[OdE - Chap.2.1] La dernière limite

[Sandy.Julien]

— Si j’en crois ce que je viens de voir dans les jardins, les habitants ont disparu depuis un jour ou deux. Je vous suis, Aeldred, mais je crains que nous ne trouvions rien dans les bois. Restons à portée de voix des autres.
Aeldred contrôlait à merveille sa nervosité, mais Fragan distingua dans sa voix une pointe d’inquiétude sincère. Malgré le sombre pressentiment qui gagnait du terrain dans son crâne, le jeune soldat en éprouva un certain réconfort. En découvrant la maison déserte, beaucoup auraient immédiatement paniqué, mais cet homme-là se portait au devant du danger.
Fragan jeta un coup d’œil au robuste Pwyll. Même s’il lui faisait confiance pour veiller sur la barde, il ne put s’empêcher de se sentir tiraillé entre le besoin de suivre Aeldred pour découvrir d’autres éléments, et cette voix qui lui disait de rester sur place, de ne pas s’éloigner, de rester auprès de ceux qui…
Il respira profondément, hocha la tête d’un air décidé et emboita le pas à Aeldred.
— Criez si vous découvrez quoi que ce soit, ne put-il s’empêcher de conseiller à Pwyll et à Oanell.

[Iris]

Oanell ne pouvait rien voir par les fenêtres : elles étaient fermées de l'intérieur comme en état de siège au rez-de-chaussée. Il faudrait escalader, ou bien prendre une hache et défoncer une entrée.

Fragan et Aeldred étaient en train de se diriger vers la forêt, en quête d'informations.

[Pwyll]

Insidieuses et acérées, les vrilles du doute commençaient à chercher le défaut de la rutilante armure d'optimisme qui protégeait Pwyll. Instinctivement, Pwyll savait que l'indécision et l'attente étaient les meilleures alliées de cet adversaire invisible.

Il lui fallait agir. Aider.

"Onaell, je vais grimper. Peut-être que le conduit de cheminée ou une fenêtre haute nous en apprendront davantage. Si je tombe, n'essaie pas de me rattraper, une crêpe avec des lunettes, ça ferait mauvais genre, en plus Aeldred m'en voudrait."

Ni une ni deux, après avoir ajusté son maillet grâce à l'attache prévue en diagonale de son large dos, Pwyll saisit une poutre, posa le pied sur un rebord et entama l'ascension en sifflotant.

[NailsEater]

Tandis qu'ils le groupe se dirigeaient vers la maison des damathairs, Oanell suivit les différents échanges qui eurent lieu. La réaction d'Aeldred vis à vis de Fragan, ainsi que celle de Pwyll plus joviale.

"Dis, comme j'étais parti en avant, je n'ai pas pu prendre la température mais tu crois que ira entre Blodwen, les hilderins et les Ronces ? Je pense que ça ira avec Hafnir, mais les autres risquent de mettre rapidement leur grain de sel dans cette histoire..."

- Dame Blodwen, corrigeât-elle, et ce n'est pas vraiment le moment de bavasser. Elle n'avait pas parlé sèchement mais juste constater un état de fait.

Ils arrivèrent rapidement devant la maison mais le silence qui l'entourait dérouta Oanell. A cette heure-ci les enfants devraient être là, jouant sous les yeux des damathairs. L'air préoccupé de ses compagnons -même Pwyll semblait plus sérieux- acheva de faire comprendre à Oanell que quelque chose de mauvais se passé ici.

Aeldred tenta d'avoir l'air assuré mais Oanell ne s'y trompa pas et les regards de Fragan vers elle ne laissait pas de doute sur la possibilité de danger. Elle lui sourit pour le rassuré en montrant Pwyll, qui ferait office de garde du corps si besoin.
Quand Oanell et Pwyll se retrouvèrent seuls, elle essaya de jeter un oeil aux fenetres, fermées.

"Onaell, je vais grimper. Peut-être que le conduit de cheminée ou une fenêtre haute nous en apprendront davantage. Si je tombe, n'essaie pas de me rattraper, une crêpe avec des lunettes, ça ferait mauvais genre, en plus Aeldred m'en voudrait."

- Tu ne voudrais pas plutôt que je le fasse ... moi

Elle n'avait pas finis sa phrase qu'il grimpé déjà la façade. Je crois qu'il va falloir travailler ton autorité, ma grande ... en quelques minutes ton groupe s'est délité sans que tu n'es rien pu y faire.

Ne voyant pas quoi faire et ne voulant pas s'aventurer n'importe où seule, elle colla son oreille contre la porte afin d'écouter à l'interieur.

- Bonsoir, c'est Oanell de Terfynisel. Nous sommes venu vous prêter mains fortes. Si vos ne voulez pas ouvrir, donnez nous au moins signe de vie. Le seigneur est inquiet. Nous avons des vivres et de l'eau.

