TdF Chap. 1 - Un fief paisible

[Iris]

Aleth était interrompue pour la deuxième fois en peu de temps. Elle prit sur elle, ayant encore beaucoup de choses qu'elle voulait faire. Le ménestrel avait été violenté ?..?.. et se fendait d'une courbette comme si de rien n'était ?!?...

Négligeant les compliments, elle se contenta de demander aussitôt : " Mais que vous est-il arrivé ?!" avec un ton mêlant une pointe d'étonnement, d'incompréhension et d'indignation.

...

[Maëlys]

Arrivant non loin de la place centrale de Waterford, Béric confia sa monture à un des gardes pour qu'il puisse l'emmener aux baraquements.
Puis distinguant non loin Lady Aleth et Jolan Hastwyck, il se rapprocha d'eux. Avant qu'il n'ai eu le temps de prononcer le moindre mot, la fille Castellane parla :

"Eh bien ! Si Jolan et moi avions su que vous veniez aussi à Waterford, nous aurions pu cheminer tous les trois !"

Ce à quoi Béric répondit :

"J'avais quelques tâches à finir au château avant de descendre à Waterford, d'autant plus que je ne savais pas que vous comptiez descendre.
Mais dans tous les cas, il me semble que vous êtes correctement escorté par Jolan."

Puis se tournant vers Jolan :

"Même si il pourrait être nécessaire de passer plus de temps à l'entraînement, l'arc ne fait pas tout, surtout en ville."

C'est à ce moment là que le ménestrel rencontré un peu plus tôt se présenta une fois de plus, s'inclinant devant Dame Aleth. Comme elle commençait la discussion, il la laissa dans un premier temps parler.

[darkbaron]

Aleth était interrompue pour la deuxième fois en peu de temps. Elle prit sur elle, ayant encore beaucoup de choses qu'elle voulait faire. Le ménestrel avait été violenté ?..?.. et se fendait d'une courbette comme si de rien n'était ?!?...

Négligeant les compliments, elle se contenta de demander aussitôt : " Mais que vous est-il arrivé ?!" avec un ton mêlant une pointe d'étonnement, d'incompréhension et d'indignation.

Le ménestrel se redressa en poussant un léger grognement. Ils n'y étaient pas allés de main morte, les bougres... Les prochaines nuit s'annonçaient horribles !

Avec une légère touche de sarcasme dans la voix, il fit le récit de ses péripéties :

"Oh, mes blessures ? Trois fois rien, voyons... Disons que votre port n'est pas très bien gardé. J'ai décidé d'y faire un tour par curiosité et trois hommes me sont soudainement tombés dessus, m'ont menacé, m'ont extorqué et m'ont cogné. Cela aurait pu être pire sans l'arrivée impromptue d'une demoiselle aussi belle que redoutable, une fille du Nord comme je n'en avais jamais vue auparavant ! Elle m'a sauvé la vie... Mon dos et mon instrument lui sont également redevables. Malheureusement, j'ai perdu ma bourse dans cette histoire, avec tout l'argent que j'avais gagné lors de ma prestation au château. Vous savez ? Celui de votre oncle, qui me fut si généreusement octroyé par votre père.

Quand on voit que vos gardes ont peur d'une femme seule, je dois avouer que ce genre d'événement ne me surprend guère..."

Il y avait indéniablement une pointe d'amertume et de reproche dans sa dernière phrase. Bien sûr, il savait qu'elle n'était pas directement responsable, mais c'était la seule Castellane présente.

[Iris]

Si Aleth pouvait être bien disposée envers son prochain, il n'en demeurait pas moins qu'elle était fière, voire orgueilleuse, et le sarcasme manifesté, à tort ou à raison, par le ménestrel, la prenait à rebrousse-poil. On pouvait deviner une expression plus pincée et distante.

Elle n'avait rien compris à cette histoire de femme qui faisait peur aux gardes, mais n'avait présentement aucune envie de s'y intéresser, se sentant passablement froissée par les manières du ménestrel.

Elle ne dit rien.

[Maëlys]

Béric écouta la réponse du ménestrel, qui bien qu'elle puisse lui faire grincer les dents, éveilla son intérêt vis à vis de ce qu'il s'était passé.
Il se permit donc de lui dire :

"Si vous avez pu voir le visage de ces hommes, je ferai tout ce qui est en mon possible afin que justice soit faite et que votre argent vous soit restitué.
Après, quelque soit la ville où vous vous trouverez, passer dans des coupe-gorge ou passer pour un tendre donnera le même résultat. Les manteaux d'or de Port Réal ont beau être plus nombreux, il y a des quartiers où il ne vaut mieux pas se déplacer seul ...
La garde Castellane fait ce qu'elle peut avec les moyens qui lui sont alloué."

[darkbaron]

La demoiselle ne lui répondit pas. En revanche, l'homme qui était arrivé peu avant lui le fit à sa place en tentant de justifier la situation. Le ménestrel ne put s'empêcher d'éclater de rire avant de se rendre compte que ça faisait quand même mal et de tenter de se retenir. Si c'était là tout ce que la garde pouvait faire... Avec un léger sourire moqueur sur le visage, il répondit :

"J'ai vu le visage de ces hommes, en effet. Je serai donc en mesure de vous les décrire.

