[OdE - Chap.2.1] La dernière limite

[Casaïr]

En voyant Hafnir revenir, il lui demanda rapidement :

"Comment va Jazkez? Que lui est-il arrivé ? Et est-ce qu'il va s'en remettre ?"

Peut-être était-ce dû aux changements arrivés dans sa vie depuis une semaine, car jamais auparavant il ne se serait soucié de la vie d'un autre. Et maintenant, il s’enquérait de l'état d'un inconnu qu'il aurait bien aimé noyer dans le marais si son compère ne l'avait pas empêché de temps à autre de sortir quelques saillies.

[Iris]

Cendres et Roparz étaient partis de leur côté. Ils avaient devant eux une nuit blanche, devraient faire le trajet rapidement et prudemment pour revenir avec un état des lieux de la situation qui permette de savoir comment réagir.

Hafnir s'assit à une table après s'être servi à boire et avoir proposé à Aeldred un verre tandis que Nevéna repartait voir comment se portait son patient.

" Un coup de couteau dans le dos, il a perdu beaucoup de sang. Il est inconscient, mais devrait s'en sortir. "

[Casaïr]

Aeldred accepta sans sourciller le verre (une autre nouveauté !), tout en jetant un œil dans la direction qu'avait prise Nevena, un rien anxieux.

"Est-ce qu'il a dit ce qu'il lui était arrivé ? Et Uilleam et les autres hilderins, ils sont... ?"

Il préféra ne pas finir la phrase, cela lui semblait déjà irréel qu'un chevalier hilderin préfère venir ici tout seul avec un poignard dans le dos plutôt que de se faire soigner par les siens. Pour le chasseur, cela ne voulait rien dire de bon.

[Iris]

Hafnir ne paraissait pas savoir grand-chose :

" Il a parlé d'un chat paraît-il... les autres seraient dans le marais... Il n'y a rien de clair dans cette histoire. Je suis déjà assez étonné que personne de Swelbecky ne soit venu pour les funéraille de Breth Mac Terfynisel..."

[Casaïr]

"Un chat ? Ca me rappelle assez l'énorme matou d'un des habitants, qui, croyez-le ou non, s'appelle comme moi. Même si je n'ai pas aimé la tête de l'animal, il ne me semblait pas capable de quelque chose comme..."

Aeldred réfléchit rapidement.

"Le chat l'a attaqué ?... Ca vaut ce que ça vaut, mais les habitants de Swelbecky se plaignaient d'une sorcière qui semblait subjuguer les animaux rien qu'en chantant. Je ne sais si Cendres ou Roparz vous en ont parlé. Ce n'est peut-être qu'une divagation de Jazkez, ou une coïncidence, mais il vaudrait mieux qu'ils se méfient."

Il se tut avec l'impression de passer pour un imbécile, mais au final ce n'était guère différent de ce qu'il ressentait d'ordinaire, et il avait de toutes les façons bien d'autres préoccupations en tête. Oanell... Chassant la jeune femme de ses pensées, il reprit :

"Je sais que ça semble stupide, mais mieux vaut trop de précautions que pas assez. La description évoquait à Ultana aussi bien un demorthèn qu'un drèin. L'un dans l'autre, autant se préparer au pire..."

[Iris]

Le commandeur commenta sobrement : "Il a surtout reçu un coup de couteau, cette histoire de chat... c'est peut-être tout autre chose... Nous en saurons davantage demain matin. Il vaut mieux se préparer à toute éventualité. Il faudra prévenir Dame Blodwen mais je préfèrerai éviter de semer le trouble ce soir. "

Réfléchissant : "Il est déjà tard, ils vont bien finir par se coucher. Pourrais-tu lui transmettre un message ? Une fois que tout sera calme s'entend. "

" En bref, un hilderin blessé, inconscient, soigné par Nevena. Roparz et Cendres partent en éclaireur à Swelbecky : nous en saurons plus en cours de matinée, mais il faut s'attendre à de mauvaises surprises."

"Si j'y vais, ça se remarquera davantage, toi, tu t'es déjà comporté en imbécile, ça ne surprendra personne que tu traînes dans un coin à lorgner sur Oanell. Il faut quand même que tu apprennes à te tenir : si toi-même tu te comportes avec désinvolture, tu incites les autres à en faire autant. Le statut de Blodwen est fragile, elle a besoin de respect et d'un minimum de déférence en public."

[Casaïr]

Un peu piqué au vif, Aeldred termina son verre en se levant.

