TdF - Chap. 6 - Le tournoi des Frères

[Maëlys]

Après avoir quitté Darren et Jolan, Béric s'était présenté à son bout de la lice.
Il avait ensuite chevauché jusqu'à Thoros de Myr puis était descendu comme son adversaire. Sauf qu'il ne s'était pas attendu à ce qu'il abandonne ainsi.

Il le regarda quelques instants, le temps que le prêtre rouge fasse son allocution, avant de revenir aux paroles de l'homme.
Lorsqu'il lui présenta ses armes, il se contenta donc de lui répondre :

"J'accepte vos armes Myrrosh d'Asshaï." en saisissant l'arme à pleine main.

[DukeTogo]

Béric avait déjà entendu qu'il y'avait des prêtres guerriers par delà le Détroit mais celui là était rompu à l'étiquette et aux usages d'honneurs, à voir comment il avait présenté son épée comme on tient un plateau avec ses deux mains.

***

C'est ainsi que s'acheva la première journée du Tournoi des Frères qui n'avait eu de fraternel que le nom.
Il y'eut des larmes, du sang et du feu.

Dans la foule, Gyles entendit tout et son contraire. L'on avait promis des flammes aux nouveaux spectateurs et rien n'était venu. Les gens commencèrent à se disperser, de même dans les gradins bien qu'il y'eut des solliciteurs qui attendaient la première opportunité venue pour se présenter à lord Florent et plus encore à la maison Tyrell.

Béric revint à la tente Castellane où il trouva un écuyer portant tabard Fossovoie venu lui apporter cheval, épée et l'armure sérieusement cabossée de Ser Brian Fossovoie. Le maître d'armes avait pourtant décliné son gain contre son premier adversaire mais l'écuyer insista car refuser serait une insulte à l'honneur du vaincu. Si les Fossovoie avaient voulu garder ces biens, ils viendraient proposer à la place l'équivalent en dragons d'or avec le risque que le vainqueur négocie outrageusement une rondelette somme ou refuse tout simplement.

[Iris]

Aleth accompagna Myrosh à sa tente et s'assura qu'il n'y avait aucun mauvaise surprise, telles que des plaies se rouvrant pour avoir fait quelques efforts.

" Je reviendrai demain matin pour le suivi des soins."

" Concernant Darren, je vous invite à être curieux de tout : nous trouverons peut-être un angle d'attaque ou des arguments permettant de faire pencher la balance. Si vous entendez quelque chose qui pourrait intéresser Dorne, un intérêt quelconque, que sais-je... faites m'en part je vous prie. "

Elle avait de toute évidence une idée derrière la tête, mais n'était pas du tout sûre de sa valeur et avait dans tous les cas besoin de confirmations et informations supplémentaires.


Par la suite, elle s'informa quant au programme de la soirée, et passa du côté des tentes et des gardes Tyrell pour s'informer de l'éventuelle présence d'un Garde de Nuit parmi eux. Si oui, elle irait le trouver, sinon, elle retournerait voir qui se trouvait aux tentes Castellane.

[Maëlys]

Après avoir reçu l'arme de Myrrosh, Béric n'avait pas grand chose d'autre à faire. Il était ainsi qualifié pour les joutes du lendemain qui lui feront sûrement croiser un des fils Fossovoie.
Il quitta la lice avec un dernier salut pour les nobles puis la foule avant de revenir à la tente des Castellane, l'arme du prêtre rouge avec lui.

Revenant à la tente, il découvrit l'écuyer des Fossovoie en train de l'attendre. Il avait eu l'impression d'ôter un poids à cette famille mais au contraire avait déployé un peu plus de honte à son insu...
Il se contenta donc d'accepter les biens, lui disant de les déposer dans la partie qu'il occupait avant de s'occuper du retrait de sa propre armure avec le garde Castellane. C'était une autre paire de manche à retirer que les vêtements de cuir rigide qu'il portait en temps normal.
Une fois tout ceci terminé, il laissa les gardes vaquer à leurs occupations pendant qu'il se reposait quelques peu puis réfléchissait la situation en disposant les deux armures sur leurs porte-armure respectifs.

[Crépuscule]

Jolan avait accompagné Darren dans les tribunes, mais le duel prit une tournure inattendue et il n'y eut pas grand chose à voir.

A l'intention de Darren : "Ce prêtre rouge est bien plus honorable de pas mal de nobles gens de Westeros. J'espère que ses mots pourront vous être favorables pour la suite. Je regretterai sincérement vous voir nous quitter si tôt."

