[OdE 3] Dans mon potager (Forêt engloutie)

Campagne des Ombres d'Esteren. MJ Iris
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Iris
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[OdE 3] Dans mon potager (Forêt engloutie)

Message : # 56680Message Iris
06 déc. 2016, 16:57

La saison sombre était désormais bien installée avec ses frimas, ses brumes et ses dentelles de givre, même aux abords de la Forêt engloutie dont le climat était parmi les plus cléments de la péninsule. Au jardin on taillait un peu, on transplantait parfois, et on cueillait les légumes d'hiver au gré des besoins : chou en branche, chou rouge, chou rave, navet rose, navet jaune, topinambours, céleri... Dans les réserves on surveillait les stocks de légume, de pommes, de noix, de fromages, de saucisses et de lard qui devraient aider à tenir toute la période.

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Il était une fois un colosse au cœur tendre qui avait hérité d'une fermette un peu par le hasard des cousinages. Aimé de ses proches et de presque tous ceux qui le rencontraient, il avait comme fâcheux défaut d'être maladroit et de comprendre parfois tout de travers. Cela avait un peu compliqué son insertion dans le domaine avec la nouvelle châtelaine Blodwen qui voulait faire ses preuves et avait constamment peur des impairs ou du manque de crédibilité. L'hiver approchant, les déplacements étaient moins nombreux et les activités étaient tournées vers l'intérieur, ce qui arrangeait bien les choses car elle comptait moderniser le domaine, voyant les choses en grand -- en dépit de moyens très limités. La barde Oanell était sur tous les fronts, bien plus joyeuse que son second mentor Maelor. Beaucoup au village de Terfynisel s'attendaient à ce que le barde fût congédié à la fin de l'hiver, le temps d'assurer la passation de pouvoir. Non loin d'Oanell, il y avait désormais toujours Aeldred le chasseur qui soignait sa réinsertion dans la communauté après des années de cauchemar à être convaincu que tout le monde le haïssait.

Le trio composé du gentil colosse, de la barde en devenir et du chasseur socialisant était installé dans la fermette du premier, rassemblé autour d'une tisane et d'un repas bien chaud.

Tout allait si lentement dans la communauté, on n'imaginait même pas que les choses pussent changer, et pourtant, c'était évident. Un nouveau seigneur, une crise terrifiante dans le hameau de Swelbecky... Le trio venait de prendre congé de l'eisdeach Ethel. La jeune femme, maigre à la limite de l'anorexie et décidée à ne jamais se laisser prendre longtemps dans un lieu, était partie. Mais elle avait laissé un cadeau pour Aeldred sous la forme d'un livre mystérieusement intitulé "Le manuel de la Lune noire". Il avait été imprimé dans la capitale reizhite et son auteure disait s'appeler Steren Slaìne. En annexe de ce recueil théorique figurait un recueil de nouvelles à faire peur : "Hantises".

Aeldred commençait tout juste à découvrir son présent et dehors, la brume et un corbeau s'associaient pour créer l'ambiance parfaite -- pour qui aime frissonner.

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Casaïr
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Pavé César !

Message : # 56682Message Casaïr
06 déc. 2016, 20:51

Une semaine avait passé depuis les événements de Swelbecky. Aeldred avait pansé ses blessures, soutenu sa sœur lorsqu’elle apprit la mort de Gillean (même si l’explication de Blodwen n’était clairement pas la vérité mais comment aurait-il pu lui dire ce qui s’était réellement passé ?). Il commençait aussi à échafauder des plans concernant sa maison, notamment l’ancien atelier de son père. Il en avait presque oublié l’histoire du bracelet et de sa sœur aînée dont il ignorait tout.

N’étant pas très habile de ses mains, Aeldred fit le tour du village pour voir si quelqu’un voudrait bien vérifier avec lui l’état du bâtiment, une estimation des travaux à y effectuer pour le remettre en état et aussi (surtout !) le paiement, sachant que le jeune homme proposera immédiatement ses talents de chasseur pour ramener de belles pièces à qui voudrait bien l’aider. En attendant, il récupéra une brouette dans laquelle il commença à entasser tout ce qui pouvait l’être dans l’atelier et qui ne risquait plus de servir un jour : débris du toit crevé, outils mangés par l’humidité, etc. Il savait que cette seule étape lui demanderait un peu de temps, surtout avec ses blessures non cicatrisées, mais plus vite il commencerait, plus vite il pourrait redonner une vie au lieu. Et quand il avait besoin de se reposer un peu, il s’occupait de ses poules, seules autres occupantes à temps plein chez lui, ou bien allait rendre visite à Rhea pour lui changer les idées. Ce faisant, il ne se rendit même pas compte qu’il vivait à nouveau normalement au village, comme si tous ses malheurs étaient bel et bien derrière lui.

