[OdE - Chap. 1] La Forêt engloutie
Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite
"Elle... contrôle les animaux ?"
Aeldred avait entendu pas mal d'histoires, la plupart certainement fausse (mais quand on est un enfant, on a tendance à tout prendre pour argent comptant) mais c'était la première fois qu'il entendait parler d'une chose pareille.
"Ne serait-ce pas tout simplement une demorthèn ? Certains d'entre eux ont les capacités pour se faire comprendre de la nature et des animaux..."
Au moment ou il prononçait cette phrase à haute voix, il sentit qu'elle clochait mais qu'importe.
"Même si le terme est sans doute trop fort, mais qu'avez-vous noter dans ses "habitudes" ? S'en vient-elle toujours de la même direction, à la même heure de la journée ? Apparait-elle à tout le monde ou seulement certaines personnes l'ont vu ? Et surtout, est-ce qu'elle a déjà parlé à quelqu'un ?"
Il n'était pas difficile de voir que le chasseur était totalement happé par cette histoire, au point d'en avoir complètement oublié roparz ou son homonyme. Il se concentra sur chaque détail que lui rapportait Dougal, même les plus insignifiants pour tenter d'en extraire quelque chose d'exploitable. En fait, il s'amusait énormément de la situation, sentant qu'il y avait là matière à vivre l'une de ces histoires qu'on lui contait étant enfant.
Aeldred avait entendu pas mal d'histoires, la plupart certainement fausse (mais quand on est un enfant, on a tendance à tout prendre pour argent comptant) mais c'était la première fois qu'il entendait parler d'une chose pareille.
"Ne serait-ce pas tout simplement une demorthèn ? Certains d'entre eux ont les capacités pour se faire comprendre de la nature et des animaux..."
Au moment ou il prononçait cette phrase à haute voix, il sentit qu'elle clochait mais qu'importe.
"Même si le terme est sans doute trop fort, mais qu'avez-vous noter dans ses "habitudes" ? S'en vient-elle toujours de la même direction, à la même heure de la journée ? Apparait-elle à tout le monde ou seulement certaines personnes l'ont vu ? Et surtout, est-ce qu'elle a déjà parlé à quelqu'un ?"
Il n'était pas difficile de voir que le chasseur était totalement happé par cette histoire, au point d'en avoir complètement oublié roparz ou son homonyme. Il se concentra sur chaque détail que lui rapportait Dougal, même les plus insignifiants pour tenter d'en extraire quelque chose d'exploitable. En fait, il s'amusait énormément de la situation, sentant qu'il y avait là matière à vivre l'une de ces histoires qu'on lui contait étant enfant.
Il est toujours utile d'affronter un ennemi prêt à mourir pour son pays. Vous avez en définitive, lui comme vous, le même objectif en tête.
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L'ansailéir répondit à Aeldred de Terfynisel, tandis que Cendres était en haut.
" Elle n'a pas vraiment d'habitude. Juste qu'on ne la voit jamais au village. Personne ne lui a jamais parlé."
Le récit des apparitions laissait deviner des errances sauvages. Certains demorthèn agissaient bien de la sorte, mais en général n'évitaient pas de discuter avec la population. Actuellement il n'y avait officiellement dans la région qu'une seule demorthèn, logeant à l'entrée du marais de Terfynisel.
" Elle n'a pas vraiment d'habitude. Juste qu'on ne la voit jamais au village. Personne ne lui a jamais parlé."
Le récit des apparitions laissait deviner des errances sauvages. Certains demorthèn agissaient bien de la sorte, mais en général n'évitaient pas de discuter avec la population. Actuellement il n'y avait officiellement dans la région qu'une seule demorthèn, logeant à l'entrée du marais de Terfynisel.
