[OdE]13.1.Ténèbres sur Kalvernach - Crise à l'Université

[Cialf]

21 Damhar (octobre) - Introduction : Kalvernach, une symphonie de couleurs



Kalvernach est une des principales cités de Reizh. C’est un centre minier et industriel prospère, dont l’influence s’étend sur tout le Sud-ouest du royaume. Bâtie le long d’une falaise sur le cours canalisé de la rivière Seleane, au-dessus d’anciens filons d’argent et de sel gemme dont certains sont toujours en exploitation, elle présente une étrange architecture à plusieurs niveaux. L’Université, les quartiers aisés et les fabriques modernes bénéficient de confortables innovations magientistes, avec des grandes verrières, des éclairages nocturnes par les nébulaires, et toutes sortes d’appareils. Au-dessus de la ville et de ses fumées se trouvent les quartiers élégants, les collines de Femfrath avec leurs vergers et les villas luxueuses des riches Kalvernades.

Mais une grande partie de la population, dans les bas quartiers, n’a que peu accès à ces nouveautés et habite des taudis aménagés autour des anciennes galeries.



Douze ans plus tôt, une invasion de Feondas, surgissant des galeries des mines de sel, a fait d’épouvantables ravages. Le duc et la plupart de ses chevaliers ont péri les armes à la main, et les habitants n’ont survécu qu’en s’enfermant dans les hautes cavernes des falaises qui entourent la ville. Une force de secours, commandée par le seigneur Kellemnir et comprenant plusieurs Magientistes experts, a exterminé les monstres et permis le retour de la paix. Kalvernach s’est rapidement repeuplée, et sa structure sociale a profondément changé : la vieille noblesse d’épée a été supplantée par une nouvelle élite d’entrepreneurs, banquiers, maîtres magientistes, et le Conseil de ville détient beaucoup plus de pouvoirs que la jeune duchesse Eriell.

L’Université de Kalvernach, financée par les guildes minières et industrielles, est une des plus importantes de la péninsule. Moins élitiste que celle de Baldh-Ruoch, moins novatrice que celle de Farl, ce sont surtout ses travaux techniques et géologiques qui lui attirent des étudiants et des financements.

[Cialf]

Personnalités de l'Université de Kalvernach

Magister Laurenzius



Médecin et chirurgien, il a été élu primus de l’Université de Kalvernach. Il est accaparé par ses obligations administratives et mondaines. Très compétent dans ses disciplines, mais hautain et distant, il consacre peu de temps aux problèmes des étudiants.

Magister Enkidi, architecte



Le magister Enkidi est un des architectes les plus réputés de Reizh. Il a participé à une série de grands projets pour le compte du duché, du conseil de ville ou des guildes. C’est un homme aimable, apprécié de ses étudiants comme de ses clients, et qui a su rester simple malgré sa richesse.

Magister Winog, spécialiste du Flux



Magister à l’Université de Kalvernach, Winog est spécialiste des applications techniques du Flux. Les guildes minières et industrielles font appel à ses services. Il se donne beaucoup d’importance, mais, ces derniers temps, il néglige ses tâches d’enseignement pour ses recherches personnelles.

Magister Yvon Joern, magientiste botaniste



Le magister Yvon Joern, expert en Flux organique et végétal, dirige la serre botanique de Kalvernach. C’est un homme peu sociable qui ne parle que par allusions obscures.

Maîtresse Hansa Banntach, économe de l’Université



Maîtresse Hansa Banntach est l’économe de l’Université. Elle gère les dépenses courantes, dirige le petit personnel et pourvoit à un certain nombre de besoins dont le logement des étudiants. C’est une femme énergique et travailleuse, au caractère difficile. Elle n’a jamais dépassé le rang d’inceptus et ses connaissances en magience sont sommaires, mais elle n’hésite pas à quereller un magister si elle estime que les intérêts de son service sont en jeu.

[Cialf]

Il pleut depuis des semaines. Les vieux paysans superstitieux diraient sans doute que ce sont les magientistes qui détraquent le temps avec leurs expériences. La ville de Kalvernach, pourtant à la pointe de la technologie magientiste, est débordée à tous les sens du terme. La rivière Seleane, dont le cours canalisé traçait d’élégants lacets à travers la ville, n’est plus qu’un égout ruisselant où flottent toutes sortes de débris.

