OdE - Chap 9.01 - Lune de Lunasdal

[Cialf]

-Les circonstances s’y prêtaient peu. Elle a passé toute la nuit à la cérémonie des demorthèn au centre des pierres sacrées, et toute la matinée à présider une audience criminelle, ce qui n’est pas le meilleur endroit pour parler de musique, vous en conviendrez… Elle assiste surtout au festival du Grand Tsioghair qui est un concours de poésie sacrée. La Lune de Lunasdal lui sert à attirer des talents prometteurs qui lui sont signalés par ses amis. Peut-être que vous avez été repérée… Ou moi, bien que je n’aie aucune rétention au sacré. Nous le saurons si nous sommes invités au printemps prochain. Mais c’est un honneur rare.

Le barde escamote sa coupe d’un geste si habile qu’on ne sait pas si elle était vide ou pleine.

-Vous serez peut-être chagrinée d’apprendre que les deux coupables n’ont pas été condamnés à mort. Un des trois juges, le syndic des marchands, réclamait leur tête avec insistance. Il pensait sans doute qu’un crime de ce genre est mauvais pour le commerce. Le deuxième, un chevalier ronce, dormait à moitié. Peut-être avait-il passé la nuit à poursuivre les coupables sur les grands chemins alors qu’ils étaient au chaud sous une tente. Il s’est à moitié réveillé pour dire qu’il suivrait l’avis de la grande demorthèn. Dame Guinevère a parlé en dernier : elle a eu des paroles très nobles et très consolantes pour la victime, puis elle a dit qu’une fête sacrée ne devait pas être souillée par du sang. Un discours magnifique, je dois dire. Ainsi, les deux gaillards ont échappé au gibet, ils ont seulement été condamnés à quelques années de service disciplinaire dans une angarde.

[Amnèsya]

"- Chagrinée, je ne sais pas... Comment dire, je ne pense pas que l'inhumanité soit la réponse à la violence. et si je ne peux tolerer et comprendre une tentative de viol, je pense que l'on a tous le droit de se tromper au moins une fois de chemin...
Mais je suis plus douée pour traduire la beauté des choses que m’ériger en juge et en bourreau. Je ne suis pas assez sage pour savoir ce qu'il doit être fait, j'ai déjà du mal à savoir ce que je dois faire parfois.

Elle pensait notamment aux rares disputes qu'elle avait eut avec sa sœur.

Et je ne sais pas si une angarde ca vous change un homme, mais en tous cas je peux vous certifier que cela vous change une femme...
Mais ceci est une autre histoire. Qu'est ce que vous buvez?

J'avais pas mieux comme diversion

[Cialf]

-Ah, rien ne vous échappe...

Avec un regard malicieux, il dévoile la coupe pleine cachée sous sa manche.

-Madame Main-de-Fer est une personne fort aimable, mais elle n'a pas un goût très sûr en matière de vins. J'ai pris la coupe pour ne pas la contrarier, mais je n'ose vraiment pas vous l'offrir... Quand nous serons à Baldh Ruoch, je vous trouverai une meilleure adresse.

[Amnèsya]

Je rigole légèrement...

"Honnêtement, je vous crois sur parole...mais qu'il soit bon ou pas, jamais en service... et de toute façon rarement.. J'ai d'autre moyens de m'évader"

[Cialf]

- Je comprends. Vous menez une vie saine et qui vous laisse du temps à consacrer à l’art. Mais je vous ai promis un petit essai de musique.

Il va chercher son luth dans ses bagages, prend son temps pour l’accorder, puis tapote en rythme sur le corps de l’instrument.

-J’ai cru comprendre que certains effets sonores vous intéressaient ? C’est quelque chose qui ferait bondir mon public habituel… Mais vous êtes jeune et l’originalité vous tente. Soit.

http://www.youtube.com/watch?v=p1WLKAPfKbM

Le morceau n’est pas très long et le barde ne tarde pas à reposer son archet.

-Je vous avoue qu’après une journée sur les routes, je ne me sens pas au mieux de ma forme… Il faudra que vous m’expliquiez comment vous faites pour garder un teint aussi frais. En tout cas, il faut que j’aille dormir.

[MeiYaw]

Le profil de Serah apparaît de temps en temps. La varigale la regarde fixement, puis pointe son regard vers Léorah, puis de nouveau vers Serah… Quelque chose paraît la troubler…

Je lui souris en retour. J'apprécie sa discrétion et qu'elle me permette de garder mes opinions personnelles.

Nous avons effectivement un bon rythme. Pourtant, ce n'est pas simple de tenir une cadence avec des... j'allais dire des civils, mais disons plutôt, des personnes non habituées.
Je ne connaissais pas la réputation de ma patronne. Grâce à vous, je sais ce qu'elle est.