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Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite
Blodwen remercia chaleureusement Cendres lorsqu'elle apporta la soupe, avant de se caler confortablement dans son siège pour écouter la dernière rumeur locale. Pendant un moment, son esprit vagabonda dans le passé, et elle retrouva des sensations oubliées de cette époque heureuse où elle sillonnait les chemins, s'arrêtant dans des auberges ou des maisons dont l'atmosphère le soir au coin du feu lui rappelait un peu celle de cette soirée... Avec l'expérience, elle avait appris qu'il était toujours intéressant d'écouter ce genre de racontars, car ils recelaient presque toujours une information ou une part de vérité, même si elles ne se trouvaient pas forcément là où on les attendait...
Toute entière plongée dans ses pensées, elle n'écouta que d'une oreille distraite le récit de l'ansailéir, faisant confiance à son expérience passée pour déceler tout élément étrange qui ressortirait de la conversation...
"Une femme rousse, avec une robe étrange, faite de cordes et de ficelles nouées.
Une femme rousse.
Rousse.
Rousse.
Roux."
Là. C'était le détail étrange. Une information visuelle précise, violente. Un élément saillant. L'image du chat Roux se superposa instantanément à la vision de la femme mystérieuse qui s'était formée dans l'esprit de Blodwen.
La guérisseuse tourna la tête en direction de l'âtre, et plongea son regard dans les yeux de l'étrange félin, à la recherche d'un indice que ce que lui soufflait son intuition n'était pas seulement dû à la fatigue d'un voyage dans des conditions peu agréables, et à l'ambiance de mystère si caractéristique des veillées au coin du feu dans les communautés isolées.
Toute entière plongée dans ses pensées, elle n'écouta que d'une oreille distraite le récit de l'ansailéir, faisant confiance à son expérience passée pour déceler tout élément étrange qui ressortirait de la conversation...
"Une femme rousse, avec une robe étrange, faite de cordes et de ficelles nouées.
Une femme rousse.
Rousse.
Rousse.
Roux."
Là. C'était le détail étrange. Une information visuelle précise, violente. Un élément saillant. L'image du chat Roux se superposa instantanément à la vision de la femme mystérieuse qui s'était formée dans l'esprit de Blodwen.
La guérisseuse tourna la tête en direction de l'âtre, et plongea son regard dans les yeux de l'étrange félin, à la recherche d'un indice que ce que lui soufflait son intuition n'était pas seulement dû à la fatigue d'un voyage dans des conditions peu agréables, et à l'ambiance de mystère si caractéristique des veillées au coin du feu dans les communautés isolées.
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Gillean avait attendu Blodwen à la demande d'Aeldrerd dans l'idée de partir sans trop tarder, mais l'un était fasciné par la sorcière rousse, et l'autre somnolait devant le feu. Il était mal à l'aise, ne sachant que faire. Il attendait en silence, regardant tous les éléments de cette scène : Blodwen, Aeldred, l'ansailéir Dougal, le Hilderin Uilleam, ... et la porte... et soupirait...
Il faisait nuit et la pluie tombait drue. La plupart des gens se couchaient bien plus tôt. La fatigue de la journée se faisait sentir.
Le chat regardait Blodwen et ne semblait pas se sentir concerné par ce qui se disait.
Roux... Rousse... Roux... Rousse...
L'étrange matou paraissait un félin peu commun, mais était-ce une raison pour conclure que son pelage avait un lien avec cette femme dont on savait peu de choses.
Il faisait nuit et la pluie tombait drue. La plupart des gens se couchaient bien plus tôt. La fatigue de la journée se faisait sentir.
Le chat regardait Blodwen et ne semblait pas se sentir concerné par ce qui se disait.
Roux... Rousse... Roux... Rousse...
L'étrange matou paraissait un félin peu commun, mais était-ce une raison pour conclure que son pelage avait un lien avec cette femme dont on savait peu de choses.
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Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite
Étouffant un bâillement, et ne pensant pas en apprendre d'avantage sur la prétendue sorcière -du moins pour ce soir- et voyant la triste mine de Gillean, il se retint de sourire et lança à la cantonnade :
"Je pense qu'il se fait trop tard pour discuter de ce genre de chose, et je n'ai pas l'impression que la pluie veuille s'arrêter de sitôt. Il est donc grand temps de la braver pour aller nous coucher, n'est-ce pas Blodwen ?"
