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Rust
29 avr. 2014, 16:58
HISTORIQUE
Raen est né dans un hameau en amont du Telderoth, a plusieurs jours de marche de Gline. Chasseur, comme son père, comme son grand-père avant lui, il était chargé du ravitaillement de ses semblables en corps d'animaux. Bien que n'étant pas d'une classe privilégiée, il exerçait une fonction vitale qui lui donnait une importance au delà des conventions.
Plutôt bien apprécié au sein de sa communauté pour être, outre son métier, une personne à l'écoute et souvent de bon conseil, il n'attachait pour autant que peu d'intérêt aux relations sociales. La majeure partie de son temps, il la passait au milieu des arbres et broussailles. Sa famille respectait des valeurs bien spécifiques car, être chasseur, c'est être en perpétuel contact avec la mort. Les moments passés en forêt lui permettaient de garder en tête la valeur de la vie et de lui vouer un profond respect. Cette dualité, essentielle à ses yeux, lui avait permis de conserver une ligne de conduite fixe, qu'il s'évertue à honorer encore aujourd'hui.
Comme tout chasseur, il fut intégré dans le corps des archers lors de l'appel au service d'Ost. Bien qu'il pu perfectionner son archerie, cette période n'a guère remporté son intérêt. Il reste assez évasif quant à cette expérience et, d'un naturel peu prolixe, il est délicat de lui arracher un récit de ses faits d'armes durant cette période.
Quand il finit par rentrer parmi les siens, il fut immédiatement désigné pour transmettre son savoir aux plus jeunes. C'était pour le moins inhabituel car, jusqu'à lors, la tradition voulait que la profession se transmettre par lien du sang. C'était certes vieux jeu, mais cela avait bien fonctionné jusqu'à présent.
Quoi qu'il en soit, cette perspective remporta son intérêt. Il s'agissait pour lui d'une activité valorisante par rapport à son statut. Il le reconnaissait volontiers, il n'était guère une personne très savante. Fils d'une famille sans aucune influence, il n'avait jamais été attiré par cet activité qui consiste à poser sa croupe sur une chaise pour moisir devant un texte. Même si un soupçon de frustration emportait souvent ses pensées concernant ce sujet, il n'en démentait pas pour autant la nécessité. Au final, les érudits étaient pour lui des gens bien courageux mais ayant fait un choix auquel il n'aurait jamais pu prétendre. Et c'était très bien comme cela.
Ce pourquoi devenir enseignant, même dans un domaine très restreint, était aux antipodes de ce qu'il aurait pu imaginer. Il se prêta de bonne grâce à cet exercice et, encore frais de son vécu au service d'Ost, pu également former les futurs adultes à cet événement.
Première mort.
Cette nouvelle activité ne dura qu'un temps. Il mourut, une première fois. Lors d'une attaque contre son village, les enragés ne laissèrent qu'un tas de cendres. Il dû son salut à une pluie providentielle qui vint fouetter son visage meurtri et le réveilla. Première résurrection.
Comment cela s'est-il produit ? Il ne sait pas encore qui étaient ces personnes et quels étaient leurs réels griefs. Il avaient réclamés la totalité des réserves de nourriture dont sa communauté disposait. C'était la fin de l'automne, les chasseurs étaient partis pour une dernière expédition afin de ramener une toute aussi dernière livraison de viande et de peaux. Autant dire que confier l'entièreté des réserves revenait à mourir. Même en se rendant en ville pour acheter quelques biens à prix d'or eu égard de la saison, ils n'auraient pu subvenir aux besoins de tous. Ils choisirent de résister et, ce faisant, semblaient avoir offert aux monstres humains le dessert de leur choix. Il fut enfermé avec d'autres dans un entrepôt, vidé au préalable, que le feu embrasa rapidement. Il mourut … Jusqu'à ce qu'un son doux et constant, parsemé de violents claquements secs, parvienne à ses oreilles. Une odeur de bois, de foin, de mousse verte entra dans ses narines et il revint alors à la vie, louant l'eau qui chatouillait le lobe de son oreille.
Sans aucune trace de vie humaine dans les environs, il avait prit l'errance par la main. Qu'aurait-il pu faire de mieux, seul, sans foyer, sans relation, sans rien ? Rejoindre une autre communauté ? Peut-être, mais ce ne fut pas son choix. Lui qui avait toujours était plus à l'aise dans la nature et, sortant d'une mise à mort, se mit en voyage. D'abord vers les montagnes du nord, puis dans l'ouest. On perdit trace de lui et lui-même perdit sa propre trace. Il était un souvenir qui avançait à l'instinct, suivant son intuition.
Il fut blessé de nombreuses fois bien sur. Il s'en sortit toujours. Il échappa à de nombreux dangers. Jusqu'à ce qu'il meure une deuxième fois …
Cette rencontre avec l'étrange créature reste bien présente dans son esprit et dans son corps. Il peut encore sentir les crocs s'enfoncer dans sa gorge et sa clavicule se briser sous la puissance brute de cette bête. Il a pourtant réussi à la vaincre, il ne se souvient plus trop comment. Peut-être qu'il l'a juste blessée et que cela aura suffit. A vrai dire, mis à part la douleur, il ne se rappelle plus grand chose. Il sait qu'il a titubé sur quelques centaines de mètres après cet événement et après, trou noir.
Quand il revint à la vie, pour la deuxième fois, une femme d'apparence jeune se tenait au-dessus de lui. D'abord persuadé que son esprit avait voyagé dans le monde des C'maoghs, il fut rapidement ramené à la réalité par la douleur qui irradiait son corps.
Sa guérisseuse se présenta comme une demorthèn. Elle lui confia s'appeler Idril et, fort heureusement pour lui, elle vouait un intérêt certain aux remèdes. Elle l'avait recueilli mourant et avait décidé de le ramener chez elle. Enfin, la notion de domicile était toute relative mais les quelques branches au dessus de sa tête et les feuilles placées dessus pouvaient lui accorder ce terme.
La maladie étant grave, il resta longtemps avec elle, sa guérisseuse lui refusant le départ. Durant ce laps de temps, elle lui parla de son monde, ou plutôt, de sa conception du monde. Comme un lac reste une étendue d'eau à qui ne s'y baigne pas, Raen ne comprit pas de suite ce que tentait de lui communiquer la demorthèn. Mais au fur et à mesure que le temps passait, il imagina l'idée de caresser l'eau de sa main. Puis il trempa une jambe. Ensuite il se mouilla le torse. Finalement, quand il fut prêt à plonger, Idril s'arrêta. Il était guérit et devait reprendre sa route.
Troisième vie.
Il entamait maintenant sa troisième vie. Un luxe offert à peu d'humains et dont il mesurait la chance.
Il prit d'abord la route d'un lieu indiqué par Idril, un lac au pied d'une chute d'eau. Il resta quelques temps sur place et vécu une expérience … Privée, dont il ne parle pas spontanément. Il en sortit éclairé, comme s'il parvenait à assembler les pièces d'un puzzle.
Le tableau restant cependant encore incomplet, il prit la route vers une nouvelle destination. Se fiant à son intuition et après plusieurs destinations, il finit par rejoindre la civilisation. Il voit désormais les choses sous un nouvel angle, il sait qu'il sera au bon endroit au bon moment. Quelque soit la conséquence.
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Rust le 29 avr. 2014, 17:09, modifié 2 fois.
Raen Dyr