Je suis son regard vers ma soeur, et je l'écoute maintenant avec plaisir.
Mon sourire s'élargit encore en constatant le trouble de mon interlocutrice. Je me contente de répondre :

Personnellement, j'aime beaucoup écouter leur musique, cela m'apaise, me repose, me donne l'évasion nécessaire pour exercer mon métier. Mais ne vous fiez pas aux apparences, certains bardes sont aussi des mercenaires, dis je avec un clin d'oeil. Je vous souhaite en tout cas bonne route. Est ce indiscret de vous demander où vous allez ?

[Cialf]

La varigale paraît songeuse. Puis elle secoue la tête et répond au sourire de Léorah. Elle se ressaisit, empoigne son carath et rajuste son baluchon sur l’épaule.

- Pas de problème. C’est mon métier de porter les nouvelles. Je vais faire une tournée dans l’ouest : Faireann Ear, Gline, Leacach… Si vous avez un message par là, je vous le prends en plus. Pour vous, ce sera gratuit.

Si Léorah ne la retient pas, elle paraît décidée à reprendre sa route.

- Bon… Contente de vous avoir rencontrée. Au fait, mon nom est Kajîn. Mes amitiés à votre sœur.

[MeiYaw]

Je n'ai pas pour habitude de contrarier les gens, aussi, je ne la retiens pas.

Je vous remercie pour la proposition, mais la seule personne pour laquelle je pourrais avoir des messages est juste là à côté de moi.

Je désigne ma soeur, tout en me rapprochant de cette varigale. Je lui tends la main. (je ne sais pas si la poignée de main est d'usage dans ce monde ?)

Je vous souhaite de faire un bon voyage, Kajin. Je m'appelle Léorah. Au plaisir.

[Amnèsya]

J'eu toute les peines du monde à rester concentrée... Et a ne pas analyser sa technique de jeu pour pouvoir la reproduire.
Mais je ne devais...

Je ne réalisais pas tous de suite que c'était fini...
Puis avec une grande chaleur dans ma voie :
"- C’était merveilleux. Je suis contente de faire ce voyage en votre compagnie. J'espère que l'on pourra partager à temps perdu nos savoirs.
Oui vous avez raison, il se fait tard.
Passez une bonne nuit, et dormez tranquille, je suis aussi doué pour le veiller que pour chanter une berceuse..."

[Cialf]

- Bonne nuit à vous aussi. Que votre nuit soit aussi douce que vos chansons.

Pendant le reste de la soirée, quelques voyageurs tardifs arrivent encore à l’auberge : la caravane de Main-de-Fer, "transport rapide, célérité, sécurité, confort" a été plus rapide que ses concurrents. La nuit est tranquille, légèrement venteuse, mais ce n’est pas désagréable en plein été. Les nuages vont et viennent autour d’une lune plus étroite. Pendant la deuxième veille, un bruit de pas pesant résonne non loin de la tente. C’est un boernac aux cornes massives, échappé de son enclos et qui cherche à brouter autour de l’auberge. Il finit par s’en aller sans avoir fait de dégâts.

Le matin, Main-de-Fer se lève de bonne heure et va à l’auberge. Elle y passe un certain temps et revient avec plusieurs bâtons et une pile de chiffons.

Le soir, la caravane s’arrête plus tôt que d’habitude au bord d’une rivière, à l’ombre des saules. Iontaise s’isole un moment sous les arbres avec la femme à lunettes appelée Calliope, celle qui remplit des fonctions mal déterminées auprès de sire Abhcan. L’endroit est sûr, en principe, mais ce n’est pas une raison pour négliger toute surveillance. En regardant à travers les arbres, l’une ou l’autre des jumelles peut observer un curieux spectacle…

Iontaise, qui tourne le dos aux jumelles, fait une série de mouvements rapides avec ses deux bras. Ils se serrent, se heurtent, se tordent l’un contre l’autre. Enfin, l’un des deux bras est fermement plaqué contre un tronc, immobilisé.

Alors, une des mains de Iontaise exécute une approche furtive, puis saisit subitement son autre bras et lui imprime une violente secousse. Le bras ainsi maltraité retombe inerte, ballotant mollement.

Iontaise se baisse alors jusqu’au sol, son poing tombe dans l’herbe, se frotte avec son pouce et repart en une série de petits bonds… Ce qui peut rappeler aux jumelles quelque chose de très familier.

La femme nommée Calliope a regardé ce spectacle avec attention, en restant immobile. A un moment, elle lève la tête et sursaute… Iontaise se retourne…

Si les jumelles sont encore là, il y a de fortes chances pour que la chasseuse les voie. Sinon, elle va là où elles étaient un instant plus tôt et cherche les empreintes.