Se rapprochant de son amie, il lui chuchota gentiment : "si ta jambe te fait souffrir, tu peux t'appuyer sur moi. Je ne pense pas que la distance soit trop longue mais avec la journée que nous avons eu, plus la boue dehors qui ne nous aidera pas, je serai bien étonné que tu sois encore capable de sauter comme un cabri."
"Je pense qu'il se fait trop tard pour discuter de ce genre de chose, et je n'ai pas l'impression que la pluie veuille s'arrêter de sitôt. Il est donc grand temps de la braver pour aller nous coucher, n'est-ce pas Blodwen ?"
Se rapprochant de son amie, il lui chuchota gentiment : "si ta jambe te fait souffrir, tu peux t'appuyer sur moi. Je ne pense pas que la distance soit trop longue mais avec la journée que nous avons eu, plus la boue dehors qui ne nous aidera pas, je serai bien étonné que tu sois encore capable de sauter comme un cabri."
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Gillean eu un soupir de soulagement et un sourire naissant sur la figure en entendant Aeldred. Ni une, ni deux, il était déjà à deux pas de la sortie.
Dougal l'ansailéir se levait à son tour, tandis que le Hilderin Uilleam lui assurait qu'il ferait tout son possible pour que les habitants de Swelbecky n'aient rien à craindre.
Cendres redescendit et comprit que chacun rentrait chez soi. Elle dit sobrement "Au revoir" et "A demain" à ceux qui partaient, avant de décharger Aeldred-au-chat de son service, l'autorisant à aller se coucher à son tour. Dans la foulée elle se servit à manger, et s'installa dans un coin pour avaler son bol de soupe. Elle répondit d'un ton neutre à un Hilderin qui s'enquerrait de l'endroit où ils dormiraient. En substance, ils avaient le choix entre dormir dans la salle commune (seule pièce réellement chauffée du bâtiment), dans la grange, ou dans des pièces qui servaient de débarras aux étages. Un consensus fut rapidement trouvé pour dormir ici-même. Aeldred pour sa part avait une sorte de petit cagibi donnant sur la salle commune, sans fenêtre.
Dougal l'ansailéir se levait à son tour, tandis que le Hilderin Uilleam lui assurait qu'il ferait tout son possible pour que les habitants de Swelbecky n'aient rien à craindre.
Cendres redescendit et comprit que chacun rentrait chez soi. Elle dit sobrement "Au revoir" et "A demain" à ceux qui partaient, avant de décharger Aeldred-au-chat de son service, l'autorisant à aller se coucher à son tour. Dans la foulée elle se servit à manger, et s'installa dans un coin pour avaler son bol de soupe. Elle répondit d'un ton neutre à un Hilderin qui s'enquerrait de l'endroit où ils dormiraient. En substance, ils avaient le choix entre dormir dans la salle commune (seule pièce réellement chauffée du bâtiment), dans la grange, ou dans des pièces qui servaient de débarras aux étages. Un consensus fut rapidement trouvé pour dormir ici-même. Aeldred pour sa part avait une sorte de petit cagibi donnant sur la salle commune, sans fenêtre.
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Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite
Le temps du chemin jusque chez Gillean, Aeldred décida de faire un peu la conversation avec son futur beau-frère.
"Si je me rappelle bien de ce que m'a dit Rhea, tu as une sœur dàmàthair, c'est ça ? Je me demandais si toi et ta sœur viviez ensemble dans la maison de vos parents ou si vous aviez chacun la vôtre ? Je ne voudrais pas incommoder ta famille ou quoi que ce soit. En fait c'est bête, j'aurai du préparer quelque chose, si j'avais su que tu nous logerais... Je sais ! Si tu connais un bon coin de chasse, je pourrai te rapporter une belle pièce de viande ! Enfin tant que ce n'est pas dans le marais, je ne raffole pas trop des serpents qui rôdent dans ces endroits. La seule fois où j'ai voulu faire une blague à Rhea avec une de ces saletés -cela date de quelques années déjà- il a fallut que je tombe sur une vipère qui m'a bien fait comprendre qu'elle ne goûtait pas mon sens de la plaisanterie. Et en plus d'avoir failli y rester, je me suis pris une soufflante de ma sœur."
