Fortuna Imperatrix Mundi

-Ce dessin est a priori un symbole occulte censé protéger du mauvais sort, pas des actes délictueux d'un forcené interné. Si monsieur Johnson avait la mauvais idée de s'en prendre au mobilier avec sa hache, je prendrai toute les mesures nécessaire à sa neutralisation, et cela ne consistera nullement à lui jeter du sel à la figure.

Il s'assit sur le lit et pris sa tête entre ses mains pour réfléchir.

-Je veux bien aller voir Léonard, mais je dois y aller seul, je laisserai la porte entrouverte. Vous pourriez demeurer au rez de chaussé et ainsi me prévenir si quelqu'un tentait de s'introduire dans la maison. Je remonterais aussitôt.

"Il y a le problème du bateau, personne n'est censé venir je suppose que seul M. Malo faisey le lien avec le continent, si nous voulons partir d'ici, si nous survivons assez longtemps, il faut trouvey un moyen de prévenir les autorités. S'il n'y a aucun moyen de communication dans ces bâtiments, le seul que je vois est les signaux lumineux. Soit transmettre un SOS en morse et qu'on ait la chance de voir un bateau passer suffisamment prêt ou sinon, il faudrey tenter de rallumey le phare abandonney... Mais il est loin, ce sera extrêmement risquey tant que l'homme à la hache rôde dehors. En attendant, on peut tenter de trouvey les fenêtres d'où nous pourrions émettre notre signal. "

Artémis regardait Louise en se demandant dans quelle mesure elle était elle-même tant la blessée paraissait fébrile et impatiente. Rallumer le phare ? Pourquoi pas, mais ça ne se ferait au mieux que demain, à supposer qu'il soit possible de survivre à la nuit avec trois supposés fous criminels.

" D'accord."

Elle répondait au Dr. Granger, sans entrain et se prépara à descendre en aidant Louise, la mine sombre, n'aimant pas du tout l'idée de laisser le Dr. Granger seul avec Léonard.

" Louise, si vous voulez de la lecture pendant ce temps, j'ai ici l'ouvrage commandé par feu le Dr. Brewer. Je pourrais vous faire au besoin la conversation en vous résumant nos lectures. En bref, l'employé récent, le poète maudit et Léonard-le-misogyne-paranoïaque sont problématiques."

Leonard devait dormir à point fermé. Mais il était possible de le réveiller.
Louise pouvait feuilleter le livre dans le coffre. Sa lecture complète serait longue et son intuition lui disait qu'elle ne s'en sortirait pas forcément indemne. Mais qui sait il y avait peut être des secrets enfuis.

Le Dr Granger était retourné dans le bureau du Dr Brewer afin de préparer le traitement de Léonard. Il était redescendu en compagnie d'Artemis qui patienta visiblement inquiète sur le pallier de l'escalier et continua seul sur les dernières marches qui l’amenèrent à la porte de Léonard Hawkins. Il prit une profonde inspiration puis, arbora un sourire docte et frappa deux fois à la porte avant d'entrer directement.

-Monsieur Hawkins ? Veuillez m'excuser pour l'heure tardive mais je crois bien avoir oublié de vous donner votre médication habituelle.

Avant de descendre Louise voulu observer par les fenêtres de l'étage pour vérifier si elle distinguait des lumières en mer, ou mieux encore, des lumières de la côte (mais n'avait pas grand espoir de ce côté là avec la tempête.)... Mais dehors, c'était une véritable purée de pois dehors, on y voyait goutte comme disait parfois Adèle même si elle ne comprenait pas bien le sens. Un bateau aurait pu se trouver à quelques miles qu'il serait resté invisible à leurs yeux...

Une fois descendue avec Artémis, elle s'intéressera rapidement au livre découvert dans le coffre, dans toute cette folie, il y avait peut être des réponses là dedans... Mais une crainte sourde se logeait sans son estomac à l'idée de le lire, comme cette sensation que les ombres de sa chambre à l'orphelinat pouvaient l'engloutir qu'elle avait ressenti souvent plus jeune.

Elle reporta son attention vers Artémis, essayant de détourner sa curiosité qui luttait contre ses frayeurs :
"Que vous a dit Darlène au sujet d'un symbole protecteur ? “

Son regard vu de nouveau attiré vers le livre mais elle le reporta droit dans ceux d'Artémis.

Artémis ne demeura pas longtemps concentrée sur Louise, répondant en tournant à nouveau le regard vers le couloir où se trouvait le Dr. Granger :

" Le Dr. Granger a hypnotisé Darlène et appelé Annephis. Elle a dit avoir combattu "Ceux qui attendent", qu'ils n'étaient sensibles qu'à l'électricité, le feu, le soleil et l'eau de mer. Elle disait qu'il existait deux symboles pour s'en protéger, l'un révélé uniquement aux élus de Baast, et l'autre qu'elle qualifiait d'hérétique, et qu'elle ne connaissait pas. Elle a dit qu'elle demanderait à Baast l'autorisation éventuelle de nous enseigner le symbole de son culte."

Pauvre Louise, blessée et ainsi négligée, recevant des réponses sans être vraiment regardée, avec une interlocutrice qui guettait anxieusement ce qui se passait plus loin !

"Elle est... ou se croit.. possédée par Annephis ? Really? C'est.... Crazy! Toute cette histoire l'est..."

Son regard abandonné à sa curiosité, il se reporta sur le livre... Après un moment de silence, Louise commença à se plonger dans la lecture de l'ouvrage.

Artémis restait concentrée sur le rôle de sentinelle. Elle répondit un peu ailleurs :

" Asile d'aliéné, que tout le monde soit fou ici... "

Le nuit était noire, sombre, sans vie, hostile et inquiétante. Mais en dehors de la pluie, du vent, et des feuilles dans les arbres. Artémis ne distinguait rien.

Pris au saut du lit, Léonard ne réalisa pas qu'il ne prenait pas de traitement usuellement et pris sa tache machinalement