Dans les bas quartiers, les rues sont submergées et il faut circuler en radeau ou sur des passerelles de planches. Le prix des denrées a doublé et les disputes sur les marchés sont de plus en plus fréquentes. On raconte que plusieurs immeubles des bas quartiers se sont effondrés. Les galeries de mine sont inondées ou inaccessibles, ce qui n’annonce rien de bon pour l’économie de la ville, et plusieurs stages pratiques dans les mines ont dû être annulés. Les étudiants commencent à se demander comment ils finiront l’année…

Pourtant, personne ne s’attend à ce qui va leur tomber dessus. L’Université, fierté de la ville, reconstruite après la Guerre des Galeries, passait pour un chef-d’œuvre de l’architecture magientiste. Or, en ce 21e jour du mois de Damhar, un peu avant l’aube, des craquements sinistres se font entendre dans le dortoir des étudiants. Les plafonds craquent et laissent passer des filets d’eau glacée, les flacons tombent des étagères, la verrière du côté sud part en éclats. Les étudiants ont juste le temps de sauter hors de leur lit et de courir vers les escaliers, certains ne prenant même pas le temps d’enfiler leurs vêtements ou de ramasser leurs affaires.

Tout le monde finit par aboutir dans la cour centrale, sous une pluie diluvienne. Le bâtiment, pourtant, est toujours debout, et chacun se demande ce qui s’est passé.

[Cialf]

Le couloir des demoiselles a connu une secousse nettement plus brutale que celui des hommes, de sorte qu'elles sont beaucoup plus traumatisées. Et, pour certaines, beaucoup moins habillées.

[Désolé, mes jets de dés cultivent une certaine tendance au voyeurisme ]

[NailsEater]

Aslinn était dans son lit. La journée avait été longue et cette pluie continue l’a démoralisée. Elle s’était endormie tard après avoir retravaillé ces notes d’architecture.

Quand les craquements retentirent, elle se réveilla vite, sans comprendre ce qu’il se passait. Elle crut d’abord à une fête quand elle entendit les cris de panique dans le dortoir. Le sol bougeait, les mûrs tremblaient, la plupart des filles du dortoir hurlaient paniquée. Aslinn se leva essayant d’analyser la situation. Elle cria au reste de ses colocataires de se diriger vers la cour centrale. Mais que se passait-il donc ?

A côté d'elle, l’une des filles s'attarder pour récuperer ses affaires. Aslinn lui fit comprendre que ce n’était pas vraiment le moment d’être pudique. Elle-même se fichait bien de comment les autres pourraient réagir en la voyant en tenue de nuit. Après tout la situation paraissait extrême et le fait qu’elle ne soit que peu habillée n’avait pas sa place.

Quand la jeune fille eut quand même attrapé une robe, Aslinn la tira avec elle vers les escaliers. Elles coururent, rejoignant les autres, essayant d'accéder autant que faire se peut la cour centrale ( qui bien heureusement était toujours sur pied ).

Apparemment, personne n’en savait plus et tout le monde était abasourdi.

[Hadriake]

C'est un craquement sinistre qui réveille Caules. Le jeune homme cligne des yeux, une fois, deux fois, afin de chasser le sommeil, puis relève doucement la tête. Un filet de bave le relie au grimoire sur lequel il s'était endormie et il s'empresse de l'essuyer. Sa bougie entièrement consumée lui indique qu'on doit être au milieu de la nuit, ou même bien plus tard.

"Zut, j'ai encore passé la nuit sur cette chaise..."

Il se lève doucement s'étirant avec de grands gestes quand tout à coup, le craquement se fait de nouveau entendre.

-Hein ? Quoi ? Kekipasse ?

Encore ensommeillé, le jeune étudiant lève les yeux. Un filet d'eau glacé lui tombant sur le front achève de le réveiller tout à fait. Il se rend soudain compte de l'agitation autour de lui. Les étudiants sont en train de courir vers la sortie. Au passage, l'un d'entre eux le bouscule. Caules n'a pas le temps de lui demander ce qui se passe qu'il est déjà loin. Mais il lui suffit de lever de nouveau la tête pour comprendre la raison de l'agitation. Sans réfléchir, il empoigne sa sacoche, glisse son grimoire et ses notes dedans avec précipitation et court aussi vite qu'il peut - ce qui n'est pas bien rapide, il faut l'avouer - à l'extérieur. La plupart des étudiants sont déjà sortis et il se contente de suivre le flot. Visiblement, les dégâts ne s'étendent pas bien loin au delà des dortoirs, et il leur faut peu de temps pour atteindre la cour centrale.
La plupart des étudiants n'avaient pas eu le temps de se vêtir correctement et Caules remercie sa chance d'être resté éveillé si tard pour étudier - et que ses camarades de dortoir ne l'aient pas forcé à éteindre sa chandelle pour qu'il se couche lui aussi. Un rapide regard vers le groupe des étudiantes lui fait détourner la tête, le rouge aux joues. Essayant d'ignorer sa gêne, le garçon se demande si les Magister vont leur expliquer la situation...