Riant de bon cœur à ce souvenir, Aeldred se demandait de quoi serait faite la journée de demain.
"Si je me rappelle bien de ce que m'a dit Rhea, tu as une sœur dàmàthair, c'est ça ? Je me demandais si toi et ta sœur viviez ensemble dans la maison de vos parents ou si vous aviez chacun la vôtre ? Je ne voudrais pas incommoder ta famille ou quoi que ce soit. En fait c'est bête, j'aurai du préparer quelque chose, si j'avais su que tu nous logerais... Je sais ! Si tu connais un bon coin de chasse, je pourrai te rapporter une belle pièce de viande ! Enfin tant que ce n'est pas dans le marais, je ne raffole pas trop des serpents qui rôdent dans ces endroits. La seule fois où j'ai voulu faire une blague à Rhea avec une de ces saletés -cela date de quelques années déjà- il a fallut que je tombe sur une vipère qui m'a bien fait comprendre qu'elle ne goûtait pas mon sens de la plaisanterie. Et en plus d'avoir failli y rester, je me suis pris une soufflante de ma sœur."
Riant de bon cœur à ce souvenir, Aeldred se demandait de quoi serait faite la journée de demain.
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Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite
Blodwen s'arracha à la contemplation du chat et des flammes dansantes à l'annonce d'Aeldred, et leva un sourcil légèrement étonné à l'évocation d'une sortie sous la pluie. Elle n'avait pas été invitée personnellement par Gillean (ni chez qui que ce soit d'ailleurs), et supposait vaguement qu'on la tolèrerait dans la rosace à défaut d'invitation plus formelle, vu ses relations régulières avec les Ronces.
Après tout, elle venait de rencontrer le jeune homme, et ne souhaitait pas s'imposer...
Elle eut à peine le temps de s'interroger que son ami l'informait discrètement qu'elle pourrait s'appuyer sur lui si nécessaire. Si elle comprenait la proposition de son ami, elle ne put s'empêcher de ressentir une gêne, mêlée d'une pointe d'irritation : était-ce ainsi qu'il la voyait? Un être diminué, faible et vulnérable qu'il fallait soutenir après quelques misérables heures de marche, tel un vieillard? Une douillette impotente qui attirait davantage la sollicitude que la confiance quant à ses capacités physiques?
Pire encore, comment la voyaient les autres? Avaient-ils le même regard sur elle? Avaient-ils remarqué ses difficultés en fin de soirée, et la voyaient-ils également comme une faible incapable de se débrouiller seule et inspirant la pitié? Elle espérait de tout son coeur qu'ils n'aient rien remarqué, et que seul Aeldred ait perçu sa douleur de tantôt... Plus que tout, elle espérait que Roparz n'ait rien relevé : son image auprès de lui en dépendait... Et par là même, sa capacité à parler au colosse en égale.
Partagée entre l'irritation et l'angoisse, elle lui répondit donc un peu sèchement, en chuchotant comme il l'avait fait :
"C'est bon, je ne suis pas en cristal! Et je n'ai que quelques années de plus que toi : je ne suis pas vieille au point d'avoir besoin qu'on me tienne la main pour faire dix pas sous la pluie...
Pour appuyer ses propos par des actes ostensibles, elle se leva et reprit sa besace et son carath, avant de répondre pour tous, cette fois :
"En effet, il ne sert à rien d'attendre que cette pluie s'arrête, et il ne faudrait pas que nous abusions de votre hospitalité. D'autant plus que la plupart d'entre nous voudront sans doute se lever tôt demain, pour partir à la recherche d'Elwin."
