[OdE - Chap.2.1] La dernière limite

[NailsEater]

La jeune femme haussa un sourcil en entendant les accusation d'Aeldred. Qu'est ce qu'il entend par "tu te mens à toi-même" ? Finalement, il n'a pas changé, toujours aussi têtu !

Maintenant, tu vas sans doute m’en vouloir pour ce que je vais faire, mais tant pis, j'assumerai les conséquences, quoi qu'il arrive.

Elle eut à peine le temps de le voir arriver que voilà qu'il l'embrassait. Était-ce elle ou ce baiser avait un goût différent ? Plus vivant ? Plus fiévreux ? Sans s'en rendre totalement compte, elle y répondit. Timidement d'abord puis, affectée par la passion du jeune homme, elle se laissa aller à répondre avec plus d'ardeur. Ses mains s'accrochèrent au cou de son amant, le gardant contre elle, plus près. Alors qu'elle oubliait complètement le monde autour d'eux, Aeldred rompit leur étreinte, laissant Oanell pantoise. Une de ses mains s'accrocha à son torse alors qu'il vint poser son front contre le sien afin de murmurer un « je t’aime ».
Un peu bête face à cette nouvelle déclaration, elle ne réagit pas assez vite pour le retenir quand il recula, un air malicieux sur le visage.

"Maintenant, à toi de décider ce qui te semble le mieux pour toi. Jusqu'où es-tu prête à t'aventurer ? lui demanda-t-il avant d'ajouter : Je ne te demande pas de me répondre maintenant, mais au moins d'y réfléchir. J'ai fait ce que je devais, et même si c'est égoïste, au moins tu sais jusqu'où je suis décidé à aller pour toi. Et je ne t'en voudrai pas si tu décides d'en rester là, tu auras toujours mon amitié."

Pendant qu'il parlait, Oanell reprenait doucement son souffle et ses esprits. Qu'était-elle censé répondre à ça ? Il l'a décontenancé et,l'instant d'après, lui posait des questions. Se rendant compte de son air toujours ahuri, elle essaya de se recomposer un visage plus ... normal.

- Je ne sais pas quoi dire.

C'était un exploit de la rendre silencieuse à ce point. Briaval aurait sûrement voulu avoir ce secret. Elle ne rajouta rien, nettoyant ses lunettes comme toujours quand elle était nerveuse ou concentré. Ce geste lui permettant d'occuper ses mains et de donner l'impression qu'elle n'était pas juste bêtement là ou encore de faire un geste régulier pour concentrer son esprit.

- Je vais y réfléchir, promit-elle afin de donner quand même une réponse.

[Arthus]

Pendant ce temps, Blodwen s'affairait en préparatifs au château, soucieuse de ne rien oublier. C'est qu'elle prenait la sécurité et la préparation de cette expédition très au sérieux, et ne voulait rien laisser au hasard.

[Iris]

Une averse de pluie fine qui ne durerait sans doute pas, accueillit tous ceux qui partaient vers Swelbecky : les hilderins, les ronces, les cavaliers du château, Aeldred, Pwyl, Oanell et Dame Blodwen, ainsi que son cousin par alliance.

Même si Dame Blodwen s'était montrée discrète au sujet de Jazkez, les habitants de Terfynisel savaient reconnaître quand une agitation plus qu'anormale avait lieu. Beaucoup étaient réunis sur la place près de l'entrée du château à regarder et commenter.

On voulut donner un cheval à Dame Blodwen et à Oanell... de sorte en fait que tous les chevaux disponibles étaient pris et qu'il fallait trouver des caernides pour Pwyll et Aeldred ou aller demander des chevaux à l'aubergiste... On hésitait encore, surtout en regardant la carrure de Pwyll, quand quelqu'un suggéra l'emprunt d'un cheval de trait.

En tous cas, cette animation finale visant à régler d'ultimes détails fut l'occasion pour les habitants de Terfynisel de presser les soldats de questions, ainsi que toute personne paraissant informée.

Le nom de Swelbecky finit par courir dans la foule, mais on n'en savait guère plus, ce qui ne rassurait ni ne calmait les gens.

[Arthus]

Blodwen n'avait pas vraiment prévu de se rendre à Swelbecky à cheval (même si elle savait monter de manière passable, en tant qu'ancienne varigale, elle trouvait plus commode de se déplacer à pieds, surtout dans un terrain marécageux et boisé), mais elle ne refusa pas de monter sur l'animal lorsqu'on le lui proposa.

Après tout, cela complétait à merveille les quelques éléments de mise en scène sobres qu'elle avait préparés : afin de donner à sa mise un caractère officiel discret, elle avait posé sur sa tête l'antique circlet de fer des seigneurs de Terfinysel, tandis qu'à son doigt luisait faiblement le sceau domanial. Elle avait également passé à son côté l'épée ancestrale des seigneurs du domaine ce qui, combiné avec sa solide tenue de voyage, lui donnait un air légèrement martial.

