OdE - Chroniques d'Helefrt 1.4 - Un refuge

[Iris]

Durant toute la journée, il avait plu sur cette route secondaire qu'Erin Aish avait été contraint d'emprunter suite à la découverte d'un glissement de terrain sur la route principale. Il avait observé de drôles de corbeaux durant sa route, ils avaient un air sinistre, perchés, éparpillés sur des sapins, le dardant d'un regard agressif et vicieux. Heureusement, il allait pouvoir se réfugier pour la nuit dans une habitation de mineur !

...

Traversant des sentiers forestiers discrètement, Farlan Tandrill avait lui aussi subi l'humidité ambiante et la végétation dense, une journée raisonnablement fraîche du milieu du printemps, mais avec la brume et la pluie, il faisait aussi désagréablement froid que durant l'automne. Il avait également remarqué qu'un étrange vol de corbeau errait dans la région, l'air anormalement mauvais. Quelque chose clochait avec eux, il en était convaincu, il connaissait la nature et savait reconnaître ce genre de signes. Enfin, au détour d'un virage, il découvrit un refuge : une habitation de mineur ! Cela valait mieux que de dormir dehors cette nuit avec la pluie qui tombait plus drue, la lumière qui baissait et l'orage qui menaçait d'être de la partie.

Le voyageur nota qu'un peu plus bas, sur la route, un autre voyageur allait sensiblement dans la même direction que lui et avait vu lui aussi le refuge.

Il allait sans doute falloir partager l'hospitalité des gens ici.

...

Le refuge se trouvait un peu en hauteur, sur la gauche par rapport à Erin Aish et en face pour Farlan Tandrill, il fallait monter un petit sentier raide et rocailleux pour l'atteindre, et en haut, il pouvait découvrir une maisonnette en pierre, torchis, bois et toiture en pierres plates, un ensemble hétéroclite fonctionnelle qui signalait une construction improvisée par quelqu'un qui n'était pas architecte ni maçon ni charpentier. A l'extérieur un potager était envahi de mauvaises herbes, mais il y avait encore des pois à cosse blanche mouchetée de pourpre, un légume paysan typique ; côté également, des poireaux jeunes semés de l'année, non encore repiqués, et quelques poireaux adultes qui restaient de l'hiver ; des salades à couper, de la mâche aussi ; du persil, de la ciboulette ; des rangées de carottes ; des radis noirs... Mais un peu plus loin, la terre retournée commençait à être envahie elle aussi d'herbes. Des instruments de jardinage planté à proximité, comme utilisés pour creuser et reboucher ensuite.

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Soudain un claquement : la porte se ferma brutalement !

La maison était vide, abandonnée.

A l'intérieur, des meubles brisés, des traces de coups d'épées, des taches brunâtres sur le sol.


... Leur refuge avait été le théâtre de terribles événements !

C'était le vent.

[Raton]

Erin avançait sombrement sur le chemin. Il était profondément enfoui dans son manteau et sa cape. Un vol de corbeau semblait le suivre depuis un moment et finissait d'assombrir cette journée maussade. Il avançait lentement, se dirigeant vers le refuge. Il aperçut alors un inconnu qui visiblement, comptais également profiter de ce logis. Son visage se tordit alors en une moue dédaigneuse.

"Parfait, vraiment parfait ! Voici qui finit parfaitement une journée des plus merveilleuses !"

Une fois arrivé sur le seuil de l'habitation il s’arrêta. Il releva la capuche dévoilant un chapeau à large bord ayant visiblement connu de meilleures années. Serrant son bâton de marche un peu plus fort, il attendit que l'inconnu arrive avant de pénétrer dans la lieu. En tendant l'oreille, on peut l'entendre baragouinner, comme se parlant à lui même :

"Non, ca ne peut pas être eux. Je ne t'écoute plus alors tait toi !"

Lorsqu'il arrive, Erin à la tête baisser, masquant son visage sous son chapeau. Il semble avoir arrêté sa discussion avec lui même.

[Kervan]

Depuis combien de temps marchait il? Impossible de le dire, plusieurs jours, une semaine? Non, certainement plus, mais Farlann était incapable de déterminer le temps que ce voyage depuis Thulg Naomh lui avait pris. En tout cas, les corbeaux dataient d'il y a deux jours au matin. Cela, il le savait, car ça l'avait étonné, ces corbeaux étaient bien trop groupés et réguliers pour être "normaux". Dans sa tête, Farlann essayait d'imaginer ce qui pouvait bien les faire agir ainsi, mais surtout il tentait tant bien que mal de se dissimuler comme il le faisait depuis son départ de Cadrach. Ses vêtements étaient suffisamment sales à présent pour lui offrir un camouflage de fortune, et il avait appris à se déplacer relativement silencieusement.