Il se permit un jour de repos pour aller discuter avec Fredelme qu’il avait un peu négligé ces derniers temps, lui parlant des événements de Swelbecky –tout en évitant la partie « anormale » du récit- et écoutant ses conseils. Il songeait de plus en plus à… peut-être pas se convertir à la foi de l’Unique, mais en tout cas à en apprendre le plus possible sur le sujet. D’ailleurs, il songeait à la possibilité de se procurer quelques écrits qui lui permettraient d’en apprendre davantage à ce sujet.

Il profita également de la présence régulière d’Oanell pour poursuivre avec elle ses leçons d’écriture en échange de cours d’archerie, tout en acceptant avec bonhomie ses idées sur ce qu’elle appelait « la décoration d’intérieur », un art qu’elle avait semble-t-il appris et développé du temps où elle vivait à la capitale. Dans ces moments elle était particulièrement enflammée, lui parlant de nuances de couleur dont il ignorait jusqu’alors la simple existence, telles que « lavande », « azurin » ou « paon », nuances qu’Aeldred rangeait benoîtement dans la catégorie « bleu ». Il ne le fit toutefois remarquer qu’une seule fois, n’ayant guère envie de subir de nouveau un sermon sur l’importance des teintes amenant à l’harmonie dans une maison. Il accepta donc avec un sourire vaguement horrifié la sentence qui consistait, à peu de chose près, en une transformation somme toute assez radicale de ce que pourrait devenir son quotidien si d’aventure Oanell finissait par s’installer avec lui.

Ethel n’était guère restée à Terfynisel, ne prenant que le temps de se reposer et n’acceptant les rations que lui proposait le jeune chasseur que parce que celui-ci insista lourdement. Elle lui fit toutefois don d’un étrange livre, lui disant qu’elle espérait qu’il trouverait à l’intérieur un début d’explications à ce qu’il cherchait. Elle avait été plutôt évasive et ne répondit à aucune des questions que lui posa en retour Aeldred, mais accepta tout de même ses remerciements.

Il y avait aussi « le cas Pwyll ». Son grand ami n’était pas plus dégourdi que lui concernant les travaux de ferme, et le grand gaillard n’avait rien trouvé de mieux que d’inviter son meilleur ami dans l’espoir que celui-ci l’aiderait à entretenir ses plantations. Sentant qu’il se jetait tout seul dans un traquenard, Aeldred avait malgré tout accepté, regrettant presque sitôt la porte franchie de ne pas s’être foulé une cheville devant l’ampleur de la tâche. Heureusement, Oanell vint aussi leur apporter un peu de soutien moral, rendant le travail déjà nettement plus agréable. Le soir annonça presque joyeusement la pause qu’attendait Aeldred, qui profita de ce moment pour présenter à ses amis le Manuel que lui avait laissé Ethel, le tout autour d’un bon repas. Enfin, si ceux-ci étaient d’humeur à jouer à se faire peur, bien entendu.
Dernière modification par Casaïr le 09 déc. 2016, 22:51, modifié 4 fois.
Il est toujours utile d'affronter un ennemi prêt à mourir pour son pays. Vous avez en définitive, lui comme vous, le même objectif en tête.

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Message : # 56683Message Iris
06 déc. 2016, 21:29

La brume du jour laissait progressivement la place à une nuit ouatée et froide, éclairée seulement par le feu de la cheminée et quelques bougies sur la table.

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Re: [OdE 13] Dans mon potager (Forêt engloutie)

Message : # 56694Message NailsEater
07 déc. 2016, 18:46

Ce retour à la normalité faisait du bien à la jeune barde. Vaquer aux diverses occupations de sa fonction, traitant des sujets tout aussi variés, lui permettait de retrouver un point d’ancrage. Les évènements de Swelbecky lui semblaient à la fois trop proches et en même temps si loin. Chaque souvenir enrubanné dans ce petit coton qui vous préserve du traumatisme. Bien entendu, elle avait pris le temps de dire quelques mots à Rhéa, essayant de partager sa compassion et de la laisser s’épancher si elle le voulait.

