2013 - Agenda, Bavardage - tout ce qui vous tente !

[Asdel]

Ah si je n'étais pas étudiant et que je n'avais pas des projets à long termes, mais surtout un portefeuille aussi plein d'oseille que la Bérézina de glace, je me serai surement jeté dessus bravement à la hussarde ^^

[darkbaron]

Formation jusqu'au mois d'octobre... Bon, ça m'intéresse quelque peu et je n'aurai pas cours tous les jours, mais je crains que cela morde sur d'autres projets professionnels ou "scolaires", notamment si je suis pris en DUT (c'est bête, vu que cette formation est un bon atout pour ce dernier).

[Eoin Mac Aoidh]

Petit pétage de plomb politique...
La loi européenne, même ses chartes, est censée être supra-nationale, au sens où tous les pays membres doivent les adopter, quitte à modifier leur Constitution - du moins, en théorie.
Or donc une charte européenne sur la défense des langues régionales, qui prône la proposition de l'enseignement bilingue et la formation de personnel d'accueil bilingue dans la fonction publique (et donc des emplois !) doit être adoptée par la France.
Le Président Hollande, que je soutenais jusque là, a décidé, la veille de l'examen de ladite charte, que finalement, il renonçait. Peut-être parce qu'il n'aurait pas la majorité requise pour modifier la Constitution (je ne vois en quoi devoir la modifier, mais bref). Revenant sur son seul engagement qui m'importait réellement (que ce soit Aubry, Hollande, DSK, Tartenpion, j'aurais voté pour le PS anyway).
Ce qui est amusant, c'est qu'au final, le seul qui défendait un peu les langues régionales a créé les écoles Diwan en Bretagne, alors qu'il était Ministre de l'Education (je vous laisse trouver qui c'est). Le seul qui ait un tant soit peu dit la vérité, malgré sa faible représentativité, et qui (c'est amusant) marque un courant politique très fort en Bretagne.

Pour ceux qui me parlent du 1er article de la Constitution, ca n'a jamais empêché les gens de parler leur langue en Alsace-Lorraine, que je sache, mais les Bretons, si. Et "bilingue" ne signifie pas "abandon de la langue française comme langue maternelle", notamment.

Donc voilà, un bon coup de gueule... Et on commence à me demander pourquoi je me sens de moins en moins français ou représenté... Ce sont souvent les mêmes qui, quand on leur dit que bientôt, le français sera totalement supplanté par l'anglais et disparaitra, poussent de grands cris et appellent à la défense de la langue française... Deux poids, deux mesures ? Comme souvent pour les Bretons...

[darkbaron]

Je ne comprends pas spécialement la réticence du président sur ce point. Bon, pour la fonction publique, je peux voir ce qui peut le déranger (et encore...), mais en ce qui concerne l'éducation et les écoles bilingues, non, je ne comprends vraiment pas pourquoi il renonce tout simplement à adopter cette charte.

[Eoin Mac Aoidh]

Parce qu'il lui faudrait modifier la Constitution (et j'aimerais qu'on m'explique pourquoi !), et que pour se faire, il lui faut une majorité des 2/3 des Chambres. Majorité qu'il ne pourra pas avoir (la droite est contre, l'extrême-gauche contre, même le PS n'est pas uni là-dessus).
J'ai envie, une fois n'est pas coutume, de comparer au Royaume-Uni... Plus de la moitié des gallois comprennent ou comprennent le cymraeg, la redécouverte du cornique, le gaélique qui revient peu à peu... Non, je pense que c'est aussi une vision centralisée de la France, monolithique et lisse, qui gomme toute différence et richesse culturelle, qui ne comprend pas que la Bretagne a bien plus à voir avec l'Irlande ou l'Ecosse qu'avec la France, au final, et que ca va en s'accentuant. Et il ne faut pas se demander pourquoi...

[darkbaron]

Modifier la Constitution, peut-être, mais je ne vois pas forcément pourquoi si on estime que le breton est une langue régionale.

Après tout, si on demandait que les professeurs soient bilingues, ainsi que d'autres représentants de la culture et de l'éducation dans la fonction publique, tout en conservant tous les documents administratifs en français, où serait exactement le problème pour la Constitution.

Le français resterait la langue de la République, et donc des documents officiels, mais le breton aurait une place culturelle.

[Eoin Mac Aoidh]

Peut-être parce que, justement, il faut modifier l'article 1er sur la langue ? Je ne sais pas.
En Bretagne, les panneaux routiers bilingues fleurissent. Pas que dans le Finistère, mais à Rennes, à Vannes, on en trouve même à Nantes ! Des endroits où on n'a jamais parlé breton avant cette renaissance celtique !
Je pense aussi qu'il craignent qu'après avoir accordé la langue, les différentes régions à identité culturelle forte (Corse, Pays Basque, Bretagne, l'Alsace-Lorraine reste à part car très favorisée) demanderaient une autonomie partielle ou complète ? Là aussi, je ne vois pas où serait le souci. Quand je vois comment Paris négocie la PAC alors qu'en Bretagne, on en a cruellement besoin...