A présent qu'elle était montée sur un cheval, avançant aux côtés de sa conseillère et de son noble beau-cousin et encadrée de ses troupes, Blodwen espérait donner d'elle-même une image seigneuriale crédible, sans tomber dans le pompeux ou l'ostentatoire pour autant. Autre bon point, cela la mettait sur un pied d'égalité avec les commandants Hilderin et Ronce.

Une fois prête au départ, elle constata l'agitation et la nervosité de la foule. Elle entreprit donc de calmer les villageois d'un discours aussi sobre que rassurant. Elle leva la main, attendant que le silence se fasse avant de parler. Une fois cela fait, elle dit :

"Habitants de Terfinysel! Comme certains d'entre vous l'ont peut-être entendu, j'ai l'intention de rendre une visite à Swelbecky. Je compte en effet informer personnellement ses habitants que je suis le nouveau seigneur en charge du domaine. Cette visite sera également l'occasion de vérifier que le village est correctement géré, et qu'il n'a pas éventuellement besoin de nourriture".

Cette dernière remarque faisait clairement allusion au chariot qu'encadraient la dizaine de gardes du domaine.

"Les chevaliers de l'Ordre Hilderin nous accompagneront pour visiter leurs frères d'armes en garnison à Swelbecky. Les chevaliers de l'ordre des Ronces, quant à eux, pourront m'éclairer quant aux défenses du village, puisqu'ils y ont été stationnés pendant plusieurs années."

Bien évidemment, Blodwen n'avait pas besoin de souligner l'apport de crédibilité que lui apportait la présence de représentants de ces deux ordres lors de sa première visite "officielle" : l'importance des moyens déployés parlait d'elle-même.

"Nous serons de retour en soirée au plus tôt, et dans quelques jours tout au plus. Tout dépendra du nombre d'affaires que j'aurai à examiner là-bas. Pendant mon absence, la gestion du domaine sera assurée par mon intendant, le barde Maelor, ainsi que par la garde du castel. Vous pouvez vous adresser à eux en cas de besoin : j'examinerai les affaires les plus complexes à mon retour."

En son for intérieur, Blodwen savait que chaque parole prononcée était vraie, et correspondait aux informations transmises à son escorte. Elle avait juste tu certaines informations, afin d'éviter un mouvement de panique aussi prématuré qu'inutile à ce stade.

Une fois ces quelques mots adressés aux villageois rassemblés, elle se mit en route au pas, donnant le signal de départ au convoi.

[NailsEater]

Dame Blodwen arriva à point nommé. Oanell se dirigea vers son seigneur, et après les derniers ajustements, se hissa sur sa monture. Elle se rangeât ensuite aux côtés de Blodwen attendant patiemment le départ, du moins en apparence.

A l’intérieur d’elle-même, Oanell trépignait à l’idée de sortir à nouveau de Terfynisel et sa curiosité -mal placé sans doute- lui donnait envie de savoir ce qu’il se passait exactement. Bien sûr, elle pouvait se le permettre, rassurée par la présence du cortège militaire qui les accompagnaient.

Elle écouta le discours de Blodwen clair et concis et quand elle donna le signal du départ, Oanell s’assura qu’Aeldred et Pwyll suivait bien.
En route …

[Casaïr]

Aeldred accepta avec circonspection la longe du caernide qu'on lui tendait, essayant de se remémorer la dernière fois qu'il était monté en selle -et qui remontait à bien des années en arrière. Pour ne pas gêner inutilement ses mouvements, il déplaça son épée de sa taille à son dos et en fit autant avec son carquois, tout en vérifiant que les flèches ne chuteraient pas. Il rajusta sa fibule avant de grimper sur sa monture.

Il lui fallut deux essais mais y parvint sans trop de peine et, les souvenirs revenant, il reprit peu à peu ses marques, du moins, tant qu'on ne lui demandait pas de partir pour un galop endiablé. Restait la question de son placement dans la cohorte. En tant que chasseur, il devrait être devant pour faire office d'éclaireur, mais vu le monde en partance pour Swelbecky, il était totalement exclu de subir une quelconque attaque autrement que par des fous suicidaires.

Il préféra donc se placer en queue de cortège et jouer l'arrière-garde, ce qui était tout aussi bien au final. Après un bref regard en arrière, il donna des talons pour intimer l'ordre de marche à son caernide, se demandant si tous ces chevaliers arriveraient à s'entendre une fois sur place.

[Iris]

Blodwen avait été claire et globalement convaincante, mais dans la population, tout le monde n'était pas pleinement satisfait, certains doutaient encore, même s'ils gardaient leurs pensées pour eux.

La troupe se mit en route et quitta Terfynisel.

Ils arriveraient en fin d'après-midi à Swelbecky, au moment où le soleil commençait à se coucher.

[Iris]

Le soldat Fragan était l'un des plus volontaires du domaine de Terfynisel, toujours partant pour une mission en lien avec le marais, déterminé et bien plus zélé que la grande majorité de ses collègues. Habituellement il était affecté à l'une des manicles de patrouille des marais, mais avec le décès du Seigneur Brett Mac Terfynisel, le capitaine avait fait venir la plupart des soldats au château pour rendre hommage au défunt.