"Parce que vous pensez vraiment que les actions du paria local -il avait presque craché les mots- ont un quelconque impact sur le village et ses habitants ? Ce serait bien la première fois ! Je dirai plutôt que ça renouvellera un peu leurs quolibets, ce qui n'est pas forcément un mal. J'entendrai d'autres discussions dans la rue..."

Se dirigeant vers la sortie, il s'arrêta et se tourna une nouvelle fois vers Hafnir :

"Et j'ai déjà promis à Dame Blodwen de ne plus l'accabler en public. Bonne soirée, commandant, je vais de ce pas transmettre votre message à notre nouveau seigneur."

Il attendit une réponse d'Hafnir avant de s'incliner et de se rendre à nouveau au château, mais à pas mesurés. Il se faisait tard, certes, et il y aurait nettement moins de monde, mais il y aurait toujours Oanell et il ne savait pas trop dans quelles dispositions elle serait si jamais il venait à la croiser de nouveau. il avait l'impression de l'avoir fait souffrir à divers degrés toute la soirée, et l'idée de peut-être la croiser le rendait un peu mal à l'aise. Il était toujours plongé dans ses réflexions quand il arriva devant les gardes.

"Est-il encore possible de parler à Dame Blodwen ? j'ai un message de la part du commandant Hafnir pour elle."

[Iris]

Presque tout le monde s'était déjà couché. Parmi les rares encore debout il y avait Drewall qui semblait d'humeur à tenter sa chance avec Oanell.

L'apprentie-barde trouva à s'esquiver et à découvrir l'arrivée d'Aeldred qui cherchait Blodwen.

Le trio pourrait s'entretenir dans le petit salon qui était devenu depuis ce soir la salle d'audience de la nouvelle châtelaine.

[Casaïr]

Aeldred jeta un regard à la dérobée en voyant Oanell les rejoindre. Elle s'était remaquillée afin d'effacer les sillons que ses larmes avaient marquées sur ses joues, mais pour qui savait chercher, il était facile de déterminer qu'elle avait pleuré. S'efforçant de ne pas s'attarder sur ses yeux rougis tout en se mordant la lèvre inférieure, il se secoua mentalement (et physiquement ? il n'en était pas très sûr) avant de se tourner prioritairement vers Blodwen.

"Je suis désolé de revenir à cette heure tardive, mais je reviens de la rosace. Jazkez, L'un des hilderins que nous avons accompagné une semaine plus tôt à Swelbecky, est revenu très gravement blessé. Son discours semblait incohérent, il parlait d'un chat -il lança un regard assez appuyé à son amie en prononçant le mot- mais sa blessure la plus grave provenait d'un poignard dans son dos. Hafnir vient d'envoyer Cendres et Roparz à Swelbecky pour s'enquérir de la situation avant de décider des mesures à suivre ensuite."

Il reprit son souffle, essayant de rester concentré sur les nouvelles qu'il apportait sans regarder Oanell, ce qui était peine perdue. Il croisa une seconde le sien et se sentit flancher. Je suis tellement désolé... Il se reprit malgré tout, mais son malaise était visible.

"D'après Hafnir, les autres hilderins se trouvaient dans le marais, enfin, c'est ce que Jazkez leur a rapporté. Je ne sais pas ce qui se prépare, mais le commandant s'attend à du vilain. Mais tant qu'il n'a pas plus d'informations à partager, il préfère que cela s'ébruite le moins possible."

Il faillit dire autre chose mais se retint. Ces mots-là n'avaient pas leur place ici. Il regardait donc tour à tour les deux jeunes femmes, ne sachant trop sur quel pied danser...

[Arthus]

Fourbue après les émotions de cette journée, Blodwen s'apprêtait à se coucher (vaguement mal à l'aise de dormir dans une chambre étrangère) lorsqu'un garde lui amena Aeldred, visiblement porteur d'un message urgent.

Une fois dans le petit bureau, Blodwen écouta attentivement les nouvelles de la rosace. Elle fronça légèrement les sourcils à la mention du chat, mais n'interrompit pas le jeune chasseur.

Lorsqu'il eut fini, elle soupira, et se dirigea vers la sacoche usée qui ne la quittait jamais, et qui contenait son nécessaire de soins. Elle s'apprêtait visiblement à sortir pour rejoindre le blessé et lui prodiguer les soins nécessaires.

"Bien, conduis-moi à lui. Quel est son état?" demanda-t-elle simplement.