Elle avait prudemment évité de mentionner "sire Uilleam et ses Hilderins", afin de ne pas froisser Cendres, et avait regardé les deux officiers en faisant cette mention, mais elle ne put s'empêcher de fixer Sire Uilleam en premier, et un rien plus longuement que son homologue Ronce. Elle hésita également à s'attarder sur l'Ansailéir Dougal de la même façon, ce qui l'aurait rangé dans la catégorie des décideurs présents dans la pièce... FInalement, elle se contenta d'un regard court mais appuyé, né à la fois de l'irritation suscitée par la remarque d'Aeldred et de sa volonté d'être forte, mais aussi pour lui rappeler implicitement qu'il était le chef de cette communauté, et qu'en tant que tel son rôle ne se limitait pas à raconter des histoires au coin du feu en geignant comme un vieillard apeuré pendant que de plus courageux que lui faisaient son travail à sa place.
Elle salua tout le monde avant de se diriger d'un pas décidé vers Gillean : comme elle l'avait prévu, sa jambe ne la trahit pas, le feu et quelques heures de repos ayant fait des merveilles sur sa précédente douleur. Tant mieux, que tout le monde voie qu'elle était encore solide!
Une fois face au futur époux de Rhea, Blodwen se souvint brutalement qu'elle n'avait pas été invitée, et son emportement se mua brutalement en gêne lorsqu'elle lui demanda :
"J'espère que ma présence ne vous dérange pas... J'étais absente là haut pendant le début de la soirée, et j'avais compris au comportement d'Aeldred que... eh bien que vous pourriez également m'héberger cette nuit... Si ce n'est pas une gêne pour vous, bien sûr! Autrement, je trouverai bien un endroit pour dormir ici..."
"Et n'hésitez pas à demander mes services, si vous avez un malade ou un blessé. Au fait, y a-t-il un guérisseur à Swelbecky?"
Après tout, elle venait de rencontrer le jeune homme, et ne souhaitait pas s'imposer...
Elle eut à peine le temps de s'interroger que son ami l'informait discrètement qu'elle pourrait s'appuyer sur lui si nécessaire. Si elle comprenait la proposition de son ami, elle ne put s'empêcher de ressentir une gêne, mêlée d'une pointe d'irritation : était-ce ainsi qu'il la voyait? Un être diminué, faible et vulnérable qu'il fallait soutenir après quelques misérables heures de marche, tel un vieillard? Une douillette impotente qui attirait davantage la sollicitude que la confiance quant à ses capacités physiques?
Pire encore, comment la voyaient les autres? Avaient-ils le même regard sur elle? Avaient-ils remarqué ses difficultés en fin de soirée, et la voyaient-ils également comme une faible incapable de se débrouiller seule et inspirant la pitié? Elle espérait de tout son coeur qu'ils n'aient rien remarqué, et que seul Aeldred ait perçu sa douleur de tantôt... Plus que tout, elle espérait que Roparz n'ait rien relevé : son image auprès de lui en dépendait... Et par là même, sa capacité à parler au colosse en égale.
Partagée entre l'irritation et l'angoisse, elle lui répondit donc un peu sèchement, en chuchotant comme il l'avait fait :
"C'est bon, je ne suis pas en cristal! Et je n'ai que quelques années de plus que toi : je ne suis pas vieille au point d'avoir besoin qu'on me tienne la main pour faire dix pas sous la pluie...
Pour appuyer ses propos par des actes ostensibles, elle se leva et reprit sa besace et son carath, avant de répondre pour tous, cette fois :
"En effet, il ne sert à rien d'attendre que cette pluie s'arrête, et il ne faudrait pas que nous abusions de votre hospitalité. D'autant plus que la plupart d'entre nous voudront sans doute se lever tôt demain, pour partir à la recherche d'Elwin."
