[OdE - Chap.2.1] La dernière limite

[Casaïr]

Aeldred ne s’était pas attendu à une telle réaction de la part de la jeune femme, elle qu’il avait toujours vu si souriante. Elle a eu aussi sa part de malheur, réalisa-t-il brusquement. Elle ne lui avait pas réellement parlé de ce qui l’avait poussé à revenir ici, hormis la mort de son mentor dont il avait cru –à tort, visiblement- qu’elle s’était remise. Maintenant, il suspectait quelque chose de beaucoup plus profond, sans savoir ce que cela pouvait bien être. Que… Que dois-je… ?

Son corps prit tout seul la direction des opérations, et il s’approcha en douceur d’Oanell qui pleurait toujours, totalement dépassée par ce qu’elle ressentait et incapable de bouger. Avec une infinie tendresse, il la prit délicatement dans ses bras, s’attendant à tout moment à ce qu’elle s’écarte. Puis, se rappelant ce qu’elle avait fait pour lui dans sa maison, commença à fredonner une des chansons que sa mère lui chantait le soir. Une des rares chansons qu’il avait retenu mais pour une bonne raison : elle parlait de l’espoir d’un jour nouveau qui devait chasser les heures sombres si l’on y croyait assez fort. Elle ne lui avait jamais semblé aussi vraie qu’aujourd’hui…

[NailsEater]

La jeune femme ne réagit pas quand Aeldred la pris dans ses bras. Elle l'écoutait chanter. Finissant par se ressaisir, elle glissa, sanglotante, des excuses et se recula, brisant leur étreinte:

-Excuse moi ... je ... tellement de choses et ... Désoler.

Ne laissant pas le temps au chasseur de réagir, elle se hâta vers la porte de service du château, espérant rejoindre sa chambre discrètement.
Une fois sur place, elle se posa quelques minutes, essayant de se reconstituer une figure mondaine, se recoiffant et arrangeant sa tenue. Quand elle se considérera présentable, elle retournera dans la salle de réception avec les invités.

[Casaïr]

Oanell était partie en balbutiant quelques mots et Aeldred en eut mal pour elle. Il n'était pas vraiment du genre à se mettre à la place des autres, mais pour la première fois, il avait de la compassion pour quelqu'un à qui il tenait. Il se sentait responsable de son état, mais elle était partie si vite qu'il n'avait même pas eu le temps de lui dire quoi que ce soit. Il va se passer quoi, à partir de maintenant? Qu'est-ce qu'on est l'un pour l'autre ?...

Ne souhaitant pas se poser la question plus que ça, et n'ayant aucune envie de rester seul à ruminer ce qui venait de se passer, il décida d'aller voir Elwigg à la rosace.

[Iris]

Elwigg qui était rentré en même temps qu'Halfnir avait entendu Nevena.

"Vous pensez que les autres Hilderins sont en danger?"

Son visage était sombre, affublé d'une mine triste, comme si son inquiétude perçait à travers ses traits.

Aeldred entra dans la rosace, vit le sol humide à l'entrée et des échos de voix vers la salle commune... arrivant précisément au moment où Elwigg posait sa question.

Hafnir lui répondit simplement : "Je ne sais pas."

"Cendres, Roparz, préparez-vous à partir en reconnaissance à Swelbecky. "

[Kalessin]

Se tournant vers Halfnir: "Commandeur, j'aurais à vous parler, m'accorderiez vous quelques minutes en privé? Je serais bref."

[Casaïr]

Aeldred avait vu le sol trempé. Il avait vu aussi quelques traces de sang qui avaient su résister au nettoyage forcé, et cela le ramena brutalement au jour funeste où son père avait tué sa mère... Tremblant de tous ses membres, il avait à peine noté la question d'Elwigg, mais il se ressaisit suffisamment vite pour entendre la réponse d'Hafnir.

Se dirigeant vers eux, il demanda, encore sonné par la vision : "Commandant Hafnir ? Il y a un problème à Swelbecky ? Avez-vous besoin d'aide ?"

[Iris]

C'était l'imagination traumatisée d'Aeldred qui lui faisait voir dans l'entrée des taches de sang alors que le grand délavage au seau d'eau avait certainement rincé l'essentiel et que l'éclairage à la lampe à huile ne permettait pas de bien discerner les couleurs.

...