Ah ce temps! Le froid ne l'ennuyait pas plus que cela, du moins il s'y était habitué, et s'emmitouflait dans sa cape voire dans son duvet lorsque les températures chutaient trop, mais cette pluie! Elle lui ruinait la santé. Par contre, elle avait l'avantage d'effacer les traces, et cela, il ne pouvait pas s'en plaindre, mais quand même. En y repensant, le vol de corbeaux allait bien avec le paysage au final. Peut être était ce normal après tout, une preuve que les esprits ne faisaient pas les choses à moitié.

Et au détour d'un virage, le paradis : Une cabane de mineur. Ce n'était pas une auberge luxueuse de Tulg Naomh, mais ce serait agréable de dormir au sec au moins une nuit. De plus, il pourrait avoir une allure un peu plus présentable en arrivant à Helefrt - Faire bonne impression devant cet homme, dont Farlann attendant beaucoup, en bien ou en mal. Seulement, des bruits de pas le tirèrent de ses réflexions, était il suivit? Peut être. Plus un bruit, plus que le son de son coeur, et tous les autres bruits de la forêt, ainsi que ses pas, cela vient de la droite, plus loin, entre lui et la cabane. En regardant bien Farlann discerna une silhouette qui s'approchait de la maison de mineur, il arriverait avant lui.

La question se posait donc de savoir s'il partagerait ou non le refuge de fortune. Bah, après autant de jours de voyage à dormir dehors, il profiterait de ce refuge bienvenu, et si l'autre voyageur refusait, alors il aviserait. Farlann reprit donc ses mouvements, poursuivant son chemin vers la maisonnette, gravissant peu à peu le sentier, jusqu'à arriver en face du voyageur, qui semblait l'attendre, sur le seuil de la porte en baragouinant quelque chose. S'approchant de la construction, Farlann se fendit d'un léger sourire, avant de prendre la parole.

"J'imagine que pour vous aussi, cette batisse est providentielle... Savez vous qui l'habite, et s'il serait d'humeur à nous accueillir pour une nuit? "

Une formule d'introduction comme une autre, qui donnerait peut être envie à l'autre de toquer ou d'agir avant lui. Enfin, s'il ne faisait rien, il agirait, car l'eau s'était infiltrée sous sa laine, et c'était pour le moins désagréable par ce froid. Un bon feu serait du meilleur effet. Et puis qui sait, peut être pourrait il en apprendre un peu plus sur le fameux village d'Helefrt.

[Raton]

Erin acceuilla le nouveau venu d'une grimace, signe de courtoisie chez lui. D'un hochement de tête, il désigna le toit de la bâtisse avant d'ajouter :

"Pas de fumée, à mon avis, frapper à la porte ne sert à rien. Qui donc n'allumerai point de feu par un temps si détestable !"

Lorsqu'il redressa quelque peu la tête pour regarder la personne qu'il avait en face de lui Farlann pu voir son visage. Erin était un homme qui affichait une quarantaine d'année. Peut être était il moins vieux, mais son visage plissé en permanence en un rictus de dédain ne le laissait paraître. Ses cheveux tournaient au gris ce qui s'accordait avec ses yeux pâles.
Il se retourna alors, franchissant les derniers pas les conduisant à la maison.

"J'espère au moins qu'il reste du bois à l'intérieur. Avec ce temps, on ne risque pas de trouver du bois sec..."

Il tambourina à la porte et n'attendit pas que l'on réponde pour pousser la porte. L'intérieur était sombre, nul âtre ne venait réchauffer ce lieu abandonné. Une fois ses yeux accommodés à la lumière intérieur, il remarque les marques de combat.

"Oula, voilà qui n'est guère le bienvenue..."

Il se tourna vers Kervan, l'air sombre.

"Il n'y a personne, entrez donc. J'ai bien peur que le dernier occupant n'ai subit quelque funeste destin... J'espère au moins que le cadavre n'est pas encore dans le coin..."

Il se mit alors à fouiller l'habitation, l'air visiblement anxieux depuis l'évocation de cette idée.