Ainsi, Blodwen et ses décisions franches et terre-à-terre épuisaient Oanell tout en lui permettant de ne pas trop penser. Elle appréciait cette sensation d’occupation. Elle faisait enfin ce pourquoi elle était faite. Maelor se faisait doucement évincer au grand bonheur de sa future potentielle remplaçante. Évidement, elle ne se mettait pas en avant ni ne faisait part de ses projets en sa présence. Mais le vent tournait en sa faveur et elle s’en réjouissait. Cependant, une partie d’elle-même s’inquiétait de ses propres capacités à conseiller correctement la Dame de Terfynisel et -surtout- de sa capacité à la raisonner quand elle prend une décision hâtive. Braquée dès qu’il s’agissait de la demorthèn, Oanell essayait d’arrondir les angles du mieux qu’elle put. De plus, la décision de cacher ce qu’il s’était passé à Swelbecky n’était pas une occupation simple.

Alors qu’elle préparait le repas pour ses compagnons et elle-même, elle réfléchissait à ce qui avait changé ces derniers jours. Pas seulement pour elle et sa place dans le domaine, mais aussi pour ses amis. Pwyll s’occuper de sa petite ferme avec soin. Aeldred et lui se chamaillaient régulièrement comme deux enfants aux sujets de telle ou telle façon d’accrocher les planches ou cultiver les légumes. Oanell aimait beaucoup ces instants simples, petites pauses dans son quotidien agité des derniers jours. Aeldred allait de l’avant, il sociabilisait enfin avec les habitants, se rendant doucement compte qu’il avait lui-même joué dans son enfermement. La jeune barde accompagnait ces progrès avec beaucoup d’admiration et de contentement.

Parmi les nouveautés, elle avait commencé ses cours de tir avec son compagnon. Et s’il apprenait assez vite l’écriture et la lecture, elle ne semblait pas très adaptée pour manier un arc. Les deux premiers entrainements lui avaient laissé des courbatures et un ego froissé. Heureusement, le chasseur savait se montrer patient et réussissait à faire voler en éclats sa colère en quelques mots et caresses. Tous deux ne savaient pas où ils en étaient, mais une chose sure : ils avançaient ensemble dans une direction commune. Le village ne se posait visiblement plus de questions sur sa vie de future vieille fille.

Contrairement au cas de Blodwen.
Les questions allaient bon train et Oanell connaissait la position de la Dame sur le mariage. Elle cherchait comment aborder le sujet avec elle, le village s’inquiétait de son sort si Blodwen venait à décéder. Et bien évidemment, il avait raison.

Tout en notant dans un coin de sa tête d’aller en parler avec elle, Oanell lança un regard à sa lyre -poussiéreuse. Elle l’avait mené chez Pwyll sans trop savoir pourquoi. Jouer lui manquait. Elle se leva pour la prendre avec elle et commencer à la nettoyer. Les trois comparses discutaient de choses et d’autres d’humeur joyeuse et profitant chacun de ce moment de calme. Le repas se passa dans la même ambiance et quand les ventres furent remplis, ils se concoctèrent quelques tisanes pour se réchauffer et terminer le dîner. C’est ce moment qu’Aeldred choisit pour poser sur la table, un livre qu’Ethel lui avait laissé.

Oanell pris la liberté de prendre le livre dans ses mains, laissant d’abord ses doigts trainer sur la couverture, appréciant la texture des pages, les reliefs laissés par l’encre.

« Le manuel de la lune noire. »

La jeune barde n’aimait pas la passion d’Aeldred pour l’occulte. Qu’y cherchait-il ? Plus que ça, son rejet de tout ce qui concernait les rites Démorthen la laissait pantoise. Elle voulait chercher conseil auprès d’Ultana, mais n’était pas sûre que la sage pourra l’aider dans ses problèmes. Soupirant, elle ajouta cette rencontre à la liste des choses qu’elle voulait faire, désespérée que les jours ne soit pas plus long.

C’est à la lueur des bougies, avec pour seul son le crépitement du feu et les souffles des êtres, que la jeune barde commença sa lecture.

« Cher Lecteur, toi qui découvres cet ouvrage, où que tu sois en Tri-Kazel, tu détiens la synthèse de ce que j’ai pu apprendre sur les hantises, les fantômes, les spectres et les ombres. »

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Re: [OdE 13] Dans mon potager (Forêt engloutie)

Message : # 56723Message Pwyll
09 déc. 2016, 13:51

Il était rare que Pwyll se fasse beaucoup de souci et notamment pour lui-même. Ce qui le turlupinait plus souvent, c'est le danger que couraient parfois ses proches du fait de leurs comportements irréfléchis.

Heureusement, Aeldred semblait maintenant revenir un peu vers la communauté. La communauté sur Tri-Kazel, c'était le principal rempart, non seulement contre les menaces naturelles et celles, plus sournoises, qui rôdent toujours dans les ombres, mais aussi contre l'isolement de la tête, celui qui pouvait faire sombrer dans la mélancolie ou, pire, la perte d'appétit. Avec Oanell à ses côtés, Aeldred semblait entre de bonnes mains de ce côté là.

