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Angarad
19 juin 2013, 03:45
Astrid s'était installée devant la coiffeuse, seulement vêtue de la fragrance de rose qu'elle affectionnait, et arrangeait avec un soin tout particulier les boucles fauves de son chignon, piquant de petites fleurs de soie blanche à intervalle régulier dans ses cheveux.
Elle avait déjà mis de la couleur sur ses pommettes, ourlé de rouge ses lèvres pulpeuses, souligné de noir ses yeux verts. Cela suffirait bien pour ces dégénérés. Il fallait faire bonne impression, oui. Les bâtards royaux s'étaient invités sans aucune vergogne ici.
Siegwulf avait reçu l'invitation au diner et était allé se laver et se changer. Il la vit assise nue devant son miroir et eut un sourire. Il se rapprocha, déposa un baiser sur sa nuque et glissa les mains autour de sa taille.
- Bonjour, ma dame... Comment s'est passé ton après-midi ? Tu es superbe..., murmura-t-il à son oreille.
- Merci. Tu as répondu à l'invitation du prince héritier ? Je ne t'ai pas vu du tout de l'après-midi.
- J'ai parlé à l'un d'eux et j'ai du régler des affaires militaires avant d'avoir le temps de m'entraîner un peu. Et comme j'ai reçu cette invitation, je suis venu me laver et me changer.
- Cette délégation est importante pour le domaine, il va falloir faire un effort de diplomatie, Siegwulf. Ce serait bien que tu aides ton frère à asseoir l'influence de la famille en te montrant un peu amical avec ceux qui le sont également à ton égard.
- Ils se croient pourtant tellement supérieurs, pensent que ce qu'ils font est la seule façon de faire, les seules choses à faire... Y en a un qui m'a tanné avec sa joute, et je lui ai dit poliment mais fermement que ca ne m'intéressait pas.
- Celui qui t'a "tanné" est le futur roi de ce pays. Nous pouvons penser tout ce que nous voulons d'eux mais il faut absolument qu'ils soient enchantés de leur séjour. Celui-là a l'air moins imbu de sa personne que les autres, peut-être devrais-tu faire un effort et lui proposer un entraînement à l'escrime. Siegwulf, tu m'écoutes ?
- Oui, je t'écoute. Je le ferai, d'accord. Mais ne me demande pas d'apprécier ce que je ne veux pas faire, comme de la joute.
- Je ne te demande pas cela, allons. Il faut pourtant faire un effort non pas pour leur plaire, cela nous nous en moquons. Mais pour leur montrer que nous Nordiens ne sommes pas des barbares, contrairement à ce qu'ils pensent ici.
- Oh ils s'en rendront compte, j'y compte bien. Ce soir, je serai bien comme il faut et demain, je proposerai à cet homme un entraînement à l'escrime.
- Tu ne cherches pas vraiment non plus la compagnie de ton frère alors que j'avais crû comprendre que vous vous entendiez plutôt bien. Comment cela se fait-il ?
- J'ai une armée à mettre en place et en ordre. Une fois que je serai sûr que tout se passera bien à ce niveau, alors je pourrai parler à Enguerrand, visiter la ville.
Le devoir avait toujours été une grande motivation de sa vie, et ça ne changeait pas.
- Tu peux faire les deux en même temps, Siegwulf. Tu passes ton temps avec la troupe, tu pars le matin pour rentrer le soir tard, je n'ai pas l'impression que tu vas faire d'effort pour assister aux repas si tu peux y échapper... Je me trompe ?
- C'est vrai, on a tellement à dire avec les officiers... Mais j'ai l'impression de te délaisser, tout en sachant que je ne peux pas passer mes journées avec toi ou une grande partie, au moins. Je ne veux pas qu'on passe pour des tires-au-flanc.
- Tu ne me délaisses pas, allons. J'aimerais que tu fasses un effort pour t'occuper de ton fils qui te réclame beaucoup en ce moment, mais aussi pour ton frère et ta soeur. Enguerrand a besoin de quelqu'un de solide et de fiable à ses côtés, quelqu'un à qui parler aussi. Lysanor a besoin d'être protégée. Et puis je n'ai pas l'impression que les troupes ici soient de mauvaise qualité. Les hommes ne sont pas négligés, ils sont en bonne forme, disciplinés.
- Oui, ils le sont. Mais si on ne se comprend pas sur le champ de bataille, ce sera l'échec. Mais... je ferai ça. Être beaucoup plus présent pour toi et Balder, pour Enguerrand et pour ma soeur.
- Je comprends que tu aies des responsabilités et que tout ton temps ne me soit pas consacré, ne t'en fais pas. Nous nous retrouvons le soir...
- Oui, ou de temps en temps... Comme là...
Ses mains glissèrent pour caresser ses hanches, ses cuisses. Astrid sourit en le regardant dans le miroir et le laisse faire. Parti comme c'était parti, ils ne seraient pas prêts tout de suite...
- Comme là, oui... J'aime bien ces petits intermèdes impromptus... J'ai vu ton frère te faire signe ce matin mais tu as filé rejoindre les soldats. Je pense qu'il était un peu déçu que tu ne viennes pas le voir. D'autant qu'avec la délégation est arrivée fort à propos avec une jeune fille célibataire en âge de se marier... si tu vois ce que je veux dire...
- Il aura de quoi s'occuper alors... Il m'a salué, je lui ai rendu son salut, mais je n'avais pas compris qu'il m'invitait à venir ; il était occupé, en plus.
Ses caresses se firent plus lascives, ses lèvres se perdirent sur la nuque douce. Son épouse se mit à rire. Elle n'était pas persuadée que la poupée de porcelaine ramenée dans les bagages de la délégation pouvait être le genre de brûlot incandescent capable de retenir son attention plus de dix minutes.