[Iris]

Au vu du mobilier, des effets personnels et de la présence de trois chambres, il devait être possible pour les visiteurs d'apprendre que les habitants avaient été une famille de quatre personnes, apparemment un père, une mère, une jeune fille et un jeune homme particulièrement grand. Pas de cadavre dans la partie principale de la maison composée d'une salle commune faisant office de salon, cuisine et salle à manger, puis des chambre, une trappe menant à un sellier où Erin pourrait trouver des bûches de bois sec, pour peu qu'il apportât une lampe pour y voir à peu près clair, car il y faisait aussi sombre que dans un four.

Farlann devait pouvoir noter que les gens ici avaient été de culture demorthèn au vu des détails de broderies de tissus, des gravures sur bois.

Dans le fond une porte à moitié défoncée mais dont le passage était en parti bouché par du mobilier, conduisait vers une grotte.

La maison était encore en état, le toit ne commencerait sans doute à s'user et fuir qu'au cours d'une prochain hiver ou printemps. Pour l'instant en tous cas les voyageurs se trouvaient dans une habitation calme, sinistre par les taches brunes au sol et les marques de combat acharné, mais ils étaient à l'abri des intempéries qui prenaient de l'ampleur dehors. L'orage se déchaînait désormais, le tonnerre roulait et claquait, la luminosité du jour déclinant ne filtrait qu'avec peine au travers des petites fenêtres à carreau de papier huilé. La pluie tombait à verse, et frappait violemment les murs, parois, toit, fenêtres... il faudrait rabattre les volets en bois pour éviter que la pluie ne finisse pas s'insinuer.

[Raton]

Erin eu l'air très visiblement soulagé de ne point trouvé de corps pourrissant dans la masure. Il lâcha son sac à dos, faisant tinter poêle et autres ustensiles. Il ôta également chapeau et cape, détrempés par la pluie. il finit par s’asseoir sur une des chaises de la salle.

"Et bien, nous dormirons au sec ce soir. Même si c'est dans un endroit aussi lugubre que celui ci."

Maintenant qu'il était moins vétu, on pouvait facilement voir qu'Erin était du genre maigrelet. Son visage anguleux mettait en relief son nez aquilin pour constituer le tableau d'un magnifique épouvantail. Ce n'était visiblement pas quelqu'un habitué aux longs voyages. Se pointant du doigt, il dit :

"Erin. Je me dirige vers..."

Ne sachant guère quoi dire, il montra simplement une vague direction.

"Et toi, qui es tu donc ? Je n'aime guère partagé un logis avec quelqu'un dont je ne connais le nom."

[Kervan]

Accueilli par une grimace, une moue désagréable, cela ne présageait rien de bon entre lui et l'autre voyageur, et pourtant, la remarque qu'il fit à propos de la fumée était particulièrement fine, malheureusement. Cette maison semblait effectivement abandonnée, même si Farlann n'en avait pas eu l'impression de prime abord, surtout à cause des outils de jardinages qui trainaient devant, comme laissé là la veille.

Alors que son compagnon frappait à la porte, puis entrait, Farlann se baissa dans le jardin pour y ramasser quelques radis noirs, et les mit dans sa besace. Si jamais, cela serait toujours bon à manger. Tout en ramassant cela, il remarqua les mauvaises herbes. Non, effectivement, la demeure était bien abandonnée depuis un certain temps. A peine cette pensée lui traversait elle l'esprit qu'il perçut la remarque d'Erin. Des cadavres? Ou donc mettaient ils les pieds?

Farlann entra, il le fallait, sinon son imagination allait se mettre en branle pour tenter d'interpréter les propos de l'inconnu. L'intérieur était particulièrement sombre, surtout avec le ciel gris orageux. Les éléments se déchainaient, et il faisait meilleur au sec.

La porte claqua.

L'obscurité était à présent plus prononcée, presque angoissante, surtout avec les remarques du voyageur. Farlann trifouilla dans sa besace, et en sortit son briquet à silex, grâce auquel il alluma les quelques bougies qu'il put trouver dans le salon. Ainsi c'était déjà plus rassurant. Quoi que, non en fait. Les taches au sol n'étaient pas de bonne augure.

L'inconnu s'agitait avec des casseroles et Farlann le laissa faire, préférant visiter un peu le batiment. Ce n'était peut être pas la meilleure chose à faire si des cadavres y gisaient, mais sa curiosité necescitait qu'il aille voir dans les chambres. C'est ce qu'il fit, fouillant les chambres tout en répondant à son compagnon de fortune qui disait s'appeller Erin :

"Mon nom est Farlann, et je suis un humble voyageur en quête de paysages et de rencontres..."

[Raton]

Erin accorda quelques hochements de têtes à Farlann en guise d'acquiescement. Il continua à parcourir la salle des yeux tout en continuant sa discussion.