Souhaitant garder toute son attention, Jolan laissa Darren rejoindre Gyles et tentat de retrouver Aleth dont l'absence dans les tribunes l'avait étonné.

[Iris]

Aleth avait cherché Jack Bulwer en vain et s'efforça de chasser son dépit de son esprit tandis qu'elle revenait aux tentes Castellane : "Peut-être qu'il est reparti, qu'il a quitté le Bief sans chercher à venir à Waterford ? Peut-être qu'il a trouvé un nid de brigands à Villevieille ? Peut-être qu'il a été blessé ? Ou pire ? Ou bien il n'a pas envie de venir, tout simplement..? Si ça se trouve je ne le reverrai jamais en fait... et je me suis donnée du mal pour rien ? S'il ne vient pas, comment envoyer les brigands de Waterford dans le Nord ? En bateau ? "

Darren et Gyles n'étaient pas là, Myrosh se reposait dans sa tente.

Il n'y avait que Béric et Jolan, et à eux trois seulement il incombait de trouver une solution pour sauver son cousin. Aleth expliqua à Jolan qu'elle était restée près de la tente de soin pour aider Myrosh si cela s'était avéré nécessaire, en précisant que le prêtre rouge souhaitait les aider. Il était grand temps de commencer la réunion et de faire le point sur la situation et ce qui pouvait être fait. Le trio s'installa en tenue décontractée (par rapport aux armures et vêtements d'apparat) autour d'une petite table d'appoint où poser une carafe d'eau, quelques verres et fruits dans une coupe. Ils disposaient de trois chaises pliables et étaient coupés plus ou moins de l'ambiance du camp par les toiles des tentes écarlates et doré de leur Maison.

" En substance, je pense que nous avons approximativement deux jours devant nous pour trouver un moyen de sauver Darren. Il a le choix entre fuir ou obtenir une forme de grâce de la part de Tyrell. Je pense que nous pouvons abandonner tout espoir d'une manifestation de pure bonté de leur part : seul quelque chose qui les intéressera leur fera réévaluer leur décision. Reste à savoir comment faire pencher la balance. "

" L'argent est à exclure : en comparaison des Cendregué, des Redwyne ou des Florent, nous sommes des miséreux... sans compter que Tristifer renâclera à dépenser tant qu'il sera aux commandes, et cela durera jusqu'au retour de Père. "

" Les rapports politiques ne sont pas davantage en notre faveur : nous ne disposons d'aucun réseau, d'alliance avec de grands marchands ou quoi que ce soit d'utilisable sur le plan diplomatique et nous n'avons pas de rôle stratégique majeur à faire valoir."

" Il ne nous reste que le renseignement, et là encore, nous ne partons pas avec beaucoup de cartes."

"Renseignement", un mot poli pour parler d'espionnage et de contre-espionnage.

[Gobsama]

Quand Aleth avait quitté Mirosh elle lui avait fait comprendre que s’il voulait récupérer il lui fallait se reposer.

Le prêtre rouge s’était donc installé de la façon la plus confortable possible, mais ses blessures l’empêchaient clairement de trouver le repos. Faute de trouver le sommeil il décida de se repasser en tête les évènements de la journée et de réfléchir à ceux qui allaient suivre.

Il fut donc tiré de ses pensées par la voix de Guinald qui criait

« Hé ! Vous ne pouvez pas entrer comme ça dans cette tente ! »

Le rabat de l’entré s’écarta alors et il vit entrer Gyles…

[Maëlys]

Le tournoi était fini, du moins pour cette journée, et c'est donc la petite délégation Castellane qui s'était retrouvé sous la tente.
Le petit conciliabule était donc réuni, comme souvent par ces moments-là.

L'entrée en matière avait été faite rapidement par Aleth, par habitude Béric s'était donc levé quelques instants pour vérifier que personne ne les épiaient derrière les toiles de tente puis il écouta avec attention l'aînée des Castellane.
Une fois qu'elle eut terminé, il prit une inspiration avant de parler :

"En soit ... nous avons une marge de manœuvre très limitée si je comprends la situation dans son ensemble.
Comme tu sembles le dire Aleth, je ne pense pas qu'une somme serait suffisante pour les faire plier, même en y mettant la meilleur volonté. Pour ce qui est des rapports politiques, je te fais confiance sur ce point-là, je dois avouer y être moins à l'aise que toi."

"Par contre, lorsque tu évoques les renseignements, de quoi voudrais-tu les informer exactement ?"

Il s'arrêta quelques instants pour boire une gorgée d'eau et prendre un fruit avant de continuer :

"J'ai une idée en parallèle, selon toi la voix du peuple est-elle suffisamment puissante pour les faire changer d'idée ? Pourrait-il gracier les chevaliers si le peuple s'exprime assez sur ce sujet ?"