Et ne me prenez pas pour un imbécile, messire ! Sachez que cela fait des années que je parcours les routes des Sept Royaumes. Et je n'exagère absolument pas en parlant d'années entières. J'ai visité de nombreuses villes et dormi dans des endroits plus ou moins recommandables. Je ne suis pas le genre de crétin imprudent qui va visiter seul les ruelles malfamées du coin par pure curiosité.

Vos gardes, je les ai vus. J'ai constaté leur courage et leur efficacité. Quand ma sauveuse - qui a fait fuir trois malfrats, rappelons-le - est passée devant eux, ils ont reculé la queue entre les jambes. Ce n'est donc probablement pas une question de moyens : l'épée la plus aiguisée et l'armure la plus résistante n'ont aucune valeur entre les mains de couards incapables de tenir tête à une femme seule.

Sans une fille répondant au nom de Snow, je ne serais peut-être plus de ce monde."

[Iris]

L'éclat de rire, même réprimé, du ménestrel, contribua à assombrir l'expression d'Aleth, qui commençait à être fort mal disposée à l'égard du voyageur et si elle exprimait librement ses pensées, nul doute qu'elles ne seraient pas douces ni amènes.

En l'état, dommage pour Lysanor, mais Aleth ne tenait pas à devoir quoi que ce soit à cet homme qui était passé de la catégorie "supposé honorable par défaut et respect pour son talent" à "insolent et indigne"

La seule partie intéressante était ce passage : "Je ne suis pas le genre [...] qui va visiter seul les ruelles malfamées du coin par pure curiosité."... Or peu avant il disait : "J'ai décidé d'y faire un tour par curiosité ... Pourquoi ce mensonge, ce flou sur ses motivations ? ... Espion ?... un musicien itinérant pouvait fort bien en être un, c'était facile de justifier son entrée dans les maisons nobles ou bourgeoises avec cette étiquette. Le port... le port avait-il un intérêt pour l'employeur de cet individu ?

Elle ne desserrait pas les lèvres, mais réfléchissait beaucoup, ses considérations étant bien éloignées de la compassion pour les blessures de cet étranger si douteux.

[Maëlys]

Béric se renfrognât en entendant les paroles du ménestrel qui décidément cherchait à toujours avoir le dernier mot.

"Si c'est de Cecily que tu parles, son caractère a plus d'une fois montré qu'elle n'était pas une faible et tous savent s'en tenir éloigné quand il faut."

Puis revenant sur le sujet principal :

"A quoi ressemblaient donc les hommes qui t'ont agressé?"

[darkbaron]

Gareth haussa un sourcil en entendant Béric prononcer le prénom de sa sauveuse. Ainsi, elle était quelque peu connue dans le coin ? Il s'en doutait plus ou moins, mais cela ne répondait pas à certaines questions qu'il se posait à son sujet. Par exemple, que faisait-elle dans ce domaine ? Elle devait bien avoir une activité quelconque, mais elle ne lui en avait pas parlé lors de leur rencontre...

Bien, il aurait sans doute un jour ou l'autre l'occasion de lui poser cette question et de faire un peu mieux sa connaissance ! Il pouvait bien patienter un peu...

Conformément à la requête de Béric, le ménestrel tenta de décrire les trois hommes du mieux qu'il put et crut bon de préciser :

"Au fait, ils m'ont suivi depuis l'auberge. En tout cas, ils savaient que j'en sortais... Ils ont juste eu l'occasion de me coincer au port. Si vous tenez à éviter le pire pour de futurs victimes, je pense qu'il faudra veiller à laisser des gardes dans le coin. L'argent, ça va et ça vient, j'y survivrai, mais qui sait ce que ce genre d'individus pourrait faire à des demoiselles innocentes ?"

En lisant son expression, on pouvait constater que l'inquiétude du ménestrel était sincère. En dépit du sentiment d'injustice et de la colère qu'il ressentait après cette agression récente, il pensait également aux autres et ne désirait pas voir sa mésaventure arriver à des personnes plus vulnérables que lui. L'heure n'était plus à la colère : il était désormais temps d'agir pour le bien de tous.

[Iris]

Les détails sur l'agression ne concernaient pas vraiment Aleth, en tous cas, elle estimait que ce n'était pas son affaire. Le ménestrel avait fini de pester sur les Castellane, maintenant il se contentait de donner des "conseils avisés" sur ce qu'il convenait de faire. Dans son humeur actuelle, Aleth ne trouvait pas cela forcément mieux, même s'il fallait très bien la connaître, ou être très fort pour déchiffrer les expression pour se faire une idée de son état intérieur, et aller au-delà du simple constat que son visage était fermé et d'une dignité froide.

Que le voyageur fût sincèrement inquiet pour les malheureux qui manquaient de chance était sans doute une qualité, mais dans l'immédiat, agacée comme elle l'était, cela ne l'émouvait aucunement et elle n'exprimait pas de réaction particulière, a fortiori de compassion.

Aleth refusait de se mêler des échanges, se contentant d'écouter, n'en pensant pas moins.