Surtout après le petit échange aussi éloquent qu'édifiant qu'ils avaient eu à peine trois heures auparavant...
- Occupé... Avec le petit intrigant qui laisse son nervi traîner dans le château et être ses yeux et ses oreilles ? Je ne l'aime pas. Il y a quelque chose qui me dérange chez lui.
- Je ne l'aime pas non plus. J'espère qu'on ne me l'imposera pas, il n'a rien à faire dans une armée ou une chaine de commandement.
- Si on te l'impose, tu pourras toujours lui faire comprendre que tu ne veux pas de lui. Tu es doué pour ça. Pour d'autres choses aussi...
Une de ses mains se perdit sur son ventre, puis plus bas, il se mordilla la lèvre en soupirant et elle le sentit bouger dans son dos. Elle eut un regard moqueur et dit à mi-voix :
- Tu as l'intention de rester tout habillé ?
Il sourit et Astrid sentit ses vêtements glisser contre leurs peaux jusqu'au sol, puis son corps brûlant se coller contre elle alors qu'il reprenait ses caresses. Elle rendit son sourire au reflet dans le miroir puis se tourna vers lui, le poussa à s'allonger au sol et vint le chevaucher sans le quitter des yeux, posa les mains de chaque côté de sa tête, laissa ses lèvres papillonner sur son visage, sa bouche, son cou. Il se laissa faire, gémit quand sa toison le caressa avec insistance, de manière impudique, frissonna sous ses caresses, ses baisers.
- Promets-moi d'être un grand frère, Siegwulf... L'aîné béni des dieux, le fils prodige, tu te rappelles ? Explique aux Targaryens que toi vivant, jamais ils ne mettront la main sur quoi que ce soit ici. Que ce soit par les armes ou par les femmes...
- Oui... Je te le promets, je serai un grand frère et ils n'auront rien du tout.
Les lèvres de son épouse se posèrent sur les siennes alors qu'elle entendait ce qu'elle voulait entendre. Son époux n'avait qu'une parole, il serait pire que le Mal noir si d'aventure ces chiens menaçaient sa famille.
Il répondit au baiser, sa langue se mêla à la sienne avec passion, ses hanches commencèrent à bouger sous elle, l'encouragèrent dans la voie qu'elle empruntait. Elle s'empala avec une lenteur délibérée sur lui, plongea son regard dans le sien et eut un sourire qui mit le feu à son esprit tandis que ses hanches mettaient le feu à son corps, faisaient couler de la lave dans ses veines et couvraient sa peau d'un voile de sueur.
Siegwulf poussa un long gémissement, ses mains vinrent saisir sa taille fine, il la dévorait des yeux, la bouche entrouverte. C'était tout son corps qu'il l'appelait, qui la voulait, la désirait, et il se tendit vers elle, contre elle, pour la posséder encore une fois, encore plus loin. Il se sentait partir, comme si quelque chose était différent, plus fort que ce qu'ils avaient déjà vécu. Il recherchait avidement le contact, à la posséder, à sentir sa lance la faire sienne totalement, intimement, un besoin incroyable et impérieux qu'elle avait allumé en elle.
Astrid dut faire un effort pour rester concentrée sur ce qu'elle faisait. Son époux était peut-être moins raffiné que les gens du sud, mais il savait y faire autant qu'eux... Dressée au-dessus de lui, la tête renversée en arrière, elle entraînait dans une sarabande voluptueuse les sens en fusion de l'homme prisonnier entre ses cuisses et selon toute probabilité, elle n'avait aucune intention de le laisser s'échapper avant qu'il ait déposé les armes.
Il n'en avait aucune intention non plus, elle enflammait son corps, ses mains parcouraient les courbes qui le chevauchaient. Rapidement, il se sentit tressaillir en elle, menacer de le libérer totalement.
Elle l'attira dans ses bras et prit sa bouche en un baiser sans concession pour que les sensations explosent en eux. L'étreinte était forte, déstabilisante et c'était ainsi qu'elle l'avait voulu. Pour qu'il n'oublie pas d'être le grand frère qu'elle lui avait demandé d'être, pour que ce soit inscrit au fer rouge dans son corps et dans son esprit.
Il lui répondit avec fougue, la serrant contre lui alors qu'il la possédait une dernière fois, son gémissement étouffé par leurs langues qui se mêlaient. Elle sentit son extase puissante, brûlante, l'envahir totalement, sceller cette promesse qui ne le laisserait jamais plus indifférent, c'était certain, tant il s'était donné. Il en avait même le tournis.
Il poursuivit son baiser, de plus en plus doux, frissonnant encore sous cette sensation qui l'avait emporté. Son épouse l'accompagna dans cette apothéose, apprécia sa douceur, ses gestes mesurés. La conclusion idéale à une étreinte qui avait tenu toutes ses promesses.
Elle se laissa aller contre lui, le souffle court et le corps éprouvé de la lutte difficile qu'elle venait de mener contre la résistance de son époux. Mais ça en valait la peine. Autant pour ce qu'elle avait voulu obtenir que pour ce qu'elle avait obtenu...
Ses doigts fins glissèrent dans ses cheveux, elle lui sourit en posant à nouveau ses lèvres sur les siennes avec délicatesse, elle ne précipita pas la séparation des corps même si elle savait qu'ils risquaient d'être en retard.
Il fallut un moment pour qu'il cesse de l'embrasser, pour qu'il ait assez récupéré pour pouvoir la laisser aller, se préparer pour le dîner. Qu'importe le repas, pour quelques instants encore...
Les hommes oublient plus vite la perte de leur père que celle de leur patrimoine.