desservir une autre aile du bâtiment.

Blanche accueillit les visiteurs et leur indiqua la bibliothèque.
« Je vous prie de vous installer. Le docteur Brewer fait une petite sieste à l’étage. Pour l’instant, c’est moi qui suis de garde. Et il faut que je m’occupe d’Alan avant le dîner. »

Elle fit quelques pas vers la direction du fond de la pièce tenant toujours Alan apathique par la main.

« Ah! j’oubliais… Nous avons eu un petit incident cette après-midi… n’entrez pas dans le salon. »

Elle repartit vers sa direction initiale.

[Caeso Senjak Khan]

Eugène se rendit bien vite compte qu’il ne s’agissait non pas de son éminent professeur mais bien d’un patient égaré corps et âme. Il apprécia de se retrouver enfin à l’abri de l’imposante masure bien qu’étonné de ne pas être attendus à l’en croire la vieille femme qu’il identifia comme une sorte d’intendante.

-Dr Eugène Granger, je suis venu à la demande du Dr Brewer. Il est fâcheux que ce dernier ne vous ait pas mis au courant de notre arrivée, veuillez nous pardonner alors cette entrée impromptue.

Il attendit que les autres invités se présente puis, respectueux des consignes de leur hôte, se proposa de l’attendre dans la bibliothèque.

[Amnèsya]

Spoiler () :

Ce n'est pas une obligation d'aller dans la bibliothèque c'est juste pour vous donner au cas où du grain à moudre

La bibliothèque était une pièce accueillante quoique probablement un peu surchargé suivant le goût de certain. Les étagères, présentes sur l'ensemble de la périphérie, étaient chargées de livres et d'ouvrages de tailles et d'age hétéroclite. Des plantes égayaient l'espace tant dis qu'une cheminée monumentale invitait au calme et au repos, pendant les longues soirées d'hivers.

Cependant, ce soir là, on n'avait pas choisi d'allumer le feu, juste de préparer le foyer pour une utilisation future.

Des fauteuils moelleux et des canapés gourmands appelaient au repos, surtout après une traversée aussi mouvementé.

Dans un coin de la pièce, une jeune femme, vetue sombrement et sombrement (de couleur sombre) était absorbé dans la lecture d'un roman.

Au dessus de la cheminée, une horloge indiquait 18h15

[Iris]

Après cette scène étrange et un peu inquiétante, Artémis était retournée reprendre sa machine à écrire. Elle demeura un moment immobile dans le vent, à humer les parfums de l'air et s'imprégner de cette atmosphère irréelle. Qui avait pu imaginer un tel endroit ? L'excentricité et la richesse s'associaient ici pour créer un mélange qui ne pouvait que l'interpeller, elle qui était par nature si profondément curieuse.

Pénétrant dans le bâtiment sur les pas du Dr. Granger, elle prit à nouveau le temps de regarder et sentir. Elle songea un instant aux gens envoyés ici, cela ne semblait pas si mal. Pourquoi si loin ? Et surtout pourquoi diable pas de meilleur escalier ? Elle avait du mal à croire que l'on n'avait pas déjà eu d'autres accidents. Entre une falaise objectivement dangereuse et des gens aussi fragiles que cet Alan, il était aisé de craindre le pire.

" Artémis Hunt. J'avais écrit à plusieurs reprises et j'avais reçu une invitation... je... Nous étions pourtant attendus par le capitaine Malo ? " s'étonna-t-elle en se rendant compte de l'anomalie dans l'accueil. Pourquoi certains étaient-ils au courant de leur arrivée et pas d'autres ? La communication au sein de l'établissement était-elle si mauvaise ? Les gens étaient-ils seulement distraits ou était-ce un vrai problème ?

" Merci pour votre accueil. J'espère que nous ne dérangeons pas." ajouta-t-elle pour éviter de rester sur une note qui pouvait être prise pour suspicieuse.

Porte de la bibliothèque à gauche, puis escalier, puis porte derrière -- qu'elle ne voyait pas bien -- , second escalier, deux portes à l'arrière vers une destination mystère, et la dernière. Porte fermée. Le salon ? ... un incident ? ... Ne pas y aller ? ...

Artémis imaginait une pièce badigeonnée de sang suite à un incident digne de celui qui avait failli se produire. Avec une moue mêlant résignation, bonne éducation et vague inquiétude, elle soupira et s'apprêtait à suivre le Dr. Granger dans la bibliothèque.

Une fois à l'intérieur, voyant l'inconnue: "Bonsoir." Elle posa sa machine à écrire à un emplacement où elle ne semblait pas déranger avant de s'avancer un peu pour se présenter courtoisement : "Artémis Hunt."