Elle avait prudemment évité de mentionner "sire Uilleam et ses Hilderins", afin de ne pas froisser Cendres, et avait regardé les deux officiers en faisant cette mention, mais elle ne put s'empêcher de fixer Sire Uilleam en premier, et un rien plus longuement que son homologue Ronce. Elle hésita également à s'attarder sur l'Ansailéir Dougal de la même façon, ce qui l'aurait rangé dans la catégorie des décideurs présents dans la pièce... FInalement, elle se contenta d'un regard court mais appuyé, né à la fois de l'irritation suscitée par la remarque d'Aeldred et de sa volonté d'être forte, mais aussi pour lui rappeler implicitement qu'il était le chef de cette communauté, et qu'en tant que tel son rôle ne se limitait pas à raconter des histoires au coin du feu en geignant comme un vieillard apeuré pendant que de plus courageux que lui faisaient son travail à sa place.
Elle salua tout le monde avant de se diriger d'un pas décidé vers Gillean : comme elle l'avait prévu, sa jambe ne la trahit pas, le feu et quelques heures de repos ayant fait des merveilles sur sa précédente douleur. Tant mieux, que tout le monde voie qu'elle était encore solide!
Une fois face au futur époux de Rhea, Blodwen se souvint brutalement qu'elle n'avait pas été invitée, et son emportement se mua brutalement en gêne lorsqu'elle lui demanda :
"J'espère que ma présence ne vous dérange pas... J'étais absente là haut pendant le début de la soirée, et j'avais compris au comportement d'Aeldred que... eh bien que vous pourriez également m'héberger cette nuit... Si ce n'est pas une gêne pour vous, bien sûr! Autrement, je trouverai bien un endroit pour dormir ici..."
Gillean accepta, et tous trois se retrouvèrent bientôt sous la pluie. Blodwen laissa son ami entamer la discussion avec Gillean. Lorsqu'il mentionna la possibilité de chasser pour son hôte, elle compléta son offre :Edit métajeu : zut, Casaïr a posté entretemps (j'ai mis lontemps à pondre mon texte)... Bon, pour que tout soit raccord, je vais "prendre le contrôle" de Gillean et faire qu'il accepte d'héberger Blodwen... Si ça ne vous convient pas à l'un et/ou à l'autre, n'hésitez pas à me le signaler, et je change ce passage!
"Et n'hésitez pas à demander mes services, si vous avez un malade ou un blessé. Au fait, y a-t-il un guérisseur à Swelbecky?"
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A la rosace
Cendres regardait Blodwen avec une expression de poisson morne, Uilleam était très digne, Dougal ... difficile à dire.
Gillean confirma l'invitation formulée par Aeldred : "Tu es la bienvenue, bien sûr ! La maison des dàmàthairs est assez grande pour deux personnes de plus !"
Le chemin sous la pluie
Le terrain de Swelbecky avait l'inconvénient de rassembler l'eau de pluie dans deux canaux : la petite rivière qui cascadait vers le marais, et le chemin en terre montant la colline. Une rigole naturelle s'y était formée avec les années, mais difficile de ne pas finir les pieds trempés. Dans le noir, on voyait d'ailleurs très mal où l'on mettait les pieds. Les bruits d'écoulement et de pluie dense compliquaient la discussion. Il fallut tout répéter une fois (enfin !) arrivé à la maison des dàmàthairs.
" Nous vivons tous ensemble dans la maison des dàmàthairs. J'aide à sa tenue, aux repas, pour les élevages... Ne t'inquiète pas, vous êtes des amis, vous ne nous gênez pas ! Notre maison a le sens de l'hospitalité... sans compter que les enfants viennent et partent, parfois restent pour la nuit... Vraiment ce n'est pas un endroit très calme. On n'y est jamais seul... mais on s'y fait : il y a toujours de quoi faire et quelqu'un à qui parler. "
" Entrez, entrez ! " Puis à voix basse : " Vous pouvez laisser vos bottes ici, elles sècheront un peu... je vais préparer une seconde paillasse pour toi, Blodwen, en attendant vous pouvez vous réchauffer devant le poêle."
" Non, il n'y a pas de guérisseur en titre à Swelbecky. Les dàmàthairs s'occupent des enfants, pour le reste, chacun se débrouille plus ou moins avec des connaissances de base. Si vraiment on a un problème, un membre de la famille fait le chemin jusqu'à Terfynisel, ce n'est pas si loin."