"J'ai bien l'impression que des rencontres, ce n'est pas dans ce logis que nous en ferrons. Enfin pas plus que celle que nous avons déjà faite."

Il fixa le passage donnant sur un sombre tunnel. Un mou vint marquer encore davantage son visage. Il se remit à fouiller plus avant dans son sac. Au bout de quelques instants d'un fracas sonore, il finit par sortir une lampe à huile. Désignant du nez la porte à demi ruiné il dit, se tournant vers Farlann :

"Je ne sais pas toi, tu permets que je te tutoie au fait ? Enfin bref, j'aime pas bien l'allure de cette maison. Pour sur il est arrivé quelque chose à des gens par ici et je n'aimerai pas trop que cela m'arrive par une telle nuit."

Dehors le tonnerre grondait et une pluie lourde s'abattait sur le toit. Au milieu de brouhaha, il ajouta :

"J'irai bien voir ce qui se terre la dedans avant de faire un feu. Avec un peu de chance, ce sera un garde mangé avec encore quelques victuailles dedans. Et puis c'est pas que je sois paranoïaque hein, mais j'aime pas trop les grottes, surtout dans une maison. Qu'est ce que tu en dis ?"

[Kervan]

"Oui, j'imagine que je ne me sentirais pas offensé par un tutoiement. Cette maison, cette famille de gens simples mais honnêtes. Tu as raison Erin, je n'aimerais pas que cela m'arrive non plus. Cela me fait mal au coeur de l'annoncer, mais nous pourrons dormir dans leurs chambres, elles sont aussi vides que la salle à manger."

Farlann revint vers la salle commune, tout en répondant à son co locataire de fortune. La langue de celui-ci se déliait au fur et à mesure, et peut être qu'il serait bientôt en mesure de savoir avec qui il se retrouvait coincé ici ; Car bien qu'au sec, Farlann était bien plus à l'aise en extérieur. Tout en marchant dans la salle commune, il referma les volets de bois, comme pour diminuer un peu le bruit de la pluie et de l'orage à l'intérieur. Une isolation comme une autre.

Aller voir dans la grotte. Pourquoi pas, cela pouvait se révéler dangereux mais après tout, mieux valait savoir que rester dans l'inconnu. C'est ce qu'il avait toujours pensé. Farlann acquiesca.

"Je vais t'accompagner alors. Même s'il y a peu de chances d'y trouver des vivres à mon avis, d'autant qu'il y en a dans le jardin. Radis ; Cosses ; Carottes, un repas équilibré! Tu m'éclaires?"

Farlann commença à déblayer peu à peu l'encombrement qui obstruait le passage vers la grotte. Cependant, l'épée à sa ceinture n'attendait que le moindre bruit suspect pour être tirée au clair. Il ne lui fallut pas longtemps pour déblayer un peu le passage, et bientôt, côte à côte avec Erin, il avança, s'enfonçant peu à peu dans les entrailles de la terre.

Quelles horreurs allaient ils découvrir dans cette grotte, dans ce passage menant certainement à une mine? Y trouveraient ils les cadavres disparus? Farlann était aux aguets, à l'affut du moindre bruit suspect, du premier mouvement. Il y avait eu un massacre, et Farlann ne se sentait pas à l'abris, lui qui avait toujours détesté cette ambiance glauque et angoissante, il était servit.

[Raton]

Erin hôcha la tête et se releva, étendant son corps. Il récupéra son chapeau et le ficha profondément sur sa tête. Il prit une des bougies allumées par Farlann pour allumer sa lampe.
Alors que la précieuse huile brûlait, il prit son bâton de l'autre main et s’avança dans l'ouverture dégagée par le jeune homme. Il s’avança ainsi dans cette grotte.
Sa posture se rigidifia rapidement, il avançait lentement, cherchant à faire le moins de bruit possible. Il se retournait régulièrement, par soubresaut, comme s'il entendait des bruits derrière lui mais il ne vit rien d'autre que Farlann. Son visage était visiblement tendu et il semblait que cette situation d'inconnu ne le réjouissait guère.
Ses baragouinages revinrent, d'abord doucement, puis plus fort.

"Mais tu vas te taire oui !"

Cette phrase n'était visiblement pas destinée à Farlann puisque Erin ne s'était même pas retourné après l'avoir prononcé. Il reprit alors sa route. Sa démarche se fit plus sur, moins hésitante. Il se déplaçait maintenant avec plus de grâce, réussissant visiblement à mieux se concentrer sur sa démarche et sur le bruit qu'il pouvait faire.