Ode - Chap. 9.1 - Un Choix de vie [Acte I]

[Gobsama]

Lockhyel était épuisé par l'effort. Il avait dû puiser dans la rage animale tout au fond de lui pour franchir le pont. Tentant se maitriser et de retrouver son calme, les sons à l'extérieur lui parvenaient comme amortis, comme s'il avait d'épaisses boule du coton dans les oreilles. Il voyait la bouche de Bécum s'agiter, mais ne comprenait pas le sens des mots qu'elle semblait crier. Seuls deux sons dominaient tous les autres, les battements de son cœur et un grondement profond, celui d'Œil de Nuit. Pas besoin d'oreilles pour l'entendre, le son résonnait en lui. D'une pensée il supplia le loup de revenir à lui ou de se mettre en sureté faute de mieux. Sans prendre conscience de ce qui l'entourait il tenta de se remettre debout ... si Œil de Nuit restait en danger il allait devoir retraverser le pont....

[Iris]

Sitôt que le loup avait perçu l'appel de Lockyel, il cessa d'attendre en montant la garde, et fila par le pont, à toute vitesse, bondissant avec grâce et énergie, sans prêter plus aucune attention aux deux humains et au caernide qui restaient.

Arrivant aux pieds de Lockyel, il sembla être porté à suggérer de partir sans attendre... le torrent était un obstacle, mais son caractère insurmontable dépendait de la créature et le loup n'était pas en mesure d'avoir un avis sur la question... dans ces conditions, mettre un maximum de distance était une nécessité pour lui.

[Cialf]

Le loup bondit si vite que je ne le vois même pas arriver, il file comme une flèche pendant que je me dépêtre avec Prêle… Mais, tandis qu’elle le suit des yeux, tournée vers la passerelle, je trouve enfin l’énergie de lui envoyer un grand coup de carath sur la croupe, tout en hurlant :

-Le feond ! Le feond arrive ! Cours, ma grande ! Sauve ta vie !

C’est la première fois de ma vie que je lui flanque quelque chose de plus dur qu’une tape amicale… Mais l’effet est radical : elle décolle à toute vitesse ! Arrivera-t-elle, n’arrivera-t-elle pas ? Pas le temps de regarder : le feond doit être réellement en train de nous arriver dessus. Je me mets en garde avec mon carath.

Je n’ai pas le moindre espoir de l’arrêter, mais je peux le ralentir de quelques secondes, le temps que les autres puissent… Quoi donc ? Couper la passerelle ? S’enfuir ? Peu importe : chaque seconde gagnée augmente leurs chances de survie.

Je reste en position de défense pendant un temps interminable… Je ne vois pas Grirav, il a dû filer sur l’autre rive sans demander son reste. De toute façon, je ne comptais pas sur lui pour assurer mes arrières. Mais les autres méritent d’être sauvés.

Je me déplace lentement vers le côté. Peut-être que j’arriverai à provoquer le feond assez pour qu’il m’attaque et tombe avec moi dans le torrent… S’il est suffisamment stupide… Une chance sur mille, mais cela vaut la peine.

La brume semble de plus en plus épaisse… Le sang bat trop fort dans mes tempes, j’entends à peine le bruit du torrent… Ces craquements qui se rapprochent, est-ce que ce sont les autres qui coupent le pont ? Je songe à cette vieille ballade d’une nuit de brouillard…

…………..Père, entends-tu venir le Roi des Aulnes ?...........

[Iris]

Becuma se concentra sur une dernière garde sacrificielle... elle allait tout donner pour donner aux autres un maximum de temps...

Focalisée sur son objectif, elle ne prêtait plus attention à quoi que ce soit en dehors de la menace qui approchait... inéluctablement... faisant trembler le sol...


... qu'allait-il se passer ?...

Je laisse Grirav agir, il est apparemment le dernier à avoir encore une marge de manœuvre...

[ramb]

Un bruit sourd, un tremblement dans les arbres, bref quelque chose d'énorme.
Une monstruosité, que même mes flèches ne pourrait affecter, ne serai-ce qu'un peu.
Tant pis pour la discrétion.

Grirav tir une flèche spéciale dans une direction autre que celle d'ou viens le bruit disons à 60° d'angle sur la gauche ou la droite.
La détonation devrait suffire à attirer ce monstre loin d'eux.

