1. RDV le lendemain
Grisham avait accepté la proposition et suggérait le café de "La Toile Blanche", à l'intérieur du Musée des Beaux Arts où avait lieu une exposition d'artistes du courant du Naturalisme hivernal.
Notice résumant le catalogue d'exposition a écrit :Origine du « Naturalisme hivernal »
En réaction à la peinture lumineuse représentant des horizons lointains au ciel d’un bleu éclatant, terres d’encens et d’épice, et qualifiée parfois d’« orientalisme », certains artistes-peintres artlandais se sont intéressés à la nature la plus négligée, celle des paysages de la saison sombre, de l’automne à l’hiver.
Un art politique
L’objectif de cet art est de mettre en valeur la beauté mélancolique et farouche des terres froides et humides, et par là de montrer la force sauvage et profonde de la culture artlandaise qui n’a pas à avoir honte de ce que beaucoup considèrent comme des régions désolées, brumeuses, tristes et mornes.
Une clientèle paradoxale
Typiquement, l’acheteur et l’amateur du naturalisme hivernal, se trouve être un entrepreneur appartenant à la tendance politique conservatrice, avec parfois un aspect patriotique marqué. Toutefois, si le style est assez austère et si sa volonté est de montrer la force des racines artlandaises, il a également des affinités avec le réalisme littéraire qui cherche à montrer la dureté des conditions de vie des plus pauvres afin d’éveiller les consciences. Or précisément, ceux qui sont amateurs de ce sens du naturalisme hivernal sont des progressistes pouvant appartenir aux franges les plus à gauche du mouvement démocrate, ceux qui sont si souvent en conflit avec les conservateurs tendant au darwinisme social.
L’œil photographique du naturalisme narratif
En parallèle du naturalisme hivernal, et parfois se doublant de sa démarche évocatrice, des peintres passionnés de photographie se sont attachés à un naturalisme narratif, l’idée étant pour eux de raconter des histoires évocatrices et mystérieuses se situant dans la nature et les paysages qu’ils peuvent observer, sous une lumière naturelle. Là, ils peignent des maisons hantées en arrière plan, un ruisseau charmant au premier plan, la végétation sauvage envahissant les lieux abandonnés ; ou bien tel passage d’un roman célèbre, en jouant sur une double lecture, celle apparente, parfois naïve, et celle du sens profond, dramatique, qui n’apparaît que pour ceux qui connaissent l’histoire et savent que la chute tragique est proche autant qu’inéluctable… Il y a une attention minutieuse à chaque couleur, chaque forme, chaque surface, chaque contour, dans le but de rendre la véracité de ce qui est vu par l’œil, contrairement au travail de recréation ou stylisation traditionnel. Pour cela il n’est pas rare de mêler des notes d’après photographie, du travail en plein air et des heures de retouches délicates en atelier.
2. Juste et le portrait
Juste Louis exultait : il avait réussi à approcher la femme, il savait exactement à quoi elle ressemblait ! Il l'avait dessinée...
Encart technique a écrit :L'observation avait atteint 25 sur le jet... le dessin sera-t-il à la hauteur ou bien Juste sera-t-il le seul à pouvoir identifié Mme X ?
Artisanat (5) + Agilité (Dextérité, 1) + T° (+1) + Volonté (3D6 = 15) = 22
Satisfaction : +2D6 (9)
Le jeune homme avait tout donné pour être à la hauteur de sa mission, mais la satisfaction d'avoir réussi presque aussi bien qu'il aurait pu le faire pour coller au plus près de ce dont il se souvenait compensait un peu... La qualité du résultat n'était peut-être pas suffisante pour discerner deux personnes se ressemblant beaucoup, mais ce portrait permettait d'éliminer un grand nombre d'Artlandaises de la liste des suspects... ne serait-ce qu'à cause de ses cheveux assez courts et du port de vêtements plutôt masculins... On pouvait, avec un peu d'imagination, supposer qu'elle n'avait pas trop de peine à se travestir...
3. Photographie
Quand Juste eut terminé son portrait et Walter achevé ses développements, il faisait nuit et c'était l'heure de dîner. En fait des collations avaient même déjà été amenée aux deux acharnés pour qu'ils ne flanchent pas en cours de chantier.
Concernant la photographie... il apparaissait une structure semblable à une coquille, un cocon... La jeune fille était imprégnée par le modèle Terre & Lumière de ses parents, mais on discernait des failles, des indices de révoltes dans des tonalités Ombre dissonante légères mais nettement lisibles en contraste sur le fond de Terre et Lumière, un peu comme si on dessinait des traits noirs sur la coquille d'un oeuf et qu'on le fendait sur ces lignes. Un besoin de s'affirmer qui s'alimentait possiblement à une certaine agitation émotionnelle de type Eau, comme si on secouait un bocal fermé avec de glaçons dedans qui heurtait la structure fragilisée du contenant. On pouvait analyser cette eau comme agitée, avec des tendances aussi bien à être "gentille" , "aimante" et essayer de faire plaisir, qu'un besoin émotionnel plus confus, quelque chose qui débordait la psyché d'émotion... une passion amoureuse peut-être ? ... Toutes ces traces étaient ténues... ... La chambre... était un peu comme une seconde peau sèche, perdue après une mue... Leslie y dormait peut-être mais ne l'habitait pas plus qu'un hôtel...
... plus qu'à faire le point au dîner ? ...