[Cialf]

La première autorité universitaire à se présenter est Hannsa Banntach, l'économe. Sa courte taille disparaît à moitié sous le long manteau et le large chapeau des magientistes, auxquels elle n'a peut-être pas droit, mais qui sont bien pratiques par temps de pluie.

- C'est fini de piailler, oui ? On ne s'entend plus ! Déjà, les étudiants en médecine, sortez des rangs et regardez s'il n'y a pas de blessés. Les étudiants en architecture et en géologie, faites un groupe pour essayer de comprendre ce qui se passe. Les botanistes, à la serre pour chercher des bâches. Les autres, ne restez pas dans nos pattes, c'est tout ce qu'on vous demande pour le moment.

[Hadriake]

"Les étudiants en médecine ? Mais c'est moi, ça !"

Caules jette un regard aux alentours. La plupart de ses camarades sont déjà en train d'ausculter les étudiants blessés. Évidemment, certains profitent de l'occasion pour ausculter les étudiantes qui n'ont pas eu le temps de se vêtir convenablement.

"Et l'éthique professionnelle, dans tout ça ?"

Renonçant, après un court moment de réflexion, à faire comme eux, le jeune étudiant secoue la tête et se déplace entre les étudiants pour tenter de repérer ceux qui auraient besoin de soins de façon plus pressante que les autres. Au passage, il regarde les étudiants en architecture qui semblent déjà s'atteler au problème. Caules se pose la même question que ses professeurs : qu'est-ce qui se passe, exactement ?

[Cialf]

Caules finit par trouver deux filles un peu à l'écart, en chemise de nuit. L'une, assise dans l'herbe, plutôt dodue, est visiblement blessée et ne cesse de se lamenter et de se plaindre. Pas à cause de la douleur, mais parce que sa blessure au cuir chevelu va bousiller sa coiffure.

- Tu crois vraiment qu'il faut me couper les cheveux? C'est horrible, qu'est-ce que je vais faire? Je vais être affreuse au bal de la saison. Est-ce qu'ils auront assez repoussé, tu crois?

L'autre, un long manteau posé sur les épaules, s'occupe à tailler les cheveux de la première, à laver et à panser la blessure. Elle travaille lentement mais, semble-t-il, efficacement. Caules la reconnaît : c'est Uriell, une étudiante de sa classe de médecine. Une fille bizarre, à vrai dire, qui ne mange pas assez et paraît toujours morte de fatigue, ce qui ne l'empêche pas de réussir brillamment ses examens. Tout en travaillant, Uriell murmure :

- Corruption et pourriture emmèneront ce corps charmant... Corruption et pourriture...

Elle a l'air de réciter un poème. Ce qui est encore plus inquiétant, c'est que, sous le pan du manteau, Caules voit que sa chemise de nuit est déchirée et qu'elle paraît saigner de la cuisse gauche. Elle ne semble pas y faire attention.

[NailsEater]

- C'est fini de piailler, oui ? On ne s'entend plus ! Déjà, les étudiants en médecine, sortez des rangs et regardez s'il n'y a pas de blessés. Les étudiants en architecture et en géologie, faites un groupe pour essayer de comprendre ce qui se passe. Les botanistes, à la serre pour chercher des bâches. Les autres, ne restez pas dans nos pattes, c'est tout ce qu'on vous demande pour le moment.

Observant les alentours, Aslinn vit les étudiants en médecine se disperser et les botanistes partirent en courant vers les serres. Elle repéra quelques élèves de son cours d’architecture puis se dirigea vers eux. Tout le monde semblait perplexe mais petit à petit les étudiants se rassemblèrent et commencèrent à débattre. Elle suivit le groupe et attendit que quelqu’un en prenne la tête pour organiser les opérations.