Il est évident que si des Caernides font effondrer le pont alors un monstres qui fait trembler les arbres le fera s'effondrer d'un coup et sera emporter par le courant ou au moins fortement ralenti.

Donc il ne sert à rien de lutter contre ça il faut fuir, et ce n'est pas un simple humain qui stoppera une telle monstruosité.

Bref il est temps d'agir vite, et de se barrer.

Grirav range son arc dans son dos après avoir tirer sa flèche spéciale.
Détache son carquois en cuir, vide les quelques flèches au sol (heureusement qu'il n'avait pas préparé plus d'une spécial et qu'il y en à plein sur le caernide).
Il se sert de son carquois comme sangle pour s'accrocher à la tyrolienne et passer de l'autre coté super vite, la carquois sera surement fichu mais il aura traversé en moins de Cinq secondes.

Avant de ce lancer il hurle à Bécuma :

"Cours tu ne le ralentira même pas, il faut partir immédiatement."

Une fois lancer, et en même temps qu'il descend il hurle à la cantonade :

"On se tire."

[Cialf]

Qu’est-ce que c’est ? La foudre qui explose dans la forêt… De la foudre au milieu de la brume ? Et… Sans crier gare, voilà Grirav qui dégringole de l’arbre et qui file par la corde.

"Cours tu ne le ralentira même pas, il faut partir immédiatement."

Finalement, il vaut mieux que je ne le pensais, il ne m’a pas abandonnée à mon sort. Pas le temps de chercher à comprendre : si je me dépêche, je ne mourrai pas cette nuit.

Un dernier sprint, je ramasse mon épée au vol, enfin, tant qu’on peut qualifier de vol mon clopinement de cigogne aux pattes cassées, je balance l’épée et le carath dans le panier, je détache le pa.. Zut! ... nier… Fichu nœud de crotte de bique ! J’ai encore ma serpe à la ceinture, je coupe la sangle, et file le panier ! A mon tour ! Je passe le manche de la serpe par-dessus la corde, je m’y accroche des deux mains, un coup de talons, et file Becuma ! Ne pas oublier de sauter à terre avant de manger l’arbre d’en face… La brume défile autour de moi comme dans un rêve…

"Un enfant doit apprendre à tomber et à se recevoir…" Dans une seconde, je vais savoir si j’ai eu raison.

[Iris]

La confusion était grande. Bêtes terrifiées, éclat d'une explosion, rugissement terrifiant, craquements de bois...

Anaïs mobilisa Raen et Léorah pour récupérer les caernides et partir avec, sans perdre de bagages en route, ni de compagnons, parmi les derniers à passer notamment.

Il s'ensuivit une courses assez désordonnée dans la forêt, avec pour seul objectif de mettre un maximum de distance entre eux et la créature. Serah fut tirée, à demi-consciente, par sa soeur qui tenait également la longe de leur caernide anonyme. Anaïs était avec Grirav et lui tendait la longe du caernide avec les vivres, s'occupant de celui qui portait leur équipement.

Becuma avait pu traverser, mais elle voyait bien le moment où elle allait être distancée, perdue, seule, tandis que les autres s'étaient mis en route. Elle avait mal au genou, son caernide avait été superficiellement calmé et chargé après avoir passé le pont... Les autres couraient... mais elle... comment allait-elle faire ?

[Gobsama]

L’arrivée d’Œil de Nuit à ses côtés avait eu un effet salutaire sur Lockhyel et l’avait sorti de sa torpeur… ça , et l’explosion qui avait retenti de l’autre côté du pont. Tout le monde semblait être passé il fallait maintenant mettre un maximum de distance entre eux et leur prédateur car il ne fallait pas s’y tromper dans la situation actuelle ils étaient des proies …

Le varigal était encore fatigué de l’effort qu’il avait dû fournir pour porter Serha et les autres lui étaient passés devant les uns après les autres. Le dernier à le dépasser était Girav qui se révélait être « un chasseur » vraiment très particulier…

Cependant quelque chose le tracassait la meute ne semblait pas complète, puis il réalisa que Bécuma ne l’avait pas dépassé, ce qui provoqua un déclic. Lockhyel repensa immédiatement à la conversation qu’ils avaient eu dans l’écurie sur la jambe blessée et n’eut pas de mal à comprendre qu’elle n’arriverait pas à tenir le rythme. Il se retourna et rebroussa rapidement chemin vers elle, Œil de nuit sur les tallons. on n’abandonne pas un membre de la meute.