Ele ne savait pas si cela aiderait mais elle n'avait que ça comme idée pour le moment.

[Casaïr]

En avançant vers la forêt, le jeune homme entendit du bruit venant de la maison et vit Pwyll tenter d'en escalader la façade. Grimaçant en imaginant la possible catastrophe qui pourrait suivre, Aeldred décida malgré tout de continuer en direction de l'orée de la forêt.

S'approchant prudemment, il s'empara de son arc, au cas où, avant de s'accroupir. Il ferma brièvement les yeux, respirant calmement cinq secondes afin de faire le vide dans sa tête et se concentrer sur la tâche à venir. Une fois prêt, il observa le sol, en quête de traces suspectes (mouvements de fuites d'un groupe ou indications quant à la présence anormale de bêtes si près du village) ainsi que les buissons alentour, cherchant branches cassées ou bouts d'étoffes pris dedans.

Ne sachant trop à quoi s'attendre, il était attentif à tout signe anormal finalement, même s'il cherchait d'abord les plus évidents. Toutefois, l'obscurité ne lui faciliterait pas la tâche, aussi ne souhait-il pas insister trop longuement, d'autant que les occupants de la maison pouvaient avoir trouver refuge ailleurs -les enfants chez leurs parents, et les dàmàthairs... Tiens, où vivaient les dàmàthairs, si ce n'était pas ici ?

Chassant cette pensée incongrue, il retourna à sa tâche.

[Iris]

Fragan et Aeldred commençaient à aller dans la forêt tandis qu'Oanell essayait d'établir un contact -- en vain malheureusement -- et que Pwyll se lançait dans l'escalade de la maison.

Le grand gaillard eut de la chance trouva de quoi démarrer son ascension, mais c'est à son remarquable talent, sa force physique et sa souplesse (étonnante au vu de sa carrure) qu'il dût de parvenir jusqu'au toit en quelques instants, de quoi impressionner quiconque le voyait agir.

Pwyll était désormais en mesure de rentrer dans la maison (même si le passage était un peu inconfortable).

[Pwyll]

Profitant de cet accès inespéré, Pwyll y fit d'abord passer son arme avant de se faufiler à son tour en disant "S'il y a quelqu'un, je viens vous aider, je ne vous veux pas de mal !" S'il en a l'occasion, il cherchera ensuite à ouvrir une fenêtre pour mieux y voir. À défaut, il s'efforce d'allumer une source de lumière disponible sur place ou une des torches de son équipement.

[Iris]

Oanell vit Pwyll disparaître dans la maison. Elle était désormais seule : son "équipe" s'était dispersée. L'apprentie barde n'avait plus guère à faire que tourner en rond, tendre le cou et l'oreille pour savoir ce qui se passait. Des arbres, le relief (pente) et des bâtiments l'empêchaient de voir l'essentiel de ce qui se déroulait du côté de la rosa... de la forteresse hilderin et de la demeure de l'ansaileir. Elle devinait que des soldats allaient au pas du côté du moulin et du pont, peut-être pour investir le fortin pour la nuit qui ne tarderait plus. Le soleil baissait et se couchait derrière des reliefs : l'obscurité viendrait rapidement à présent.

...

Aeldred et Fragan s'enfonçaient sous le couvert des arbres dont une partie avait perdu leur feuillage. La présence de nombreux conifères rendait le sous-bois assez sombre en toute saison. Le sol était humide, dégageant l'odeur typique de l'humus, les feuilles en décomposition formant un épais tapis dans lequel ils s'enfonçaient presque jusqu'aux chevilles. Il y avait encore de nombreux champignons, la plupart toxique pour ceux qu'ils repéraient pour l'instant. Ils cheminaient entre de grands buissons de houx fort piquant, aux aguets. Les deux hommes étaient décidés à garder la tête froide et chassèrent de leur esprit cette impression insidieuse et saugrenue qu'ils étaient surveillés par un danger qui les menaçait : La vue était encore relativement dégagée quand on grimpait sur les gros rochers de granit de presque deux mètres, couverts de lichen et de mousse. On n'entendait plus les bruits de Swelbecky, les chevaux et les soldats de Terfynisel. En faisant le point, les éclaireurs estimaient les directions qu'ils pouvaient explorer :