Tout était calme, mais si on tendait l'oreille, on devinait des bruits de respiration. Il y avait du monde un peu partout : les enfants des fermiers éloignés restaient ici plus ou moins en pension plutôt que de traverser des zones peu sûres. C'était à peu près rangé, mais on trouvait ici et là des vestiges d'activités ludiques d'enfants. Il fallait vraiment avoir la vocation pour consacrer l'intégralité de sa vie à s'occuper en permanence d'enfants. Ce service facilitait la vie de la communauté en permettant aux femmes de travailler assez librement. La compétence des dàmàthairs réduisait par ailleurs la mortalité infantile, permettant là aussi aux femmes de n'avoir que deux ou trois enfants, sans que ce choix (car la contraception est assurée par les dàmàthairs) ne mette en péril la survie des sociétés. Il demeurait que la société attendait tout de même implicitement des femmes qu'elles aient une progéniture. En dessous de trois, on estimait que c'était peu (la faute à la mauvaise volonté ou à la malchance, le regard des autres variait en fonction).
Aeldred et Blodwen apprirent bientôt qu'ils avaient une sorte de lit-double (paillasse-double ?) de prête, sous les combles, mais avec une bonne couverture, qu'ils devraient partager, mais elle était assez grande en principe. Les deux étaient bien humides de leur promenade sous la pluie. Ils se virent rapidement pourvu d'une petite lampe à huile distillant une lueur plus qu'une lumière.
Cendres regardait Blodwen avec une expression de poisson morne, Uilleam était très digne, Dougal ... difficile à dire.
Gillean confirma l'invitation formulée par Aeldred : "Tu es la bienvenue, bien sûr ! La maison des dàmàthairs est assez grande pour deux personnes de plus !"
Le chemin sous la pluie
Le terrain de Swelbecky avait l'inconvénient de rassembler l'eau de pluie dans deux canaux : la petite rivière qui cascadait vers le marais, et le chemin en terre montant la colline. Une rigole naturelle s'y était formée avec les années, mais difficile de ne pas finir les pieds trempés. Dans le noir, on voyait d'ailleurs très mal où l'on mettait les pieds. Les bruits d'écoulement et de pluie dense compliquaient la discussion. Il fallut tout répéter une fois (enfin !) arrivé à la maison des dàmàthairs.
" Nous vivons tous ensemble dans la maison des dàmàthairs. J'aide à sa tenue, aux repas, pour les élevages... Ne t'inquiète pas, vous êtes des amis, vous ne nous gênez pas ! Notre maison a le sens de l'hospitalité... sans compter que les enfants viennent et partent, parfois restent pour la nuit... Vraiment ce n'est pas un endroit très calme. On n'y est jamais seul... mais on s'y fait : il y a toujours de quoi faire et quelqu'un à qui parler. "
" Entrez, entrez ! " Puis à voix basse : " Vous pouvez laisser vos bottes ici, elles sècheront un peu... je vais préparer une seconde paillasse pour toi, Blodwen, en attendant vous pouvez vous réchauffer devant le poêle."
" Non, il n'y a pas de guérisseur en titre à Swelbecky. Les dàmàthairs s'occupent des enfants, pour le reste, chacun se débrouille plus ou moins avec des connaissances de base. Si vraiment on a un problème, un membre de la famille fait le chemin jusqu'à Terfynisel, ce n'est pas si loin."
Tout était calme, mais si on tendait l'oreille, on devinait des bruits de respiration. Il y avait du monde un peu partout : les enfants des fermiers éloignés restaient ici plus ou moins en pension plutôt que de traverser des zones peu sûres. C'était à peu près rangé, mais on trouvait ici et là des vestiges d'activités ludiques d'enfants. Il fallait vraiment avoir la vocation pour consacrer l'intégralité de sa vie à s'occuper en permanence d'enfants. Ce service facilitait la vie de la communauté en permettant aux femmes de travailler assez librement. La compétence des dàmàthairs réduisait par ailleurs la mortalité infantile, permettant là aussi aux femmes de n'avoir que deux ou trois enfants, sans que ce choix (car la contraception est assurée par les dàmàthairs) ne mette en péril la survie des sociétés. Il demeurait que la société attendait tout de même implicitement des femmes qu'elles aient une progéniture. En dessous de trois, on estimait que c'était peu (la faute à la mauvaise volonté ou à la malchance, le regard des autres variait en fonction).