Hafnir répondit pour commencer à Aeldred : " Le hilderin Jazkez est arrivé ici blessé et semble dire que les autres sont partis dans les marais. Il n'y a pas grand-chose de plus."


A Aeldred : "Un instant je te prie." après quoi Hafnir s'isola un peu plus loin pour écouter ce qu'Elwigg avait de si urgent à dire "Je t'écoute."

[Kalessin]

Solenellement: "Voila maintenant quelques temps que je loge ici en participant aux taches quotidiennes et je vous remercie de m'avoir accordé l'hospitalité. Comme vous le savez, j'ai passé beaucoup de temps hors du village à vivre en solitaire et j'y ai en quelque sorte perdu ma place. Je ne pourrais pas me réintégrer en faisant simplement comme si ces dix années ne s'étaient jamais déroulées et en reprenant une place de simple cultivateur au sein de la communauté. Je pense qu'il est venu le temps (des rires et des champs) pour moi de changer de vocation, et de faire de la protection des voyageurs mais aussi des habitants de Terfynisel mon nouveau quotidien.
C'est pourquoi je vous demande solenellement de me donner la chance d'intégrer vôtre ordre. Je ne vous décevrai pas. Je ferai tous les efforts nécessaires à la tenue de mon nouveau statut, je n'entacherai pas votre réputation et je travaillerai à ce qu'elle soit justifiée, et je mènerai à bien les missions que vous voudrez bien me confier."

"Je suis pret à commencer dès cet instant et à accompagner Cendres, Roparz et Aeldred si vous lautorisez à venir."

Elwigg avait parlé très distinctement, rapidement mais sans empressement. Son regard farouche n'avait pas quitté celui d'Halfnir et traduisait sa détermination à prouver qu'il était fiable et qu'il tiendrait son engagement. Elwigg avait retrouvé foi en l'homme grâce aux personnes qu'il avait rencontré depuis son retour vers la civilisation. Il savait que les paysans colporteurs de rumeurs, xénophobes et renfermés étaient éconduis par leur ignorance, et que tout le monde était capable de grandeur, d'amour et de bontée. Il voulait se dédier à ce qu'il n'avait pas pu faire dix ans plus tôt, la protection de ceux qu'il aime, et pour lui, s'engager chez les ronces était au moins pour l'instant le meilleur moyen d'y parvenir.

Il avait posé un genou à terre, mais son regard ne faillissait pas. Attendant le verdict qui allait soit donner un sens à sa nouvelle vie, soit le renvoyer dans l'errance et la solitude.

[Iris]

Hafnir écouta, hocha la tête :

" C'est un engagement à vie, mais je pense que c'était clair pour toi."

" Pour les détails du recrutement et les formalités, on verra ça plus tard. A court terme, ce qui doit être clair pour toi : je ne doute pas de ta motivation, mais sur une mission de reconnaissance, je veux des gens capables d'aller vite, ne pas faire de bruit, et revenir pour faire le point. Ce n'est qu'à ce moment là que des décisions seront prises."

" Je ne confie pas une mission en aveugle, à quelqu'un dont j'ignore les capacités. Être ronce implique de travailler en équipe et de pouvoir compter les uns sur les autres. Ce n'est possible qu'avec une préparation en amont. Quel que soit ton âge et ton vécu, tant que tu n'as pas fait tes classes, tu restes un débutant, un drageon, aux yeux de l'ordre."

L'équipe d'éclaireur devait partir cette nuit même et revenir dans la matinée pour donner un début d'informations permettant de savoir quelles forces engager.

[Kalessin]

"Alors je ferai preuve de patience, et j'attendrais l'occasion de vous prouver mes compétances."

"En attendant de pouvoir le faire, je reste tout de même à vôtre disposition au cas ou vous auriez besoin d'un messager ou plus simplement de bras. Je serais dans ma cellule"

Sur ces paroles, Elwigg prit congé de son nouveau maitre. Il retourna dans la salle principale et passat devant Aeldred, croisant son regard, et arborant un discret sourire qu'il n'avait réussi à réprimer. Il était heureux. Il s'était donné les moyens d'avoir une nouvelle vie, une vie au service des autres, et il avait droit à un nouveau départ.

Puis, à Névena: "N'hesitez pas à venir frapper à la porte de ma cellule si vous avez besoin de quelque chose pour cet homme."

Puis il allat directement dans sa cellule après avoir salué tout le monde.