• Vers leur gauche, en continuant d'avancer, ils dépasseraient la rosac... la forteresse hidlerin, et finiraient par rejoindre le chemin qui passaient par là et arrivait au bout d'un moment à la route des alignement de Tùrsal
• Vers la droite en montant assez sec : ils iraient vers un bois où il y avait davantage de sapin, mais peu après, au sommet de la colline, on sortait de la colline et on arrivait à des fermes plus ou moins éloignées les unes des autres. Si on poursuivait encore sur le plateau, on passait entre bois et fermes pour atteindre la vieille route du sel qui servait de limite au domaine des Mac Terfynisel
• Entre les deux, un peu en descendant, en restant au même niveau ou en montant un peu, on restait pendant un bon moment dans la forêt. Quelque par, par là bas se situait la cabane du "bûcheron fou", Elwigg, qui venait de rejoindre l'ordre des Ronces après avoir abandonné de longues années d'ermitage

Ni Fragan ni Aeldred ne connaissaient les bois de Swelbecky de manière approfondie, mais ils connaissaient suffisamment la géographie locale pour ne pas risquer de se perdre dans l'immédiat. Il faudrait des intempérie ou une nuit profonde pour risquer de les égarer.

Le chasseur nota des indices signalant le passage de sangliers. Ce serait bientôt pour eux la période du rut et ils tendaient à être volontiers actifs au crépuscule et à l'aube. Rien n'indiquait cependant qu'une harde était prête à surgir. Dans le très lointain, on discernait un hurlement de loup, mais là encore pas de menace pour les deux hommes. La clarté déclinant rapidement, il devenait de plus en plus difficile, et bientôt impossible, de repérer une piste.

...

Pwyll se faufila tant bien que mal depuis les combles et débarras jusqu'à un étroit et minuscule escalier qui descendait au premier étage. Les lieux étaient plongés dans une profonde pénombre. Il n'entendait que le bruit des plinthes de bois sous ses lourds pas étouffés précautionneusement. Quelle étrange atmosphère : ce lieu qu'on devinait habituellement plein de vie était désert. Les lits étaient défaits, des babioles et effets personnels traînaient par terre. La progression du colosse le conduisit au rez-de-chaussé. Lui qui avait le cœur si tendre était envahi de souvenirs de sa propre enfance, bruyante, agitée et insouciante. Les murs suintaient la peur. Elle lui rappelait ces horribles contes : "le chasseur noir viendra te prendre", "la sorcière ogresse Amplach te dévorera si tu n'es pas sage"...

Explorer le rez-de-chaussée nécessitait un éclairage. Pwyll pouvait aussi essayer de débloquer la porte à tâtons pour faire le point avec Oanell.

[Casaïr]

Juché sur un rocher lui servant provisoirement de point de vue, Aeldred faisait le point, tant au vu des traces que de leur situation actuelle. Comme il l'avait secrètement espéré, il n'y avait pas de traces humaines dans les parages et encore moins de meute animale, ce qui laissait penser que ce coin-ci était relativement sûr et que personne n'avait eu l'idée saugrenue d'aller se promener par ici sans le signaler.

La question qui se posait était : devait-il continuer ou pas ? Plusieurs éléments y étaient favorables, mes les arguments contraires étaient aussi bien présents. Il ferait nuit bientôt, il ne connaissait pas suffisamment le coin pour y patrouiller de manière approfondie, et... Pwyll avait laissé Oanell seule, en gravissant la maison tel un gros lézard.



Si l'image lui arracha un petit rire, il ne put s'empêcher de s'inquiéter pour la jeune femme. Se tournant vers Fragan, il lui dit :

"Inutile d'aller plus loin pour le moment. Il n'y a pas traces de mouvements suspects ici et on risque de se faire surprendre par le noir." Il leva les yeux au ciel pour estimer le temps de clarté restant. Pas assez à son goût manifestement, car il ajouta : "On ferait bien de rejoindre Oanell et Pwyll, peut-être auront-ils eu plus de chances que nous. Et s'il faut relancer des patrouilles demain, cet endroit pourrait être un bon point de départ, à moins d'apprendre où sont passés les dàmàthairs et les enfants, si jamais ils ne sont pas cloitré dans la maison..."

[Pwyll]

Métajeu : comme indiqué dans le post précédent "S'il en a l'occasion, il cherchera ensuite à ouvrir une fenêtre pour mieux y voir. À défaut, il s'efforce d'allumer une source de lumière disponible sur place ou une des torches de son équipement."

Pwyll n'en menait pas large. Chaque gémissement que son pas arrachait au plancher était une souffrance. Chacun des inévitables grincements que susurrait la bâtisse marquait son visage d'une grimace anxieuse.

L'atmosphère semblait se resserrer sur son poitrail. Déglutir devenait pénible, respirer était une lutte.

Il combattait sans cesse l'irrationnel besoin de regarder derrière lui et l'impression qu'une main griffue allait d'un instant à l'autre se poser sur son épaule. Ou pire.

Désireux de retrouver une présence connue et surtout d'échapper au linceul qui semblait étouffer les lieux, Pwyll se dirigea vers la porte principale pour s'efforcer de l'ouvrir au plus vite et faire signe à Oanell.