Aeldred et Blodwen apprirent bientôt qu'ils avaient une sorte de lit-double (paillasse-double ?) de prête, sous les combles, mais avec une bonne couverture, qu'ils devraient partager, mais elle était assez grande en principe. Les deux étaient bien humides de leur promenade sous la pluie. Ils se virent rapidement pourvu d'une petite lampe à huile distillant une lueur plus qu'une lumière.
Dernière modification par Iris le 17 août 2015, 19:41, modifié 1 fois.
Raison : Réponse à Blodwen
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Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite
Une double paillasse, donc un lit... pour deux ? Aeldred rougit si fort qu'on l'aurait volontiers confondu avec une tomate particulièrement mûre. Il devait enlever ses vêtements sous peine d'attraper un rhume carabiné mais la dernière femme à l'avoir vu nu n'était autre que Rhea et cela remontait suffisamment loin pour qu'une nouvelle expérience du même tonneau ne le laisse dans le même état qu'actuellement. Il regarda tout autour de lui, un peu désespéré, s'il pouvait s'abriter dans un coin pour enlever ses frusques trempées tout en maudissant la pluie. Voila ce que c'est d'oublier sa cape de pluie, tu paies ton manque de jugeote et ton empressement. Finalement, il se tourna vers Blodwen, tout piteux.
"Biiiieeeeen, je... heuuu... comment dire... Oui ! Je vais derrière, là bas, fit-il en désignant un endroit rendu invisible par l'obscurité et que n'avait aucune chance d'éclairer la chiche lueur de la lanterne. Je vais me changer et..."
Il regarda le lit et rougit d'avantage, comme si cela était encore possible. Se raclant la gorge afin de se donner une assurance qu'il était à des lieues de ressentir et cherchant à être gentleman, il ajouta :
"Je te laisse le lit, je vais me faire un petit coin tranquille à côté. Mon sac fera un oreiller confortable et..."
Mon manteau aurait fait une couverture bien chaude s'il n'était pas complètement trempé... Il ne dit rien sur son "petit soucis" mais il avait déjà connu des bricoles de ce genre, et il n'avait alors pas de toit au dessus de sa tête pour rendre l'endroit plus confortable. Il haussa les épaules : l'un dans l'autre, il passerait une nuit tranquille. C'était le plus important. Et il se disait que Blodwen méritait bien un peu d'intimité.
"Biiiieeeeen, je... heuuu... comment dire... Oui ! Je vais derrière, là bas, fit-il en désignant un endroit rendu invisible par l'obscurité et que n'avait aucune chance d'éclairer la chiche lueur de la lanterne. Je vais me changer et..."
Il regarda le lit et rougit d'avantage, comme si cela était encore possible. Se raclant la gorge afin de se donner une assurance qu'il était à des lieues de ressentir et cherchant à être gentleman, il ajouta :
"Je te laisse le lit, je vais me faire un petit coin tranquille à côté. Mon sac fera un oreiller confortable et..."
Mon manteau aurait fait une couverture bien chaude s'il n'était pas complètement trempé... Il ne dit rien sur son "petit soucis" mais il avait déjà connu des bricoles de ce genre, et il n'avait alors pas de toit au dessus de sa tête pour rendre l'endroit plus confortable. Il haussa les épaules : l'un dans l'autre, il passerait une nuit tranquille. C'était le plus important. Et il se disait que Blodwen méritait bien un peu d'intimité.
Il est toujours utile d'affronter un ennemi prêt à mourir pour son pays. Vous avez en définitive, lui comme vous, le même objectif en tête.
- Terry Pratchett, Va-t-en-guerre.
- Terry Pratchett, Va-t-en-guerre.