Je prêche pour ma paroisse, mais je suis certain que d'autres problèmes liés à la centralisation se posent ailleurs. Je ne les connais juste pas.

[Angarad]

Bon... Encore un sujet qui m'énerve...
Il existe une tradition de l'usage de la langue française dans l'administration française. Dès 1539, l'ordonnance de Villers-Cotterêts de François Ier instaure la primauté du français dans les documents relatifs à la vie publique pour faciliter la bonne compréhension des actes de l'administration et de la justice. Pas pour emmerder les défenseurs des langues régionales. De plus, le président serait obligé de modifier la Constitution parce que depuis une loi constitutionnelle en 1992, l'article 2 de la Constitution de 1958 a été révisé pour introduire la phrase suivante : « La langue de la République est le français. » Et pas le breton, le provençal ou l'alsacien, qui sont des idiomes régionaux et pas la langue nationale.

Donc oui pour apprendre aux enfants qui le veulent la langue de la région où ils vivent.
Non pour en faire une obligation à laquelle on ne peut se soustraire. J'habite la Normandie, je n'ai pas envie d'apprendre le patois normand. Au même titre qu'un fonctionnaire muté à l'autre bout de la France n'a peut-être pas envie d'apprendre le patois poitevin.
Là est la différence.

[Eoin Mac Aoidh]

On parle de langues, pas de patois, ou "d'idiomes régionaux" ; ce sont des langues à plein titre, qui remplissent le rôle de communication et d'identification. Des langues minoritaires, en France, on en a peu (breton, basque, corse, alsacien, des régions à forte identité d'ailleurs). Je n'aime pas quand un personne fourre dans un même panier langues, patois, créoles, pidgins, c'est comme mélanger des poireaux et des voitures.
De plus je disais bien offrir la possibilité de l'apprendre. Pas l'obligation. J'ai deux amis nés à Paris, l'aîné ne se considère pas breton, le puiné si (et le troisième est carrément allé à Diwan). Et à chacun ses sensibilités, sa volonté d'apprendre ou pas, pour des régions qui sont compréhensibles et respectables. J'aime le breton, le parler, l'apprendre, mais je ne vais juger personne parce qu'il ne le fait pas.
Ensuite, je sais que la langue est le français. Et les documents officiels, les formulaires, doivent rester en français. Mais ces langues régionales sont une part de notre culture, de nos richesses.

Mettons que l'anglais supplante toutes les autres langues, au motif que c'est la langue mondiale, et qu'on te supprime l'apprentissage et l'usage même du français, à tous les niveaux. Je pense que ca nous déplairait tous. Hé bien en Bretagne, c'est le cas... Je vais arrêter là, pas faire mon persécuté, parce que des exemples, y en a à la pelle...

[Angarad]

Le provençal est aussi une langue, parlé pendant très longtemps sur une grande portion de territoire, qui a une grammaire, une histoire et des racines. Je le parle (mal), je le comprends (bien), je l'aime. Mais je ne monte pas sur mes grands chevaux quand j'entends dire "patois provençal". En fait, je m'en fous parce que c'est un détail.

Tu dis "offrir la possibilité d'apprendre" mais tu dis aussi être pour "une charte européenne sur la défense des langues régionales, qui prône la proposition de l'enseignement bilingue et la formation de personnel d'accueil bilingue dans la fonction publique (et donc des emplois !) doit être adoptée par la France". Je ne suis pas pour. Tout le monde parle français en France et les langues régionales n'ont rien à faire dans l'accueil de la fonction publique. Par contre, qu'elles soient enseignées à l'école, j'y suis tout à fait favorable parce que c'est leur place.

Je crois que vous n'avez pas à vous plaindre en Bretagne. Vous avez les écoles Diwan, des musiciens impliqués dans la défense et la diffusion de la langue, des politiques concernés. Des panneaux indicateurs... Ailleurs, c'est plus le désert mais ça n'empêche pas les gens de parler leur patois.
Et ce que tu dis est justement très significatif. "Mettons que l'anglais supplante toutes les autres langues, au motif que c'est la langue mondiale, et qu'on te supprime l'apprentissage et l'usage même du français, à tous les niveaux. Je pense que ca nous déplairait tous. Hé bien en Bretagne, c'est le cas..." Faut savoir. En simplifiant autant que toi, ça donne un truc dans le genre... Soit vous êtes Français et Bretons, soit vous êtes Bretons. Mais adieu tous les avantages d'être Français, ce qui inclut la PAC, les infrastructures, l'administration, la fonction publique, l'enseignement, les aides et les dispositifs de l'Etat.

Je crains également qu'en favorisant les langues régionales, on n'accentue justement les régionalismes et les tensions. De ce genre-là, justement...