Même si Pwyll était toujours célibataire et que la blessure de son presque mariage continuait à le hanter malgré toute sa bonhomie naturelle, il savait que le destin finirait par mettre la bonne personne sur son chemin. D'ici là, il pouvait continuer à fantasmer innocemment sur Ultana, il ne faisait de mal à personne et un tel fessier ne pouvait que susciter des vocations.

Dans un registre bien différent, Pwyll pensait aussi à ses parents restés dans le petit bourg d'à côté. Il voulait leur rendre visite prochainement, mais quelque chose l'empêchait d'agir et le glaçait d'effroi, même avec ses amis dans cette petite chaumière...

L'indicible qui se nichait dans les entrailles de la terre, enfoui, mais prêt à surgir à tout moment...

Les racines du topinambour mal planté.

Et ce n'était pas tout ! Loin de là... Au final, Pwyll commençait doucement à dompter cette terreur jardinière, mais l'idée de se frapper une centième fois sur le pouce en tentant de réparer la clôture le laissait pantelant et désemparé. Que venait-il faire dans cette ferme, seul ? Lui, c'était les animaux et la nature sauvage qu'il aimait et qu'il comprenait. Pas cette liste infinie de corvées dont personne n'avait même le pouvoir de le forcer à accomplir si ce n'est lui-même.

Qu'avait-il fait pour mériter ça ? Sans parler du reste...

Enfin. L'enseignement que Pwyll avait retiré de l'épisode incroyable de Swelbecky, c'est qu'il avait préféré cette plongée folle dans l'inconcevable, le danger et l'extraordinaire à la présence monotone mais tenace de ce courant d'air infiltré par une toiture mal fixée. Voilà une constatation trop honteuse sans doute pour la dévoiler, mais il fallait toujours regarder la vérité en face.

Heureusement, Aledred et Oanell étaient venus à son secours. Si Aledred avait fait grise mine en passant le palier, Pwyll savait que c'était uniquement par pudeur. Comme toutes les piques que lui envoyait le chasseur, ce n'était au final que le signe d'une profonde affection et d'une grande joie d'être là.

Lorsque Oanell commença à lire l'étrange livre offert par l'intense petite maigrichonne, Pwyll oublia aussi vite toutes ces pensées.

"Oh, chic, j'adore les histoires qui font peur !"

"Avec quelques passages de musique, ce serait encore mieux, j'ai vu que tu avais apporté ton instrument."
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Message : # 56724Message Iris
09 déc. 2016, 20:03

Oanell mit tout son coeur à lire. Un peu facétieuse, elle opta pour les nouvelles, et tira la première qu'elle lirait au sort.

"Etat d'âme".


... en lisant elle se rendit compte qu'elle connaissait les noms évoqués : ces maisons nobles étaient éteintes, sinon en grande difficulté, et leur domaine se trouvait en lisière de la forêt engloutie ! Plus précisément coincé entre la forêt engloutie et les marais de Salann Tir.
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Message : # 56794Message Casaïr
18 déc. 2016, 20:29

Aeldred écoutait, comme subjugué, le conte que leur narrait Oanell. Le contraste entre la douce et chaude voix de la barde et la froideur de l’histoire arrachait des frissons au jeune homme qui se prit à imaginer ce qu’avait vécu le narrateur, tout en se demandant comment il « vivait » maintenant. Certes, le fait que le carnet ait été terminé par un fantôme avait tout du conte à dormir debout, mais si un tel récit figurait dans cet ouvrage, c’est que celle qui l’avait compilé à ses propres notes, cette Steren Slaine, avait trouvé un moyen de se l’approprier. Peut-être que certains fantômes sont capables d’interagir avec le monde physique ? Dans ce cas, est-il possible de converser avec eux ?

« Pourquoi Ethel est-elle partie si vite ? soupira-t-il bruyamment. J’aurais eu encore des questions à lui poser… »

Se levant pour aller se resservir une tasse de tisane, il se pencha pour embrasser sur la joue Oanell, façon pour lui de la remercier de se prêter au jeu alors qu’il avait bien vu sa tête quand il avait sorti le livre de son sac. Il se pencha d’avantage pour lui chuchoter à l’oreille « j’essaierai de me faire pardonner plus tard pour cela », se redressant tout en lui envoyant un clin d’œil malicieux. Tout en versant le liquide brûlant dans sa tasse, le jeune homme regardait par la fenêtre, le brouillard qui s’enroulait entre les arbres, étreinte morbide et glaciale qui lui rappelèrent dans un frisson celui qui les avait attaqué à Swelbecky. Même s’il ne le dirait probablement jamais, les événements survenus avaient laissés leur marque sur lui : désormais, il avait toujours une légère appréhension lorsqu’il sortait par ce temps.