Constatant qu’elle semblait souffrir même si elle faisait son maximum pour avancer il arriva à son niveau aussi vite que possible et lui dit sur un ton qui ne laissait aucune place à la négociation.
« Monte sur Prêle , tu crois pouvoir la guider ? »

Lockhyel n’avait récupéré que ses armes, la majorité du reste de son propre paquetage étant sur Dursabo , sans un mot il délesta partiellement Prêle pour qu’elle puisse porter Bécuma puis aida la guerrière à monter en selle pour finalement regarder Prêle et lui murmura à l’oreille :
« Va ! Rattrape les autres !»
Avant de lui mettre une petite claque sur le derrière.
Puis il reprit la route dans l’autre sens aussi vite qu’il le pouvait, malgré la fatigue et la charge supplémentaire.

[ramb]

Une fois une distance d'environ 3 km parcourt (à cette vitesse disons, 15 minutes effréné de course, 20 pour les retardataires, Grirav fit signe à tout le monde de faire une halte.

"On devrait être hors de danger immédiat, ont vérifie qu'on à tout le monde, on s'occupe des bêtes et ont repart au pas.
Ont fera une halte demain matin. Le jour nous protégera un peu."

Il vérifie sont propre matériel, fait le plein de flèches. Puis quand Lockhyel arrive il lui dit :

"Bravo de l'avoir soutenu. C'est bien que tu te préoccupe de chacun. J'ai un service à te demander.
Peut tu assurer nos arrière. Avec ton loup, son flaire et tes connaissances, nous saurons vite si nous somme suivie.
Moi j'ouvre la voie, les blessés et les souffrant reste au centre.
Si nous courrons tout le temps nous allons vite nous épuiser ou prendre des risque inutiles."

Grirav se sentait dans son élément après toute ces péripéties passées, il savait comment gérer, mais comment l'expliquer au autres.
Il attendait donc les remarques, car dans tout groupe se trouve toujours des contestataires moins expérimentés, plein de grande idées absurde.
La survie c'est réfléchir et agir en conséquence. Et actuellement c'est leur seul objectif.

"Anaïs tu vas bien?"

Il ne faut pas oublié que Grirav n'est venu que par amitié pour Anaïs. Sinon un voyage pareil n'aurait pas servit ses objectifs.

[Cialf]

Je me ramasse en un seul morceau, je récupère mes armes vite fait, et je devine un caernide qui m’attend à l’entrée du chemin… Oui, c’est Prêle ! Je prends le temps d’une bonne caresse, et en route !

Enfin, c’est vite dit… Ma jambe bancale se dérobe, et l’autre n’est plus assez ferme pour compenser. Pourquoi n’ont-ils pas coupé le pont? Trop long, sans doute. Je me rappelle comme nous avons eu du mal cet après-midi avec nos hachettes… Et les craquements que j’entendais ? Ce n’était pas ça ?

J’ai un frisson dans le dos en réalisant que c’était le feond qui faisait craquer les arbres. J’ai toujours cru que les histoires de feond gigantesque étaient des contes pour effrayer les petits enfants, mais celui-là…

Je parviens à faire quelques centaines de mètres en tirant sur mon carath… Heureusement, Lockhyel revient vers moi.

« Monte sur Prêle , tu crois pouvoir la guider ? »

Evidemment que je peux… Lockhyel déleste Prêle et m’aide à me caler sur son dos. Fierté mise à part, je me sens nettement mieux comme ça.

« Va ! Rattrape les autres !»

« Avant de lui mettre une petite claque sur le derrière. »

Le derrière de Prêle, j’espère ?

Et en route dans la nuit…

Nous ne tardons pas à rejoindre les autres. Comment va Serah ? Elle a l’air d’une somnambule… Je lui parle tout doucement.

-Serah ? Tout va bien. Le plus dur est passé. Encore une étape et nous y serons.

Nous y serons… Mais où ? J’aurais l’air malin si elle me posait la question.

Lokhyel et Grirav parlent entre eux… Hum… Grirav m’a tiré d’affaire, c’est vrai, mais j’ai l’impression qu’il profite de la fatigue de Lockhyel pour chercher à s’imposer comme chef de groupe, et je n’aime pas du tout ça. Enfin, je ne suis pas en état de contester, Serah non plus, et Léorah a dû travailler comme quatre pour compenser notre absence… Soit. Nous y verrons plus clair demain.