Le hasard avait voulu que Fragan fût chargé ce matin de questions d'entretien de matériel, de sorte qu'il pût être témoin de l'agitation grandissante. On disait que la guérisseuse Névéna n'avait pas dormi chez elle, qu'elle avait été chez les Ronces, mais les commères du village avaient commencé leurs investigations : le garçon à tout faire allait bien, de même que le commandeur Hafnir... mais surprise, Roparz et Cendres étaient revenus dans la matinée... Et les hilderins étaient allés à la rosace... étrange... mystérieux... Et voilà que Dame Blodwen Mac Terfynisel, nouveau seigneur, partait pour Swelbecky avec des forces considérables !

Il se passait quelque chose, cela ne faisait pas l'ombre d'un doute pour les plus curieux.

Fragan alla trouver le capitaine pour en être aussi. Dame Blodwen partait avec la cavalerie et un chariot. Il fallait bien quelqu'un pour protéger celui qui conduisait le chariot, non ? Et Fragan était un des rares à avoir mis assez d'application pour apprendre l'art de la parade.

En fin de compte, Fragan put s'installer dans le chariot comme garde supplémentaire du convoi.


Swelbecky... un hameau misérable qui avait les pieds littéralement dans le marais...

https://soundcloud.com/marcinprzybylowi ... t-percival ...

Précédentes descriptions de Swelbecky que Fragan connait : http://fim.pierstoval.com/viewtopic.php ... =30#p46868

[Sandy.Julien]

Dans la tête de Fragan, il y a un champ de bataille.
Et sur ce champ de bataille, deux adversaire seulement : le devoir et l’effroi, ses deux maîtres, ceux qui tiennent ou agitent son bras quand la raison renonce. Au fil de sa courte vie – le garçon n’a que vingt-deux ans – il a connu quelques occasions de leur remettre les rênes, et chaque fois lui a coûté. Quel que soit celui des deux qui l’emporte, c’est toujours Fragan qui subit.
Mais il n’a plus envie de subir.

– Dépêche-toi !

Il se hâte : il a déjà beaucoup tardé. Pourtant il est pressé de voir de près cette Dame Blodwen que le sort a placé tout en haut de son monde. Il se demande quel est le son de sa voix.

Dans les yeux de Fragan, il y a une source.
Elle bouillonne et s’agite, cette eau-là, quand le regard de Fragan scrute les ombres pour y déceler les périls. À peine monté dans le chariot, le voici déjà qui dresse l’oreille, et qui tente de percer la nuit intermittente des bois.
Car voici ce que craint Fragan : que les forces obscures qu’il sent toujours dans les marigots des environs s’en prennent à la nouvelle maîtresse des lieux.

– Hé, tu rêves ? lui fait son voisin, un homme mûr au visage buriné.

Dans les mains de Fragan, il y a un morceau de bois.
Malgré les cahots, le couteau de Fragan l’interroge, ce bloc inerte. Sa langue d’acier bleu le passe à la question, le fouaille et le torture.

– Les gamins ! s’exclame jovialement le garde.

Dans la tête de Fragan, l’effroi de ce qui l’attend et le devoir de protéger Dame Blodwen s’affrontent, et il les laisse faire.
De la source des yeux de Fragan coule une larme, qu’il essuie sans y prendre garde, comme on chasse une mouche, mais la brûlure demeure.
Dans les mains de Fragan, le morceau de bois a pris forme : il affecte déjà les traits de Dame Blodwen. La pointe métallique en apprivoise le visage, mais ne révèle encore rien de son attitude. La Dame a les yeux clos, les mains jointes : faut-il y lire un présage ?

Fragan observe la figurine, puis se tourne vers la Dame.

Dans sa tête, le fracas des armes a cessé. Il ne reste que le devoir.

[Iris]

Dame Blodwen était soucieuse d'arriver à Swelbecky sans faire courir de risques inutiles aux siens, tout en affermissant son autorité par cette "sortie".

Elle n'était le seigneur du domaine que depuis hier, il était évident que beaucoup essayaient encore de se faire à l'idée de ce changement : celle qui était la guérisseuse, que tout le monde tutoyait, devait désormais être appelée "Dame" et vouvoyée... En plus de cela, on se rendait dans un village où il se passait quelque chose d'anormal et cela rendait beaucoup de gens nerveux.

Le convoi arriva en fin d'après-midi au hameau, se postant sur ce qui faisant office de place centrale, à deux pas de la maison de l'Ansailéir et avant le pont menant à la rosace, enfin, "la forteresse hilderin".

Blodwen s'attacha à trouver le chef du hameau pour lui parler. Pendant ce temps les hilderins se rendirent à la ros... forteresse de leur ordre. Oanell reçut l'instruction de chercher les autres notables du village. En l'occurrence, il s'agissait forcément des dàmàthair dont la maison fortifiée se trouvait non loin, un peu plus en hauteur.

Oanell se retrouva à la tête d'une petite équipe composée d'Aeldred, flanqué de Pwyll et découvrit qu'un jeune soldat, Fragan, s'était également trouvé affecté à cette mission.

J'ai dû vous mailer à tous un plan approximatif de Swelbecky, me dire si vous ne l'avez pas / plus