Se rasseyant, il regarda tour à tour ses amis ; Pwyll attendait visiblement la suite, et Oanell.. semblait hésitante. Il avait bien vu que quelque chose l’avait touché dans ce premier récit, mais il n’aurait su dire quoi.

« Un problème, Oanell ? Tu semblais songeuse à un moment pendant que tu nous contais l’histoire ? »
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Re: [OdE 13] Dans mon potager (Forêt engloutie)

Message : # 56851Message Pwyll
26 déc. 2016, 12:23

"Songeuse ? En tous cas, je trouve que c'est plein d'espoir cette histoire ! Même morte, la femme qui l'aimait a quand même cherché à aider celui qui l'avait pourtant abandonnée. Elle lui a montré qu'il était mort... bon, le problème c'est qu'ils auraient dû revenir au cycle naturel, ça c'est pas normal. Pourtant les varigaux souvent ils croient aux C'maoghs comme il faut. Il avait peut-être trop de remords pour réussir à oublier sa vie passée..."

Pwyll parut douter pour quelques brefs battements de coeur du message positif de l'histoire, mais cela ne dura pas.

"Il y en a une autre aussi sympa ? Mais, au fait, ça parle bien de vrais gens alors ? Si c'est la cas, faudrait donner une sépulture digne de ce nom à ce pauvre varigal, sinon il va rester un voleur de miches fantôme toute sa mort. Et ça peut être long."
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Message : # 56856Message Iris
27 déc. 2016, 16:25

Oanell eut la curieuse impression que tous regardaient dans sa direction, même un drôle de merle posé sur le rebord de la fenêtre, dehors. Que faisait-il là ? Pourquoi la fixait-il comme ça ? Il était tard, il devrait partir dormir ! Paraissant prendre conscience de l'heure tardive, le piaf repartit, non sans avoir dardé la barde silencieuse de son regard rond, perplexe et interrogateur.

Apparemment la jeune femme réfléchissait ou essayait de se rappeler quelque chose...
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Re: [OdE 13] Dans mon potager (Forêt engloutie)

Message : # 56901Message NailsEater
03 janv. 2017, 21:07

Elle les lisait avec cœur, essayant de faire honneur à son métier de barde. Tout en faisant la lecture, son esprit essayait de lier les noms du récit à ceux qu’elle connaissait. Elle avait déjà entendu une histoire semblable …
Qui était les Mac Bretor ? N’étaient-ils pas les vassaux des Mac Loarans avant que leur ligné s’éteigne ? Mais qui donc gère leurs terres à présent. La forêt engloutie regagnait à nouveau quelques intérêts pour la jeune femme qui réfléchissait aux implications pour les Terfynisel. Bien sûr, cette histoire de fantôme qui rédigeait son journal d’entre les morts ne servait qu’à faire frémir les âmes simples.

Qu’est ce qui avait poussé Neviell Mac Bretor à tout quitter ainsi ? Abandonner ses terres, ses titres et la femme qui l’aimait pour parcourir le monde … Oanell jeta un regard à Aeldred et fut surprise de voir qu’il la fixait … interrogateur ? Pwyll semblait aussi attendre quelque chose et même cet oiseau étrange semblait la fixer !

- Je … euh … Pardon ? Elle se tortilla un peu sur sa chaise, mal à l’aise, avant de poursuivre. Désolée je réfléchissais à tout ça. Vous savez les Mac Bretor ont vraiment existé. Si je mes souvenirs sont exacts, ils étaient vassaux des Mac Loarans. Vous savez … ceux qui sont juste au sud des Mac Readan ?

Elle leur laissa le temps d’intégrer ces informations sommaires avant de continuer.

- Ils ne sont pas si loin de nous. Le château est réputé hanté depuis l’extinction de la lignée et le … carnage de l’incendie. Je me demande qui gère les terres actuellement, surement les Mac Loarans.

Elle récupéra la tasse de tisane mais s’apercevant qu’elle l’avait terminé, la reposa.

- Quand à cette histoire de « fantôme », si vous voulez mon avis, ce n’est que foutaises. Des personnes qui écriraient une histoire en étant mort ? Pff. Conte à dormir debout.

Elle reposa le recueil, fière de ne pas s’être laissée avoir par les idées bizarres d’Ethel.

Verrouillé