[Iris]

L'après-midi touchait à son terme et l'air s'adoucissait tandis que la clarté dans la tente déclinait peu à peu. La discussion débutait et l'on cherchait à cerner les possibilités envisageable pour éviter à Ser Darren Risley de finir sur le Mur.

Voyant que Béric vérifiait alentours si tout était calme, Aleth s'interrompit et ne développa pas la suite de ses idées, le laissant la relancer. Elle eut une moue peu convaincue quant au fait d'être à l'aise dans les rapports politiques. Elle-même ne se faisait pas tant confiance que cela en la matière et doutait beaucoup. Lorsque Béric lui demanda sur quoi elle voulait informer les Tyrell, elle eut un sourire un peu désabusé, et réfléchissait à la manière de formuler sa réponse quand le maître d'armes reprit :

" La voix du peuple ? "

Elle réfléchit, envisageant ce facteur sous plusieurs angles, essayant d'imaginer ce qui ressortirait.

" Obtenir un résultat de cette manière me paraît encore plus difficile. Je suis plus que sceptique quant à une grâce généralisée. De manière générale, pour tout ce qui concerne la foule ou l'opinion publique, je suis incompétente et dans l'incapacité d'agir. Je n'ai aucune prise, ni de près, ni de loin. "

Toute son attitude disait qu'une lady interdite de se déplacer seule ne pouvait pas encourager le commun et tout venant à infléchir son attitude dans un sens ou un autre. Ce terrain là n'était pas le sien, elle n'avait même pas le droit de s'y risquer.

" Les difficultés principales que j'y vois : Comment faire en sorte que cela paraisse naturel alors que la foule n'a pas réagi outre-mesure à la mention de l'envoi au Mur des perdants ? Comment faire pour que la foule soudain défende Darren, alors qu'elle était avant tout favorable à Bryan Fossovoie, l'enfant du pays, et donc voudra l'épargner lui, plutôt qu'un inconnu, même héroïque ?

" Les principaux dangers et effets pervers qui me paraissent possibles : Si les manœuvres visant à encourager la foule sont découvertes avant d'aboutir, ne risque-t-on pas d'être accusés de manœuvres subversives voire de tentatives de rébellion ? La volonté des Tyrell de montrer leur puissance, ne risque-t-elle pas de prendre la forme d'une répression violente afin de montrer qu'ils peuvent mettre au pas aussi bien la noblesse que le peuple ? "

Faisant une pause pour réfléchir :

" Il faudrait que Gyles lance l'idée ou la rumeur d'une grâce possible par le vainqueur du tournoi, cela pourrait peut-être fonctionner... Quelque chose de plus ciblé serait probablement voué à l'échec : en visant large, les partisans de tous les perdants seront unis dans un même espoir... qui serait déçu pour les 9/10e d'entre eux en cas de réussite."

Complétant : "Du côté de la noblesse, nous pourrions peut-être avoir le soutien circonstanciel des Fossovoie et des Harde-Manning : ils ont tous perdu quelqu'un et disposent encore d'un ou plusieurs concurrent(s). Une telle solution peut les intéresser et ils pourraient la favoriser."

[Maëlys]

"Nous avons en effet plusieurs possibilités, libre à nous de choisir la ou les plus intéressantes. Pour ce qui est de la foule, plusieurs personnes peuvent agir.
Tout d'abord les ménestrel avec Gyles mais aussi son ennemi, je suis sûr que Gyles sera capable de détourner ses propos pour que cela finisse à notre avantage.
Ensuite, la noblesse comme tu l'as évoqué pourrait apporter du soutien, même indirect. Toutes ces familles doivent bien préparer quelque chose pour que leurs enfants ne finissent pas au Mur.

Enfin ... le gagnant du tournoi pourrait également avoir son importance. Il est de coutume qu'il puisse formuler une demande auprès de la noblesse. Une grâce serait à évoquer, mais ce n'est pas la seule option."

Il fit une courte pause, hésitant un instant avant de reprendre :

"Il faudrait voir ceci avec Gyles plus en détail je pense, c'est la base d'une idée qui pourrait demander à être creusée."

Il s'arrêta encore, réfléchissant un instant puis rajouta :

"Pour les renseignements, c'est au sujet des manteaux d'or ou de la confrérie de la Liberté que tu veux commencer ? L'un comme l'autre peut aussi être mortel pour nous, surtout avec le travail de paraître que tu as fait jusque-là pour que ta famille soit mise relative hors de soupçons."